La Vampire

Chapitre 15LA RUE DE LA LANTERNE

Le secrétaire général de la préfecturerapprocha son siège et prit un air qu’il voulait rendre tout à faitcharmant.

– Alors, dit-il, cher monsieur Sévérin, nousallons quelquefois rendre notre petite visite à notre ancien élève,sans façon ?

– Quelquefois, répondit Jean-Pierre, passouvent.

– Et nous ne demandons jamais rien ?

– Si fait… je demande toujours quelquechose.

– On ne nous refuse pas ?

– On ne m’a pas encore refusé…

– Et pourtant, ajouta-t-il en se parlant àlui-même, ma dernière requête était de six mille louis…

– Malepeste ! Six mille louis ! Il ya bien des cachets de six livres, là dedans, mon cher monsieurSévérin !

– Quand vous passerez au Marché-Neuf, monsieurl’employé, regardez la petite maison qu’on y bâtit…

– La nouvelle Morgue ! s’écriaBerthellemot. Parbleu ! je la connais de reste ! On n’apas voulu suivre nos plans…

– C’est qu’ils n’étaient pas conformes auxmiens, plaça modestement Jean-Pierre.

– Bon ! Bon ! Bon ! fit partrois fois le secrétaire général. Je suis, en vérité, bien enchantéd’avoir fait votre connaissance. Nous sommes voisins, mon chermonsieur Sévérin… quand vous aurez besoin de moi, ne vous gênezpas, je vous présenterai à M. le préfet.

– Voilà plus d’une heure et demie, monsieurl’employé, l’interrompit doucement Jean-Pierre, que vous savez quej’ai besoin de vous.

– C’est accordé, mon voisin, c’est accordé… nevous inquiétez pas… accordé, parole jolie ! Accordé !

– Qu’est-ce qui est accordé ?

– Tout… et n’importe quoi… nous voilà commeles deux doigts de la main… ah ! Ah ! Miséricorde !Ce ne sont pas les républicains comme vous que nous craignons… Jene me souviens pas d’avoir jamais rencontré un homme dont laconversation m’ait plus vivement intéressé… Mais qu’avons-nousbesoin d’écouteurs aux portes, dites ? Laurent !Charlevoy ! Ici, mes drôles !

La porte latérale s’ouvrit aussitôt, montrantles deux agents le chapeau à la main.

– Allez voir au cabaret si nous y sommes,citoyens, leur dit Berthellemot ; et en passant prévenezM. Despaux que je le mettrai demain à la disposition de ce bonM. Séverin… pour une affaire très sérieuse, très pressée, etqui regarde un ami dévoué du gouvernement consulaire.

– M’est-il permis de vous interrompre,monsieur l’employé ? demanda Jean-Pierre.

– Comment donc, mon cher voisin !…Attendez, vous autres !

– Je voulais vous faire observer simplement,dit Jean-Pierre, que ce n’est pas demain, mais ce soir même que jeréclamerai votre concours.

– Vous entendez, Laurent ! Vous entendez,Charlevoy ! Prévenez M. Despaux qu’il ne quitte pas lapréfecture, et vous-mêmes restez aux environs… Il y aura un servicede nuit, s’il le faut… Allez !… Petite parole ! Il y ades gens pour qui on ne saurait trop faire.

– Voyez-vous, bon ami et voisin, repritBerthellemot quand les deux agents eurent disparu, tout ici estordonné, huilé, graissé comme une mécanique en bon état. Le premierconsul sait bien que je suis l’âme de la maison ; il auraitdésiré m’élever à des fonctions plus en rapport avec mes capacités,mais je fais si grand besoin à cet excellent M. Dubois. D’unautre côté, je me suis attaché à cette pauvre bonne ville de Paris,dont je suis le tuteur et le surveillant… l’espiègle qu’elle est medonne bien quelque fil à retordre, mais c’est égal, j’ai un faiblepour elle… Ah ça ! Maintenant que nous voilà seuls, causons…Quand vous verrez le premier consul, j’espère que vous lui direzavec quel empressement je me suis mis à votre disposition…

– Puis-je vous expliquer mon affaire, monsieurl’employé ?

