La Conspiration des milliardaires – Tome I

Chapitre 11De New York à Londres

Commetoutes les villes américaines, New York n’a pas d’histoire. À peinea-t-elle un siècle d’existence. Ce n’en est pas moins à présent,avec son million et demi d’habitants, une des premières capitalesdu monde, et en tout cas, la ville maritime la plus importante desÉtats-Unis.

On y chercherait vainement ces vieuxmonuments, ces antiques églises qui, dans nos cités européennes,ont gardé le charme du passé. À New York, une maison centenaire estune curiosité. Tout y est neuf et construit à la hâte,mathématiquement.

Les avenues, tracées au cordeau et portant desnuméros en guise de noms, interminablement monotones, sont bordéesde maisons de douze et quinze étages, d’immenses hôtels, debanques, de monuments sans style et sans élégance.

Une foule affairée, muette et renfrognée, sehâte vers ses occupations. Des hommes d’affaires, des inventeurs,des industriels, marchent à grandes enjambées pour économiser unpeu de ce temps qui est de l’or.

Des bicyclettes, des tramways électriques, desmotocycles sillonnent la ville en tous sens.

Par-ci, par-là, un jeune homme flâne enregardant les devantures des boutiques ; c’est sans doutequelque Européen.

Bâti sur les eaux fangeuses de l’Hudson, lequai des transatlantiques bourdonne de l’animation des continuelsdéparts.

Accessible au moyen d’un large plancher debois garni de balustrades, le London attend, souspression, le moment proche de lever l’ancre.

À bord, c’est un remue-ménage indescriptible,entremêlé d’appels, de coups de sonnettes. On se presse, on sebouscule. Les passagers, les colis, les malles, s’engouffrent dansle paquebot. On embarque les derniers vivres frais. Des hommes fontla chaîne et se passent de mains en mains des sacs cachetés de cirerouge. Y en a-t-il ! C’est la correspondance que, plusieursfois par semaine, l’Amérique expédie en Europe.

Tout en surveillant l’embarquement de sesmalles, Ned Hattison se promenait silencieusement. Il réfléchissaitaux dernières paroles de son père, après cette scène violente où ilavait voulu le forcer d’épouser miss Aurora. Il s’estimait plutôtheureux que sa résistance lui eût suggéré l’idée de l’envoyer enEurope. C’était satisfaire son plus intime désir.

Beaucoup moins fanatique et yankee que sonpère, le jeune ingénieur n’avait pas les mêmes illusions sur lavéritable valeur de savants américains.

Son intelligence lucide et le jugementimpartial qu’il portait sur chaque fait l’avaient amené à constaterque, si ses compatriotes excellaient dans l’art de perfectionner,de rendre pratiques les découvertes ; en revanche, toutes lesnouvelles théories, toutes les idées étaient dues aux savantseuropéens.

Aussi, n’avait-il pas pour le Vieux Monde lemépris de son père. Il s’attendait à y rencontrer des hommesérudits, et s’en réjouissait.

Plus encore que Londres, où il allait passertout d’abord quelque temps, Paris l’attirait, non pour ses lieux deplaisir célèbres dans le monde entier, mais pour les richesses deses musées, et la foule de savants et d’inventeurs qui se presseaux cours de ses facultés.

De plus, on parlait beaucoup depuis quelquetemps, de la découverte d’une nouvelle torpille. Il pourrait, surles lieux, recueillir de précieux renseignements.

La sirène du London se mit à rugirpour annoncer le départ. Ned Hattison gravit le plan incliné etgagna l’arrière du pont réservé aux passagers de premièreclasse.

Il s’accouda au bastingage et regarda au loinles maisons aux toits rouges de la ville qu’il allait quitter.

Tout à coup, comme l’on commençait à enleverles passerelles, il aperçut sur le quai Tom Punch, rouge, échevelé,se ruant vers le paquebot dans une galopade désespérée qui secouaitson gros ventre comme un paquet de gélatine.

Il était temps. À peine Tom Punch avait-il misle pied à bord, que les échelles tombèrent. Les amarres furentlarguées. On arbora le drapeau étoile de l’Union au mât de misaine.À la corne se déployait le pavillon britannique.

