La Vampire

Chapitre 3GERMAIN PATOU

Il faisait presque nuit. Un seul pas, lourd etlent sonnait sur le pavé si vieux, mais presque vierge, de ces ruesmélancoliques où nul ne passe et que le clair regard des boutiquesouvertes n’illumine jamais. Ce pas solitaire était celui d’unpauvre estropié qui allait, allumant l’une après l’autre les mèchesfumeuses des réverbères avares de rayons.

L’estropié cahotait sous ses haillons commeune méchante barque secouée par la houle. Il chantait une gaudrioleplus triste qu’un libéra.

Patou et l’homme que nous avons désigné soustant de noms déjà, le patron des maçons du Marché-Neuf, M. legardien, M. Jean-Pierre, descendaient de la petite porte del’église Saint-Louis au quai de Béthune. Dans l’ombre, ladifférence qui existait entre leurs tailles atteignait aufantastique. Patou semblait un nain et Jean-Pierre un géant.

Quelque jour nous retrouverons ce nain,grandi, non par au physique beaucoup, mais au moral ; nousverrons le docteur Germain Patou porter à son chapeau, selon sapropre volonté, le nom de Samuel Hahnemann comme une cocarde etproduire de ces miracles qui firent lapider une fois, à Leipzig, lefondateur de l’école homéopathique, mais qui fondirent plus tard lebronze dont est faite sa statue colossale, la statue de ce mêmeSamuel Hahnemann, érigée au beau milieu de la maîtresse place, encette même cité de Leipzig, sa patrie.

Si l’on pouvait appliquer un mot divin à cespetites persécutions qui arrêtent un instant, puis fécondent leprogrès à travers les siècles, nous dirions que la plus curieuse detoutes les histoires à faire est celle des calvairestriomphants.

Dans cette comédie bizarre et terrible quenous mettrons bientôt en scène sous ce titre : Numérotreize, le docteur Germain Patou aura un rôle.

Le patron répondit ainsi à sa dernièrequestion :

– Petit homme, tu ne parles pas toujours avecassez de respect des choses qui sont à ma garde. Je n’aime pas laplaisanterie à ce sujet ; mais tu vaux mieux que ton ironie,et l’on dit que pour le métier que tu as choisi il n’est pasmauvais de s’endurcir un peu le cœur. Je t’ai connu enfant ;je n’ai pas fait pour toi tout ce que j’aurais voulu.

Patou l’interrompit par une nouvelle pressionde main.

– Halte-là, s’écria-t-il. Vous m’avez donnédeux fois du pain, monsieur Sévérin, prononça-t-il avec uneprofonde émotion qui vous eût étonné bien plus encore quel’entrechat à quatre compartiments : le pain du corps et celuide l’âme ; c’est par vous que j’ai vécu, c’est par vous quej’ai étudié ; si je domine mes camarades à l’école, c’est quevous m’avez ouvert ce sombre amphithéâtre près duquel vous dormez,miséricordieux et calme, comme la bonté incarnée de Dieu…

Sur la main du patron une larme tomba.

– Tu es un bon petit gars ! murmura-t-il,merci.

– Je serai ce que l’avenir voudra, repartitPatou, qui redressa sa courte taille. Je n’en sais rien, mais jepuis répondre du présent et vous dire que, sur un signe de vous, jeme jetterais dans l’eau ou dans le feu, à votre choix !

Le patron se pencha sur lui et le baisa,répétant à demi voix :

– Merci, petit homme. Je serais bienembarrassé de dire au juste où le bât me blesse, mais je sens quej’aurai bientôt besoin de tous ceux qui m’aiment… Dis-moi ce que tuas vu.

Ils se reprirent à marcher côte à côte, etPatou commença ainsi :

– Quand je suis arrivé, après l’école, l’abbéMartel était seul avec le gros marchand de chevaux. Ils parlaientde ceci et de cela, de l’arrestation de Pichegru, je suppose, carl’abbé Martel a dit :

« – Le malheureux homme a terni en quelquesjours de bien belles années de gloire.

« – Savoir, savoir ! a répondu le grosmaquignon ; ça dépend du point de vue ! »

Puis il ajouta :

« – Monsieur l’abbé, vous savez que je ne memêle guère de politique. Mon commerce avant tout, et s’il arrivaitquelque chose au premier consul, vous jugez quel gâchis !

« – Que Dieu nous en préserve ! » adit l’abbé en faisant un grand signe de croix.

Après quoi il a donné au maquignon l’adressed’une personne dont je n’ai pas entendu le nom et qui demeure« en son hôtel, chaussée des Minimes ».

Et il a ajouté :

« – Celle-là est un ange et une sainte.

« – Tout ce que vous voudrez, monsieur l’abbé,a répondu le gros marchand, qui a l’air d’un joyeux compère, pourvuqu’elle m’achète une paire ou deux de mes beaux chevauxnormands… »

– Il n’a point parlé de son neveu ?demanda le patron.

– Pas que je sache, répondit Patou, mais jen’ai entendu que la fin de leur entretien… Et la leçon duprofesseur Loysel me trottait encore un peu par la tête ! Quelgaillard que ce Hahnemann !… Un véritable ange, je ne dis pasune sainte, je n’en sais rien, c’est cette blonde comtesse. Vousn’avez pas pu la bien voir comme moi. La nuit venait déjà, et ilfaut le grand jour à ces exquises perfections. Des yeux,figurez-vous deux saphirs ! une bouche qui est un sourire, unetaille qui est un rêve de grâce et de jeunesse, des cheveuxtransparents où la lumière glisse et joue…

– Petit homme, interrompit le patron, je suisici pour René et pour Angèle.

– Bon ! s’écria Patou. Il paraît que jem’enflammais comme une brassée de bois sec, patron ? Etpourtant je ne me fais pas l’effet d’être un amoureux. Mais il estcertain que, si le diable pouvait me tenter, cette créature-là…Enfin, n’importe ; arrivons à M. René de Kervoz. Je croisque M. René de Kervoz est du même avis que moi et que votrepauvre Angèle avait deviné tout cela avant nous.

Je vais vous faire le procès-verbal pur etsimple de ce que j’ai vu. Ce n’est pas grand’chose, mais vous êtesun finaud, vous, patron, et vous allez trouver du premier coup lemot de l’énigme.

Après le départ du gros marchand de chevaux,l’abbé Martel est rentré à la sacristie, et j’ai pris mon poste aucoin du pilier. Un pas léger m’a fait tourner la tête ; unéblouissement a passé devant mes yeux : c’était l’ange blond.Parole d’honneur ! je n’ai jamais rien imaginé de pluscharmant… L’ange a franchi le seuil de la sacristie, laissantderrière elle ce vent parfumé qui trahissait la présence de Vénus.Voir Virgile, Quand elle est ressortie, l’abbé Martel lasuivait : un beau prêtre, bien vénérable, quoiqu’il s’occupeun peu trop de politique.

Il parlait encore politique en gagnant sonconfessionnal, et il disait :

« – Ma fille, le premier consul a faitbeaucoup pour la religion ; je crains que vous ne soyez mêléeà toutes ces intrigues des conspirateurs. »

La belle blonde a eu un étrange sourire enrépondant :

« – Mon père, aujourd’hui même vous allezconnaître le secret de ma vie. Une fatalité pèse sur moi. Ne mesoupçonnez pas avant que je vous aie dit mon malheur et l’espoirqui me reste. Je suis de noble race, de race puissante même ;la mort a moissonné autour de moi, me laissant seule. La lettre del’archevêque primat de Gran, vicaire général de Sa Sainteté enHongrie, vous a dit que je cherche dans l’Église une protection,une famille. Les conspirations me font horreur, et si je perds ladernière chance que j’ai d’être heureuse par le cœur, mon desseinest de chercher la paix au fond d’un cloître. »

Le confessionnal de l’abbé Martel s’estouvert, puis refermé. Je n’ai plus rien entendu…

Ici l’apprenti médecin s’interrompitbrusquement pour fixer sur son compagnon ses yeux qui brillaientdans la nuit.

– Patron, demanda-t-il, comprenez-vous quelquechose à cela ?

– Va toujours, répliqua le gardien, dont latête pensive s’inclinait sur sa poitrine.

– Si vous comprenez, grand bien vousfasse ! reprit Patou. Je continue. Un quart d’heure environ sepassa. Cette brave église de Saint Louis-en-l’Ile ne reçoit pasbeaucoup de visites. La première personne qui entra fut ce grandgarçon d’Allemand à qui vous donniez des leçons d’escrime dans letemps.

– Ramberg, murmura le gardien. Je l’ai vu.

– C’est une rencontre qui a dû vous étonner,car vous m’aviez dit qu’il était reparti pour l’Allemagne. Enentrant, il alla droit à la sacristie, où l’abbé Martel et ladivine blonde le rejoignirent bientôt. Dans la sacristie, il y eutune conférence d’un peu plus de vingt minutes, à la suite delaquelle la blonde délicieuse alla s’agenouiller devant l’autel dela Vierge, tandis que l’Allemand et l’abbé Martel prenaient placeau confessionnal. Est-ce qu’on ne se confesse pas avant de semarier, patron ?

Le gardien ne répondit point. Patoupoursuivit :

– M. René de Kervoz entra pendant quel’Allemand se confessait. Angèle le suivait de près. Vous jugez sij’avais mes yeux et mes oreilles dans ma poche !

René de Kervoz traversa l’église d’un pasrapide. Ce ne devait pas être la première fois qu’il avait unrendez-vous dans ce lieu, ou tout au moins dans un lieu pareil.

Ma déesse blonde entendit le bruit de ses paset se retourna. Elle mit un doigt sur sa bouche. Kervoz s’arrêtacomme par enchantement. Ils se croyaient seuls tous deux, carAngèle, pâle, essoufflée et prête à tomber d’épuisement, mais lesyeux en feu et la poitrine haletante, se tenait immobile à quelquespas de moi, derrière le même pilier.

La nuit venait déjà. Angèle ne me voyait pas.Quand elle s’agenouilla, ne pouvant plus se tenir sur ses jambes,j’aurais pu la toucher, rien qu’en étendant la main.

Je restais immobile, mais j’avais le cœurserré par le bruit sourd des sanglots qui déchiraient sapoitrine.

Ils devaient se croire seuls. Ni l’un nil’autre ne soupçonnait ma présence, et, du confessionnal où l’abbéMartel écoutait l’Allemand, on ne peut voir l’autel de laVierge.

La charmante inconnue avait une figure àpeindre, éclairée qu’elle était par les dernières lueurs du jourpassant à travers les vitraux. Derrière moi, la pauvre Angèlemurmurait d’une voix noyée par les larmes :

« – Mon Dieu, mon Dieu ! qu’elle estbelle ! »

Kervoz a voulu parler ; un gesteimpérieux a fermé sa bouche.

La reine des blondes souriait comme unemadone.

Elle a prononcé quelques mots qui ne sont pasvenus jusqu’à moi, et il m’a semblé que son doigt désignait leconfessionnal de l’abbé Martel.

L’entrevue, du reste, n’a pas duré uneminute.

La main de ma belle inconnue s’est étenduevers le dehors, et René de Kervoz, avec une obéissance d’esclave, aquitté l’église par la porte latérale.

Angèle, la pauvre enfant, s’est relevée engémissant, pour s’élancer encore sur ses traces.

Juste à ce moment la confession de l’Allemandprenait fin. Mon inconnue, car elle est à moi aussi, patron, etquoique je sois un assez laid papillon, je me brûlerais volontiersles deux ailes à ce flambeau diabolique ou céleste, mon inconnue arejoint M. de Ramberg, et ils se sont agenouillés l’unprès de l’autre.

Avant de partir, ils se sont inclinés tousdeux devant le confessionnal, d’où est sorti une parole debénédiction.

C’est tout, sauf ce détail que j’ai entendutomber dans le tronc des pauvres une double offrande, lourde etsonore.

Vous savez le reste mieux que moi, puisquevous êtes entré au moment où ils sortaient ensemble…

– Maintenant, patron, s’interrompit le petitmédecin, qui fixa sur son compagnon ses yeux brillants decuriosité, ayez pitié de moi. Si vous voyez clair, dites-moi bienvite le mot de cette charade, car je grille de savoir !N’est-ce qu’une intrigue galante ? La vieille histoire d’unejolie femme jouant sous jambe deux amoureux ? Sommes-nous surla trace d’un complot ? Ce prêtre est-il trompé ? Est-ilcomplice ? Tout est bizarre là-dedans, jusqu’au gros marchandde chevaux, dont la figure m’apparaît menaçante et terrible, quandje regarde en arrière… Vous ne répondez pas patron ?

Le gardien était en effet pensif etsilencieux.

Ils s’étaient arrêtés au bout de la ruePoultier, devant le parapet du quai qui regarde le port aux vins.La lune, qui se levait derrière les arbres de l’île Louviers,prolongés par les peupliers énormes du Mail Henri IV, frappaitobliquement le courant de la Seine et y formait un long spectretout fait de paillettes mobiles. Il n’y a plus d’île Louviers, etles peupliers géants de l’Arsenal sont tombés.

Vers l’ouest, tout le long de l’eau. Parisallumait gaiement ses bougies, ses lampes et ses réverbères ;du côté de l’est, c’était presque la nuit campagnarde, car l’îleLouviers et le Mail cachaient le quartier de l’Arsenal, et, surl’autre bord de la Seine, le regard devait aller jusqu’à Ivry, pardelà le jardin des Plantes, pour rencontrer quelques lumières.

Une seule lueur, vive et rouge, attirait l’œilau coin de la rue de Bretonvilliers. C’était la provocante lanternedu cabaret d’Ezéchiel, le maître de la Pèchemiraculeuse.

Il n’y avait pas une âme sur le quai, mais lesilence y était troublé parfois tout à coup par de soudainesrumeurs mêlées d’éclats de rire. Ce bruit venait de la rivière, etpour en connaître l’origine il eût suffi de se pencher au-dessus duparapet.

Les pêcheurs de miracles étaient à leur postemalgré l’heure avancée. Il y avait sur la berge une ligne presséede bonnes gens qui jetaient l’hameçon avec un zèle patient. Lesclameurs et les rires étaient produits par ces petits incidents quiégayent constamment la pêche en rivière de Seine, où l’hameçonaccroche plus de vieux chapeaux, plus de bottes noyées et plus decarcasses de chats décédés que d’esturgeons.

Chaque déconvenue de ce genre amenait destransports de joie.

L’apprenti médecin, qui était évidemment ungaillard à s’amuser de tout, écouta un instant le remue-ménage quise faisait au bas du mur. Il avait l’air de connaître très bienl’endroit ainsi que le genre de besogne qui réunissait tout cemonde. Au bout d’une minute ou deux, il releva la tête vers soncompagnon et répéta :

– Patron, vous ne répondez pas ?

Le gardien avait mis ses deux coudes sur leparapet, au delà duquel son regard plongeait.

– Crois-tu à cela, toi, Patou ?demanda-t-il en pointant du doigt la rangée de pécheurs qui en cemoment se taisait.

– Je crois à tout, répliqua le petithomme : c’est moins fatigant que de douter. D ailleurs j’aiacheté, ici, la semaine passée, un fémur de toute beauté quisemblait désarticulé par un préparateur de l’amphithéâtre.

– Ah !… fit le gardien.

Il ajouta :

– On l’avait retiré de l’eau, tonfémur !

– Il n’y avait pas séjourné longtemps,repartit Patou, et rien ne m’ôtera de l’idée qu’il y a là-dessousquelque diablerie… Mais tout cela n’est pas une réponse à maquestion. En savez-vous plus long que moi, oui ou non ?

Le gardien s’assit sur le parapet et soulevason chapeau pour essuyer la sueur qui baignait son frontdépouillé.