– Oui, certes, oui, répondit Berthellemot. Jevous appartiens des pieds à la tête. Seulement, vous savez, pas dedétails inutiles ; ne nous noyons pas dans le bavardage !Le bavardage est ma bête noire. En deux mots, je me charged’expliquer le cas le plus difficile, et c’est ce qui fait maforce… Prenez votre temps ! Recueillez-vous. C’est qu’il estcomme cela ! J’entends le premier consul ! Il a dû êtrevivement frappé de cette bizarrerie : un homme qui lui ditSire et Votre Majesté, en pleine Convention !… Etsavez-vous ? Souvent des personnes placées dans des positions…originales prennent plus d’influence sur lui que les plusimportants fonctionnaires… Je suis tout oreilles, mon cher monsieurSévérin.

– Monsieur l’employé supérieur, commençaJean-Pierre, quoique je n’aie aucunement le désir de vous raconterma propre histoire, il faut que vous sachiez que je me suis mariéun peu sur le tard.

– Et comment va madame ? Interrogeabonnement M. Berthellemot.

– Assez bien, merci. Quand je l’ai épousée, en1789…

– Grand souvenir ! Piqua le secrétairegénéral.

– Elle avait, poursuivit Jean-Pierre, unenfant d’adoption, une petite fille…

– Voulez-vous que je prenne des notes ?L’interrompit Berthellemot avec pétulance.

– Il n’est pas nécessaire.

– Attendez, cela vaut toujours mieux. Mamémoire est si chargée !… et pendant que nous sommes ici debonne amitié tous deux, mon cher voisin et collègue… car enfin,nous sommes également salariés par l’État… laissez-moi vous direune chose qui va bien vous étonner : je ne ressemble pas dutout au premier consul !

Jean-Pierre ne fut pas aussi surpris queM. Berthellemot l’espérait.

– Je ne lui ressemble pas, poursuivitcelui-ci, en ce sens que, moi, je crois un peu à toutes cesmachines-là… Je ne suis pas superstitieux… Allons donc !… horsl’Être suprême que nous avons admis parce qu’il n’est pas gênant,je me moque de toutes les religions, au fond… Mais, voyez-vous, ilest incontestable que certaines diableries existent. J’avais unevieille tante qui avait un chat noir… Ne riez pas, ce chat étaitétonnant ? Et je vous défierais d’expliquer philosophiquementle soin qu’il prenait de se cacher au plus profond de la cave quandon était treize à table… Savez-vous l’anecdote deM. Bourtibourg ? Elle est curieuse. M. Bourtibourgavait perdu sa femme d’une sueur rentrée. C’était un homme économeet rangé, qui entretenait sa cuisinière pour ne pas se déranger àcourir le guilledou. Désapprouvez-vous cela ? Les avis sontpartagés. Moi, je trouve que le mieux est de n’avoir pointd’attache et d’aller au jour le jour. Un soir qu’il faisait soncent de piquet avec le vicaire de Saint-Merry… j’entends l’ancienvicaire, car il avait épousé la femme du citoyen Lancelot, marchandde bas et chaussons à la Barillerie… Ils avaient divorcé, lesLancelot, s’entend… Et Lancelot faisait la cour, en ce temps-là, àla cousine de M. Fouché, qui n’achetait pas encore des terresd’émigré… Eh bien ! On entendit marcher dans le corridor, oùil n’y avait personne, comme de juste, et Mathieu Luneau, lebrigadier de la garde de Paris, qui se portait comme père et mère,mourut subitement dans la huitaine. Je puis vous certifiercela : j’avais pris des notes… Du reste, les historiens del’antiquité sont pleins de faits semblables : la veille dePhilippes, la veille d’Actium… Vous savez tout cela aussi bien quemoi, car vous devez être un homme instruit, monsieur Sévérin :je me trompe rarement dans mes appréciations…

– Le temps passe… voulut dire Jean-Pierre, quiavait déjà consulté sa grosse montre deux ou trois fois.

– Permettez ! Je ne parle jamais auhasard. C’était pour arriver à vous dire qu’en ce moment même et enpleine ville de Paris, il se passe un fait capital… Croyez-vous auxvampires, vous, mon voisin ?

