Chapitre 15Un cadavre mystérieux
Lejournal, aux États-Unis, est plus qu’utile. Il estindispensable.
Pas de Yankee, si pauvre soit-il, qui n’achètechaque matin sa feuille, qui n’en parcoure avidement le contenu, enlecteur expérimenté, pour y chercher l’information inédite, le faitdivers sensationnel, ou mieux encore le cours du coton, du sucre,les offres et demandes de capitaux.
Le journal yankee répond à tout, prévoit tout.À la fois boîte aux lettres et agence de location, il s’entremetaussi pour le lancement des affaires industrielles.
Il indique la meilleure marque de chaussureset la pièce qu’il faut aller voir jouer, la redingote qu’il fautporter pour être smart, et le dernier vote de la Chambredes représentants.
Il commente, critique, approuve, mais neraille pas, parce que railler c’est perdre du temps.
S’efforçant avant tout d’être pratique et brefen toutes choses, il n’oublie pourtant jamais, de la première à ladernière ligne, d’exalter le génie américain et sa supériorité surcelui de tous les autres peuples.
Un directeur de journal, aux États-Unis, estsouvent plus affairé qu’un ministre.
C’est un personnage d’une activitéprodigieuse, un type spécial, pour qui la vie et les hommes ne sontqu’un continuel sujet d’articles, qui n’a qu’un seul Dieu :l’information, et l’information exacte, abondante, suggestive,qu’il lui faut servir chaque matin au public, ce monstre anonyme etdévorant, dont l’exigence s’accroît chaque jour.
On ferait plusieurs volumes, rien qu’avec lesexploits invraisemblables, les tours de force et d’audace deStanley, des Hawl Forster et autres reporters américains quipoussèrent jusqu’à l’incroyable et le fantastique, le génie del’interview.
Tout ce que peut rêver un cerveau bâti commel’est celui d’un Yankee et du pire des Yankees, le reporter letentera, pour se procurer la nouvelle sensationnelle, et avant lesconcurrents.
Cela tient parfois du prodige.
De tous les métiers, celui de reporter estassurément celui qui exige le plus de flair professionnel.
Il faut, pour y réussir, une décision, unesûreté de coup d’œil et des connaissances extraordinaires dans toutet sur tout.
On ne devient pas reporter du jour aulendemain.
Le bacille de la maladie spéciale du reportagedemande une longue période d’incubation.
Un peu médecin, un peu avocat, un peubusinessman, le bon limier du reportage, doit savoir, selonl’occasion, parler comme un homme du monde ou comme un cocher,endosser le frac ou la blouse, paraître élégant ou débraillé,savoir lier conversation avec un ouvrier en lui offrant une pinte,aborder une personnalité comme un parfait gentleman, corrompre undomestique, et parmi des pistes différentes, reconnaître la vraie,la suivre avec acharnement sans se laisser rebuter par lesobstacles, être toujours prêt à se mettre en campagne, une fleur àla boutonnière et le revolver dans la poche.
Bien souvent, le reporter américain devance lapolice, et découvre avant elle l’assassin, dont son journalpubliera le lendemain le portrait, la biographie et l’interviewsensationnels.
A-t-il découvert quelque chose ? Lereporter se précipite au télégraphe.
Il l’accapare. Et l’histoire est bien connuede cet enragé qui, froidement, un jour, se mit, pour garder lapremière place, à télégraphier des versets de la Bible, à raison dedix dollars le mot, pendant que ses concurrents semorfondaient.
Un crime, un suicide viennent-ils d’avoirlieu ?
Jouant des coudes, et criant bien haut qu’ilest médecin, un homme fend la foule des curieux, maintenue par despolicemen.
Il se faufile, s’introduit auprès de lavictime, console les parents éplorés, examine sérieusement lablessure, tout en inspectant soigneusement les lieux, questionnesans relâche, puis tout à coup, sous un prétexte quelconque,disparaît.
Il a son information.
C’était un reporter.
