Les Louves de Machecoul – Tome II

LVII – Où Mary est victorieuse à la façonde Pyrrhus

Quelle qu’eût été la résolution prise par Maryde conserver son empire sur elle-même, l’entrée de Michel avait étési soudaine, sa voix avait vibré avec un tel accent, il y avait eudans son premier cri tant de prière et d’amour, que la douce enfantne put s’empêcher de céder à son émotion ; son sein palpitait,ses doigts tremblaient, et les larmes que le jeune baron avait cruentrevoir entre ses cils se détachaient et tombaient goutte àgoutte, comme autant de perles liquides, sur les mains de Michel,qui étreignaient les siennes. Par bonheur, cette émotion, le pauvreamoureux était lui-même trop bouleversé pour la remarquer, et Maryeut le temps de se remettre avant qu’il eût repris la parole.

Elle l’écarta doucement et chercha autourd’elle.

Le regard de Michel suivit celui de Mary, puisrevint se fixer sur elle, inquiet et interrogateur.

– Comment se fait-il que vous soyez seul,monsieur ? demanda-t-elle : où est Rosine ?

– Et vous, Mary, dit le jeune homme d’une voixpleine de tristesse, comment se fait-il que vous ne soyez pas,ainsi que moi, tout entière au bonheur de nous revoir ?

– Ah ! mon ami, dit Mary en appuyant surce mot, vous n’avez pas le droit, en ce moment surtout, de douterde l’intérêt que j’ai pris à votre situation.

– Non, s’écria Michel en essayant de ressaisirles mains de Mary, qui lui avaient échappé ; non, puisquec’est à vous que je dois la liberté et, selon toute probabilité, lavie !

– Mais, interrompit Mary s’efforçant desourire, tout cela ne doit pas me faire oublier notresolitude ; si louve que l’on soit, cher monsieurMichel, il y a certaines convenances dont on ne doit jamaiss’affranchir. Faites-moi donc l’amitié d’appeler Rosine.

Michel poussa un profond soupir, et resta àgenoux, tandis que de grosses larmes jaillissaient de sespaupières.

Mary détourna les yeux afin de ne pas voir ceslarmes ; puis elle fit un mouvement pour se lever.

Mais Michel la retint.

Le pauvre garçon n’avait pas assezd’expérience du cœur humain pour remarquer que, plusieurs fois,Mary n’avait manifesté aucune appréhension de se trouver avec luidans un tête-à-tête aussi solitaire que pouvait l’être celui del’îlot de la Jonchère, et pour tirer, de cette défiance enverselle-même et envers lui, une conclusion favorable à ses espérancesamoureuses ; tout au contraire, ses beaux rêves s’en allaienten fumée, et il revit tout à coup Mary aussi froide et aussiindifférente qu’elle l’avait été dans les derniers temps.

– Ah ! s’écria-t-il avec un accent dedouloureux reproche, pourquoi m’avoir arraché des mains dessoldats ? Ils m’eussent fusillé peut-être, et j’eusse préféréce sort à celui qui m’attend si vous ne m’aimez pas !

– Michel ! Michel ! s’écriaMary.

– Oh ! fit celui-ci, je l’ai dit et je lerépète.

– Ne parlez point ainsi, méchant enfant quevous êtes ! répliqua Mary en affectant un ton maternel. Necroyez-vous pas que vous me désespérez ?

– Que vous importe ! dit Michel.

– Voyons, continua Mary, n’allez-vous pasdouter que je ressente pour vous une amitié bien vraie et biensincère ?

– Hélas ! Mary, répondit tristement lejeune homme, il paraît que le sentiment dont vous me parlez ne peutsuffire à celui qui dévore mon cœur depuis que je vous aivue ; puisque, quelque certitude que j’aie de cette amitié,mon cœur réclame de vous davantage.

Mary fit un effort suprême :

– Mon ami, ce que vous demandez de moi, Berthavous l’offre ; elle vous aime comme vous voulez être aimé,comme vous méritez de l’être, dit la pauvre enfant d’une voixtremblante et en se hâtant de mettre le nom de sa sœur comme unesauvegarde entre elle et celui qu’elle aimait.

