Mansfield Park

Chapitre 4

 

Edmond avait décidé qu’il appartenait uniquement à Fanny dechoisir, si sa situation vis à vis de M. Crawford serait ou nonmentionnée entre eux ; et de plus, que si elle ne prenait pasles devants, lui n’y ferait pas allusion ; mais, après un jourou deux de cette réserve, il fut induit par son père à changerd’avis et à essayer d’user de son influence en faveur de sonami.

Un jour très proche était maintenant fixé pour le départ de M.Crawford ; et Sir Thomas pensait qu’une tentative de pluspouvait être faite dans le but d’obtenir qu’avant de quitterMansfield toutes ses déclarations d’attachement indéfectibleapportent au jeune homme de quoi affermir si possible ses espoirs.Sir Thomas était à ce point de vue, plus cordialement anxieux de laperfection du caractère de M. Crawford. Il le souhaitait un modèlede constance, et imaginait les meilleurs moyens susceptibles de nepas le faire attendre trop longtemps.

Il ne lui fut pas difficile de persuader Edmond d’engagerl’affaire. Il souhaitait connaître les sentiments de Fanny. Elleavait accoutumé de le consulter dans toutes les difficultés, et ill’aimait trop pour supporter de perdre sa confiance. Il espéraitpouvoir lui rendre service et devait lui être utile. À qui d’autreaurait-elle pu ouvrir son cœur ? Si elle n’avait pas besoin deconseils, elle devait aspirer à la consolation des confidences.

Fanny étrangère, réservée et silencieuse avec lui, c’était unétat de choses hors de l’ordinaire, un état de choses qu’il devaitbriser, et il pouvait aisément croire qu’elle désirait le briserégalement.

« Je lui parlerai, Monsieur », dit-il, « Jesaisirai la première occasion pour lui parler seul à seule »,fut le résultat de semblables pensées. Et, sur l’information quelui donna Sir Thomas qu’elle était partie seule se promener dans lebosquet, il la rejoignit à l’instant.

— Fanny, je suis venu pour me promener avec toi, dit-il.Puis-je ? Et — l’enlaçant de son bras — il y a longtemps quenous n’avons plus fait ensemble une agréable promenade.

Elle consentit à peine, sans un regard ni une parole, tant sonesprit était offensé.

— Mais, Fanny, dit-il, pour faire une agréable promenade il fautquelque chose de plus que simplement fouler ensemble le gravier. Ilfaudrait que tu me parles. Je sais que tu as quelque chose sur lecœur, et je sais quoi. Je sais à quoi tu penses. Tu ne peux mesupposer ignorant de la chose. Dois-je donc en entendre parler partout le monde sauf par Fanny elle-même ?

Fanny agitée et découragée répliqua :

— Si tu en entends parler par tout le monde, cousin, je n’aiplus rien à t’en dire.

— En fait, peut-être, non, Fanny, mais bien en ce qui regardeles sentiments. Personne d’autre que toi ne peut me les dire. Je neveux pas t’y obliger si tu ne le souhaites pas toi-même. J’avaispensé que ce pourrait t’être un soulagement.

— Je suis épouvantée de penser que nous pensons tropdifféremment pour que je puisse trouver quelque soulagement à direce que j’éprouve.

— Penses-tu que nous pensions si différemment ? Je ne saispas. J’oserais même dire que si nous devions comparer nos opinionselles se trouveraient telles qu’elles ont toujours été… Jeconsidère les propositions de M. Crawford comme très avantageuseset souhaitables si tu pouvais lui rendre son affection. Jeconsidère comme très naturel que toute la famille souhaite que tupuisses y répondre, mais si tu ne le peux pas, tu as fait trèsexactement ton devoir en le refusant. Y a-t-il à ce sujet quelquediscussion entre nous ?

— Oh non, mais je croyais que tu me blâmais. Je pensais que tute mettais contre moi. Ceci m’est un tel réconfort !

— Ce réconfort, tu aurais pu l’avoir plus tôt, Fanny, si tul’avais cherché. Mais comment as-tu pu me croire contre toi ?Comment peux-tu croire que je conseillerais le mariage sansamour ? Si je suis généralement un peu indifférent à ce genrede choses comment peux-tu m’imaginer tel lorsque ton bonheur est enjeu ?

— Mon oncle trouvait que j’avais tort et je savais qu’il t’enavait parlé.