Sous l’impulsion de ses formidables machinesactionnant non seulement ses hélices, mais aussi les pompes, lesmonte-charges et les dynamos produisant l’électricité, leLondon file rapidement. Bientôt les côtes plates deLong-Island s’effacent. La terre américaine n’est plus qu’une lignegrise à l’horizon.

Encore tout en sueur et s’épongeant le frontavec un grand mouchoir à carreaux, Tom Punch était venu retrouverNed Hattison.

– Comment, s’écrie celui-ci ; maisqu’y a-t-il donc de nouveau ? Est-ce que mon père auraitchangé d’idée ?

– Non, non, il n’y a rien du tout, répondTom. Nous allons toujours en Europe ; c’est moi qui ai demandéà vous accompagner. Je m’ennuyais à Chicago au point de ne plusprendre goût à rien. Je devenais l’ombre de moi-même.

– Ah ! ah ! fait l’ingénieur,amusé par la naïveté de ce gros homme. Et alors ?

– Alors, du service de M. Boltyn jepasse au vôtre, si toutefois vous n’y voyez pas d’inconvénient.

– Oh ! aucun, dit Ned en haussantles épaules d’un air indifférent.

– Comme cela, reprend le majordome d’unair entendu, je ne sors presque pas de la famille. M. Boltyncontinue à me payer mes gages ; et je rentrerai à son servicequand nous reviendrons, avec une provision de recettes culinaireseuropéennes. Nous travaillerons chacun de notre côté.

– Oui, mon garçon. C’est cela.

Et le jeune homme éclata de rire.

Le ciel est beau, la mer tranquille. Une briselégère caresse le visage des passagers qui se promènent sur lepont.

Il y en a de tous les pays.

Une famille anglaise, le père, la mère, troisfilles et un grand jeune homme rasé, marchent silencieusement, lespoches pleines de guides et l’appareil photographique enbandoulière, en se drapant dans leur laideur et leurrespectabilité. – Des Italiens, maigres et bronzés, discourent avecde grands gestes. – Des Suédois aux yeux clairs et aux cheveux defilasse. – Des Yankees, enrichis dans le commerce des guanos ou dela margarine, et qui, le portefeuille gonflé debank-notes, vont apprendre aux Européens comment l’ondépense les dollars.

Tom Punch les examine en les gratifiant deréflexions saugrenues. Malgré ses préoccupations, Ned Hattison ritaux éclats.

Voici une jeune américaine aux yeux bleus, auxlèvres roses, qui s’en va faire toute seule son tour d’Europe.

De tous côtés on se présente, on lieconnaissance, on s’arrange pour passer le plus agréablementpossible le temps de la traversée.

La cloche du paquebot sonne pour annoncer lerepas du soir. À part quelques voyageurs novices, victimes du malde mer, tout le monde se retrouve dans la salle à manger.

Tom Punch a lié connaissance avec un grosAllemand qu’il stupéfie par la facilité avec laquelle il engouffreles pâtés et les rôtis.

Après le dîner, les uns retournent sur le pontfumer un cigare en humant la brise marine ; les autres, dansle salon, entament des parties. Un jeune Français tient le piano.On chante, on organise de petits concerts.

Lorsque la mer est calme, cela va tout seul,mais souvent un coup de roulis inattendu éparpille magistralementles pions des joueurs de dames et d’échecs, et fait perdrel’équilibre au chanteur qui, les bras au ciel, en reste au momentle plus pathétique.

On rit, on rétablit ses positions. La soiréepasse ainsi. Puis tout le monde regagne sa couchette.

– Allons, se disait Ned, en éteignant lalampe Edison de sa cabine, ce Tom Punch m’a l’air d’un brave garçonmalgré ses mauvaises habitudes d’ivrognerie. Enfin, il faut prendreles hommes comme ils sont. C’est plus pratique que d’essayer de leschanger.

Les journées au large sont monotones. S’ilfait beau temps, on s’installe sur le pont avec des fauteuils derotin ; on cause, on se raconte qui l’on est, où l’on va. Lesheures passent devant la double perspective du ciel et de la mer.Les mouettes, les goélands voltigent sur la cime écumeuse desvagues. Le spectacle est si grandiose que les plus prosaïques despassagers s’oublient à le contempler.

