La Vampire

Chapitre 20MAISON VIDE

C’était une nuit claire et froide. Lesréverbères de l’île Saint-Louis chômaient, laissant faire la lune.Les chimères se fanent vite à Paris, même les plus absurdes. Àl’endroit où nous vîmes naguère tant de pêcheurs de diamants sonderle courant blanchâtre de la Seine, il n’y avait personne.Décidément, la renommée du quai de Béthune avait vécu ; onn’avait pas pêché sous l’égout de Bretonvilliers assez de bagueschevalières ; le prestige était défunt, les gens de l’hameçonet de la gaule en étaient venus à se moquer du miracle !

Et, dès onze heures du soir, le cabaret dupauvre Ezéchiel, éteint, formé, muet, témoignait assez du mépris oùtombait l’Eldorado abandonné.

La rivière coulait, turbulente, au plein deses rives.

Quelques minutes avant onze heures, des pasprécipités sonnèrent dans la rue de Bretonvilliers, sans éveillerles demeures voisines, depuis longtemps endormies. C’étaitJean-Pierre Sévérin, dit Gâteloup, qui s’en allait en guerre à latête de son escouade de gens de police.

Nous savons que le gardien de la Morgue duChâtelet avait dans tout ce quartier du vieux Paris, où la chicaneet la police agglomèrent leurs suppôts, une réputation bienétablie. C’était un crâne homme, pour employer l’expression descitoyennes du Marché-Natif. Il y a toujours dans l’agent de police,quoi qu’on veuille dire et croire, un brin de vocation aventureuse,et, pour ma part, je suis resté souvent confondu en lisant laprodigieuse série des actes de courage froid, solide, implacable,accomplis au jour le jour par ces hommes qui n’ont pas à leurservice le stimulant de la gloire.

Sur un champ de bataille, il y a l’ivresse dupoint d’honneur, l’appel du tambour, l’étourdissement du canon, lafièvre de la poudre !…

Mais dans le ruisseau, la nuit, ces luttesterribles que nul bulletin emphatique ne chantera…

Ces luttes où, la plupart du temps, le banditarmé cherche à tuer, et où l’homme de la loi a défense defrapper…

Qu’ont-ils donc fait, ces héros boueux,robustes comme les guerriers d’Homère, pour que leurs prouessesaccumulées ne puissent jamais rédimer l’opprobre de leurgagne-pain !

Ils étaient quatre, accompagnés par unofficier de paix, jeune homme assez bien couvert, qui allait lecigare à la bouche et les mains dans ses poches.

Ils suivaient tous Gâteloup avec plaisir etflairaient quelque curieuse bagarre.

L’officier de paix écoutait ; en gardantle sérieux de son grade, certaines anecdotes racontées à voix bassepar Laurent et Charlevoy, toutes à la louange du vigoureux poignetde M. Sévérin ; le troisième agent applaudissait,franchement ; le quatrième, laid coquin, à la figure toutevelue de barbe noire, marchait un peu en arrière etgrommelait :

– J’ai vu mieux que ça ! C’est vrai qu’iltape dur ! Quand Jean-Pierre s’arrêta au coin de la rue deBretonvilliers et du quai, ce quatrième agent se mit à rire dans sabarbe et murmura :

– Tiens ! c’te farce ! c’est àl’établissement qu’il en veut. Pourtant il avait trouvé le vinmauvais.

Jean-Pierre frappa bruyamment à la porte ducabaret de la Pêche miraculeuse. Personne ne fit réponse àl’intérieur.

– Mes enfants, dit Jean-Pierre, il faut mejeter bas ces planches-là.

– Auparavant, fit observer l’officier de paix,je dois accomplir les formalités d’usage.

– Pas besoin, monsieur Barbaroux, dit parderrière une voix qui dressa l’oreille de Jean-Pierre. La farce estjouée là-dedans. Le propriétaire a déménagé.

– Est-ce toi ? Ézéchiel ? s’écriaJean-Pierre.

– Pour vous servir, monsieur Gâteloup, sitoutefois j’en suis capable, répondit le quatrième agent, quiavança chapeau bas. J’ai mis comme ça un peu de barbe à mon mentonpour la gloriole de ne pas passer pour en être quand je revienspocher dans le quartier. J’ai ma figure de tous les jours enbourgeois, et ma physionomie du métier : ça fait-il du mal àquelqu’un ?