Michel secoua la tête et poussa un soupir.

– Oh ! ce n’est pas elle, ce n’est paselle, dit-il.

– Pourquoi, reprit vivement Mary, comme sielle n’eût pas vu ce geste de dénégation, comme si elle n’eût pasentendu ce cri du cœur, pourquoi lui avoir écrit cette lettre, quil’eût désespérée si elle fût arrivée jusqu’à elle ?

– Cette lettre, c’est vous qui l’avezreçue ?

– Hélas ! oui, dit Mary ; et, malgrétoute la douleur qu’elle m’a faite, je dois dire que c’est un grandbonheur !

– L’avez-vous lue tout entière ? demandaMichel.

– Oui, répondit la jeune fille, forcée debaisser les yeux sous le regard suppliant dont le jeune hommel’enveloppait en prononçant cette phrase, oui, je l’ai lue, etc’est parce que je l’ai lue, mon ami, que j’ai voulu vous parleravant que vous revoyiez Bertha.

– Mais n’avez-vous pas compris, Mary, quecette lettre est aussi vraie dans ses dernières lignes que dans lapremière, et que, si j’aime Bertha, je ne puis, moi aussi, l’aimerque comme une sœur ?

– Non, non, dit Mary ; seulement, j’aicompris que ma destinée serait bien affreuse, si elle me réservaitd’être la cause du malheur de ma pauvre sœur, que j’aimetant !

– Mais, alors, s’écria Michel, quedemandez-vous donc de moi ?

– Eh bien, dit Mary les mains jointes, je vousdemande le sacrifice d’un sentiment qui n’a pas eu le temps dejeter dans votre âme des racines bien profondes ; je vousdemande de renoncer à une prédilection que rien ne justifie,d’oublier un attachement qui, sans résultat pour vous, nous seraitfatal à tous les trois…

– Demandez-moi ma vie, Mary : je puis metuer ou me faire tuer : rien de plus facile que cela, monDieu ! mais ne me demandez pas de ne plus vous aimer… Quemettrai-je donc dans mon pauvre cœur à la place de l’amour qu’il apour vous ?

– Il faudra bien, cependant, que cela soitainsi, cher Michel, dit Mary d’une voix caressante ; carjamais, non, jamais vous n’obtiendrez de moi un encouragement à cetamour dont vous parlez dans votre lettre, je l’ai juré.

– À qui, Mary ?

– À Dieu et à moi-même.

– Oh ! s’écria Michel éclatant ensanglots, oh ! et moi qui avais rêvé qu’ellem’aimait !

Mary pensa que plus le jeune homme mettaitd’exaltation dans ses paroles, plus elle devait mettre de froideurdans les siennes.

– Tout ce que je vous dis là, mon ami,reprit-elle, est dicté non-seulement par la raison, mais encore parle vif intérêt que je vous porte ; si vous m’étiezindifférent, croyez-moi, je trouverais que c’est assez de mafroideur pour vous exprimer mes sentiments ; mais ce n’estpoint cela ; non, c’est une amie qui vient à vous et qui vousdit : Oubliez celle qui ne peut être à vous, Michel, et aimezcelle qui vous aime, celle à laquelle vous êtes, pour ainsi dire,fiancé.

– Oh ! mais vous savez bien, vous, queces fiançailles sont une surprise ; vous savez bien qu’enfaisant cette demande, Petit-Pierre s’est mépris sur messentiments. Ces sentiments, vous les connaissiez, vous : jevous les ai exprimés cette nuit où les soldats s’étaient emparés duchâteau ; vous ne les avez pas repoussés : j’ai senti vosmains serrer les miennes ; j’étais à vos genoux, comme j’ysuis, Mary ! votre tête s’est abaissée vers moi ; voscheveux, vos beaux cheveux, vos cheveux adorés ont effleuré monfront ! J’ai eu le tort de ne pas désigner à Petit-Pierrecelle que j’aimais ; que voulez-vous ! je ne pensais pasque l’on pût supposer que j’aimasse une autre femme que Mary. C’estla faute de ma timidité, que je maudis ! mais, enfin, ce n’estpas une faute si punissable, qu’elle doive me séparer à jamais dela femme que j’aime et enchaîner ma vie à celle que je n’aimepas !