Voici deux jours qu’on a quitté New York. Letemps change tout à coup. Une brume intense cache le soleil ;une pluie fine se met à tomber. L’air devient plus froid. Onpénètre dans les brouillards de Terre-Neuve.

La sirène mugit de minute en minute. Sans sepréoccuper des abordages possibles, le London s’enfonce, àtoute vapeur, à travers ces murailles de brume grise et opaque quiempêchent de rien distinguer à vingt mètres de distance.

En haut d’un mât, un matelot est en vigie,chargé de signaler à grands cris le navire qu’il pourraitapercevoir. Hélas ! ces précautions sont souvent bieninutiles. Parfois, avant qu’on n’ait pu rien distinguer à traversces brouillards que la lumière électrique elle-même ne réussit pasà percer, une coque surgit, comme une apparition, et l’abordage seproduit. Lancés à des vitesses fantastiques, les navires pénètrentl’un dans l’autre, s’écrasent avec fracas. Quelques minutes après,la mer a tout recouvert de son linceul mouvant.

Au danger de ces rencontres, se joint celuides icebergs qu’on distingue à peine au loin, couronnés de neige,et voguant à la dérive.

Revêtus de manteaux imperméables, Ned et TomPunch se promènent sur le pont déserté.

– Ces blocs de glace, expliquel’ingénieur, ont parfois plusieurs kilomètres de long ets’enfoncent sous l’eau d’une hauteur au moins égale à cinq ou sixfois celle qui émerge. Chaque année, ils se détachent des banquisesdu pôle, et après un voyage de plusieurs mois, viennent se fondredans les eaux tempérées de ces parages.

– By God ! fait Tom, enregardant instinctivement le capitaine qui, sur la dunette,surveille l’étroit horizon, quelle capilotade cela doit fairelorsqu’ils rencontrent un paquebot !

Le navire traverse maintenant une cohue depetits bâtiments aux voiles déguenillées, de barques sordidesmontées par des marins en suroîts goudronnés. Ce sont les pêcheursde morues.

Allongés sur le bord de leurs coquilles denoix, ils jettent leur ligne, et la retirent sans cesse.

Dur métier que le leur. Normands, Bretons,Danois, Suédois ou Islandais, ils ont laissé leur patrie et leurfamille pour affronter, pendant six mois, des dangers incessants etle rude climat de ces régions à la fois humides et glaciales.

Combien partent qui ne reviendrontjamais ! Ils saluent de leurs vivats le transatlantique, quipasse en déchirant l’air de son sifflet strident. Bientôt, ils ontdisparu.

Le ciel se couvre de plus en plus, et devientpresque noir. La mer roule des vagues gigantesques qui seprécipitent à l’assaut du London, retombent en cascadesmugissantes, et viennent par moments balayer le pont.

Tom Punch regagne précipitamment sacabine.

– Voilà, se dit-il, un voyage quicommence bien mal. S’en aller comme cela, à l’aveuglette, traverserun brouillard épais comme une compote de suie… Pourvu qu’iln’arrive pas de catastrophe !

Ned Hattison est resté seul à contempler lespectacle des éléments déchaînés. Il se cramponne à un paquet decordages.

Le roulis augmente de plus en plus. Lepaquebot se penche en craquant, puis se redresse sur la cime d’unemontagne d’eau gigantesque, pour replonger de nouveau. La sirènefonctionne sans interruption ; on sent la trépidation desmachines chauffées à haute pression.

Étouffé par le vent glacial qui passe ensifflant lugubrement dans la mâture, mouillé jusqu’aux os, malgréson manteau imperméable, Ned dut se résigner, lui aussi, à quitterson poste d’observation.

Les parages que le bâtiment traversait à cemoment méritent bien le nom de « Trou du Diable », quelui ont donné les marins. C’est l’endroit où les courants quidescendent du pôle se brisent, se confondent avec ceux qui montentdes tropiques. La mer y est constamment agitée.

La salle à manger était déserte, tous lespassagers s’étant fait servir dans leurs cabines.

Lorsque l’ingénieur y pénétra, seul, unpersonnage assez étrange pour que nous esquissions sa physionomie,commençait à prendre son repas.

