La Conspiration des milliardaires – Tome I

Chapitre 4Projets de mariage

TomPunch terminait sa seconde bouteille de claret, lorsqu’une sonnerieimpérieuse vint le rappeler à ses devoirs de majordome.

Il s’étira, en bâillant, avec la mine fâchéed’un chat que l’on réveille.

– Quelle existence ! Toujoursdérangé au moment où on se livre à des réflexions sérieuses. Tousles jours la même chose : boire de l’ale le matin, du claretdans l’après-midi, et du champagne le soir. Manger plus que sonappétit à tous les repas. Dire que voilà l’existence où jem’encroûte.

Et le pauvre homme, ainsi qu’une mappemondequi se plaindrait de n’avoir pas la taille fine, se trouva lesjoues moins pleines en se regardant au miroir, cependant qu’ilrefaisait correctement le nœud élégant de sa cravate blanche.

L’infortuné personnage – notons le en passant– touchait, au seul fait d’employer sa journée à mettre à sac lescaves de son maître, une indemnité annuelle de dix milledollars.

Mais, il est juste de le reconnaître, ce groshomme rougeaud faisait, en habit noir, un merveilleux effet dansles dîners. C’était véritablement un personnage décoratif.

Il possédait, de plus, une science de lagourmandise qui le rendait presque indispensable à WilliamBoltyn.

Ayant consulté le tableau avertisseur de lasonnerie électrique, Tom Punch vit que l’appel de son maîtrepartait du cabinet de travail.

Il s’y rendit sans se presser, non sans avoirvidé d’un trait le verre qu’il avait laissé à moitié plein.

Le cabinet de travail du milliardaire était,comme nous l’avons vu, une pièce parfaitement appropriée à sadestination.

Un bureau immense, mais sans ornements, unevaste table simplement recouverte de molesquine noire, quelquessièges en pégamoïd [3], c’était,avec une rangée de cartonniers et les appareils du téléphone et dutélégraphe, tout le mobilier.

Le long du mur, une carte synoptique del’Union indiquait l’emplacement des principaux troupeaux de bœufsou de porcs, avec le chiffre approximatif des têtes.

Tout cela, méticuleusement rangé, dégageaitune impression sévère.

On sentait, dans les moindres détails,l’esprit, pratique et ennemi des choses inutiles, du maître.

Lorsque le majordome se présenta pour prendreles ordres, William Boltyn annotait rapidement une feuille impriméequ’on venait de lui remettre.

C’était le relevé exact du bétail qui, chaquematin, entrait dans ses abattoirs.

Debout devant une fenêtre, Aurora et Hattisons’entretenaient à mi-voix.

Au loin, la ville s’étendait à perte de vue,avec ses gigantesques monuments et ses larges avenues sillonnées detramways et de cycles électriques.

– Ah ! te voilà, Tom, s’écriaBoltyn. Je te préviens que l’honorable M. Hattison est notrehôte ce soir. Je compte sur toi pour composer un menu digne delui.

– All right ! Allright ! fit Tom Punch, avec un dodelinement de tête.

Et il disparut pour aller faire sesrecommandations au cuisinier français que le milliardaire avaitarraché à prix d’or à un des premiers restaurants parisiens.

Ayant rapidement terminé son annotation de lafeuille statistique du jour, et signé celle qui concernait lesarrivages du lendemain, Boltyn vint retrouver sa fille etl’ingénieur.

– Ah çà ! pourrait-on savoir ce quevous complotez depuis une demi-heure ? s’écria-t-il, derrièreeux, en riant.

– Mais rien du tout, père. J’étais entrain de demander à M. Hattison des nouvelles de son fils.

– Et comment va M. NedHattison ? Mon cher savant, vous pouvez vous flatter d’avoirréussi dans l’éducation de votre fils. À vingt-deux ans, c’est déjàun ingénieur éminent, qui s’est fait connaître par plus d’unedécouverte. Il va bien, ce jeune homme ?

– Mais oui, répondit Hattison. Ned medonne beaucoup d’espérances. C’est un travailleur au moralsolide.

– Et que nous avons le regret de ne pointconnaître, ajouta Aurora.

– Mon fils sort peu. Il est très occupépar ses études. Je vous le présenterai lorsque vous viendrezvisiter Mercury’s Park.

– Mais, voyons, reprit William Boltyn entirant son chronomètre, quelle heure est-il ? Sept heures etdemie. Vous proposerai-je un tour aux abattoirs, mon cheringénieur ? Nous serons de retour pour le dîner. Il n’y a riende pareil pour se mettre en appétit.

– Non, vraiment, je vous remercie ;je suis un peu fatigué. Du reste, je connais vos merveilles.

– Mais c’est comme vous voudrez, moncher. Allons-nous faire une visite à mes dernières transformations,et voir comment j’ai fait installer vos appareils ?

– Volontiers.

Et Hattison offrit son bras à Aurora.

L’hôtel de William Boltyn était une immenseconstruction sans élégance, mais où se trouvaient réunies lesinventions les plus extraordinaires, les derniers perfectionnementsde l’art de bâtir ; en un mot, tout ce que l’intelligencehumaine a découvert de plus ingénieux pour rendre l’existenceconfortable.

Là, toutes les inventions du prodigieuxHattison étaient appliquées avec cette entente pratique de la viequi distingue, entre tous, l’Américain.

Fi ! des vieilles bâtisses incommodes, oùl’on n’en finit pas de monter et de descendre, lorsqu’il s’agit dese procurer la moindre chose, où l’on gaspille le temps, comme sile temps ne coûtait rien.

William Boltyn, lui, en était avare, et neflânait jamais.

Chez lui, tout était combiné pour économiserjusqu’aux minutes.

Sa demeure était, sous ce rapport,merveilleusement comprise. Tout y fonctionnait à l’électricité.

Les cuisines et les écuries occupaient lesdeux premiers étages. On y aurait vainement cherché la trace d’unfourneau ou d’une cheminée.

Pourquoi donc toute cette peine inutile,lorsque, pour faire cuire les aliments, il suffit d’avancer d’uncran l’aiguille d’un petit cadran dont chaque marmite est munie, oubien de tourner un bouton pour qu’une plaque d’iridium, enchâsséedans la muraille, rougisse instantanément et porte la températuredes chambres au degré voulu !

L’électricité a longtemps joué à cache-cacheavec l’humanité. Aujourd’hui, elle est devenue la messagère la plussûre et la plus prompte, la femme de chambre la plus commode et laplus docile.

Des ascenseurs d’un nouveau genre, obéissant àdeux touches d’ivoire, desservaient les différents étages.

Dans chaque appartement, un cadran électrique,commandant à des rouages automatiques – une invention d’Hattison –,permettait d’avoir immédiatement la boisson désirée, un repasservi, de l’eau chaude ou de l’eau froide.

D’ingénieuses combinaisons de phonographesfaisaient presque, pour l’étranger de cette maison, une demeureenchantée.

Il suffisait d’un simple geste pour entendre,à volonté, l’opéra en vogue, ou le dernier discours d’un honorablereprésentant.

Ajoutez à cela un luxe inouï dansl’ameublement et la décoration, pour lesquels le milliardaire avaitdépensé sans compter, d’immenses salons qui pouvaient facilementcontenir toute la haute société de Chicago ; et vous aurez unefaible idée de l’hôtel de William Boltyn.

Dans un petit salon retiré, celui-ci avait eula fantaisie de faire assister son hôte à une tuerie de porcs.

Un cinématographe extraordinaire donnait, às’y méprendre, les apparences de la réalité.

De plus, un phonographe, dissimulé sous destentures, et reproduisant avec une scrupuleuse fidélité lesifflement des machines, les appels des bouchers, et les coups detimbre qui, automatiquement, enregistraient la mort de chaqueanimal, complétait à merveille l’illusion.

Malgré ses préoccupations, Hattison s’étaitfortement intéressé à cette série de tableaux.

Ce sport inoffensif était la distractionfavorite du milliardaire.

Souvent il se faisait apporter par Tom Punchune bouteille de vieux porto, et il passait une heure entièrecontempler ce spectacle.