– Hélas ! mon ami, cette faute qui vousparaît légère, à vous, me semble irréparable, à moi ! Quoiqu’il arrive, et quand bien même vous renieriez la promesse faiteen votre nom et à laquelle vous avez acquiescé par votre silence,vous devez comprendre que je ne puis être à vous, et que jamais jene me déciderai à déchirer le cœur de ma sœur bien-aimée par lespectacle de mon bonheur.

– Mon Dieu, mon Dieu, s’écria Michel, que jesuis malheureux !

Et le jeune homme cacha son visage entre sesmains et fondit en larmes.

– Oui, dit Mary, oui, en ce moment, voussouffrez, je le crois ; mais un peu de vertu, un peud’énergie, du courage donc, mon ami ! et écoutez docilementmes conseils : ce sentiment s’effacera peu à peu de votrecœur. S’il le faut, pour activer votre guérison, je m’éloignerai,moi.

– Vous éloigner ! vous séparer demoi ! Non, Mary, non, jamais ! non, ne me quittezpas ; car, je vous le proteste, le jour où vous partez, jepars ; où vous allez, je vous suis. Que deviendrais-je, monDieu, privé de votre douce présence ? Non, non, non, ne vouséloignez pas, je vous en conjure, Mary !

– Eh bien, soit, je resterai ; mais pourvous aider à faire ce que votre devoir peut vous offrir de pénibleet de douloureux, et, lorsqu’il sera accompli, lorsque vous serezheureux, lorsque vous serez l’époux de Bertha…

– Jamais ! jamais ! murmuraMichel.

– Si, mon ami ; car Bertha est mieux quemoi la femme qui vous convient ; sa tendresse pour vous, jevous le jure, moi qui en ai entendu l’expression, est plus grandeque vous ne le sauriez supposer ; cette tendresse satisfera aubesoin d’être aimé qui vous consume, et la force et l’énergie quema sœur possède, et que je n’ai point, moi, écarteront de votrechemin les épines que peut-être vous n’auriez pas la force d’enécarter vous-même. Si donc il y a de votre part un sacrifice, cesacrifice, croyez-moi bien, sera largement récompensé.

Et, en prononçant ces paroles, Mary avaitaffecté un calme qui était bien loin d’être dans son cœur, dontl’état réel se trahissait par sa pâleur et son agitation.

Quant à Michel, il écoutait, en proie à uneimpatience fébrile.

– Ne parlez pas ainsi ! s’écria-t-illorsqu’elle eut fini. Supposez-vous que le cours des affectionssoit une chose dont on décide, qu’on puisse diriger à son gré commeune rivière qu’un ingénieur force à s’encaisser entre les rivesd’un canal, comme une vigne qu’un jardinier palisse à sa fantaisiecontre une muraille ? Non, non ; je vous le redis, jevous le répète, je vous le répéterai cent fois, c’est vous, vousseule que j’aime, Mary ! Il serait impossible à mon cœur deprononcer un autre nom que le vôtre, quand bien même je levoudrais, et je ne le veux pas ! Mon Dieu, mon Dieu, continuale jeune homme en levant ses bras au ciel avec l’expression d’unviolent désespoir, que deviendrais-je donc quand je vous verrais àvotre tour la femme d’un autre ?

– Michel, répondit Mary avec exaltation, sivous faites ce que je vous demande, je vous le jure par lesserments les plus sacrés, n’ayant pas été à vous, je ne serai àpersonne qu’à Dieu ! je ne me marierai jamais ; toute monaffection, toute ma tendresse, vous resteront acquises, et cetteaffection ne sera plus celle d’un amour vulgaire que les annéespeuvent détruire, qu’un accident peut tuer : ce seral’attachement profond, inaltérable de la sœur pour son frère ;ce sera la reconnaissance qui m’enchaînera pour jamais àvous : je vous devrai le bonheur de ma sœur, et ma vie toutentière se passera à vous bénir !