Inscrit sous le nom d’Olivier Rolandson, il sedonnait comme touriste anglais, et occupait la cabine voisine àcelle de Ned.

Long, maigre, une figure osseuse et glabre,les yeux cachés derrière des lunettes fumées, il était toujours,quel que fût le temps, vêtu d’un complet à carreaux, et portait,suspendu à une courroie, un petit sac qui ne le quittait jamais.Les allures mystérieuses, le silence qu’il observait toujoursintriguaient le jeune homme. Plusieurs fois, alors qu’accoudé auxbastingages, il causait avec Tom Punch, il l’avait aperçu,immobile, à quelques pas d’eux, et semblant regarder la mer avecattention.

Ne trouvant pas pour le moment d’autreexplication, Ned le considérait comme un original.

Après un salut correct, le jeune ingénieurprit place à la même table que l’inconnu.

Retenus pas des cordes à violon, les plats etles bouteilles tremblaient à chaque coup de tangage. On entendait,au-dehors, la pluie tomber à grosses gouttes.

Tout en faisant honneur d’assez bon appétitaux plats que lui présentait un maître d’hôtel en habit, et que TomPunch, retenu dans sa cabine par une indisposition, avait trouvésdétestables, l’ingénieur sentait, derrière les lunettes fumées, leregard du mystérieux personnage fixé sur lui.

« Mais, que peut-il bien avoir à meregarder avec cette persistance ? » se disait-il.

Il ne prolongea pas son repas, et regagna sacabine en réfléchissant.

Les allures du pseudo-touriste ne lui disaientrien de bon. Il se promit de le surveiller et de se tenir sur sesgardes.

Le lendemain matin, le temps étaitcomplètement changé. À peine si quelque lambeau de brume flottaitencore dans l’air transparent. Le soleil jetait de timides rayons,caressant de reflets éclatants la crête des flots apaisés. LeLondon filait en se balançant mollement ; de nouveaules fauteuils de rotin firent leur apparition sur le pont.

L’Océan, d’un bleu verdâtre, étendait jusqu’àl’infini ses solitudes majestueuses.

Parfois seulement un brick, un trois-mâtspassaient à l’horizon. On naviguait en ce moment dans la région desgrandes profondeurs, à cinq ou six mille mètres au-dessus despaysages sous-marins.

En se promenant parmi les groupes de passagersqui causent, fument ou lisent à l’ombre d’une tente de toile, NedHattison pense à ses dernières expériences de Skytown, auprodigieux bateau-plongeur qu’il doit construire à son retour,d’après les plans de l’Aurora.

Il s’arrête, tire de son portefeuille uncahier couvert de calculs, et s’absorbe quelques instants.

Involontairement il se retourne.

L’homme aux lunettes fumées est immobile àquelques pas de lui, et l’observe attentivement.

Un éclair de colère passe dans les yeux dujeune homme. Son premier mouvement est de se précipiter ; maisil se retient à temps.

« Non, se dit-il, soyons prudent. Il estinutile de faire un esclandre. »

Il remit tranquillement en place sonportefeuille, et s’éloigna pour aller prévenir Tom Punch de ce quise passait.

Celui-ci était en grande conférence avec lemaître d’hôtel. Il faisait magistralement le procès de la cuisinedu bord, et venait sans doute de lui enseigner une méthode à luipour préparer le rosbif ou le plum-pudding, car il s’écriait àhaute voix :

– Faites comme je vous dis, vous aurezquelque chose de mangeable, au lieu de votre cuisine de portefaix.C’est comme votre…

En voyant s’avancer vers lui son nouveaumaître, il s’interrompit, abandonna le cuisinier, qui n’en fut sansdoute pas fâché, pour aller au-devant de Ned Hattison.

– Écoute-moi, fit l’ingénieur ; ilse passe ici quelque chose de singulier. Je crois que je puis avoirconfiance en toi ; j’ai voulu te prévenir.

– Mais assurément ; si vous avezbesoin de moi, vous savez que…

– Non, ce n’est pas cela. As-tu observécet Anglais à lunettes qui porte un sac de voyage ?

