Conversation d’une petite fille avec sa poupée

 

LA dame chez laquelle madame Belmont dînoit cejour-là, aimoit Mimi à la folie ; elle voulut l’avoir auprèsd’elle à table, et lui donna mille friandises. Mimi avoit beaucoupmangé quand on servit un plat de gâteaux qui lui plaisaient fort.Sa mère, qui ne la perdoit pas de vue, lui défendit par signes d’enmanger. Mimi fit semblant de ne point s’en apercevoir, et mangeades gâteaux au point d’en être incommodée. Madame Belmont se hâtade rentrer chez elle, déshabilla sa fille, et lui fit prendre duthé. On se doute bien qu’elle la gronda. Mimi, se trouvant mieux,courut prendre sa poupée. Pendant que sa mère lisoit, elle eut avecZozo la conversation suivante :

Venez ici, mademoiselle, que je vous délasse.Jeannette, faites du thé pour cette petite gourmande, qui étouffepour avoir mangé des gâteaux, malgré la défense de sa maman.Fi ! que cela est vilain ! une grande fille de votreâge ! vous devriez être honteuse !… vous aviez pourtantmangé des macaronis, du biscuit, du raisin, des amandes, despoires ! Fi ! que c’est laid d’être gourmande, etdésobéissante à sa maman ! Je suis sûre que vous avez mangévotre viande sans pain ! – Non, maman ! – Mais vous avezdemandé du poulet, et cela n’est pas bien ! une petite fillene demande jamais rien ; elle attend que sa maman lui donne.Et puis, il faut que je vous gronde ; vous avez bu sans avoirvidé votre bouche ; vous avez répondu à madame B… ayant aussila bouche pleine, et c’est mal ; on ne l’emplit pas tant, eton la vide tout à fait pour boire et pour répondre quand quelqu’unvous adresse la parole.

En sortant de table, vous avez fait dubruit ; vous avez parlé aussi haut que les grandespersonnes ; vous avez disputé avec les filles de madame B…, cequi n’est pas poli du tout ; vous leur avez arraché lesjoujoux, des mains. Et mais, vos mains, les avez-vous lavées ?je suis sûre que non ! Voyez comme votre robe est sale !et vous voulez que je vous mène dîner en ville ! ah !mademoiselle, il faut être plus raisonnable, et surtout retenir ceque dit votre maman. Vous êtes une étourdie, je le sais ;vingt fois je vous ai dit combien il est déplacé de faire telle outelle chose, et vous n’en faites qu’à votre tête.

Je vais à ce sujet vous raconter comment il ena coûté la vie aux petits d’une biche, pour avoir négligé de suivreles avis de leur mère. Écoutez bien :

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