– Oui, répondit Jean-Pierre sans hésiter.

– Ah bah ! fit M. Berthellemot en sefrottant les mains, en auriez-vous vu ?

– J’ai fait mieux qu’en voir, répliqua legardien de la Morgue en baissant la voix cette fois, j’en aieu.

– Comment ! vous en avez eu ! C’estun sujet qui excite tout particulièrement ma curiosité.Expliquez-vous, je vous en prie, et ne vous formalisez point si jeprends quelques notes.

– Monsieur l’employé supérieur, prononçaJean-Pierre lentement, chaque homme a quelque point sur lequelprécisément il ne lui plaît pas de s’expliquer. Si j’étaisinterrogé en justice, je répondrais selon ma conscience.

– Très bien, monsieur Sévérin, très bien… Vouscroyez aux vampires, cela me suffit pour le moment… Je voulais vousdire qu’à l’heure où nous sommes, cent mille personnes, à Paris,sont persuadés qu’un être de cette espèce rôde dans les nuits de lacapitale du monde civilisé.

– Je venais vous parler de cela, monsieurl’employé, l’interrompit Jean-Pierre, et si vous le voulezbien…

– Pardon ! Encore un mot ! Un simplemot… Croiriez-vous que nous en sommes encore à l’état d’ignorancela plus complète sur la matière, malgré les savants ouvragespubliés en Allemagne. Moi, je lis tout, sans nuire à mesoccupations officielles. Voilà où mon organisation estvéritablement étonnante ! Nos badauds appellent l’être enquestion la vampire, comme s’il n’était pas bien connu quela femelle du vampire est l’oupire ou succube, appelée aussi gouleau moyen âge… J’ai jusqu’à présent onze plaintes… sept jeunes gensdisparus et quatre jeunes filles… Mais je vous ferai observer, etce sont les propres termes de mon rapport à M. le préfet,qu’il n’y a besoin pour cela ni de goule, ni de succube, nid’oupire. Paris est un monstre qui dévore les enfants.

– À dater de l’heure présente, monsieurl’employé, dit Jean-Pierre qui se leva, vous avez treize plaintes,puisque je vous en apporte deux : une en mon nom personnel,une au nom de mon compère et compagnon, le citoyen Morinière,marchand de chevaux, que vous avez pris pour Georges Cadoudal.

Berthellemot se toucha le front vivement.

– Je savais bien que j’avais quelque chose àvous demander ! s’écria-t-il. On devrait prendre des notes.Éprouvez-vous quelque répugnance à me dire depuis combien de tempsvous connaissez ce M. Morinière ?

– Aucune. Je l’ai vu pour la première fois ily a deux ans, Il venait à ma salle pour maigrir. C’est une bonnelame.

– Est-ce l’habitude, parmi les marchands dechevaux, de connaître et de pratiquer l’escrime ?

– Pas précisément, monsieur l’employé, mais lameilleure épée de Paris, après moi, qui suis un ancien chantre deparoisse, est François Maniquet, le boulanger des hospices… lemétier n’y fait rien.

– Et vous n’avez jamais cessé de voir cecitoyen Morinière depuis deux ans ?

– Au contraire, je l’avais perdu de vue. Soncommerce ne lui permet point de séjourner longtemps à Paris.

Berthellemot cligna de l’œil et se gratta lebout du nez. Aucun détail n’est superflu quand il s’agit de cespersonnages historiques.

– Ce vantard de Fouché, grommela-t-il,battrait la campagne et irait chercher midi à quatorzeheures ; M. Dubois resterait empêtré… moi, je tombe droitsur la piste comme un limier bien exercé.

– Mon cher monsieur Sévérin, reprit-il touthaut, en quelles circonstances avez-vous retrouvéM. Morinière, votre compère et compagnon ?

– À la Morgue.

– Récemment ?

– Hier matin… Il venait là, bien triste ettout tremblant, pour s’assurer que le corps de son fils n’étaitpoint posé dans le caveau.

– Mais, sarpebleu ! s’écria Berthellemot,je ne connais pas de fils adulte à Georges Cadoudal !Parole !

Jean-Pierre ne répondit pas.