– Oui, oui, celui qui est toujours surnos talons ? C’est un drôle de personnage.

– Ah ! tu as remarqué, toiaussi ? Bien. Je me méfie sérieusement de lui. Fais doncattention de ne laisser échapper aucune parole relativement au butde notre voyage en Europe. C’est tout ce que je voulais tedire.

– Oh ! vous pouvez être tranquille,s’écria Tom Punch. Quand je le veux, je suis aussi muet que Joë, lenègre de votre père.

La journée se passa sans autres incidents. Lesoleil se coucha dans une mer d’or liquide, illuminant de longsreflets sanglants les eaux calmes de l’Atlantique.

Quoi qu’il en fût de ses intentions,l’énigmatique passager avait paru comprendre la méfiance qu’ilinspirait. Il ne se montra plus qu’à de rares intervalles pendantle reste de la traversée.

Le temps continuait à être beau.

Un matin – il y avait neuf jours qu’on étaitau large –, Ned Hattison et Tom Punch venaient de monter sur lepont. Armé d’une lorgnette marine, l’ingénieur observaitl’horizon.

– Ah ! s’écria-t-il tout à coup,j’aperçois la terre anglaise. Nous sommes bientôt arrivés.

– Ce n’est pas trop tôt, répondit lemajordome. Pour ce qu’il y a de confortable sur ces bateauxanglais !

Et il faisait une moue significative,indiquant quelle piètre estime il avait pour cessteamboats, où l’on ne faisait même pas la cuisine àl’électricité.

Quelques heures après, le Londons’engageait dans la Tamise, à travers une forêt de mâts.

Des voiliers, des vapeurs à charbon, noirscomme des monstres infernaux, des péniches, des paquebots, desyachts de plaisance, montaient et descendaient avec de longssifflements monotones.

La ville se rapprochait, avec sa coupole defumée, ses maisons brunes et ses quais, où grouille une foule demanœuvres et de miséreux en quête de quelque travail ou d’un verrede gin.

La vieille tour de Londres se découpait àl’horizon.

Des docks immenses s’étendent le long dufleuve. Le transatlantique aborde le long d’un quai de bois, aumilieu d’un nombre incalculable de bâtiments de toutes formes et detoutes les nationalités.

– Ouf ! fait Tom Punch, en seretrouvant avec Ned sur la terre ferme ; je commençais àm’ennuyer à bord ; et puis mes jambes s’engourdissaientsingulièrement.

Les deux Yankees hèlent un cab et, laissantleurs bagages aux soins d’un commissionnaire, jettent une adresseau coachman.

À peine se sont-ils mis en marche que,surgissant à son tour, l’homme aux lunettes fumées, le mystérieuxpassager du London, saute précipitamment dans une autrevoiture et dit au cocher, en montrant le cab quis’éloigne :

– Suivez-les à distance. Lorsqu’ilss’arrêteront, vous vous arrêterez aussi.

Il baisse les vitres et se dissimule dansl’intérieur du véhicule.

C’est l’heure de la sortie des ateliers. Lesrues sont encombrées. Un véritable flot humain dévale le long destrottoirs et se hâte vers le home.

De place en place, de grandes boutiques ;des bars, où se presse, s’entasse une foule sans cesse renouvelée.Derrière des comptoirs d’étain, des garçons affairés servent lesconsommateurs qui boivent debout, d’un trait, et s’en vont.

Après quelques instants de course à traversles faubourgs tumultueux, aux rues étroites, aux maisons noires etdélabrées, le cab de Ned Hattison déboucha dans une large avenue,dans le quartier de Piccadilly, et s’arrêta peu après devant unsomptueux hôtel.

Ned et Tom Punch pénétrèrent dans unvestibule, décoré de glaces et de plantes vertes.

En même temps qu’eux, la seconde voitures’était arrêtée. Au bout d’un moment, le personnage qui paraissaittant s’intéresser aux deux Américains, passa précautionneusement latête par la portière et nota rapidement le numéro de l’hôtel.

Ceci fait, il donna une adresse au cocher.

Bob Weld, détective politique au service del’Angleterre, se faisait conduire au Foreign Office [6] pour y rendre compte de sa dernièremission en Amérique.

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