Le Dossier 113

Chapitre 8

 

Fidèle au programme tracé par son complice pendant que Louis deClameran veillait à Oloron, Raoul, à Paris, s’efforçait dereconquérir le cœur de Mme Fauvel, de regagner sa confiance perdue,et, enfin, de la rassurer.

C’était une tâche difficile, mais non impossible.

Mme Fauvel avait été désolée des folies de Raoul, épouvantée parses exigences ; mais elle n’avait pas cessé de l’aimer.

C’est à elle-même qu’elle s’en prenait de ses égarements, etvis-à-vis de sa conscience, elle en acceptait la responsabilité, sedisant : c’est ma faute, c’est ma très grande faute !

Ces sentiments, Raoul les avait bien pénétrés pour être enmesure de les exploiter.

Pendant un mois que dura l’absence de Louis, il ravit Mme Fauvelpar des félicités dont elle ne pouvait avoir idée.

Jamais cette mère de famille, si véritablement innocente, malgréles aventures où la précipitait une faute, n’avait rêvé de pareilsenchantements. L’amour de ce fils la bouleversait comme une passionadultère ; il en avait les violences, le trouble, le mystère.Pour elle, il avait ce que n’ont guère les fils, les coquetteries,les prévenances, les idolâtries d’un jeune amoureux.

Comme elle habitait la campagne et que M. Fauvel, partant dès lematin, lui laissait la disposition de ses journées, elle lespassait près de Raoul à sa maison du Vésinet. Souvent, le soir, nepouvant se rassasier de le voir, de l’entendre, elle exigeait qu’ilvînt dîner avec elle et qu’il restât à passer la soirée.

Cette vie de mensonge n’ennuyait pas Raoul. Il prenait à sonrôle l’intérêt qu’y prend un bon acteur. Il possédait cette facultéqui fait les fourbes illustres : il se prenait à ses propresimpostures. À certains moments, il ne savait plus trop s’il disaitvrai ou s’il jouait une comédie infâme.

Mais aussi, quel succès ! Madeleine, la prudente etdéfiante Madeleine, sans revenir absolument sur le compte du jeuneaventurier, avouait que peut-être, se fiant trop aux apparences,elle avait été injuste.

D’argent, il n’en avait plus été question. Cet excellent filsvivait de rien.

Raoul triomphait donc lorsque Louis arriva d’Oloron, ayant eu letemps de combiner et de mûrir un plan de conduite.

Bien que très riche maintenant, il était résolu à ne rienchanger, en apparence du moins, et quant à présent, à son genre devie. C’est à l’hôtel du Louvre qu’il s’installa, comme par lepassé.

Le rêve de Louis, le but de son ambition et de tous ses efforts,était de prendre rang parmi les grands industriels de France.

Il faisait sonner très haut, bien plus haut que son titre demarquis, sa qualité de maître de forges.

Pour l’avoir expérimenté à ses dépens, il savait que notresiècle peu romanesque n’attache de prix à des armoiries qu’autantque leur possesseur les peut étaler sur une belle voiture.

On est très bien marquis sans marquisat, on n’est maître deforges qu’à la condition d’avoir une forge.

Louis, maintenant, avait soif de considération. Toutes leshumiliations de son existence, mal digérées, lui pesaient surl’estomac.

De Raoul, il ne s’en préoccupait pas aucunement, il en avaitbesoin encore, il était décidé à utiliser son habileté, puis il seproposait soit de s’en débarrasser au prix d’un gros sacrifice,soit de l’attacher à sa fortune.

C’est à l’hôtel du Louvre qu’eut lieu la première entrevue entreles deux complices.

Tout prouve qu’elle fut orageuse.

Raoul – un garçon pratique – prétendait qu’ils devaient setrouver bien heureux des résultats obtenus, et que poursuivre desavantages plus grands serait folie.

Mais cette modération ne pouvait convenir à Louis.