Tout en parlant, il introduisit une clef dansla serrure de la porte, qui s’ouvrit aussitôt…

– Au nom de la loi, ajouta Ézéchiel, qui étaiten belle humeur, donnez-vous la peine d’entrer.

Dans cette espèce de cave, qui servait naguèrede cabaret, il n’y avait plus que les quatre murs.

– Oh ! fit Ézéchiel, répondant au regardétonné de Jean-Pierre et tenant à la main une chandelle de suifqu’il venait d’allumer, je suis en règle, monsieur Gâteloup. J’aifait mon rapport, et la Pêche miraculeuse a d’ailleursservi de souricière. Les temps sont durs, on vit comme on peut.

– Ce n’était pas la préfecture qui te donnaità vivre, dit Jean-Pierre qui fronça ses gros sourcils ; cen’était pas non plus ton métier de cabaretier. Ne joue pas au finavec moi, l’homme, ou gare à tes côtes ! Tu étais payé par lacomtesse Marcian Gregoryi.

– Tiens ! tiens ! Grommela Ezéchiel,vous saviez donc cela, monsieur Gâteloup .. Eh bien, c’estvrai, quoi ! j’ai mis quelque petit argent de côté pour mesvieux jours… On ne voit pas clair dans ces histoires-là, du premiercoup, vous sentez rien… et j’ai été longtemps à deviner pourquoi lacomtesse avait monté la mécanique du quai de Béthune.

– Et ce pourquoi est-il dans tonrapport ?

– Oui bien, mais M. l’inspecteur n’a pasvoulu me croire… Je suis fâché de n’avoir plus un verre de vin àvous offrir, messieurs, quoiqu’il n’était pas fameux, hein,monsieur Gâteloup ?… En faut pour tous les goûts… Quand j’aidonc dit, là-bas, à la préfecture, qu’on emportait des corps dupavillon de Bretonvilliers, ici près, à un caveau qui se trouvequelque part au Marais, vers la chaussée des Minimes, on m’a ri aunez… par quoi je me trouve à couvert.

L’officier de paix jeta son cigare. Ezéchielcontinua :

– Et comme on en parlait, du caveau, et de lavampire aussi, car tout se sait à Paris, seulement tout se saitmal, Mme la comtesse dit : Il faut dérouter leschiens.

– Le nom de l’inspecteur ? demandaimpétueusement l’officier de paix, qui se vit du coup commissairede police.

– M. Despaux, parbleu ! répliquaEzéchiel, et qui sera secrétaire général quand M. Fouché auramis M. Dubois à la retraite.

– Le numéro de la maison suspecte ?Interrogea encore l’officier de paix.

– Quant à ça, monsieur Barbaroux, la plusbelle fille du monde ne peut dire que ce qu’on lui a appris…

– Nous le saurons tout à l’heure,l’interrompit Jean-Pierre, qui écoutait ce colloque avecimpatience. Nous sommes ici pour autre chose… Peux-tu nousintroduire au pavillon de Bretonvilliers ?

– Jusqu’à la porte, oui, répondit Ézéchiel, etces messieurs doivent avoir de quoi parler aux serrures.

L’agent Charlevoy frappa sur sa poche, quirendit un son de ferraille, et repartit :

– J’ai ma trousse.

– Mais quant à trouver la pie au nid, continuaEzéchiel, c’est autre chose. La comtesse n’est pas revenue depuisle soir où les camarades apportèrent ici cette belle petite blonde…Vous savez, monsieur le gardien… on a dit qu’un jeune homme étaitentré ce soir-là au pavillon ?

– Qui l’a dit ?

– Mme Paraxin, la femelle de Satan.

– Et l’a-t-on emporté comme lesautres ?

– Je n’ai point ouï parler de cela. La figurede Jean-Pierre s’éclaira.

– Il reste une lueur d’espoir, murmura-t-il.Marchons !

Et il se dirigea de lui-même vers la portebasse qui était au fond du cabaret. Ézéchiel le laissa faire.

Aussitôt que la porte fut ouverte, Jean-PierreSévérin se trouva en face d’un tas de terre et de déblais quibouchaient hermétiquement le passage.

– C’est vous qui êtes la cause de cela,patron, dit Ezéchiel. Le jour où vous avez dérangé les marchandisesqui étaient devant la porte, il y avait ici des gens de lacomtesse. Le lendemain, 1e passage était bouché… Mais ils ontcompté sans le vieil Ézéchiel, qui les sait toutes, depuis le tempsqu’il va à l’école… Rangez-vous, s’il vous plaît, et laissez-moipasser.

L’ancien cabaretier se glissa, tenant toujourssa chandelle allumée, dans un trou étroit qui restait à gauche etconduisait à l’escalier de sa cave. Jean-Pierre et les agents lesuivirent. La cave était vide comme le bouge supérieur, mais àl’extrémité orientale du cellier, il y avait un amas de plâtras,entourant une ouverture récemment pratiquée.

Ezéchiel l’éclaira ; elle pouvait donnerpassage à un homme de médiocre corpulence.

– Le soir où j’ai percé ce trou, dit-il enrougissant de colère, la maudite m’a fait mordre par son chien.S’il avait pu se couler là-dedans, le diable à quatre pattes,j’étais un homme mort. Je lui garde une dent : non pas auchien, mais à la dame… Et vous qui êtes un savant, monsieurGâteloup, savez-vous si c’est vrai qu’on ne peut faire la fin deces gens-là qu’avec un morceau de feu qu’on leur met dans lecœur ?…

Charlevoy et Laurent étaient tout pâles.

– Mais c’est donc bien vraiment unevampire ? murmurèrent-ils ensemble.

– En avant ! ordonna Jean-Pierre.

Il se glissa le premier dans l’ouverture.Ézéchiel l’arrêta de force.

– Monsieur Gâteloup, dit-il, vous êtes unbrave homme, et je vous ai vu tenir un contre dix avec un brin debois. Vous m’allez, et je ne voudrais pas qu’il vous arrivât dugros mal… Passez le premier, c’est la justice, car vous semblez leplus intéressé à passer. Mais avant de mettre la tête hors du trou,veillez, guettez, écoutez. Si le chien est là, il grondera. S’ilgronde, gardez-vous d’avancer : c’est une bête qui croque unhomme comme un poulet.

Sévérin se dégagea, dit merci et franchit letrou en deux ou trois vigoureux efforts.

Il y eut un moment d’attente terrible.Ezéchiel avait de la sueur au front.

– Eh bien ! fit Gâteloup du dehors,venez-vous ?

– Parait que le chien est délogé pour tout debon ! dit Ézéchiel. Il aurait déjà fait son tapage s’il étaitlà. Marchons.

Il passa le premier, non sans garder unecertaine inquiétude. Les trois autres agents et l’officier de paixsuivirent. Au delà du trou, c’était une sorte de fosse, encontrebas de celle qu’on appelait le vide-bouteilles. Ellecommuniquait avec les jardins par un escalier de terre et debois.

Les jardins étaient complètement déserts.

La petite troupe les parcourut d’abord et lesfouilla dans tous les sens, Charlevoy et Laurent étaient deux finslimiers, et l’industrieux Ezéchiel connaissait les êtres. Ilsarrivèrent jusqu’au grand mur qui bordait les deux quais, fermantl’éperon de I’Île Saint-Louis comme un rempart. La nuit étaitclaire. Quoique cette partie du jardin ressemblât à une forêtvierge, Laurent et Charlevoy, après visite faite, affirmèrent quenulle créature humaine n’y pouvait rester cachée.

La porte du bord de l’eau, par où la comtesseMarcian Gregoryi devait s’introduire une heure plus tard, ne leuréchappa point, mais à voir l’état de sa serrure, ils la crurentcondamnée.

Jean-Pierre lui-même, pénétrant par une brèchedans le couloir qui communiquait de la porte du bord de l’eau à lachambre sans fenêtres, le visita dans toute sa longueur et la pritpour un de ces passages, construits à des époques troublées, quiétonnent les curieux et restent comme des énigmes proposées à laperspicacité des chercheurs.

Ce couloir avait une bifurcation : leboyau qui menait à l’ancienne cachette du président d’Aubremesnil,et une voie plus large, descendant tout droit aux cuisines dupavillon de Bretonvilliers. Jean-Pierre ne reconnut que ce dernierpassage.

Il appela Charlevoy et se fit ouvrir uneporte, solidement armée de fer, qui eût enchanté un antiquaire. Lescuisines étaient vides comme les jardins ; ou y pouvaitnéanmoins deviner la récente présence d’un ou de plusieurshabitants, car le sol était jonché d’épluchures de légumes, et desos de bœuf cru, à moitié rongés, s’éparpillaient ça et là.

Sur la table, il y avait une toque de femme enétoffe grossière et ornée d’oripeaux dédorés. La forme de cettetoque indiquait à première vue son origine hongroise.

– C’était ici l’antre de maman Paraxin, ditÉzéchiel, et voici les restes du dernier souper de Pluto. J’ai idéeque l’horrible bête mangeait plus souvent des os de chrétien quedes os de bœuf.

– Les gens qu’on emportait d’ici, demandaGâteloup, passaient-ils par le couloir que nous venons desuivre ?

– Jamais, répondit Ézéchiel.

– Alors, s’écria Charlevoy, ils devaientpasser par ta boutique, capitaine.

Ezéchiel rougit jusqu’aux oreilles et leregarda de travers.

Des cuisines au rez-de-chaussée c’était unlarge escalier de pierre de taille, mal tenu et dans un état decomplète dégradation. Les portes du rez-de-chaussée ayant étéouvertes à l’aide de la trousse de Charlevoy, on entradans une enfilade de chambre nues, suant l’humidité et la vétusté,et qui, évidemment, n’avaient point été habitées depuis de longuesannées.

Aux murailles restaient quelques portraitsdéteints et quelques haillons de tapisserie.

L’officier de paix, M. Barbaroux, étaitun utilitaire. Il fit remarquer avec raison qu’il y avait làbeaucoup de terrain perdu et qu’on eût pu loger dans ces sallesinoccupées une grande quantité de gens qui couchaient dans larue.

– Montons plus haut, dit Jean-Pierre, il n’y arien ici pour nous.

Le premier étage, beaucoup mieux conservé,présentait, au contraire, des traces d’occupation récente. C’étaitlà que René de Kervoz avait été introduit le soir même où commencenotre récit.

La trousse de Charlevoy ayant fait encore sonoffice, Jean-Pierre entra dans ce salon où René avait attendu,rêvant et rafraîchissant son front brûlant au froid des carreaux,la venue de sa mystérieuse maîtresse.

En face de la fenêtre, de l’autre côté de larue Saint-Louis-en-l’Ile, était la borne où Angèle s’était assisepour endurer le cruel supplice dont elle devait mourir.

C’était de là qu’elle avait reconnu ou devinéla silhouette de son fiancé aux derniers rayons de la lune.

C’était de là qu’elle avait vu, quand la lampeallumée à l’intérieur porta deux ombres sur le rideau, ces deuxtêtes rapprochées en un baiser qui lui poignarda le cœur.

C’était là qu’elle avait désespéré de la bontéde Dieu.

Il n’y avait plus de rideaux à la croisée,plus de tentures aux portes, plus de tapis, plus de meubles, plusrien.

Le déménagement était fait.

La décrépitude de la vieille maison semontrait partout.

Seulement, ça et là, un bouquet fané, unchiffon de femme, un livre restaient comme des témoins de la viepassagère qui avait animé cette solitude.

Dans la seconde chambre, celle que nous vîmesornée selon la mode orientale, et que Lila choisit pour raconter aujeune Breton son histoire fabuleuse ou véridique, les hautes pilesde coussins et les lampes de Bohême avaient disparu comme tout lereste.

Cette deuxième pièce était en apparence, lafin de la maison. La muraille opposée à la porte ne présentaitaucune solution de continuité.

C’était pourtant bien cette muraille quis’était ouverte quarante-huit heures auparavant pour montrer à Renéébloui le réduit charmant, au fond duquel l’alcôve drapait sesrideaux de soie ;

Le boudoir où la collation étaitservie ;

La chambre sans fenêtres, en un mot, le litd’amour qui devait se changer en prison.

Ce serait insulter à l’intelligence du lecteurque de lui expliquer pourquoi une pièce construite et installéeprécisément pour servir de cachette, au temps où l’art de ménagerdes cachettes était à son apogée, ne montrait à l’extérieur aucunetrace de son existence.

Jean-Pierre Sévérin et son escouade restèrentprès d’une heure au premier étage, furetant et fouillant. Toutesleurs recherches furent inutiles.

Il n’y avait plus à visiter que le deuxièmeétage, qui fut trouvé dans un état de désolation plus grande encoreque le rez-de-chaussée. Les plafonds étaient défoncés et lescloisons tombaient en ruine.

Jean-Pierre dit :

– Descendons aux caves. Je démolirai la maisons’il le faut, mais je trouverai le fiancé de ma fille mort ouvif.

Les gens de police étaient là pour lui obéir.Barbaroux, l’officier de paix, se borna à murmurer :

– Mme Barbaroux m’attend, touteseule.

Laurent et Charlevoy échangèrent, à ce mot, unsourire incrédule.

– Attend-elle ? demanda Charlevoy.

Laurent ajouta :

– Toute seule ?

Hélas ! On dit qu’Argus, fils d’Avestor,patron de la police avait cinquante paires d’yeux, dont aucune nes’ouvrait sur les mignons mystères de son propre ménage !

Au moment où Jean-Pierre et son escouade,descendant l’escalier, repassaient devant la porte ouverte dupremier étage, un bruit qui venait de l’intérieur des appartementsles arrêta tout a coup.

Jean-Pierre s’élança aussitôt en avant, suivide ses agents et arriva dans le salon à deux fenêtres juste à tempspour voir une main passer à travers un carreau cassé d’avance, ettourner lestement l’espagnolette.

Germain Patou sauta dans la chambre ensecouant ses cheveux baignés de sueur.

Tout en le blâmant de ce travers qu’il avaitde grimper ainsi aux balcons, nous plaiderons en sa faveurplusieurs circonstances atténuantes. D’abord, les murailles dupavillon de Bretonvilliers étaient construites selon ce stylemonumental qui, laissant entre chaque pierre un intervalle profond,rend superflu l’usage des échelles ; en second lieu, il étaitmû par une bonne intention ; en troisième lieu, c’était avantd’être reçu docteur.

S’il eût passé sa thèse en ce temps-là, croyezque nous le regarderions comme inexcusable.

– Bonsoir, patron, dit-il ; je suis venuen quatre minute trente secondes, montre à la main, de la chausséedes Minimes jusqu’ici ; mais j’ai perdu plus d’un quartd’heure à rôder autour de la maison. Alors, comme la porte étaitclose, j’ai passé par la fenêtre. Le carreau était cassé, et jevoudrais savoir ce que veulent dire tous ces petits papiers quisont là sur l’appui, et dans chacun desquels il y a un caillou.Apportez la lumière.

– As-tu trouvé ? demanda Jean-PierreSévérin.

– J’ai trouvé la tanière, répondit Patou quidépliait un des papiers dont il venait de parler ; mais lalouve s’est enfuie.

– La louve ? répéta Jean-Pierre.

Patou lui serra fortement la main.

– Patron, murmura l’apprenti médecin à sonoreille, il y a du sang là-dedans. C’est demain qu’on étrenne laMorgue du Marché-Neuf, j’ai idée que votre nouvelle salle sera troppetite : Franz Koënig a été assassiné ce soir.

Les doigts de Jean-Pierre se crispèrent surson front pâle.

– Et ma fille ? dit-il en un gémissement.Et mon pauvre René ?

Charlevoy approchait avec la lumière. Leregard de Gâteloup tomba sur le papier que Patou tenait à lamain.

– L’écriture d’Angèle ! s’écria-t-il enlui arrachant la lettre.

– Il n’en manque pas, répliqua l’étudiant enmédecine, j’en ai trouvé au moins une demi-douzaine sur le rebordde la croisée… Et tenez, en voici un jusque dans la chambre !C’est celui qui a dû casser le carreau.

Il ramassa un papier contenant un cailloucomme les autres et qui était sur le plancher.

– Oh ! Oh ! fit-il en baissant lavoix malgré lui, celui-là est tracé avec du sang !

Jean-Pierre prit le flambeau des mainsd’Ézéchiel.

– Sortez tous, prononça-t-il à voix basse,mais ne vous éloignez pas. Tout à l’heure j’aurai besoin devous.

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