Une Française captive chez les Peaux Rouges – Chez les Sioux – Voyages, explorations, aventures -16

Chapitre 6MADEMOISELLE DE PELHOUER ET RAYON-D’OR

 

Comme Fara-Karaja, la mère de Rayon-d’Or avaitoffert de loger la prisonnière dans sa tente et qu’on le lui avaitaccordé, Rayon-d’Or conduisit la jeune fille à la tente.

– Mademoiselle, lui dit-il, vous ne serez pastrop mal chez nous.

» Je sais trop bien chasser pour que lesfourrures nous manquent.

» Vous coucherez sur un lit digne d’une reine,car il se composera de peaux de martre, zibeline, d’hermine et decastor.

Mlle de Pelhouër, quis’était étonnée déjà d’entendre un Indien parler purement lefrançais, s’étonna plus encore de s’entendre appelermademoiselle.

– Où donc, demanda-t-elle, avez-vous appris àparler ainsi le français ?

– Mais, dit-il, je suis Français.

Fièrement :

– Je suis un Bois-Brûlé.

Il conta son histoire en quelques mots et ilremit la jeune fille aux mains de sa mère et de sa sœur qui luiprodiguèrent soins et caresses.

Ce qui enchantaMlle de Pelhouër, ce fut de pouvoir parlerfrançais avec Fara-Karadja (Fleur de Juin) et avec Eli-Do-Ta (PetitOiseau des Bois).

Rayon-d’Or ne parlait que français avec samère et sa sœur.

Il forçait celle-ci à écrire dans les cahiersde la société de La Lecture.

– Tu épouseras un Bois-Brûlé !disait-il.

» J’ai parmi eux des cousins.

» Nous irons les voir.

» Il y en a qui t’aimeront et tuchoisiras.

» Mais tu sauras lire, écrire, compter, et tonmari ne rougira pas de ton ignorance.

» Et les autres femmes ne t’appelleront pas lasauvage.

Quand Rayon-d’Or jugea queMlle de Pelhouër s’était rafraîchie, il vintla trouver.

– Mademoiselle, dit-il en souriant, c’est lepère, non la mère qui fait la tribu.

Mon père était Bois-Brûlé ; je suis donc,moi, un Bois-Brûlé.

Les Sioux sont engagés avec lesdirecteurs ; mais moi pas.

Je ne me suis pas fait reconnaître guerrieravant que cette canaille de Nilson ne soit parti, pour ne pasm’engager avec lui.

Écrivez donc une lettre pour votre oncle et jela porterai.

– Et si le sachem le sait ?

Il sourit.

– Qui le lui dira ? Pas vous.

» Pas votre oncle.

» Pas ma mère.

» Pas ma sœur.

Puis secouant la tête :

– Du reste, j’ai une idée.

» Mais écrivez vite cette lettre.

» Il faut que je me mette sur les traces desdirecteurs.

Mlle de Pelhouër fut trèstouchée de ce dévouement.

Elle l’en remercia.

Toutefois, elle trouvait qu’il s’exposait troppour elle.

– Je ne puis accepter ! dit-elle.

» Pourquoi vous exposer à ce point ?

» Je ne cours en réalité qu’un seuldanger ; c’est de payer ma rançon trop cher ; mais mononcle est riche.

– Bon ! fit Rayon-d’Or.

» Il est riche !

» Est-ce une raison pour le laisser exploiterpar les directeurs ?

» Et puis, vous êtes Française, votre oncleest Français et je trouve humiliant que vous soyez victime de cesdirecteurs, tous Anglais.

Très énergiquement :

– Du reste, ma résolution est prise ; sivous ne me donnez pas de lettre, j’irai sans lettre.

Mlle de Pelhouër finitpar se laisser convaincre.

Elle écrivit et remit à Rayon-d’Or une lettrepour M. d’Ussonville.

Le jeune homme fit ses provisions, monta àcheval et partit le jour même.

Fleur-de-Juin dit alors àMlle de Pelhouër très doucement :

– Il faudra être indulgente pour nous, car tune mangeras pas tous les jours de la viande fraîche ; notrechasseur est parti.

– Mais moi je reste ! dit-elle.

Fleur-de-Juin ne comprit pas d’abord ce quecela voulait dire et elle ne se rendit compte que le lendemain dela portée de cette parole.

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