Il saute dans un cab. Son journal sera prévenule premier.
Dans une heure, si la chose en vaut la peine,une édition spéciale sera colportée, criée dans les rues par unearmée de vendeurs.
De tous les journaux yankees, le New YorkHerald est le plus important.
Ses correspondants, dans tous les pays dumonde, sont innombrables.
À chaque heure du jour et de la nuit, les filsdu télégraphe apportent à ses bureaux de New York les informationsles plus variées, qui font de ses colonnes un amalgame de faitscosmopolites toujours curieux, parfois étranges.
Olivier Coronal avait pris l’habitude de cejournal.
C’était pour lui une distraction que de suivreles événements d’Europe, du fond du petit pavillon dont il nesortait presque jamais.
Dans la solitude, que d’heures il passait àréfléchir, à mettre de l’ordre dans l’effrayant désarroi de sespensées.
À la suite de cette soirée où nous l’avons vuretrouver miss Aurora, il avait été, pendant plusieurs jours,incapable de tout travail, tant la tension de ses nerfs étaitgrande.
Par moments, il se croyait victime d’unehallucination.
Il ne pouvait se convaincre de la réalité dece qu’il avait appris, de l’horreur de ce qu’il soupçonnait.
La figure glaciale et rêche de William Boltynhantait ses nuits agitées.
Après la tentative criminelle qui avait failliengloutir la locomotive sous-marine, voici maintenant que, dans unautre complot, gigantesque selon toute apparence, il retrouvait lamain mystérieuse du milliardaire.
Et cette fois, ce n’étaient plus seulementquelques hommes gênants, quelques inventeurs ; c’était tout uncontinent, toute la vieille Europe dont l’existence était en jeu,qu’on se proposait d’anéantir sous un ouragan de mitraille, dansune avalanche de dynamite.
Oh ! comme l’inventeur tremblaitd’indignation à cette pensée, tandis que le front dans les mains,il se rappelait sa conversation avec Aurora, les demi-aveux qui luiétaient échappés sur l’existence de Mercury’s Park et de Skytown,sur le rôle de l’ingénieur Hattison dans cette conspiration demilliardaires dont William Boltyn avait pris l’initiative.
Et ce qui surprenait Olivier Coronal, c’estl’espèce de prescience qu’il avait toujours eue à cet égard.
Ses conversations d’autrefois avecM. Golbert, bien avant que Ned Hattison eut épousé Lucienne,lui revenaient à l’esprit.
Le péril transatlantique, le danger constantqu’était pour l’Europe cette civilisation américaine égoïste,cupide et toute en façade, que de fois il l’avait dénoncée au vieuxsavant.
Et il avait rêvé, après le grand poète VictorHugo, les États-Unis d’Europe !
N’était-ce pas pour les opposer au flotenvahisseur des États-Unis d’Amérique, pour sauvegarder de la ruineimminente, de la déchéance prochaine, les races anciennes quiportent avec elles un passé glorieux, et les traditions del’histoire et de la beauté ?
Mais, hélas ! les États-Unis d’Europen’étaient encore qu’un beau rêve.
Les divisions, au contraire, s’accentuaiententre les États du Vieux Monde…
Et voici que ce qu’il avait prédit seréalisait.
Il s’était retrouvé un Yankee assez ambitieux,un milliardaire assez grisé par sa puissance industrielle, pourtenter cette chose monstrueuse : écraser l’Europe, anéantir sacivilisation, lui imposer la domination de l’or avec la mêmeviolence qu’autrefois les cohortes barbares, asiatiques etgermaines, avaient démembré la vieille Rome.
Et pourquoi Ned Hattison, qui savait cela,a-t-il gardé le silence ? pensait Olivier. Il est vrai que luiaussi est Américain. Il n’aura pas voulu trahir son père et sonpays ; et l’on ne peut lui en vouloir de cela.
Olivier s’expliquait tout maintenant :l’attentat sous-marin et les angoisses de Ned, et son douloureuxsilence.