Berthellemot reprit :

– Me voilà tout à vous pour notre petiteaffaire de la jeune fille enlevée. Vous ne sauriez croire, monvoisin, combien cet ordre d’idées m’intéresse et fait travaillermon ardente imagination. Si Paris possède une goule, il faut que jela trouve, que je l’examine, que je la décrive… Vous savez que cespersonnes ont des lèvres qui les trahissent… Que j’aie seulement unpetit bout de trace, et j’arriverai tout net à l’antre, à lacaverne, à la tombe où s’abrite le monstre… C’est la partieagréable de la profession, voyez-vous ; cela délasse destravaux sérieux. Faites votre rapport à votre aise, soyez véridiqueet précis. Je vais prendre des notes.

– Monsieur l’employé, demanda Jean-Pierreavant de se rasseoir, puis-je espérer que je ne serai plusinterrompu ?

– Je ne pense pas, mon voisin, repartitBerthellemot d’un air un peu piqué, avoir abusé de la parole. Mondéfaut est d’être trop taciturne et trop réservé. Allez, je suismuet comme une roche.

Jean-Pierre Sévérin reprit son siège etcommença ainsi :

– L’établissement nouveau du Marché Neuf, dontje dois être le greffier concierge, est presque achevé et nécessitedéjà de ma part une surveillance fort assujettissante. On exposeencore à l’ancien caveau, mais sous quelques jours on feral’étrenne de la Morgue… et c’est une chose étonnante ; jesonge à cela depuis bien des semaines. Je me demande malgrémoi : qui viendra là le premier ? Certes, c’est unemaison à laquelle on ne peut pas porter bonheur, mais enfin, il y ades présages. Qui viendra là le premier ! Un malfaiteur ?Un joueur ? Un buveur ? Un mari trompé ? Une jeunefille déçue ? Le résultat d’une infortune ou le produit d’uncrime ?

Nous demeurons à deux pas du Châtelet, au coinde la petite rue de la Lanterne. J’aime ma femme comme le désespérépeut chérir la consolation, le condamné la miséricorde. À unetriste époque de ma vie où je croyais mon cœur mort, j’allaichercher ma femme tout au fond d’une agonie de douleurs, et moncœur fut ressuscité.

Notre logis est tout étroit ; nous ysommes les uns contre les autres ; mon fils grandit pâle etfaible. Nous n’avons pas assez d’espace ni d’air, mais nous noustrouvons bien ainsi ; il nous plaît de nous serrer dans cecoin où nos âmes se touchent.

Il y a chez nous trois chambres : lamienne, où dort mon fils, celle où ma femme s’occupe de sonménage ; nous y mangeons, et c’est là que le poêle s’allumel’hiver ; celle enfin où Angèle brodait en chantant avec sajolie voix si douce.

Celle-là n’a guère que quelques pieds carrés,mais elle est tout au coin de la rue, et il y vient un peu desoleil.

Le rosier qui est sur la fenêtre d’Angèle adonné hier une fleur. C’est la première. Elle ne l’a pas vue… Laverra-t-elle ?

De l’autre côté de la rue se dresse une maisonmeilleure que la nôtre et moins vieille. On y loue au mois deschambres aux jeunes clercs et à ceux qui font leur apprentissagepour entrer dans la judicature.

Voilà un peu plus d’un an, il n’y avait pasquinze jours que ma femme et moi nous nous étions dit : Angèleest maintenant une jeune fille, un étudiant vint loger dans lamaison d’en face. On lui donna une chambre au troisième étage, unebelle chambre, en vérité, à deux fenêtres, et aussi large à elletoute seule que notre logis entier.

C’était un beau jeune homme, qui portait delongs cheveux blonds bouclés. Il avait l’air timide et doux. Ilsuivait les cours de l’école de droit.

J’ai su cela plus tard, car je ne prends pasgrand souci des choses de notre voisinage. Ma femme le sut avantmoi, et Angèle avant ma femme.

Le jeune homme avait nom Kervoz ou de Kervoz,car voilà qu’on recommence à s’appeler comme autrefois. Il était lefils d’un gentilhomme breton, mort avec M. de Sombreuil,à la pointe de Quiberon…

M. Berthellemot prit une note etdit :

– Mauvaise race !

