La San-Felice – Tome II

XLVIII – QUELQUES PAGES D’HISTOIRE

Quoique nous n’ayons nullement l’intention denous faire l’historien de cette campagne, force nous est de suivrele roi Ferdinand dans sa marche triomphale au moins jusqu’à Rome,et de recueillir les événements les plus importants de cettemarche.

L’armée du roi de Sicile avait déjà, depuisplus d’un mois, pris ses positions de cantonnement ; elleétait divisée en trois corps : 22,000 hommes campaient àSan-Germano, 16,000 dans les Abruzzes, 8,000 dans la plaine deSessa, sans compter 6,000 hommes à Gaete, prêts à se mettre enmarche, comme arrière-garde, au premier pas que les trois premierscorps feraient en avant, et 8,000 prêts à faire voile pour Livournesous les ordres du général Naselli. Le premier corps devait marchersous les ordres du roi en personne, le second sous ceux du généralMicheroux, le troisième sous ceux du général de Damas.

Mack, nous l’avons dit, conduisait le premiercorps.

C’étaient donc cinquante-deux mille hommes,sans compter le corps de Naselli, qui marchaient contre Championnetet ses neuf ou dix mille hommes.

Après trois ou quatre jours passés au camp deSan-Germano, pendant lesquels la reine et Emma Lyonna, habilléestoutes deux en amazones et montant de fringants chevaux pour faireadmirer leur adresse, passèrent la revue du premier corps d’armée,et, par tous les moyens possibles, bonnes paroles et gracieuxsourires aux officiers, double paye et distribution de vin auxsoldats, exaltèrent de leur mieux l’enthousiasme de l’armée, on sequitta en augurant la victoire ; et, tandis que la reine, EmmaLyonna, sir William Hamilton, Horace Nelson et les ambassadeurs etles barons invités à ces fêtes guerrières regagnaient Caserte,l’armée, à un signal donné, se mit en marche le même jour, à lamême heure, sur trois points différents.

Nous avons vu les ordres donnés par le généralMacdonald au nom du général Championnet, le jour où nous avonsintroduit nos lecteurs au palais Corsini et où nous les avons faitassister aux arrivées successives de l’ambassadeur français et ducomte de Ruvo ; ces ordres, on se le rappelle, étaientd’abandonner toutes les places et toutes les positions à l’approchedes Napolitains ; on ne sera donc point étonné de voir, devantl’agression du roi Ferdinand, toute l’armée française se mettre enretraite.

Le général Micheroux, formant l’aile droiteavec dix mille soldats, traversa le Tronto, poussa devant lui lafaible garnison française d’Ascoli, et, par la voie Émilienne, pritla direction de Porto-de-Fermo ; le général de Damas, formantl’aile gauche, suivit la voie Appienne, et le roi, conduisant lecentre, partit de San-Germano et, ainsi que l’avait arrêté Mackdans son plan de campagne, marcha sur Rome par la route de Ceperanoet Frosinone.

Le corps d’armée du roi arriva à Ceperano versneuf heures du matin, et le roi fit halte dans la maison du syndicpour déjeuner. Le déjeuner fini, le général Mack, à qui le roi,depuis le départ de San-Germano, faisait l’honneur de l’admettre àsa table, demanda la permission d’appeler près de lui son aide decamp, le major Riescach.

C’était un jeune Autrichien de vingt-six àvingt-huit ans, ayant reçu une excellente éducation, parlant lefrançais comme sa langue maternelle, et très-distingué sous sonélégant uniforme. Il se rendit immédiatement aux ordres de songénéral.

Le jeune officier salua respectueusement leroi d’abord, puis son général, et attendit les ordres qu’il étaitvenu recevoir.

– Sire, dit Mack, il est dans les usages de laguerre, et surtout parmi les gens comme il faut, que l’on préviennel’ennemi que l’on va attaquer ; je crois donc de mon devoir deprévenir le général républicain que nous venons de traverser lafrontière.

– Vous dites que c’est dans les usages de laguerre ? fit le roi.

– Oui, sire.

– Alors, prévenez, général, prévenez.

– D’ailleurs, en apprenant que nous marchonscontre lui avec des forces imposantes, peut-être cédera-t-il laplace.

– Ah ! dit le roi, voilà qui serait toutà fait galant de sa part.

– Votre Majesté permet donc ?

– Je le crois bien, pardieu ! que jepermets.

Mack fit tourner sa chaise sur un pied, et,appuyant son coude sur la table :

– Major Ulrich, dit-il, mettez-vous à cebureau et écrivez.

Le major prit une plume.

– Écrivez, continua Mack, de votre plus belleécriture ; car il est possible que le général républicainauquel elle est adressée ne sache pas lire très-couramment ;ces messieurs ne sont pas forts, généralement parlant,continua Mack en riant du joli mot qu’il venait de faire, et je neveux pas, s’il s’obstine à rester, qu’il puisse dire qu’il ne m’apas compris.

– Si c’est au général Championnet, monsieur lebaron, répliqua le jeune homme, que cette lettre est adressée, jene crois pas que Votre Excellence ait rien de pareil à craindre.J’ai entendu dire que c’était un des hommes les plus lettrés del’armée française ; je ne m’en tiens pas moins prêt à exécuterles ordres de Votre Excellence.

– Et c’est ce que vous avez de mieux à faire,répliqua Mack un peu blessé de l’observation du jeune homme, et enfaisant un signe impératif de la tête.

Le major s’apprêta à écrire.

– Votre Majesté me laisse libre dans marédaction ? demanda au roi le général Mack.

– Parfaitement, parfaitement, répondit le roi,attendu que, si j’écrivais moi-même à votre citoyen général, silettré qu’il soit, je crois qu’il aurait de la peine à s’entirer.

– Écrivez, monsieur, dit Mack.

Et il dicta la lettre ou plutôt l’ultimatumsuivant, qui n’est rapporté dans aucune histoire, que nous copionssur le double officiel envoyé à la reine, et qui est un modèled’impertinence et d’orgueil :

« Monsieur le général,

» Je vous déclare que l’armée sicilienne,que j’ai l’honneur de commander sous les ordres du roi en personne,vient de traverser la frontière pour se mettre en possession desÉtats romains, révolutionnés et usurpés depuis la paix deCampo-Formio, révolution et usurpation qui n’ont point étéreconnues par Sa Majesté Sicilienne, ni par son auguste alliél’empereur et roi ; je demande donc que, sans le moindredélai, vous fassiez évacuer dans la république cisalpine lestroupes françaises qui se trouvent dans les États romains, et quevous en fassiez autant de toutes les places qu’elles occupent. Lesgénéraux commandant les diverses colonnes des troupes de Sa MajestéSicilienne ont l’ordre le plus positif de ne point commencer leshostilités là où les troupes françaises se retireront sur masignification, mais d’employer la force au cas où ellesrésisteraient.

» Je vous déclare, en outre, citoyengénéral, que je regarderai comme un acte d’hostilité que lestroupes françaises mettent le pied sur le territoire du grand-ducde Toscane. J’attends votre réponse sans le moindre retard et vousprie de me renvoyer le major Reiscach, que je vous expédie, quatreheures après avoir reçu ma lettre. La réponse devra être positiveet catégorique. Quant à la demande d’évacuer les États romains etde ne point mettre le pied dans le grand-duché de Toscane, uneréponse négative sera considérée comme une déclaration de guerre devotre part, et Sa Majesté Sicilienne saura soutenir, l’épée à lamain, les justes demandes que je vous adresse en son nom.

» J’ai l’honneur, etc. »

– C’est fait, mon général, dit le jeuneofficier.

– Le roi n’a point d’observations àfaire ? demanda Mack à Ferdinand.

– C’est vous qui signez, n’est-ce pas ?dit le roi.

– Sans doute, sire.

– Eh bien, alors !…

Et il acheva le sens suspendu de sa phrase parun mouvement d’épaules qui voulait dire : « Faites commevous l’entendrez. »

– D’ailleurs, dit Mack, c’est ainsi que nousautres, gens de nom et de race, devons parler à ces sans-culottesde républicains.

Et, prenant la plume des mains du major, ilsigna ; puis, la lui rendant :

– Maintenant, dit-il, mettez l’adresse.

– Voulez-vous la dicter comme le reste de lalettre, monsieur ? demanda le jeune officier.

– Comment ! vous ne savez pas écrire uneadresse à présent ?

– Je ne sais si je dois dire monsieur legénéral ou citoyen général.

– Mettez citoyen, dit Mack ;pourquoi donner à ces gens-là un autre titre que celui qu’ilsprennent ?

Le jeune homme écrivit l’adresse, cacheta lalettre et se leva.

– Maintenant, monsieur, dit Mack, vous allezmonter à cheval et porter cette lettre le plus rapidement possibleau général français. Je lui donne, comme vous l’avez vu, quatreheures pour prendre une décision. Vous pouvez attendre sa décisionpendant quatre heures, mais pas une minute de plus. Quant à nous,nous continuerons de marcher ; il est probable qu’à votreretour, vous nous trouverez entre Anagni et Valmonte.

Le jeune homme s’inclina devant le général,salua profondément le roi, et partit pour accomplir sa mission.

Aux avant-postes français, qu’il rencontra àFrosinone, il fut arrêté ; mais, lorsqu’il eut décliné sestitres au général Duhesme, qui dirigeait la retraite sur ce point,et montré la dépêche qu’il était chargé de remettre à Championnet,le général ordonna de le laisser passer. Cet obstacle franchi, lemessager continua son chemin vers Rome, où il arriva le lendemainvers neuf heures et demie du matin.

À la porte San-Giovanni, il lui fut faitquelques nouvelles difficultés ; mais, sa dépêche exhibée,l’officier français qui avait la garde de cette porte, demanda aujeune major s’il connaissait Rome, et, sur sa réponse négative, illui donna un soldat pour le conduire au palais du général.

Championnet venait de faire une promenade surles remparts ou plutôt autour des remparts, avec son aide de campThiébaut, celui de tous ses officiers qu’il aimait le mieux aprèsSalvato, et le général du génie Éblé, arrivé seulement depuis deuxjours, lorsqu’à la porte du palais Corsini, il trouva un paysan quil’attendait ; ce paysan, par son costume, semblait appartenirà l’ancienne province du Samnium.

Le général descendit de cheval et s’approchade lui, comprenant à première vue que c’était à lui que cet hommeavait affaire. Thiébaut voulut retenir Championnet, car lesassassinats de Basseville et de Duphot étaient encore présents à samémoire ; mais le général écarta son aide de camp et s’avançavers le paysan.

– D’où viens-tu ? demanda-t-il.

– Du Midi, répondit le Samnite.

– As-tu un mot de reconnaissance ?

– J’en ai deux : Napoli etRoma.

– Ton message est-il verbal ouécrit ?

– Écrit.

Et il lui présenta une lettre.

– Toujours de la même personne ?

– Je ne sais pas.

– Y a-t-il une réponse ?

– Non.

Championnet ouvrit la lettre ; elle avaitcinq jours de date ; il lut :

« Le mieux se soutient ; le blessés’est levé hier pour la première fois et a fait plusieurs toursdans sa chambre, appuyé au bras de sa sœur de charité. Àmoins d’imprudence grave, on peut répondre de sa vie. »

– Ah ! bravo ! s’écriaChampionnet.

Et, reportant les yeux sur la lettre, ilcontinua :

« Un des nôtres a été trahi ; oncroit qu’il est enfermé au fort Saint-Elme ; mais, s’il y a àcraindre pour lui, il n’y a point à craindre pour nous : c’estun garçon de cœur qui se ferait plutôt hacher en morceaux que derien dire.

» Le roi et l’armée sont, dit-on, partishier de San-Germano ; l’armée se compose de 52,000 hommes,dont 30,000 marchent sous les ordres du roi ; 12,000, sous lesordres de Micheroux ; 10,000, sous les ordres de Damas, sanscompter 8,000 qui partent de Gaete, conduits par le généralNaselli, et escortés par Nelson et une partie de l’escadreanglaise, pour débarquer en Toscane.

» L’armée traîne avec elle un parc decent canons et est abondamment pourvue de tout.

Liberté, égalité, fraternité.

» P.-S. – Le mot d’ordre duprochain messager sera Saint-Ange etSaint-Elme. »

Championnet chercha des yeux le paysan, ilavait disparu ; alors, passant la lettre au général Éblé enlui faisant signe de la tête d’entrer au palais :

– Tenez, Éblé, lui dit-il, lisez ceci ;il y a, comme on dit chez nous, à boire et à manger.

Puis, à son aide de camp Thiébaut :

– Le principal, dit-il, est que notre amiSalvato Palmieri va de mieux en mieux : et celui qui m’écrit,et que je soupçonne fort d’être un médecin, me répond maintenant desa vie. Au reste, ils me paraissent bien organisés là-bas, c’est latroisième lettre que je reçois par des messagers différents, qui,chaque fois, changent de mot d’ordre et n’attendent point laréponse.

Se tournant alors vers le généraiÉblé :

– Eh bien, Éblé, que dites-vous de cela ?lui demanda-t-il.

– Je dis, répondit celui-ci en entrant lepremier dans la grande salle que nous connaissons pour y avoir déjàvu Championnet discutant avec Macdonald sur la grandeur et ladécadence des Romains, je dis que cinquante-deux mille hommes etcent pièces de canon, c’est un joli chiffre. Et vous, combienavez-vous de canons ?

– Neuf.

– Et d’hommes ?

– Onze ou douze mille, et encore le Directoirechoisit-il justement ce moment-ci pour m’en demander trois milleafin de renforcer la garnison de Corfou.

– Mais, mon général, dit Thiébaut, il mesemble que, dans les circonstances où nous nous trouvons etqu’ignore le Directoire, vous pouvez vous refuser à obéir à unpareil ordre.

– Peuh ! fit Championnet. Ne croyez-vouspas, Éblé, que, dans une bonne position fortifiée par vous, neuf oudix mille Français ne puissent pas tenir tête à cinquante-deuxmille Napolitains, surtout commandés par le général baronMack ?

– Oh ! général, dit en riant Éblé, jesais que rien ne vous est impossible ; et, d’ailleurs, je lesconnais mieux que vous, les Napolitains.

– Et où avez-vous fait leurconnaissance ? Il y a un demi-siècle, Toulon excepté, et vousn’y étiez pas, que l’on n’a entendu leur canon.

– Lorsque je n’étais que lieutenant, répliquaÉblé, il y a douze ans de cela, j’ai été amené à Naples avecAugereau, qui n’était que sergent, et M. le colonel dePommereuil, qui, lui, est resté colonel, par M. le baron deSalis.

– Et que diable veniez-vous faire àNaples ?

– Nous venions, par ordre de la reine et de SaSeigneurie sir John Acton, organiser l’armée à la française.

– C’est une mauvaise nouvelle que vous medonnez là, Éblé ; si j’ai affaire à une armée organisée parvous et par Augereau, les choses n’iront pas si facilement que jele croyais. Le prince Eugène disait, en apprenant qu’on envoyaitune armée contre lui, dans son incertitude du général qui lacommandait : « Si c’est Villeroy, je le battrai ; sic’est Beaufort, nous nous battrons ; si c’est Catinat, il mebattra. » Je pourrais bien en dire autant.

– Oh ! tranquillisez-vous sur cepoint ! Je ne sais quelle querelle survint alors entreM. de Salis et la reine, mais le fait est qu’après unmois de séjour, nous avons été mis tous à la porte et remplacés pardes instructeurs autrichiens.

– Mais vous êtes resté à Naples, avez-vousdit, un mois ?

– Un mois ou six semaines, je ne me rappelleplus bien.

– Alors, je suis tranquille, et je comprendspourquoi le Directoire vous envoie à moi ; vous n’aurez pointperdu votre temps pendant ce mois-là.

– Non, j’ai étudié la ville et ses abords.

– Je n’ose encore dire que cela nous servira,mais qui sait ?

– En attendant, Thiébaut, continua le général,comme l’ennemi peut être ici dans trois ou quatre jours, attenduqu’il n’entre pas dans mon plan de m’opposer à sa marche, donnezl’ordre que l’on tire le canon d’alarme au fort Saint-Ange, quel’on batte la générale par toute la ville, et que la garnison, sousles ordres du général Mathieu Maurice, se rassemble place duPeuple.

– J’y vais, mon général.

L’aide de camp sortit sans donner aucun signed’étonnement et avec cette obéissance passive qui caractérise lesofficiers destinés à commander plus tard ; mais il rentrapresque aussitôt.

– Eh bien, qu’y a-t-il ? demandaChampionnet.

– Mon général, répondit le jeune homme, unaide de camp du général Mack arrive de San-Germano et demande àêtre introduit près de vous ; il est porteur, dit-il, d’unedépêche importante.

– Qu’il entre, dit Championnet, qu’ilentre ! il ne faut jamais faire attendre nos amis et encoremoins nos ennemis.

Le jeune homme entra ; il avait entendules dernières paroles du général, et, le sourire sur les lèvres,saluant avec beaucoup de grâce et de courtoisie, tandis queThiébaut transmettait à l’officier de service les trois ordres quevenait de lui donner Championnet :

– Vos amis se sont toujours trouvés bien etvos ennemis se sont souvent trouvés mal de l’application de cettemaxime, général, dit-il ; ne me traitez donc pas enennemi.

Championnet s’avança au-devant de lui, et, luitendant la main :

– Sous mon toit, monsieur, il n’y a plusd’ennemi, il n’y a que des hôtes, répliqua le général ; soyezdonc le bienvenu, dussiez-vous m’apporter la guerre dans un pan devotre manteau.

Le jeune homme salua de nouveau et remit aucommandant en chef la dépêche de Mack.

– Si ce n’est point la guerre, dit-il, c’estau moins quelque chose qui y ressemble beaucoup.

Championnet décacheta la lettre, la lut sansqu’un seul mouvement de son visage décelât l’impression qu’il enressentait ; quant au messager, sachant ce que contenait cettedépêche, puisque c’était lui qui l’avait écrite, mais n’enapprouvant ni la forme ni le fond, il suivait avec anxiété les yeuxdu général passant d’une ligne à l’autre. Arrivé à la dernièreligne, Championnet sourit et mit la dépêche dans sa poche.

– Monsieur, dit-il s’adressant au jeunemessager, l’honorable général Mack me dit que vous avez quatreheures à passer avec moi, je l’en remercie, et, je vous préviensque je ne vous fais pas grâce d’une minute.

Il tira sa montre.

– Il est dix heures un quart du matin ; àdeux heures un quart de l’après-midi, vous serez libre. Thiébaut,dit-il à son aide de camp, qui venait de rentrer après avoirtransmis les ordres du général, faites mettre un couvert de plus,monsieur nous fait l’honneur de déjeuner avec nous.

– Général, balbutia le jeune officier étonné,plus qu’étonné, embarrassé de cette politesse à l’endroit d’unhomme qui apportait une lettre si peu polie, je ne saisvraiment…

– Si vous devez accepter le déjeuner depauvres diables manquant de tout, quand vous quittez une tableroyale somptueusement servie ? dit Championnet en riant.Acceptez, major, acceptez. On ne meurt pas, fût-on Alcibiade enpersonne, pour avoir une fois par hasard mangé le brouet noir deLycurgue.

– Général, répliqua l’aide de camp,laissez-moi alors vous remercier doublement de l’invitation et desconditions dans lesquelles elle est faite ; peut-être vais-jepartager le repas d’un Spartiate ; mais un Français seulpouvait avoir la courtoisie de m’y faire asseoir.

– Général, dit Thiébaut en rentrant, ledéjeuner est servi.

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