– Mais votre attachement pour Bertha vouségare, Mary, répliqua Michel ; vous ne vous préoccupez qued’elle ; vous ne songez pas à moi, lorsque vous voulez mecondamner à cet affreux supplice de m’enchaîner pour la vie à unefemme que je n’aime pas. Oh ! c’est cruel à vous, Mary, à vouspour qui je donnerais ma vie, de me demander une chose à laquelleje ne saurais me résigner.

– Si fait, mon ami, insista la jeune fille,vous vous résignerez à ce qui peut être le résultat de la fatalité,mais à ce qui sera, à coup sûr, une action généreuse etmagnanime ; vous vous y résignerez parce que vous comprendrezqu’un tel sacrifice, Dieu ne peut le laisser sans récompense, parceque cette récompense, eh bien, ce sera le bonheur de deux pauvresorphelines.

– Oh ! tenez, Mary, fit Michel toutéperdu, ne me parlez plus de cela… Oh ! que l’on voit bien quevous ignorez, vous, ce que c’est qu’aimer ! Vous me dites derenoncer à vous ? Mais songez donc que vous êtes mon cœur, quevous êtes mon âme, que vous êtes ma vie ; que c’est toutsimplement me demander d’arracher mon cœur de ma poitrine, derenier mon âme ; que c’est souffler sur mon bonheur, tarir monexistence à sa source ! Vous êtes la lumière pour laquelle etpar laquelle, à mes yeux, le monde est monde, et, lorsque vous nebrillerez plus sur mes jours, je tomberai à l’instant même dans ungouffre dont l’obscurité me fait horreur ! Je vous le jure,Mary, depuis que je vous connais, depuis la minute où je vous aivue, depuis l’instant où j’ai senti vos mains rafraîchir mon frontensanglanté, vous vous êtes tellement identifiée à moi-même, qu’iln’est pas une de mes pensées qui ne vous appartienne, que tout enmoi se reporte à vous, que, si ce cœur perdait votre image, ilcesserait aussitôt de battre, comme si le principe de vie s’étaitretiré de lui… Vous voyez bien qu’il m’est impossible de faire ceque vous désirez !

– Et cependant, s’écria Mary au paroxysme dudésespoir, si Bertha vous aime et que je ne vous aime pas,moi !

– Ah ! si vous ne m’aimez pas,Mary ; si, les yeux sur mes yeux, les mains dans mes mains,vous avez le courage de me dire : « Je ne vous aimepas », eh bien, tout sera fini !

– Qu’entendez-vous par là, tout serafini ?

– Oh ! c’est bien simple, Mary. Aussivrai que ces étoiles qui brillent au ciel voient la chasteté de monamour pour vous ; aussi vrai que le Dieu qui est par-delà lesétoiles sait que mon amour pour vous est immortel, Mary, ni vous nivotre sœur ne me reverrez jamais.

– Que dites-vous, malheureux !

– Je dis que je n’ai que le lac à traverser,ce qui est une affaire de dix minutes ; que je n’ai qu’àmonter sur mon cheval, qui est dans les oseraies, et à le lancer augalop jusqu’au premier poste, ce qui est l’affaire de dix autresminutes ; que je n’ai qu’à dire à ce poste : « Jesuis le baron Michel de la Logerie », et que, dans troisjours, je serai fusillé.

Mary poussa un cri.

– Et c’est ce que je ferai, ajouta Michel,aussi vrai que ces étoiles nous regardent, et que Dieu les tientsous ses pieds.

Et le jeune homme fit un mouvement pours’élancer hors de la cabane.

Mary se jeta au-devant de lui et le saisit àbras-le-corps ; mais, les forces lui manquant, elle se laissaglisser, et se trouva à ses genoux.