— Bien que tu sois allée loin, Fanny, il se trouve que tu as euraison. Je peux le regretter, je puis en être étonné — quoique àpeine, car tu n’as pas eu le temps de t’attacher — mais je trouveque tu as parfaitement raison. Cela peut-il même être mis enquestion ? C’est peu élégant à nous s’il en est ainsi. Si tune l’aimes pas, rien ne pourrait justifier que tu l’acceptes.

Fanny n’avait plus éprouvé de sensation aussi agréable depuisdes jours et des jours.

— Ta conduite est sans reproche et ceux qui t’en souhaiteraientune autre ont tort. Mais l’affaire n’est pas finie. L’amour deCrawford n’est pas un amour ordinaire. Il persévère et gardel’espoir de provoquer cette réciprocité de sentiment qui ne s’estpas encore produite. Nous savons bien que tout ceci est une affairede temps. Mais, dit-il avec un sourire affectueux, laisse-le yréussir, Fanny, laisse-le !… Tu t’es montrée droite etdésintéressée, montre-toi maintenant tendre et reconnaissante. Tuseras alors la femme parfaite que j’ai toujours cru que tu allaisdevenir.

— Oh jamais, jamais, jamais il ne pourra réussir à cela avecmoi.

Elle parlait avec une telle chaleur qu’Edmond s’en étonna,tandis qu’elle rougissait à ses souvenirs, lorsqu’elle vit sonregard et l’entendit répondre :

— Jamais, Fanny ? Que tu es donc décidée etpéremptoire ! Ceci ne te ressemble pas, ce n’est guère danston naturel.

— Je voulais dire, reprit-elle en pleurant avec une infinietristesse, que je pense qu’il n’y réussira jamais, si l’on peutjuger de l’avenir. Non, je pense que je ne pourrai jamais luirendre son amour. Je sais mieux que M. Crawford que l’homme quiveut vous aimer, pour qu’il soit pris en considération, doiteffectuer pour cela une tâche pénible, car toutes vos habitudes ettous vos attachements anciens se dressent contre lui. Avant qu’ilpuisse conquérir votre cœur pour son propre usage, il doit ledétacher de tous liens avec les choses animées et inanimées qu’ontenracinées de nombreuses années et qui se font considérablementplus sensibles au moment de la séparation. Je sais que le fait dequitter Mansfield Park t’arme pour un temps contre lui. J’auraissouhaité qu’il ne fût pas obligé de te dire ce qu’il entreprenait.J’aurais souhaité qu’il te connût aussi bien que moi, Fanny. Entrenous, je crois qu’à deux nous t’aurions gagnée. Ma théorie et sapratique n’auraient pas été mises en défaut. Il aurait travaillésuivant mes plans. Je veux espérer qu’avec le temps qui prouvera,comme je le prévois, que son affection est sincère, il aura sarécompense. Je ne puis croire que tu ne souhaites pas l’aimer,c’est le vœu naturel de la gratitude. Fanny, tu dois avoir unsentiment de ce genre. Tu dois être triste de ta propreindifférence ?

— Nous sommes si totalement différents, dit Fanny pour éviterune réponse directe. Nous sommes si entièrement, si profondémentdifférents dans nos inclinations et aspirations que je crois qu’ilest absolument impossible que nous puissions être heureux ensemble,même si j’arrivais à l’aimer. Jamais il n’y eut deux personnesaussi dissemblables. Nous n’avons pas un goût commun. Nous serionstrès malheureux.

— Tu te trompes, Fanny. La différence n’est pas si grande. Vousêtes assez bien assortis. Vous avez des goûts communs, des goûtsmoraux et littéraires. Vous avez tous deux le cœur chaud et de bonssentiments. Et, Fanny, celui qui t’a entendu lire et t’a vu écouterShakespeare l’autre nuit, pourrait-il croire que vous ne seriez pasbons camarades ? J’admets qu’il y ait une différence detempérament. Il est joyeux, toi sérieuse. Mais tant mieux, voyons.Son caractère serait un renfort au tien. C’est dans ton natureld’être facilement découragée et d’imaginer les difficultés plusgrandes qu’elles ne sont. Sa légèreté d’esprit neutralisera cettetendance. Lui ne voit nulle part de difficultés. Sa vitalité et sagaîté seront un réconfort constant pour toi. Les différences qu’ily a entre vous ne s’opposent pas le moins du monde à votre bonheurcommun. Ne te l’imagine pas. Je suis persuadé au contraire qu’il ya là une tendance favorable. Je suis certain qu’il vaut mieux queles caractères, ne soient pas semblables. Je veux dire, qu’ilssoient différents dans la couleur des pensées, dans les manières,la sociabilité, la profession. Un certain contraste est à mon sensde bon augure pour le bonheur conjugal. Je ne parle pas desextrêmes, bien entendu, et une pleine et entière ressemblance surles points constituerait le meilleur moyen de produire un extrême.Une neutralisation continuelle et aimable est la meilleuresauvegarde de vos relations et de votre avenir.