– Ce qui se passe, là, dit-il, est une énigmepour moi comme pour toi. C’est parce que je ne comprends pas quej’ai peur.

Il était ému profondément ; il ditencore :

– Je ne voudrais pas qu’on fit du mal aupremier consul, je l’aime, quoique je le soupçonne de vouloirconfisquer la république… Mais le premier consul est bon pour sedéfendre si on l’attaque ; je ne pense pas au premier consul…Angèle, René, ces deux enfants-là sont le sang de mon cœur… jedonnerais ma main droite pour savoir !

– Une vaillante main ! s’écriaPatou ; ce serait trop cher !

– Que ce soit une intrigue d’amour, poursuivitle gardien, une conspiration ou les deux ensemble… ou encorequelqu’une de ces ténébreuses scélératesses qui profitent des tempstroublés pour aboutir, il y a quelque chose… je sens, qu’il y aquelque chose de menaçant et de sanglant… Je saurai le fond de toutceci, dussé-je aller jusqu’au préfet de police !…

Patou eut un ricanement qui ne témoignait pasd’une haute confiance en cet important magistrat.

– J’irai plus loin s’il le faut, poursuivit legardien, Il y a déjà un de mes trois amis d’Allemagne qui adisparu. Si Ramberg disparaît, ce sera dans le même trou. J’avaisprévenu le premier, j’avertirai le second ; mais cette femmeest belle, et son regard donne le vertige…

– Vous croiriez !… commença Patou, quiresta bouche béante.

– J’ai peur ! dit pour la troisième foisle gardien. Le petit homme murmura :

– C’est vrai ! son regard donne levertige… Je commence à comprendre.

Il y eut une explosion de cris au bord del’eau.

– Tiens bon, Colinet, disait-on.

– Ferme, Colinet ! ne laisse pasaller !

– Colinet, tu tiens ta fortune !Amène !

Nos deux compagnons se mirent au balcon sur leparapet et regardèrent.

Aux lueurs de la lune ils purent voir lesrangs des pêcheurs qui se rompaient pour entourer un homme encostume misérable, attelé à une ligne de fond et tirant de toute saforce.

– Pour le coup, ça doit être unebaleine ! grommela Patou.

– Où un cadavre tout entier, dit legardien.

On vint en aide à Colinet, dont la ligne étaitsolide, et après quelques efforts prudemment dirigés, l’objet pêchéparut à fleur d’eau, éclairé par des torches de paille que lesassistants curieux avaient allumées.

Un formidable éclat de rire éveilla les échosdéserts du rivage, depuis le chevet de Notre Dame jusqu’au quai dela Râpée.

– Bravo, Colinet !

– Colinet a de la chance !

– Colinet a pêché un pierrot à la ligne defond, avec une boule de terre glaise ! Vive Colinet !

L’objet était en effet un pierrot, habillé depied en cap avec la défroque traditionnelle du bouffon de lacomédie italienne, mais ce n’était pas un noyé en chair et en os.Pour un motif ou pour un autre, on avait joué ce tour lugubre auxpêcheurs de miracles, de couler à leur place favorite un mannequinbourré de paille et de sable.

Le bruit de la berge fut longtemps à secalmer. Colinet, dépourvu de mauvaise honte, fit un paquet desloques qui habillaient le mannequin et les mit aux enchères sur leprix de quarante sous.

Patou avait ri d’abord comme les autres, maisla réflexion vint, et il dit :

– Ceux qui ont fait cela devaient avoir unintérêt.

– Petit homme, répliqua brusquement legardien, je n’ai plus besoin de toi. Monte à présent à la maison,où ma bonne femme est seule et peut-être inquiète. Angèle doit êtrerentrée à l’heure qu’il est. Si tu connais un remède contre lechagrin, fais-lui une ordonnance… Annonce que je rentrerai tard, etbonne nuit.

Patou, ainsi congédié, s’éloigna docilementdans la direction du Pont Marie. Le gardien, resté seul, se mit àmarcher lentement vers le cabaret d’Ezéchiel, à l’enseigne de laPêche miraculeuse.

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