Cette fois, au moment où, enfourchant son dadahabituel, il commençait une longue explication sur le mécanisme deses usines, le timbre électrique annonça que le dîner étaitservi.

Tom Punch avait fait des merveilles.

Il faut dire qu’il avait trouvé l’inspirationau fond de certain vieux flacon d’old gin dontl’absorption eût fait rouler sur le plancher tout autre que lui. Derouge qu’elle était habituellement sa face était devenuecramoisie.

Sous ses épais sourcils, ses petits yeux grisdansaient une sarabande comique.

En un clin d’œil, la salle à manger avait ététransformée en une sorte de jardin d’été.

Une double rangée de palmiers nains, d’aloèset de cactus formait autour de la table une vastecirconférence.

Dans chaque coin, d’énormes buissonsd’orchidées et de magnolias montaient jusqu’au plafond, formant desgrottes artificielles, où le génie inventif de Tom Punch avaitplacé de petits guéridons en bois de rose, supportant eux-mêmes descorbeilles de fruits et de fleurs de tous les pays du monde.

Sur les murs de laque blanche rehaussée d’or,des plantes grimpantes serpentaient, parmi les tableaux de maîtrequ’on n’avait pas enlevés.

Au centre de la table, un massif de roses théescaladait le lustre des lampes électriques.

De plus, une infinité de petites ampoules àincandescence avaient été disséminées dans les buissons et parmi lefeuillage des palmiers.

Sous cette profusion de lumières, les servicesen or massif étincelaient de mille feux, parmi la blancheur nacréedes porcelaines.

C’était féerique et pourtant d’assez mauvaisgoût.

Mais qu’importaient à des Américains desconsidérations de ce genre ?

Aurora, qui avait, en cachette, donné lesordres pour cette transformation, était ravie.

– Bravo, Tom ! cria-t-elle, enentrant, au bras de l’ingénieur. C’est bien réussi.

Par politesse, Hattison joignit sescompliments à ceux de la jeune fille.

Quant à William Boltyn, du moment que celafaisait plaisir à sa fille, il était content.

Mais toutes ces choses inutiles ne lui eussentpas tiré un mot d’enthousiasme.

Il payait. C’était sa manière, à lui,d’exprimer son admiration.

Nos trois personnages prirent place à latable ; l’ingénieur à coté de la jeune fille, Boltyn faisantface.

Derrière chacun d’eux un valet de pied setenait immobile, prêt à satisfaire leur moindre désir.

Le milliardaire exultait.

Son immense orgueil était satisfait.

La conférence de l’après-midi avait réussiau-delà de ses espérances.

Ce n’était plus qu’une affaire de temps,c’est-à-dire d’argent ; et l’Amérique toute-puissanteimposerait sa suprématie commerciale aux vieilles races barbares del’autre côté de l’Atlantique.

Pourtant, tout en attaquant silencieusement levolumineux rosbif que Tom Punch venait de disposer sur la table, iljetait à la dérobée un regard vers sa fille et l’ingénieur.

Évidemment il roulait dans son cerveau quelquepensée qui le tourmentait.

– Eh bien, miss, s’écria-t-il aprèss’être servi une respectable tranche de viande, comme tu es bellece soir ! By God ! Si tu n’avais déjà repousséquelques douzaines de prétendants, je croirais que tu as envie dete marier.

Aurora avait revêtu une robe de satin bleuté,sous laquelle sa taille dégagée et la sveltesse de ses formes semontraient discrètement.

Ses cheveux blonds, dans lesquels brillait uneaigrette de diamants, encadraient harmonieusement son visage qui,malgré une certaine dureté de lignes qu’elle tenait de son père,avait ce teint frais et velouté particulier aux jeunes femmesaméricaines. Ce fut d’une voix légèrement railleuse qu’ellerépondit :

– Que voulez-vous, père, tous cesgentlemen auraient sans doute fait de fort bons maris,mais… – et elle fit une petite moue dédaigneuse – ils ne meplaisaient pas. Vous êtes assez riche pour me permettre de choisirmon mari ; et puis, je ne suis nullement pressée.