– Comme je n’ai jamais changé d’idée, répliquaJean-Pierre, je n’insulte point ceux qui ne changent pas. Le tempsà venir pardonnera le sang répandu plutôt que l’injure. Que Dieusoutienne les hommes qui vivent par leur foi, et donne l’éternellepaix aux hommes qui moururent pour leur foi.

Je ne veux pas vous dire que notre filletteétait jolie et gaie, et heureuse et pure. Quoique mon fils soit ànous deux, je ne sais pas si je l’aimais plus tendrement qu’Angèlequi n’appartient, par les liens du sang, qu’à ma pauvre chèrefemme. Quand elle venait, le matin, offrir son front souriant à meslèvres, je me sentais le cœur léger et je remerciais Dieu quigardait à notre humble maison ce cher et adoré trésor.

Nous l’aimions trop. Vous avez devinél’histoire, et je ne vous la raconterai pas au long. La rue estétroite. Les regards et les sourires allèrent aisément d’unecroisée à l’autre, puis l’on causa ; on aurait presque pu setoucher la main.

Un soir que je rentrais tard, pour avoirassisté à une enquête médicale, au Châtelet, je crus rêver. Il yavait au-dessus de ma tête, dans la rue de la Lanterne, un objetsuspendu. C’était au commencement du dernier hiver, par une nuitsans lune ; le ciel était couvert, l’obscurité profonde.

Au premier aspect, il me sembla voir unréverbère éteint, balancé dans les airs à une place qui n’étaitpoint la sienne.

La corde qui le soutenait était attachée d’uncôté à la fenêtre du jeune étudiant, de l’autre à la croiséed’Angèle.

– Voyez-vous cela ! Murmura le secrétairegénéral. Il y a des quantités d’anges pareils. Je prends desnotes.

– Moi, poursuivit Jean-Pierre, je ne devinaipas tout de suite, tant j’étais sûr de ma fillette.

– Le bon billet que vous aviez là, monvoisin ! Ricana Berthellemot.

Jean-Pierre était pâle comme un mort. Lesecrétaire général reprit :

– Ne vous fâchez pas ! Personne nedéplore plus que moi l’immoralité profonde que les mœurs duDirectoire ont inoculée à la France, notre patrie. Je compareraisvolontiers le Directoire à la Régence, pour le relâchement desmœurs. Il faut du temps pour guérir cette lèpre, mais nous sommeslà, mon voisin…

– Vous y étiez, en effet, monsieur le préfet,l’interrompit Jean-Pierre, ou du moins vous y vîntes, car voussortiez du Veau qui tette avec une dame.

– Chut ! fit le secrétaire général,rougissant et souriant. Certaines gens attachent je ne sais quellegloriole imbécile à ces faiblesses ; nous ne sommes pas debronze, mon cher monsieur Sévérin. Était-ce la présidente ou lapetite Duvernoy ? La voilà lancée, savez-vous, àl’Opéra ! Elle me doit une belle chandelle !

– Je ne sais pas si c’était la petite Duvernoyou la présidente, répondit Jean-Pierre. Je ne connais ni l’une nil’autre. Je sais que votre passage détourna mon attention uninstant : quand je relevai les yeux, il n’y avait plus rienau-dessus de ma tête.

– Le réverbère avait accompli satraversée ? s’écria le secrétaire général. Vous avez beaudire, c’est drôle. Avec cela, M. Picard ferait une très joliepetite comédie.

Jean-Pierre restait rêveur.

– J’ai pris des notes, poursuivitBerthellemot. Est-ce que c’est fini ?

– Non, répondit le greffier concierge ;c’est à peine commencé. Je montais notre pauvre escalier d’un paschancelant. J’avais le cœur serré et la cervelle en feu. Arrivédans ma chambre, j’ouvris mon secrétaire pour y prendre une pairede pistolets…

– Ah ! Diable ! Mon voisin, vousaviez enfin deviné ?

– J’en renouvelai les amorces, et, sanséveiller ma femme, j’allai frapper à la chambre d’Angèle.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer