Le cousin Henry

Chapitre 12M. OWEN

Isabel passa à Hereford quatre semaines bientristes avant le retour de M. Owen. La perspective de ceretour ne diminuait en rien sa peine et ses embarras. Elleconnaissait parfaitement la position de fortune de M. Owen, etse disait à elle-même qu’il aurait tort de se marier avec si peu deressources. Quant à elle-même, elle ne se reconnaissait pas lesqualités nécessaires à une femme qui épouse un mari pauvre. Elle secroyait capable de mourir de faim sans se plaindre, si elle y étaitréduite. Elle se croyait capable de travailler depuis le matinjusqu’à la nuit, et cela, pendant des semaines et des mois, sanslaisser voir ni fatigue, ni ennui ; mais elle ne se croyaitpas femme à montrer un visage toujours souriant à un mari portantdes habits usés, ni à partager, avec cette tendresse naturelle quene diminue pas le souci de la pauvreté, une nourriture à peinesuffisante entre des enfants nombreux. Mourir et en finir, sic’était possible, voilà le seul remède à ses maux auquel ellepensât pour le moment. Aussi ne se sentait-elle pas consolée parcette arrivée prochaine de l’homme qui l’aimait, et dont ses jeunessœurs lui parlaient sans cesse. Elle avait refusé M. Owenquand elle occupait la haute position d’héritière de Llanfeare,refusé, sans doute, pour obéir à la volonté de son oncle, et nonpour donner satisfaction à ses propres sentiments ; mais ellel’avait refusé. Dans la suite, quand elle avait cru que, d’après letestament, elle recevrait une certaine somme d’argent, elle avaitpu revenir, en elle-même, sur son refus, et considérer de nouveauquelle conduite elle tiendrait. Si cette somme était assezconsidérable pour qu’en épousant M. Owen elle apportâtl’aisance dans son intérieur, loin d’être une charge pour son mari,ce serait peut-être son devoir de l’épouser, puisqu’elle l’aimaitde tout son cœur et avait l’assurance d’être aimée par lui. Mêmeainsi, il y aurait toujours eu contre le mariage cette grosseobjection qu’elle l’avait refusé quand elle était une grande dame.Mais maintenant, il n’y avait pas d’hésitation possible.Pourrait-elle, elle qui l’avait refusé parce qu’elle étaitl’héritière de son oncle, et pour cette seule raison, pouvait-elle,maintenant qu’elle était pauvre, accepter d’être une charge pourlui ? Il serait, sans nul doute, assez généreux pourrenouveler sa proposition. Elle connaissait bien la noblesse de soncœur ; mais, elle aussi, elle pouvait être généreuse etmontrer un noble cœur. C’est ainsi qu’elle raisonnait avecelle-même, et qu’elle faisait à son inflexible fierté le sacrificede ses plus tendres affections.

Ainsi, le retour annoncé de M. Owen nedevait guère la rendre heureuse.

« Il sera ici demain, » lui dit sabelle-mère. « Mrs. Richard l’attend par le dernier trainde la nuit. Je l’ai vue hier, et elle me l’a dit. »Mrs. Richard était la respectable dame chez qui logeaitM. Owen.

« Je n’en doute pas, » dit Isabeld’un ton ennuyé ; elle était fâchée que l’on suivît d’un œilsi attentif les allées et venues de M. Owen.

« Voyons, Isabel, laissez-moi vous donnerun avis. Il n’est pas possible que vous soyez assez injuste àl’égard de M. Owen pour lui laisser croire un moment que vousrefuserez l’argent de votre oncle. Pensez à sa position, environdeux cent cinquante livres par an ! Avec vos deux centslivres, ce serait le bien-être ; sans cet argent, vous serezterriblement pauvres.

– Pensez-vous que je n’y aie pasréfléchi ?

– Je suppose que si. Mais vous êtes siétrange, si obstinée, si différente de toutes les jeunes filles quej’ai vues ! Je ne comprendrais pas que vous eussiez le frontde refuser l’argent, pour aller ensuite manger son pain. »

C’étaient là de malheureuses paroles, surtoutdans la bouche de Mrs. Brodrick. Elles donnèrent à Isabel lecourage de faire une réponse catégorique. Jusqu’alors, sabelle-mère avait conservé la certitude que le mariage se ferait,malgré les premiers refus de la jeune fille : mais Isabelétait amenée à formuler maintenant un refus énergique etdécisif.

« J’y ai réfléchi, dit Isabel, j’y airéfléchi bien souvent, et je me suis dit à moi-même qu’il n’yaurait pas d’expression pour qualifier une conduite si vile.Quoi ! vivre sur ses modiques ressources, après lui avoirrefusé ma fortune, quand on croyait qu’elle serait siconsidérable ! Certainement non, je n’aurai pas le front de lefaire, ni le front, ni le courage. Il y a des actions ignobles quine se peuvent faire que par une audace à laquelle je ne sauraisatteindre.

– Alors, vous accepterez l’argent devotre cousin ?

– Certainement non, dit Isabel ; nicet argent, ni la position que M. Owen m’offrira peut-être denouveau.

– Sans doute, il vous l’offriraencore.

– Qu’on lui dise alors qu’aucuneconsidération ne me fera l’accepter.

– C’est de la folie ; vous mourezd’amour l’un pour l’autre.

– Eh bien, nous mourrons. Mais je necrois pas d’ailleurs que l’on meure d’amour aujourd’hui. Si nousnous aimons, nous aurons à nous passer l’un de l’autre, comme ilfaut apprendre à se passer de la plupart des choses que l’ondésire.

– Je n’ai jamais vu semblable déraison,semblable perversité ! Voilà de l’argent qui est à vous,pourquoi ne pas le prendre ?

– Je puis vous dire, ma mère, »dit-elle, en prononçant avec gravité ce nom qu’elle donnaitrarement à sa belle-mère, « pourquoi je ne prendrai pasM. Owen pour mari, mais je ne puis vous dire pourquoi je nepuis prendre l’argent de mon cousin. Je peux seulement vous assurerque je ne le ferai pas, et que je n’épouserai jamais un homme quiaccepterait cet argent.

– Encore une fois, c’est de laperversité ; vous vous conduisez méchamment à l’égard de votrepère.

– J’ai tout dit à papa. Il sait que jen’aurai pas cet argent.

– Voulez-vous dire alors que vousentrerez dans cette maison comme une charge de plus, comme unfardeau sur les épaules de votre pauvre père, quand vous pourriezau contraire le soulager ? Ne savez-vous pas combien il estgêné, et qu’il a à pourvoir à l’éducation de vosfrères ? » Isabel restait silencieuse, les yeux fixés surle plancher, et sa belle-mère continuait, sans se douter du peud’impressions que produisaient ses reproches sur une nature dontelle ne comprenait pas la fierté. « Il avait toute raison des’attendre à ce que vous ne lui coûtiez pas un sou. On lui a ditmille fois que votre oncle vous assurerait d’amples moyensd’existence. Vous savez qu’on le lui a dit ?

– Oui, je le lui ai dit moi-même ladernière fois que je suis venue ici avant la mort de mon oncleIndefer.

– Et pourtant, vous ne voulez rien fairepour le soulager ! Vous voulez refuser cet argent, quoiqu’ilvous appartienne, et quand vous pourriez épouser demainM. Owen ! » Elle s’arrêta pour voir l’effet queproduirait son éloquence.

« Je ne reconnais pas le droit de monpère, ni le vôtre à me presser d’épouser quelque homme que cesoit.

– Mais vous reconnaissez, je suppose, ledroit que vous avez de tenir votre parole ? L’argent est là,vous n’avez qu’à le prendre.

– Vous voulez dire que je dois mereconnaître tenue par ma parole. Je n’hésite pas à le faire. J’aidit à mon père que je ne voulais pas être un fardeau pourlui : je ne serai pas pour lui un fardeau. Il aura d’ailleurscompris que si je viole ma promesse en ce moment, c’est à caused’une erreur de mon oncle Indefer, à laquelle je ne pouvaism’attendre.

– Vous violez votre promesse en ce quevous ne voulez pas accepter l’argent qui vous appartient.

– Je viole ma promesse ; celasuffit. Je sortirai de cette maison, où je ne serai plus un fardeaupour personne. Si seulement je savais où aller, je partirais dèsdemain.

– Tout cela est de la folie, » ditMrs. Brodrick se levant en colère et sortant violemment de lachambre. « Vous avez, d’un côté l’homme prêt à vous épouser,de l’autre, l’argent. Il ne faut pas deux yeux pour voir quel estvotre devoir. »

Isabel ne le voyait pourtant pas siclairement. Ce ne pouvait être un devoir pour elle d’accepter unprésent d’argent de l’homme qu’elle supposait l’avoir dépouilléefrauduleusement de la propriété. Ce ne pouvait être un devoir pourelle d’apporter la pauvreté à l’homme qu’elle aimait, et surtoutaprès qu’elle avait refusé de lui apporter la richesse. C’étaitévidemment son devoir, à ce qu’elle pensait, de ne pas être unecharge pour son père, puisqu’elle lui avait promis que cela neserait jamais. C’était son devoir de gagner le pain qu’ellemangerait, ou de n’en pas manger du tout. Disposée comme ellel’était à ce moment, elle aurait quitté la maison sur-le-champ, siquelqu’un avait voulu l’accepter comme fille de cuisine. Mais iln’y avait personne pour la prendre. Elle avait questionné son pèresur ce sujet, et il avait accueilli en se moquant l’idée qu’ellegagnât son pain. Quand elle avait parlé de service, il s’étaitfâché. Ce n’était pas ainsi, avait-il dit, qu’elle pouvait lesoulager ; il n’éprouvait pas le besoin de voir sa filleservante ou même gouvernante. Ce n’était pas par de semblablesmoyens qu’elle pouvait améliorer la position des siens. Ce qu’ilvoulait, c’était l’amener à penser comme lui, à accepter le largerevenu qui était à sa disposition, à devenir la femme d’un galanthomme que chacun estimait. Mais, en ce moment, il était bienindifférent à Isabel qu’en acceptant d’être domestique elledéconsidérât sa famille. On lui avait dit qu’elle était unfardeau : elle voulait cesser de l’être.

Elle y pensa toute la nuit, et résolut deconsulter M. Owen lui-même. Il serait facile, pensait-elle, outout au moins possible de lui faire comprendre qu’il ne fallait passonger à un mariage. Avec lui au moins elle pouvait discuter. Iln’avait pas autorité sur elle, et elle se connaissait assez pouravoir toute confiance dans sa force de caractère. Son père avait uncertain droit à vouloir diriger sa conduite. Sa belle-mère avaitaussi ce droit, par délégation en quelque sorte. M. Owen n’enavait aucun. Elle lui ferait comprendre pourquoi elle ne voulaitpas l’épouser, et alors il pourrait servir, par d’utiles avis, sonprojet d’être gouvernante, femme de chambre, maîtresse d’école,n’importe quoi enfin.

Le lendemain matin, il vint et fut bientôtenfermé avec elle. Au moment où il arriva, Isabel était assise avecMrs. Brodrick et ses sœurs, mais elles eurent bientôt fait deplier leur ouvrage et de sortir, montrant ainsi que c’était choseconvenue qu’Isabel et M. Owen fussent laissés ensemble. Laporte ne fut pas plus tôt fermée, qu’il vint à elle, comme pour laprendre dans ses bras, et l’empêcher ainsi de se dérober, en seretirant, au baiser qu’il voulait lui donner comme à sa futurefemme. Elle comprit tout sur-le-champ. Il semblait que, depuis ladernière entrevue dont elle eût gardé le souvenir, il y en avait euune autre, oubliée par elle, dans laquelle elle avait consenti àêtre sa femme. Elle ne pouvait s’irriter contre lui. Comment unejeune fille s’irriterait-elle contre un homme dont l’amour est sitendre, si constant ? Il n’aurait pas songé à lui donner unbaiser, s’il avait eu devant lui l’héritière définitive deLlanfeare. Elle le sentait bien. Elle comprenait à son attitudequ’il savait sa résolution de ne pas prendre l’argent de soncousin.

Elle ignorait d’ailleurs qu’il eût eu le matinmême un entretien avec son père ; mais elle ne doutait pasqu’il ne connût sa résolution. Comment pouvait-elle se fâchercontre lui ?

Elle se déroba pourtant. « Non, pas cela,dit-elle. Cela ne doit pas être, cela ne peut pas être.

– Dites-moi une chose, Isabel, avant quenous allions plus, loin, et dites-la-moi franchement :m’aimez-vous ? »

Elle était debout à six pieds de lui, leregardant fixement, et déterminée à ne pas rougir devant lui. Maiselle ne sut pas d’abord quelle réponse il convenait de luifaire.

« Je sais, ajouta-t-il, que vous êtestrop fière pour dire un mensonge.

– Je ne dirai pas de mensonge.

– M’aimez-vous ? Il s’arrêta uninstant. M’aimez-vous comme une femme aime l’homme qu’elle veutépouser ?

– Je vous aime.

– Alors, au nom de Dieu, pourquoi ne paséchanger un baiser ? J’ai votre amour, et vous avez le mien.Votre père et votre mère voient nos sentiments avec satisfaction.Est-ce alors une faute de donner et de recevoir un baiser ?Puisque j’ai gagné votre cœur, ne puis-je avoir le bonheur depenser que vous désirez me sentir près de vous ?

– Vous le savez bien, dit-elle, quoiqu’ilsoit peu convenable à une femme de le dire.

– Qu’est-ce que je sais bien ?

– Qu’il n’y a jamais eu un homme dont jeme sois approchée avec plaisir, tandis qu’auprès de vous je suisheureuse. Vous donner un baiser ? Je baiserais vos pieds en cemoment, j’embrasserais vos genoux. Tout ce qui est vous m’est cher.Les objets que vous avez touchés me sont sacrés. Le livre deprières dit que la jeune femme doit aimer son époux jusqu’à ce quela mort la sépare de lui, je crois que mon amour vous suivra plusloin encore.

– Isabel ! Isabel !

– Retirez-vous ! je ne vous donneraipas même ma main à presser tant que vous ne m’aurez pas promisd’être d’accord avec moi. Je ne veux pas être votre femme.

– Vous serez ma femme.

– Jamais ! jamais ! J’ai bannicette pensée de mon esprit, et je sais que j’ai eu raison de lefaire. Les circonstances m’ont été bien contraires.

– Non pas à moi ! Et elles ne me leseront point, si j’obtiens de vous ce que je désire.

– J’ai dû paraître devant vous commel’héritière de mon oncle.

– Cela a-t-il eu quelque influence surmes sentiments ?

– Et j’ai été forcée de refuser votreproposition, pour obéir à la volonté de celui qui m’avaitadoptée.

– J’ai très bien compris tout cela.

– Ensuite, il a fait un nouveau testamentpar lequel il me laissait une somme d’argent.

– Je le sais, et je connais, je pense,l’affaire dans tous ses détails.

– Mais je n’ai pas l’argent. » Ellesecoua alors la tête, comme si elle souriait de sa sottise àrevenir sur des faits si bien connus de son amant et d’elle.« L’argent m’est offert par mon cousin, mais je ne veux pas leprendre.

– À cela je n’ai rien à dire. C’est leseul point sur lequel, une fois que nous serons mariés, je refusede vous donner aucun avis.

– Monsieur Owen, » et elle vint plusprès de lui, pas assez près pourtant pour qu’elle ne pût luiéchapper, si cela était nécessaire, « monsieur Owen, je vaisvous dire une chose que je n’ai dite à personne.

– Pourquoi à moi ?

– Parce que j’ai en vous une confianceque je n’ai en aucun autre.

– Dites alors.

– Il y a un autre testament – ou plutôt,il y avait un autre testament, et il l’a détruit.

– Pourquoi dites-vous cela ? Vous nedevez pas parler ainsi ; vous ne pouvez pas lesavoir !

– Aussi vous le dis-je à vous, comme jele dirais à mon propre cœur. Le vieillard me l’a dit – dans sesderniers moments. Et puis cet homme a une physionomie si répulsive.Si vous aviez pu voir combien sa lâcheté tremblait sous mesregards !

– Il ne faut pas juger d’après desindices de ce genre. On ne peut que les voir et lesremarquer ; on ne doit pas en faire la base d’un jugement.

– Vous auriez jugé vous-même, si vousaviez vu, et vous n’auriez pu vous empêcher de juger comme moi.D’ailleurs, la seule conséquence de la conviction que je me suisfaite est… que pour rien au monde je n’accepterai son argent.

– Il est peut-être bon, Isabel, que nousdiscutions entre nous tout ce qui est pour vous l’objet d’un doute,l’occasion d’un embarras. Je serai heureux de penser qu’il n’y aurajamais de secret entre nous. Mais croyez-moi, ma chérie, tout celan’a aucun rapport avec l’affaire qui nous concerne tous deux.

– Il est indifférent que je sois privéede toutes ressources ?

– Absolument.

– Non, monsieur Owen ; et en celamon père lui-même est d’accord avec moi. » Elle avait tort deparler ainsi. Son père avait seulement voulu lui démontrer que lemodique revenu de son futur mari lui faisait une nécessitéd’accepter l’argent. « Je ne veux à aucun prix être un fardeaupour vous, et, comme je ne puis me donner à vous sans vous imposeren même temps une charge, je ne veux pas être à vous. Qu’importeque nous souffrions un peu plus ou un peu moins ?

– Cela m’importe beaucoup à moi.

– Un homme a bientôt fait, je pense,d’oublier cette souffrance.

– Une femme aussi – si elle est de cellesqui surmontent aisément des difficultés de ce genre. Vous n’êtespas de ces femmes-là, je pense ?

– J’essayerai.

– Moi, je n’essayerai pas. » Et, enparlant ainsi, il la regardait bien en face. Ma philosophiem’enseigne à dédaigner les raisins qui pendent trop haut au-dessusde ma tête, mais à prendre le plus possible de ceux qui sont à maportée.

– Je ne suis pas à votre portée.

– Si, excusez ma confiance, vousm’appartenez. Vous avez avoué que vous m’aimez.

– Je vous aime.

– Alors, vous n’aurez pas la méchancetéde me refuser ce que j’ai le droit de vous demander. Si vousm’aimez comme une femme doit aimer l’homme qui sera son époux, vousn’avez pas le droit de me repousser. J’ai donc établi la justice demes prétentions, à moins qu’il n’y ait encore d’autres raisons…

– Il y a une autre raison.

– Il n’y en a pas d’autre dont je puisseêtre juge. Si votre père avait fait quelque objection, ce serait làune raison ; quand votre oncle a désapprouvé notre mariage àcause de la propriété, c’était une raison. Quant à l’argent, je nevous demanderai jamais de le prendre, à moins que vous ne disiezvous-même que la pauvreté vous fait peur. » Il s’arrêta alors,la regardant, comme pour la mettre au défi de plaider sa proprecause avec d’aussi bons arguments. Elle ne répondit pas, maisdemeura assise, toute palpitante et comme effrayée par l’énergie deses paroles.

« Elle ne me fait pas peur à moi nonplus, » continua-t-il avec douceur, « pas le moins dumonde. Pensez-y, et vous sentirez que j’ai raison ; alors, lapremière fois que je reviendrai, peut-être ne me refuserez-vous pasun baiser. Et il partit.

Oh ! combien elle l’aimait ! Combienil lui serait doux de sacrifier sa fierté, son indépendance à unhomme comme lui ! Combien il méritait un absolu respect, uneconfiance sans bornes, un entier dévouement ! Combien il étaitau-dessus de tous les hommes qu’elle avait jamais rencontrés sur lechemin de la vie ! Et pourtant, elle était déterminée encore àne pas l’épouser.

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