Sans nul doute, c’était surtout lui, NedHattison, qu’on avait voulu faire disparaître, à cause du terriblesecret dont il était possesseur.
Toutes ces pensées s’agitaient dans l’espritd’Olivier, ne lui laissant pas un moment de répit.
Lorsqu’il y échappait, qu’il se remettait autravail, c’était le visage d’Aurora qui l’obsédait, elle et sesgrands yeux pers et métalliques dont les regards l’avaient griséétrangement, comme un de ces philtres de sorcellerie dont parlentles légendes.
L’ingénieur Strauss ne comprenait rien à cechangement subit, aux allures sombres et méditatives du jeunehomme.
Tout au plus le croyait-il amoureuxd’Aurora ; et comme, en observateur intelligent, le vieillards’était vite rendu compte qu’Olivier n’était pas indifférent à lajeune milliardaire, il ne voyait pas là le motif de la tristesse deson protégé, comme l’appelait William Boltyn.
Il attendait une occasion favorable pourarranger les choses.
Son intention secrète d’ailleurs, c’était defaire de l’inventeur un second lui-même, un associé qui partageraitses travaux et sa fortune.
Il se sentait vieux.
Olivier lui était tout à fait sympathique.
Il comptait bien le mettre à la tête de sesusines, faire son bonheur et l’enrichir.
« Patience, se disait-il en lui-même, envoyant la figure soucieuse du jeune homme. L’amour nous tourmenteet nous n’en voulons rien dire parce que nous sommes fier etqu’elle est riche. Mais moi aussi je suis riche. »
Et l’ingénieur Strauss souriait.
Mais les projets du bon vieillard ne devaientpas se réaliser.
Un matin, il reçut la visite d’OlivierCoronal, très pâle et en tenue de voyage.
Dans le salon discret où un domestiquel’introduisit, l’inventeur resta debout, en attendant l’ingénieurStrauss.
Il sortit de la poche de son veston le NewYork Herald, le parcourut comme pour s’assurer de quelquechose et le replia.
Le vieillard entrait.
Tout de suite, il remarqua la pâleur du jeunehomme.
Cette visite était du reste à l’encontre deshabitudes d’Olivier.
– Mais que vous arrive-t-il, s’écria-t-ilavec inquiétude, avant même d’avoir refermé la porte du salon. Etpourquoi en costume de voyage ? Auriez-vous reçu de mauvaisesnouvelles ?
– Oui, malheureusement, répondit Olivier.Et, tenez, c’est le New York Herald qui me les apporte cematin… Vous ne l’avez pas encore lu ? ajouta-t-il.
– Non, pas encore. Mais savez-vous qu’ilest à peine neuf heures du matin ?
– Eh bien, si vous le voulez, nousl’allons lire ensemble, du moins pour ce qui me concerne. Vouscomprendrez mieux pourquoi je suis obligé de vous quitter.
Tout en parlant, Olivier Coronal avait dépliéle journal.
Ils s’assirent l’un à côté de l’autre.
L’ingénieur Strauss avait refermé laporte.
– Voici l’information qui paraît cematin, fit Olivier, sous ce titre : Un détective anglaisassassiné :
Nous apprenons par un de noscorrespondants, qu’un individu a été trouvé mort, ce matin, àquelques kilomètres de Bowerstown, la tête percée d’une balle derevolver.
Tout porte à croire qu’on se trouve enprésence d’un assassinat ; et cependant la victime n’a pointété volée. On a retrouvé sur le cadavre son porte-monnaie et despapiers, les uns au nom de John Brown, les autres au nom de BobWeld.
De la première enquête à laquelle s’estlivrée le constable, il résulte que l’assassiné se nommevéritablement Bob Weld, détective au service du ForeignOffice.
On a trouvé sur lui des plans détaillésd’arsenaux et de forteresses. Un rapport a été envoyé immédiatementaux autorités.
On soupçonne l’existence d’un espionnageorganisé dans toute l’Union.
