Chapitre 5Le chef de la police
Un personnage.
Que l’on s’imagine un commissaire de policedans un chef-lieu.
C’est quelque chose.
Parfois c’est quelqu’un.
La municipalité de Dawson avait demandé augouvernement de lui envoyer un chef de police intelligent,expérimenté, ayant du déterminisme, la main adroite et dure aubesoin.
Plus douze policemen émérites et incapables dese laisser intimider, gens qui, au besoin, sauraient se servir deleurs revolvers sans hésiter.
La municipalité s’engageait à fournir à tous,d’après une charte minutieusement établie, la farine pour le pain,le lard, le jambon, le bœuf salé, les conserves, les légumes secs,le poivre, le sel, le beurre fondu, le beurre salé, les juliennesgenre Chollet, le médecin, les remèdes, plus grosse solde.
Et l’on avait expédié à Dawson, master AryStrommy avec une escouade.
Ils vous avaient, en peu de temps, retourné laville comme un gant.
Et d’abord, on avait placardé l’avis que touterésistance à la police ou à la force armée, mettait celle-ci en casde légitime défense.
Elles auraient le droit de se servir de leursarmes.
La force armée, c’était la milice bourgeoise.Celle-ci était commandée par des anciens militaires.
On avait, dans les commencements, fait unedizaine d’exemples.
Tu refuses de te soumettre, pan ! un coupde revolver !
Chaque jour, il y avait un poste de dixmiliciens.
Un piquet d’une demi-compagnie devait prendreles armes au premier coup de clairon.
Et ils ne badinaient pas, les miliciens deDawson.
Ils représentaient l’ordre et la propriétéavec une âpre énergie.
Or, Strommy causait dans son cabinet avecCastarel.
Il riait, cet excellent policier.
– Ah ! vraiment, disait-il, la bonnedame a cette monomanie ?
» Du moment où vous me payez sigénéreusement, je m’engage à lui faire prendre Dawson enhorreur.
» Ce ne sera pas long.
– Alors, c’est convenu.
» Dès qu’elle aura mis le pied sur leProgrès, vous recevrez le complément de la prime… desauvetage.
Ils se serrèrent la main.