Fanny pouvait bien se rendre compte où étaient maintenant sespensées. Le pouvoir de Mlle Crawford était de nouveau sensible. Ilen avait parlé joyeusement depuis l’heure de son arrivée. Il nel’évitait plus. Il avait dîné la veille encore au Parsonage.

Après l’avoir laissé pendant quelques instants à ces heureusesimages, Fanny pensant que cela lui était dû en revint à M. Crawfordet dit :

— Ce n’est pas simplement son tempérament qui est mal assorti aumien quoique, à ce point de vue déjà, je trouve la différencebeaucoup trop grande, mais son esprit me déplaît. Il y a quelquechose d’autre encore que je lui reproche. Je dois dire, cousin, queje ne puis approuver son caractère. Je n’ai rien pensé de bon delui depuis le jour de la pièce. Je l’ai vu à ce moment agir d’unefaçon qui m’a semblé si peu convenable, si dépourvue de bonssentiments — je puis en parler maintenant car tout cela est passé —d’une façon si peu amicale pour ce pauvre M. Rushworth, quis’inquiétait de la manière dont il le compromettait et le froissaiten donnant toutes ses attentions à ma cousine Maria, qui, entreparenthèses, m’a fait à ce moment une impression qui ne pourra pluss’effacer.

— Ma chère Fanny, répliqua Edmond, l’écoutant à peine jusqu’aubout, ne nous laissons pas juger d’après ce que nous avons pusembler être pendant ces jours de folie collective. L’époque de lapièce est une époque que je n’aime pas à me rappeler. — Maria a eutort, M. Crawford a eu tort, nous avons tous eu tort. Mais personneautant que moi. Comparé à moi, personne n’est blâmable. J’ai faitle fou, et avec les yeux ouverts.

— Comme spectatrice, dit Fanny, peut-être y ai-je vu plus clairque vous et je pense que M. Rushworth a été parfois trèsjaloux.

— Probablement, ce n’est pas étonnant. Rien n’est plusdésastreux que toute cette affaire. Je suis choqué quand je penseque Maria ait pu être capable de cela. Mais si elle a pu y prendrepart, nous ne devons plus être surpris du reste.

— Avant la pièce, ou je me trompe fort, ou Julia pensait bienqu’il lui réciproquerait ses attentions.

— Julia ! J’ai vaguement entendu parler qu’il était enflirt avec Julia mais je n’en ai jamais rien vu. Et ma foi, Fanny,bien que je veuille rendre justice aux qualités de mes sœurs, jecrois bien que l’une et l’autre aient désiré être admirées par M.Crawford et je crains qu’elles ne l’aient témoigné d’une façon quimanquait un peu de réserve et de prudence. Je puis me rappelerqu’elles étaient avides de sa société et avec un tel encouragementun homme comme M. Crawford, assez joyeux et peut-être un peufrivole, ne pouvait manquer d’être entraîné… Mais ceci est assezgrave parce qu’il est clair qu’il ne poursuivait aucun but. Soncœur s’était réservé. Et je dois dire que cela l’a incroyablementhaussé dans mon estime. Cela lui fait le plus grand honneur. Ilmontre par là le cas qu’il fait du bonheur domestique et du purattachement. Il se montre ainsi ce que j’avais toujours espéréqu’il fût et craint qu’il ne fût pas.

— Je suis sûre qu’il ne pense pas comme il faudrait aux sujetssérieux.

— Dis plutôt qu’il n’y a jamais pensé du tout, je crois quec’est le cas. Comment pourrait-il en être autrement avec une telleéducation et un tel enseignement ? Avec de tels désavantagesn’est-il pas encore étonnant qu’ils soient tous deux ce qu’ilssont ? Les sentiments de M. Crawford ont été ses maîtresjusqu’à présent, je suis tout disposé à le reconnaître.Heureusement, ces sentiments ont été généralement bons. Toi tuferas le reste. Il est d’ailleurs très heureux de s’attacher à unetelle créature, à une femme ferme comme toi sur ses principes etqui a en plus un charme qui les rend si sympathiques. Il a choisisa compagne avec un rare bonheur. Il te rendra heureuse, Fanny, jele sais et toi tu feras pour lui la même chose.

— Je ne voudrais pas m’engager dans un tel devoir, s’écria Fannyavec un accent de répulsion, dans une tâche comportant une telleresponsabilité.

— Comme toujours, tu te crois inférieure à toute chose, tut’imagines toute chose au-dessus de tes forces. Être bien, quoiqueje sois incapable de t’inspirer d’autres idées, tu y arriveras partoi-même, je l’espère. Je confesse que je suis sincèrement anxieuxde la chose. Je porte un intérêt peu commun au bonheur de M.Crawford. Après le tien, Fanny, c’est mon premier souci. Tu saisque j’ai pour M. Crawford une amitié peu ordinaire.

Fanny le savait trop bien pour avoir quelque chose à répondre etils continuèrent pendant une cinquantaine de mètres à se promeneren silence, perdus dans leurs pensées.

Edmond reprit le premier :

— J’ai été très heureux de l’en entendre parler hier,particulièrement heureux parce que je ne croyais pas qu’elleverrait la chose de cette manière. Je savais qu’elle t’aimait bienmais je craignais l’effet de ces maximes mondaines qu’elle avaittrop accoutumé d’entendre. Mais ce fut bien différent. Elle parlaitde toi, Fanny, vraiment comme il se doit. Elle désire cette unionautant que mon père ou moi-même. Nous en avons longuement parlé. Jen’aurais pas abordé le sujet bien que je fusse inquiet de sessentiments mais je n’étais pas de cinq minutes dans la piècequ’elle introduisait la question avec toute la franchise de cœur etla douceur, l’esprit et l’ingénuité qui font partie d’elle-même.Mme Grant riait de son empressement.

— Mme Grant était là ?

— Oui, comme j’arrivais à la maison, je voyais les deux sœursréunies et nous n’avons plus parlé que de toi, Fanny, jusqu’à ceque Crawford et M. Grant entrent.

— Il y a bien une semaine que je n’ai vu Mlle Crawford.

— Oui, elle le regrette. Mais cela vaut mieux pour tous. Tu laverras certainement avant son départ. Tu dois y être préparée. Ellese dit très fâchée, mais tu peux imaginer la nature de sa colère.C’est le regret et le dépit d’une sœur qui croit son frère en droitde posséder tout ce qu’il désire, à la minute même. Elle estchoquée comme tu le serais pour William mais elle t’aime ett’estime de tout son cœur.

— Je pensais bien qu’elle se fâcherait contre moi.

— Ma chère Fanny, reprit Edmond serrant davantage son brasautour d’elle, ne laisse pas l’idée de cette bouderie te chagriner.C’est de la colère plus extérieure que réellement sentie. Son cœurest toute affection et amabilité, il n’est pas fait pour larancune. J’aurais voulu que tu entendisses son hommage, que tuvisses son attitude lorsqu’elle disait que tu « devais »épouser Henry. Et je remarquais qu’elle parlait de toi en disantFanny, ce qui n’est pas dans son habitude. Et elle avait vraimentun ton de cordialité fraternelle.

— Et Mme Grant, dit-elle, était-elle là tout le temps ?

— Oui, et elle était d’accord avec sa sœur. La surprise de tonrefus, Fanny, semble avoir été infinie. Que tu puisses refuser unhomme comme Henry Crawford semble plus qu’elles ne peuvent encroire. J’ai dit pour toi ce que j’ai pu. Mais en réalité commeelles voient les choses… Tu dois prouver que tu es dans ton bonsens aussi vite que possible, en changeant de conduite. Mais celal’importune. J’ai fini, ne te détourne pas de moi.