– Michel, murmura-t-elle, si vous m’aimezcomme vous le dites, vous ne vous refuserez pas à ma prière. Au nomde votre amour, je vous en conjure, moi que vous dites aimer, netuez pas ma sœur ! accordez sa vie, accordez son bonheur à meslarmes et à mes prières. Dieu vous bénira ; car, tous lesjours mon cœur s’élèvera vers lui pour lui demander le bonheur del’homme qui m’aura aidée à sauver celle que j’aime plus quemoi-même ! Michel, oubliez-moi, je vous le demande en grâce,et ne réduisez point Bertha au désespoir dans lequel je la voisdéjà.

– Ô Mary, Mary, que vous êtes cruelle !s’écria le jeune homme saisissant et arrachant ses cheveux àpleines mains. C’est ma vie que vous me demandez… j’enmourrai !

– Du courage, ami, du courage ! dit lajeune fille faiblissant elle-même.

– J’en aurais pour tout ce qui ne serait pasrenoncer à vous ; mais cette idée me rend plus faible qu’unenfant, plus désespéré qu’un damné.

– Michel, mon ami, ferez-vous ce que jedemande ? balbutia Mary, dont la voix s’éteignait dans leslarmes.

– Eh bien…

Il allait dire oui, mais il s’arrêta.

– Ah ! du moins, reprit-il, si voussouffriez comme je sourire !…

À ce cri de suprême égoïsme, mais aussi desuprême amour, Mary, haletante, hors d’elle-même, à moitié folle,étreignit Michel, le souleva entre ses bras crispés, et, d’une voixentrecoupée par les sanglots :

– Tu dis donc, malheureux, que cela teconsolerait, de savoir mon cœur déchiré comme l’est letien ?

– Oui, oui, oh ! oui !

– Tu crois donc que l’enfer deviendrait leparadis si tu m’y voyais à tes côtés ?

– Une éternité de souffrances avec toi, Mary,à l’instant même je l’accepte.

– Eh bien donc, s’écria Mary éperdue, soissatisfait, cruel enfant ! tes souffrances, tes angoisses, jeles ressens ! comme toi, je meurs de désespoir à l’idée dusacrifice que le devoir nous impose !

– Mais tu m’aimes donc, Mary ? demanda lejeune homme.

– Oh ! l’ingrat ! poursuivit lajeune fille, l’ingrat qui voit mes prières, mes larmes, mestortures, et qui ne voit pas mon amour !

– Mary, Mary ! fit Michel chancelant,sans haleine, ivre et fou tout à la fois, après m’avoir tué dedouleur, veux-tu donc me faire mourir de joie ?

– Oui, oui, je t’aime ! répéta Mary, jet’aime ! il faut bien que je te dise ces deux mots quim’étouffent depuis si longtemps ; je t’aime comme tu peuxm’aimer ; je t’aime tant, qu’à l’idée du sacrifice qu’il nousfaut faire, la mort me semblerait douce si elle me surprenait aumoment où je te fais cet aveu.

Et, en disant ces mots, malgré elle, commeattirée par une puissance magnétique, Mary approchait son visage duvisage de Michel, qui la regardait avec les yeux d’un homme qu’unehallucination met en extase ; les cheveux de la blonde enfantcaressaient le front du jeune homme ; leurs haleines sefondaient l’une dans l’autre et les enivraient tous les deux ;bientôt, comme accablé sous ces effluves amoureux, Michel ferma lesyeux ; en cet instant suprême, sa bouche rencontra la bouchede Mary, et celle-ci, épuisée par la longue lutte qu’elle avaitsoutenue contre elle-même, céda à l’entraînement irrésistible quil’attirait… Leurs lèvres se joignirent, et ils restèrent pendantquelques minutes abîmés dans une douloureuse félicité…

Mary la première revint à elle.

Elle se redressa vivement, repoussa Michel,et, sans transition aucune, se mit à fondre en larmes.

En ce moment, Rosine entra dans la hutte.

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