Scène III
Géraste,Amarante
Amarante
Monsieur, vous vous êtes mépris ;
C’est Clarimond qu’elle aime.
Géraste
Et ma plus grande peine
N’est que d’en avoir eu la preuve tropcertaine.
Dans sa rébellion à mon autorité,
L’amour qu’elle a pour lui n’a que tropéclaté.
Si pour ce cavalier elle avait moins deflamme,
Elle agréerait le choix que je fais deFlorame,
Et prenant désormais un mouvement plussain,
Ne s’obstinerait pas à rompre mon dessein.
Amarante
C’est ce choix inégal qui vous la faitrebelle ;
Mais pour tout autre amant n’appréhendez riend’elle.
Géraste
Florame a peu de bien, mais pour quelqueraison
C’est lui seul dont je fais l’appui de mamaison.
Examiner mon choix, c’est un traitd’imprudence.
Toi qu’à présent Daphnis traite deconfidence,
Et dont le seul avis gouverne ses secrets,
Je te prie, Amarante, adoucis ses regrets,
Résous-la, si tu peux, à contenter unpère ;
Fais qu’elle aime Florame, ou craigne macolère.
Amarante
Puisque vous le voulez, j’y ferai monpouvoir ;
C’est chose toutefois dont j’ai si peud’espoir,
Que je craindrais plutôt de l’aigrirdavantage.
Géraste
Il est tant de moyens de fléchir uncourage !
Trouve pour la gagner quelque subtilappas ;
La récompense après ne te manquera pas.