Des arrestations sont imminentes.
Quant aux auteurs du crime, ils semblentdevoir échapper à toutes les investigations. Il ne paraît pas yavoir eu de lutte ; mais on a cependant retrouvé auprès ducadavre un couteau taché de sang, ce qui ferait supposer que ledétective s’est défendu, et a blessé son agresseur. Malgré toutesles recherches, ce dernier n’a pu être retrouvé.
Le vieillard avait écouté sansinterrompre.
– Eh bien ? fit-il, quel rapport ya-t-il ?
– Vous ne voyez pas ? fit OlivierCoronal. Ce détective n’est autre que l’Anglais avec lequel mondomestique Léon est parti… John Brown, c’est bien le nom qu’il luiavait donné comme étant le sien.
– Mais alors ? Ce serait donc Léonqui l’aurait assassiné ?
– Ou qu’on a voulu assassiner, ce qui estplus probable, et qui s’est défendu, à ce que je vois. Cette lettreque j’ai reçue de Léon m’avait déjà donné l’éveil sur ce qu’étaiten réalité ce prétendu touriste. En tout cas, il faut absolumentque je retrouve mon Bellevillois ; et c’est pourquoi je viensprendre congé de vous.
– Comment, mon cher ami, vous voulez mequitter ?
– Oh ! pas pour toujours. Pas pourlongtemps même. Mais j’ai les raisons les plus sérieuses de partirde suite. Mon voyage ne durera peut-être pas plus d’unequinzaine.
– Je le souhaite, fit l’ingénieur. Voussavez que vous m’êtes très sympathique, et que… j’ai des vues survous… Voyons, vous aurez bien le temps de luncher avec moi ?ajouta-t-il.
– Non, je vous assure. Je dois prendre letrain dans une heure, dans la direction de Salt Lake City.
– Et bien, soit. Mais rappelez-vous quema maison vous est ouverte, quoi qu’il arrive ; et n’oubliezpas votre vieil ami, ajouta le vieillard en lui serrant la mainavec émotion.
L’ingénieur Strauss se dirigea alors vers unpetit meuble de fer l’ouvrit, y prit dix mille dollars enbank-notes, et les remit à Olivier.
– Tenez, mon cher ami, voici pour votrevoyage. Mais si vous étiez embarrassé, ne craignez pas de m’écrire.Vous m’avez rendu assez de services pour pouvoir vous adresser àmoi sans fausse honte. Grâce à vous, la télégraphie sans fils esten bonne voie ; et je demeure encore votre obligé. Mais nousnous reverrons, n’est-ce pas ?
– Je l’espère bien, fit le jeuneFrançais. Mais soyez sûr, en tout cas, que je garderai le souvenirde vos bontés et de vos hautes qualités de cœur et d’esprit…Ah ! reprit-il, avec un soupir douloureux, en serrant aveceffusion la main du vieillard dans les siennes, si tous voscompatriotes vous ressemblaient, s’ils n’étaient pas aussiambitieux, aussi…
Olivier n’acheva pas. Avec un geste d’adieu,il quitta le salon, et gagna la rue où l’attendait un cab déjàchargé de sa valise.
L’ingénieur Strauss avait pu voir les lèvresde son jeune ami se contracter, son regard devenir humide.
– Pauvre garçon, fit-il. Qui sait ce querecèle de chagrins ce cerveau d’inventeur et d’enthousiaste.
À la gare, en attendant le railway,Olivier se promena le long du quai, parmi les groupes desvoyageurs, munis de l’inévitable plaid, hommes d’affaires etnégociants, la sacoche en bandoulière, armés de jumelles etd’appareils photographiques.
Les nerfs du jeune Français étaientsurexcités ; ses doigts tremblaient presque.
C’est qu’il n’avait pas tout dit à l’ingénieurStrauss.
Il voulait retrouver Léon Goupit.
Mais il avait encore un autre secret.