– Je suis riche, répondit-il, mais j’ai d’autres ambitions. Plusque jamais, je veux épouser Madeleine. Oh ! elle sera à moi,je l’ai juré. D’abord je l’aime ; puis, devenant le neveu d’undes plus riches banquiers de la capitale, j’acquiers immédiatementune importance considérable.

– Poursuivre Madeleine, mon oncle, c’est courir de grosrisques.

– Soit !… il me plaît de les courir. Mon intention est departager avec toi, mais je partagerai le lendemain seulement de monmariage. La dot de Madeleine sera ta part.

Raoul se tut, Clameran avait l’argent, il était maître de lasituation.

– Tu ne doutes de rien, fit-il d’un air mécontent, t’es-tudemandé comment tu expliqueras ta fortune nouvelle ? On sait,chez monsieur Fauvel, qu’un Clameran que tu ne connaissais pas –c’est toi qui l’as dit – habitait près d’Oloron ; il avaitmême des fonds dans la maison. Que diras-tu quand on te demanderaquel était ce Clameran et par quel hasard tu te trouves être sonlégataire universel ?

Louis haussa les épaules.

– À force de chercher le fin du fin, mon neveu, prononça-t-il,tu arrives à la naïveté.

– Explique, explique !…

– Oh ! facilement. Pour le banquier, pour sa femme, pourMadeleine, le Clameran d’Oloron sera un fils naturel de mon père, –mon frère, par conséquent – né à Hambourg et reconnu pendantl’émigration. N’est-il pas tout simple qu’il ait voulu enrichirnotre famille ? C’est là ce que dès demain tu raconteras à tonhonorée mère.

– C’est audacieux.

– En quoi ?

– On peut aller aux renseignements.

– Qui ? le banquier ? Dans quel but ? Que luiimporte que j’aie ou non un frère naturel ? J’hérite, mestitres sont en règle, il me paye et tout est dit.

– De ce côté, en effet…

– Penses-tu donc que madame Fauvel et sa nièce vont se mettre enquête ? Pourquoi ? Ont-elles un soupçon ? Non. Lamoindre démarche, d’ailleurs, peut les compromettre. Mêmemaîtresses de nos secrets, je ne les crains pas, puisqu’elles nepeuvent s’en servir.

Raoul réfléchissait, il cherchait des objections et n’entrouvait pas.

– Soit ! fit-il, je t’obéirai ; mais il ne faut plusque je compte maintenant sur la bourse de madame Fauvel.

– Et pourquoi, s’il te plaît ?

– Dame ! maintenant que toi, mon oncle, tu es riche…

– Eh bien ! s’écria Louis triomphant, qu’est-ce que celafait ? Ne sommes-nous pas brouillés, n’as-tu pas dit assez demal de moi pour avoir le droit de refuser mes secours ?Va ! j’avais bien tout prévu, et quand je vais t’avoirexpliqué mon plan, tu diras comme moi : « Nous réussirons !…»

– J’écoute.

– C’est moi qui, le premier, me suis présenté à madame Fauvelpour lui dire, non pas : « la bourse ou la vie », ce qui n’estrien, mais « la bourse ou l’honneur ». C’était dur. Je l’aiépouvantée, je m’y attendais, et je lui ai inspiré la plus profonderépulsion.

– Répulsion est faible, cher oncle.

– Je le sais. C’est alors que t’ayant cherché et trouvé, je t’aipoussé sur la scène. Ah ! je ne veux pas te flatter, tu asobtenu du premier coup un fier succès. J’assistais, caché derrièreune portière, à votre première entrevue ; tu as tout bonnementété sublime. Elle t’a vu et elle t’a aimé ; tu as parlé et tuas été le maître de son cœur.

– Et sans toi…

– Laisse-moi donc dire. C’était là le premier acte de notrecomédie. Passons au second. Tes folies, tes dépenses – un aïeuldirait tes débordements – n’ont pas tardé à changer nos situationsrespectives. Madame Fauvel, sans cesser de t’adorer – tu ressemblestant à Gaston ! – a eu peur de toi. Peur à ce point qu’elles’est jetée entre mes bras, qu’elle s’est résignée à avoir recoursà moi, qu’elle m’a demandé aide et assistance.