– Oh ! mais je ne veux pas t’imposerma volonté. C’est ton affaire, cela. Je te sais assez raisonnablepour ne pas commettre d’impair. Prends-moi un homme sérieux, unvrai Yankee ! Quand je pense, continua-t-il en s’animant,qu’il y a de nos compatriotes assez stupides pour aller chercherdes maris en Europe, en France même, pour s’allier à ces êtresinutiles qui ne savent seulement pas gagner un dollar ! C’esthonteux pour nous, n’est-ce pas mon cher savant ?

– Je suis complètement de votre avis,répondit Hattison, d’autant plus que ces éléments étrangersintroduisent dans notre race leurs vices et leur absence totaled’énergie. C’est du plus déplorable effet.

– Bravo ! s’écria William Boltyn.Que les Yankees se marient entre eux, que nos projetsréussissent ; et l’Amérique sera la première nation dumonde.

Aurora écoutait avec curiosité.

Elle se demandait où voulait en venir sonpère.

C’était la première fois qu’il lui parlait deson mariage, même en plaisantant.

En somme elle était complètement de son avis,et lui savait gré de l’éducation pratique qu’il lui avaitdonnée.

Quoique n’ayant jamais pensé sérieusement aumariage, elle était bien décidée à n’épouser qu’un homme actif,élevé dans les mêmes idées qu’elle.

Le dîner prenait fin.

Plus rubicond que jamais, au point qu’ilsemblait s’être barbouillé la figure de sang de bœuf, Tom Punchsurveillait magistralement les domestiques, qui faisaientdisparaître la vaisselle du dîner au moyen d’un monte-charge,lorsque le tube pneumatique, qui desservait tous les appartements,apporta une lettre pour M. William Boltyn.

À peine le milliardaire l’eut-il ouverte,qu’il partit d’un franc éclat de rire.

– Mon cher Hattison, s’écria-t-il,écoutez donc ce que m’écrit l’honorable Harry Madge, président duClub spirite.

Et il lut :

Sir,

Vous m’avez fait connaître, cetaprès-midi, que j’étais un élément de discorde dans l’assemblée àlaquelle vous m’aviez prié d’assister.

Convaincu de la véracité de mes principes,avant peu je vous donnerai la preuve formelle de ce que j’aiavancé.

Devant la formidable puissance del’occulte, pas une science matérielle n’est capable derésister.

Je préfère pour le moment meretirer ; mais ne voulant pas vous priver du concourspécuniaire que vous attendez de moi, je vous informe que je tiens àvotre disposition la somme que vous aurez fixée comme quote-part demembre de votre association.

HARRY MADGE.

– Ah ! elle est bien bonne, s’écriaBoltyn. Décidément le pauvre homme est déséquilibré.

– Je le crois, répondit l’ingénieur. Maispensez-vous que nous devrions accepter ses subsides ?

– Assurément ! Il faut bien luilaisser la seule occasion qu’il ait de se rendre utile àl’Union.

Sur la question de spiritisme, les deux hommesétaient parfaitement d’accord.

En dehors des choses matérielles, ilsn’admettaient l’existence de rien.

L’avenir devait singulièrement lesdétromper.

Quand à Tom Punch, qui avait familièrementécouté la lecture de cette lettre, il partageait l’opinion de sonmaître.

Ce petit homme, maigre et chauve qu’étaitHarry Madge, lui paraissait plutôt risible.

Il avait, du reste, considérablement baissédans son estime depuis le jour où il avait déclaré devant luin’aimer ni le vin ni l’alcool. « Avec des hommes comme ça,pensait Tom Punch, l’humanité deviendrait aussi morose qu’unebarrique vide. »

On se leva de table.

Aurora s’esquiva, laissant les deux hommesdans un petit fumoir, où le majordome leur servit le punch,accompagné, suivant l’usage de certaines contrées d’Amérique,d’amandes amères et de tartines beurrées.

Distrait un instant par la lettre d’HarryMadge, William Boltyn revint inconsciemment à l’idée qui, pendanttout le dîner, avait paru occuper son esprit.

Cette idée, était celle-ci : il voulaitmarier sa fille à Ned Hattison.

Cependant il était embarrassé. Il eût préféréque la demande vînt du père de ce dernier. Mais, l’ingénieurn’avait jamais paru comprendre les allusions indirectes qui avaientété faites à ce sujet.