Ce prétendu, John Brown, ce détective duForeign Office, avait tenté de l’assassiner ; et Léon s’étaitdéfendu, et lui avait brûlé la cervelle.
Olivier voyait dans tout cela un enchaînementde circonstances qu’il ne parvenait pas à s’expliquer.
Qu’était-ce, en effet, que ce Bob Weld, sinonl’homme qui, à Paris, une année auparavant, lui avait donnérendez-vous, et l’avait informé des manœuvres d’espionnageauxquelles se livrait Ned Hattison autour des ateliers defabrication de la torpille terrestre ?
Et même, bien auparavant, ce mystérieux BobWeld n’avait-il pas filé Ned Hattison ; ne s’était-il pasembarqué avec lui à bord du London ?
Olivier Coronal se demandait, avec curiosité,ce que pouvait bien signifier l’étrange conduite du détective.
– Quel est le motif qui l’a poussé àtenter d’assassiner Léon ? pensait-il… Comme se fait-il que ceBob Weld ait eu en sa possession des plans que Léon lui-mêmeprétend se rapporter à Mercury’s Park ?
Autant de questions qu’Olivier ne pouvaitrésoudre.
Mais qu’était devenu le malheureuxBellevillois ?
Le New York Herald disait qu’onn’avait pu retrouver sa trace.
Outre l’affection qu’il portait à Léon Goupit,un autre motif le poussait à sa recherche.
Ces dossiers secrets que portait sur lui ledétective, ces notes sur Mercury’s Park, sur William Boltyn et surl’ingénieur Hattison, Olivier Coronal voulait les connaître.
Si, comme il l’avait écrit, Léon en avaitsurpris le contenu, il pourrait peut-être indiquer l’emplacementexact des mystérieux arsenaux enfouis dans les déserts desmontagnes Rocheuses.
Il verrait ensuite ce qu’il aurait àfaire.
Il se sentait bien décidé à tout tenter pourpénétrer dans cet arsenal et surprendre les desseins criminels decette conspiration de milliardaires américains.
Il se ferait un espion s’il le fallait.Espion ! Il fallait donc en arriver là ! Sa conscienced’honnête homme se révoltait à cette pensée.
Olivier Coronal ne pouvait se faire à cetteidée. Et cependant les derniers événements, l’explosion destorpilles le jour de l’essai du subatlantique, les grèves quiavaient éclaté au début de l’entreprise, enfin la ruine si rapidedu banquier Michon montraient bien la déloyauté et le cynisme desmilliardaires. Ceux-ci, moins scrupuleux que lui, ne reculaient nidevant l’espionnage, ni même devant l’assassinat.
Il importait de se servir contre eux de leurspropres armes et cela sous peine d’être anéanti et de voir réussirle gigantesque complot tramé contre la civilisation du VieuxMonde.
L’entreprise était hardie, presque impossiblemême.
Olivier allait avoir à lutter contre milledangers, mais il avait la foi et ce besoin de sacrifices qui est lacaractéristique des grands cœurs. Et, surmontant l’instinctiverépulsion que lui causaient les moyens qu’il allait employer pourvaincre le vieil ingénieur, il prit la ferme résolution de sesacrifier s’il le fallait pour triompher de ses ennemis etsurprendre leurs secrets.
Il succomberait peut-être dans la lutte.
Hattison avait donné la mesure de sa cruautéet de son mépris des existences humaines.
Olivier devait s’attendre, s’il était surpris,à être exécuté sommairement.
Mais cette perspective ne l’effrayait pas.
Il l’envisageait avec tout le dédain, toute laconfiance en soi de son énergique jeunesse, avec tout l’orgueilaussi qui lui montait au front de se sentir le seul défenseur de lavieille Europe, menacée dans son existence par la féroce ambitionde quelques industriels affolés d’orgueil et de dollars.
Mais, lui, Olivier Coronal sacrifierait savie, s’il était nécessaire, pour le salut de l’univers intellectuelet du progrès de l’humanité menacés par la soif de l’or et satoute-puissance.
