En route vers le Pôle – Au pays des boeufs musqués – Voyages, explorations, aventures – Volume 12

Chapitre 11Le rapport

 

Quand le maître paie, mais n’offrepas le déjeuner, toujours payé du reste, il est amusant de voir lespiqueurs griller leurs côtelettes ou leurs biftecks au bout d’unepetite fourche avec soins et raffinements.

Repas forestier.

Toujours très animé.

Beaucoup de curieux ont, eux aussi, apportéleurs provisions et font leur petite cuisine sommaire.

Il est venu des vélocipédistes, gens bruyants,quelquefois aimables, comme ceux de la fameuse bande de Barbier deMelun.

Mais personne ne se risque à demander auxpiqueurs ce qu’ils ont à offrir au maître d’équipage.

Celui-ci est là, entouré des invités, groupenombreux et brillant.

Beaucoup de jolies filles et de joliesfemmes.

Rarement belles, les mondaines.

Mais du chic !

Beaucoup d’officiers, d’amazones et de damesen voiture.

Tout le monde à pied, pour le moment, afind’écouter le rapport.

Les chevaux, une centaine, en bataille àpart.

Le porte-trompe du maître d’équipage tientsous son œil sévère tous les piqueurs de chevaux de l’équipage,qu’il ne faut pas confondre avec les piqueurs-veneurs ; cespiqueurs devront faire tous leurs efforts pour conduire au maître,aux invités intimes, aux piqueurs-veneurs, les chevaux derelai.

Très difficile.

Où sera la chasse dans une heure oudeux ?

Nul ne le sait.

Que de calculs à faire ?

Que d’expérience il faut.

Le cerf fait de 7o à 12o kilomètres !

Et moi qui écris ces lignes, je peux affirmer,tous les veneurs le savent, que Mme Noir et moi,nous arrivons à la curée, huit fois sur dix.

Ce qui m’a valu d’être nommé Legrand veneurdes gens de pied, et ce n’est pas un mince honneur.

Mais écoutons le rapport et rappelons-nous quepas un piqueur n’a vu son cerf.

Il aurait fallu, pour cela, entrer dans lemassif où l’animal était remisé, ce qui l’aurait mis en fuite.

Tout le monde est tout oreilles.

Le maître demande :

– La Feuille ?

Et le premier piqueur de dire :

– Monsieur, j’ai un cerf à sa quatrièmetête, hardé d’une deuxième tête, de trois biches et d’undaguet.

» C’est un cerf de rochers, haut surjambes, ayant les bois en forme de V et très blond de corsage.

Or, La Feuille n’ayant pas vu le cerf, commentpeut-il le décrire d’une façon si précise ?

Au pied, on juge l’âge de l’animal, d’abordpar la grosseur de, l’empreinte, puis par la plus ou moins longuedistance entre la marque du talon et celle des deux ergots quis’appellent la jambe en termes de vénerie.

De plus, jeune, le cerf met le pied dederrière en avant de celui de devant ; vieux, c’est tout lecontraire.

Voilà pour l’âge.

Dans la forme des bois, les branches touchéespar eux au passage de l’animal l’indiquent. La couleur ?

Le cerf est sujet à avoir des vers sous lapeau. Très fréquemment, il se frotte contre un tronc d’arbre pourles écraser et y laisse du poil que le piqueur recueille et qu’ilexamine.

Cerf de rocher ?

La pince du pied est usée, ce qui n’existe paspour les cerfs de plaine et de bornage.

Mais combien d’années d’expérience et combiende sagacité il faut, pour lire ainsi les pages que les cerfstracent sur le sol des forêts, pour établir leur identité aux yeuxdes piqueurs ?

C’est long à apprendre.

Les deux autres piqueurs firent leur rapport,et, après discussion, on décida d’attaquer un dix cors jeunementqui était hardé de cinq biches.

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