— Je devrais avoir pensé, dit Fanny après un moment de réflexionet de recueillement, à ce que toute femme doit pouvoir sentir qu’ilest possible qu’un homme n’éprouve pas de sentiments pourtoutes les femmes, ce qui ne doit pas l’empêcher d’êtreagréable à toutes les femmes du fait que lui aime. Et, ensupposant même que M. Crawford ait tous les droits que ses sœurslui attribuent, comment ai-je été moi, préparée à le rencontrer, àéprouver un quelconque sentiment pour lui ? Il m’a fortsurprise, je n’avais jamais cru auparavant que sa conduite avec moieût la moindre signification. Et certainement je n’étais pasdisposée à l’aimer parce qu’il s’occupait de choses qui mefaisaient très mauvais effet. Dans ma situation, c’eût été lecomble de la vanité d’avoir des vues sur M. Crawford. Je suis sûreque ses sœurs, l’estimant comme elles le font, ont pensé aussiqu’il ne voulait rien dire. Pourquoi, alors, serais-je, moi,amoureuse de lui au moment même qu’il prétend l’être de moi ?Pourquoi serais-je prête à un attachement quelconque pour lui dèsqu’il me le demande ? Ses sœurs devraient m’avoir aussi bienque lui en considération. Les plus éminents mérites sont les plusimpropres à me faire penser à lui. Et nous avons une autre idée dela nature des femmes si elles imaginent qu’une femme est si vitecapable de répondre à une affection…

— Ma chère, chère Fanny, maintenant je connais la vérité. Jesais que ceci est la réalité. Et ces sentiments sont bien dignes detoi. Je te les avais d’ailleurs attribués. Je pensais pouvoir lecomprendre. Tu m’as donné exactement l’explication que je m’étaisaventuré à donner pour toi à ton amie et à Mme Grant et qui les asatisfaites, bien que la chaleureuse amie fût encore un peuemballée à cause de la vigueur de son enthousiasme pour Henry. Jeleur ai dit que tu étais de toutes les créatures humaines la seulesur qui l’habitude eût un plus grand pouvoir que la nouveauté etque la nouveauté des attentions de Crawford le desservait, que lefait pour elles d’être si récentes faisait toute leur disgrâce, quetu ne pouvais rien supporter que des choses à quoi tu étaishabituée, etc… dans le but de leur donner un aperçu de toncaractère. Mlle Crawford nous a fait rire avec ses projetsd’encouragement pour son frère. Elle le pressait de persévérer dansson espoir de finir par être aimé et de voir ses attentions agrééesaprès une dizaine d’années de mariage.

Fanny sourit avec difficulté. Tous ses sentiments étaient enrévolte. Elle craignait d’avoir eu tort de trop parler et de voirla gaîté de Mlle Crawford redoubler en ce moment et à ce sujet luiétait une autre aggravation.

Edmond voyait le souci et le chagrin sur son visage. Il résolutimmédiatement de cesser toute discussion et de ne plus mêler le nomde Crawford qu’à des choses qui pouvaient lui être agréables. Dansce but il remarqua un peu après :

— Ils partent lundi. Tu es donc sûre de voir ton amie soitdemain, soit dimanche. Ils partent réellement lundi et dire que jepensais rester à Lessingby jusqu’à ce jour. Je l’avais promis.Quelle différence ! Les cinq ou six jours de plus à Lessingbypourraient m’avoir poursuivi toute ma vie.

— Tu en étais fier ?

— Très. J’étais invité très aimablement et j’allais consentir.Si j’avais eu la moindre lettre de Mansfield me disant comment vousalliez, je crois que je serais resté. Mais je ne savais rien de cequi était arrivé ici depuis une semaine et trouvais que j’avais étéassez longtemps absent.

— Tu passais agréablement ton temps ?

— Oui. C’eût été ma propre faute s’il en avait été autrement.Ils étaient tous charmants. Je doute qu’ils aient pensé la mêmechose de moi. J’étais en difficulté avec moi-même et il n’y avaitpas moyen de m’en débarrasser jusqu’à ce que je sois àMansfield.

— Les Mlles Owen, les aimais-tu ?

— Oh oui ! beaucoup. Amusantes, de bonne humeur, sansaffectation. Mais Fanny je suis gâté quant à la société des femmes.Des filles gentilles et simples ne peuvent pas être pour un hommece que sont des femmes sensibles. Il y a deux manières d’être. Toiet Mlle Crawford m’avez rendu trop difficile.

De nouveau Fanny était peinée. Il le vit dans ses yeux et nevoulut pas parler davantage sans plus s’en préoccuper il laconduisit dans la maison avec l’aimable autorité d’un guideprivilégié.

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