Contes merveilleux – Tome I

Chapitre 21L’Épi de blé

Quand Dieu, au temps jadis, se promenaitencore en Personne sur la terre, le sol était beaucoup plus fertileque de nos jours et les épis portaient, non pas cinquante àsoixante grains comme maintenant, mais de quatre à cinq centsgrains qui venaient sur toute la hauteur de la tige, du ras du solà son sommet, aussi longue avait-elle poussé, aussi long étaitl’épi. Seulement les hommes sont ainsi faits que, dans l’abondance,ils ne rendent plus grâce et ne reconnaissent plus la bénédictionque Dieu leur donne ; ils sont indifférents et pleinsd’insouciance, ingrats et irrespectueux. Un jour, il y eut unefemme qui longeait un champ de blé, quand son petit enfant, quigambadait à côté d’elle, tomba dans une flaque et salit sa blouse.Sa mère, alors, arracha une pleine poignée de beaux épis pour enfrotter les taches de boue. Voyant cela, le Seigneur, qui passaitjustement par là, entra en courroux et déclara : « Al’avenir, la paille ne portera plus d’épi du tout. Les hommes nesont pas dignes de profiter plus longtemps de ce présentcéleste ! » En entendant cette malédiction, l’assistancefut terrifiée et tomba à genoux, suppliant le Seigneur de laisserquand même venir quelque chose sur la tige, sinon pour eux-mêmesqui n’en étaient pas dignes, du moins pour les innocentes poulesqui mourraient de faim, autrement. Le Seigneur, qui avait déjàdevant les yeux leur détresse future, s’apitoya sur leur sort etexauça la prière. Et c’est ainsi qu’il reste, au bout de la tige,un épi comme vous pouvez le voir encore aujourd’hui.

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