En route vers le Pôle – Au pays des boeufs musqués – Voyages, explorations, aventures – Volume 12

Chapitre 6Enlevée ! C’est payé !

 

Mistress Morton s’était dit que pour trouverun époux, il fallait se montrer. Donc elle se promenait de-ci,de-là, dans la ville.

Elle rencontra Strommy lui-même ;celui-ci la guettait.

Il la salua avec une grâce polie et il luidemanda ce qu’elle cherchait ainsi de par la ville, offrant sesservices.

Bel homme !

Jeune encore !

Portant bien un costume civil et de bellesfourrures.

Eh mais…

Ne serait-ce point le mari tant cherché, tantespéré ?

Peut-être.

– Je suis depuis peu à Dawson !dit-elle en soupirant.

» J’ai du quitter le Progrèspour cause de dissentiment avec ma nièce et des amies à elle. Touteune histoire !

» Des amazones du roi Béhanzin.

On voit que mistress savait farder la véritécomme son visage.

Elle mentait effrontément.

– Je compte, dit-elle, retourner enEurope par le premier paquebot qui repartira de Dawson cet été.

» Ce qui rend ma situation pénible, c’estque je suis veuve, sans soutien, sans appui, sans conseil.

– Oh ! madame, vous n’imaginez pascombien vous avez raison de vous inquiéter de votre isolement dansun pays comme celui-ci, qui manque de femmes et qui est habité parla plus vile canaille cosmopolite.

» Les vols, les enlèvements se font enplein jour.

» Il faut toujours avoir un revolver sursoi. Voyez le mien.

» Je suis un des rares citoyens de cetteville qui soit marié, je ne laisse jamais ma femme sortir sansmoi.

» Chez elle, elle a toujours deuxrevolvers sous la main et je lui ai appris à s’en servir, ce dontelle s’acquitte fort bien, je vous assure.

– Ah ! vous êtes marié ?

– Oui, madame.

Cette pauvre mistress Morton sentit uneespérance s’envoler.

On continua à s’éloigner peu à peu et mistressMorton entendit raconter par son compagnon de promenade de trèssinistres histoires.

La peur la prenait.

Tout à coup, un traîneau passa monté par ungentleman de belle apparence qui dit au compagnon de mistressMorton d’un air très pressant :

– Vivement, montez !

» Je vous ai heureusement rattrapé ;votre présence est indispensable là-bas !

– Ah ! du nouveau !

– Oui !

Il sauta dans le traîneau qui fila à toutevitesse.

Mistress Morton en demeura ébahie ettremblante de son isolement.

Tout à coup, trois hommes d’aspect ignoble etde mine patibulaire sortirent d’une dépression et coururent surelle.

Trop impressionnée pour fuir, elle se laissaprendre et dépouiller, ce qui fut fait en un tour de main.

Puis deux de ces hommes, l’un armé d’un pic,l’autre d’une pelle, entamèrent la glace pour y faire unetombe.

– Que voulez-vous faire de moi ?s’écria mistress Morton épouvantée.

» Vous avez tout ce que je possédais surmoi, laissez-moi fuir ?

– Pour que tu nous dénonces, n’est-cepas ? dit l’homme qui la tenait.

» Nous allons te jeter dans ce trou et tuseras couverte de glace.

» De cette façon, tu ne pourras témoignercontre nous.

Mistress Morton se mit à sangloter et àsupplier.

– De quoi te plains-tu ? dit l’hommequi la tenait.

» On va te conserver dans laglace !

Mais tout à coup, il s’écria :

– Police-chef !

Et, tous les trois prirent la fuite à toutesjambes.

Le traîneau revenait.

Strommy dit à mistress Morton :

– Je vois ce qui s’est passé ; vousêtes volée et on allait vous enterrer vivante sous trois pieds deglace.

» C’est leur manière de faire disparaîtreleurs victimes.

» Montez vite en traîneau ; mon amiva vous conduire à votre hôtel.

– Monsieur, s’il vous plaît, que ce soitnon à l’hôtel, mais à bord du navire Le Progrès.

– Soit.

» Vous avez entendu, brigadier ?

– Oui, capitaine.

Mistress Morton :

– Vous êtes officier ?

– De police !

» Adieu, madame.

» Je vais faire mon enquête.

Le traîneau fila.

Les trois assassins accoururent vers Strommy,sortant d’une dépression où ils s’étaient tapis.

– J’espère, dit l’un d’eux, qu’elle a euune belle frousse.

– Oui.

– Et le but est atteint.

» Voici les vingt mille francs degratification pour chacun de vous.

» Allez reprendre vos uniformes deservice. Vous me faites honte sous ces guenilles.

Les policemen avaient autant de hâte que leurchef d’en finir avec cette mascarade. Lui et eux rentrèrent àDawson.

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