Depuis un moment, M. Boltyn réfléchissaiten mordillant sa moustache, ce qui, chez lui, était un signeévident de perplexité.

Tout à coup, il se leva brusquement, et vintse placer devant Hattison, qui s’était versé une rasade et buvait àpetites gorgées, en fumant un havane de choix.

– Mon cher collègue, dit William Boltyn,– permettez-moi de vous donner ce nom –, j’ai depuis quelque tempsune idée, un projet qui couronnerait d’une manière heureuse lavaste entreprise que nous commençons aujourd’hui, et qui serait lecorollaire.

– Je vous écoute, mon cher Boltyn.

Un peu déconcerté par ce laconisme, bien quesachant l’ingénieur sobre de paroles, le milliardaire continua.

– Ce projet n’a pas tout à fait rapport ànotre association. Pourtant… Enfin, je vais vous dire carrément cedont il s’agit. Voilà. Aurora a maintenant vingt ans. C’est unejeune fille sérieuse ; vous la connaissez. Je pense à lamarier. D’un autre côté, votre fils Ned a vingt-deux ans. C’est unhomme d’avenir, un Américain comme je les aime. Je veux toutsimplement vous demander s’il ne vous plairait pas de voir votrefils épouser Aurora.

– Mais, dit l’ingénieur surpris ethésitant, je suis évidemment heureux de l’estime que vous avez pourNed. Êtes-vous sûr que miss Aurora ?…

– Oui, assurément, il faut prendre l’avisdes jeunes gens. De mon côté, je crois ma fille trop intelligentepour ne pas accepter ce mariage.

– Mon avis est, dit Hattison, qu’il nefaut rien brusquer. Miss Aurora ne connaît pas encore mon fils. Ilspeuvent se plaire ou ne pas se convenir. Le mieux est de ne pas lesinfluencer ; ils sont déjà d’âge à savoir ce qu’ils ont àfaire.

– Vous avez peut-être raison, dit lemilliardaire.

– Aussi, continua l’ingénieur, aprèsavoir réfléchi quelques instants, voici ce que je vous proposerai.D’ici deux mois, les travaux de Mercury’s Park seront assezavancés. Venez les visiter en compagnie de miss Aurora. Mon filss’y trouvera ; car je pense lui confier la direction d’unepartie de l’entreprise, probablement celle des sous-marins et destorpilles.

À la suite de cette conversation, Aurora nesut rien de ce qui se tramait entre son père et Hattison au sujetde son avenir.

Ordinairement, le mariage des jeunes fillesyankees se prépare avec beaucoup moins de précautions.

La jeune Yankee n’a pas du tout, sur cettequestion, les mêmes idées que l’Européenne.

Son éducation lui fait considérer le mariagecomme une affaire. Elle se cherche elle-même un mari, et parle deson union aussi naturellement que s’il s’agissait d’un bal ou d’uneexcursion.

William Boltyn ne cherchait plus à contenir sajoie débordante.

Il le voyait bien, le mariage de sa fille etde Ned Hattison était à peu près conclu, puisque l’ingénieur yconsentait en principe.

Décidément tout lui réussissait.

Ce n’était plus le milliardaire autoritaire etguindé que nous connaissons. Volontiers il eût dansé la gigue,comme au temps où il n’était encore qu’un simple garçon de bar.

– Mais venez donc voir ce qui s’avancelà-bas, s’écria tout à coup Hattison, en désignant l’extrémité del’avenue.

En effet, une lueur phosphorescente serapprocha rapidement et passa devant l’hôtel avec une vitessevertigineuse.

À leur grande stupéfaction, ils venaient dereconnaître Harry Madge, dans un véhicule dont aucun type connu nepouvait donner une idée.

C’était une sorte de cage de cristal, danslaquelle une grande roue métallique semblait tourner avecfurie.

Les yeux fixés sur un cadran lumineux, leprésident du club spirite, toujours coiffé de son bonnet à boule demétal, disparut à leurs yeux, avant qu’ils se fussent remis de leurétonnement.

Harry Madge avait enfin reçu livraison de sonchariot psychique.

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