– Pauvre femme !…

– J’ai été fort bien, avoue-le, en cette circonstance. J’ai étégrave, froid, paternel, avunculaire, indigné, mais attendri.L’antique probité des Clameran a noblement parlé par ma bouche.J’ai flétri comme il convient ta coupable conduite. Pendant cettepériode, j’ai triomphé à tes dépens. Revenant sur ses impressionspremières, madame Fauvel m’a aimé, estimé, béni.

– Ce temps est loin.

Louis ne daigna pas relever l’ironique interruption de sonneveu.

– Nous arrivons, poursuivit-il, à la troisième phase, pendantlaquelle madame Fauvel, ayant Madeleine pour la conseiller, nous apresque jugés à notre juste valeur. Oh ! ne t’y trompe pas,elle nous a redoutés et méprisés autant l’un que l’autre. Si ellene s’est pas mise à te haïr de toutes ses forces, c’est que,vois-tu, Raoul, le cœur d’une mère, surtout dans la situation où setrouve madame Fauvel, a des trésors d’indulgence et de pardon àrendre le bon Dieu jaloux. Une mère seule peut, en même temps,mépriser et adorer son fils.

– Elle me l’a, sinon dit, au moins fait comprendre, en termestels que j’ai été ému… moi !

– Parbleu ! Et moi, donc ! Enfin, c’est là que nous enétions ; madame Fauvel tremblait, Madeleine, se dévouant,avait congédié Prosper et consentait à m’épouser, quand l’existencede Gaston nous a été révélée. Depuis, qu’est-il advenu ? Tu assu, aux yeux de madame Fauvel, te faire plus blanc que les neigesimmaculées, et tu m’as fait, moi, plus noir que l’enfer. Elle s’estreprise à admirer tes nobles qualités, et à ses yeux et aux yeux deMadeleine, c’est moi dont la pernicieuse influence te poussait versle mal.

– Tu l’as dit, oncle vénéré, c’est là que nous en sommes.

– Eh bien ! nous abordons le cinquième acte ; parconséquent, un nouveau revirement est indispensable à notrepièce.

– Un nouveau revirement…

– Te paraît difficile, n’est-ce pas ? Rien de si simple.Écoute-moi bien, car de ton habileté dépend l’avenir.

Raoul, sur son fauteuil, prit la pose des auditeurs intrépides,et dit simplement :

– Je suis tout à toi.

– Donc, reprit Louis, dès demain, tu iras trouver madame Fauvel,et tu lui diras ce dont nous sommes convenus relativement à Gaston.Elle ne te croira pas, peu importe. L’important, c’est que tu aiesl’air, toi, absolument convaincu de ton récit.

– Je serai convaincu.

– Moi, d’ici quatre ou cinq jours, je verrai monsieur Fauvel etje lui confirmerai l’avis qu’a dû lui donner mon notaire d’Oloron,à savoir que les fonds déposés chez lui m’appartiennent. Jerééditerai, à son intention, l’histoire du frère naturel, et je leprierai de vouloir bien garder cet argent dont je n’ai que faire.Tu es la défiance même, mon neveu, ce dépôt sera pour toi unegarantie de ma sincérité.

– Nous recauserons de cela.

– Ensuite, mon beau neveu, j’irai trouver madame Fauvel, et jelui tiendrai à peu près ce langage : « Étant fort pauvre, chèredame, j’ai dû vous imposer l’obligation de venir en aide au fils demon frère qui est votre fils. Ce garçon est un coquin… »

– Merci, mon oncle !

– « … Il vous a donné mille soucis, il a empoisonné votre viequ’il était de son devoir d’embellir, agréez mes excuses et croyezà mes regrets. Aujourd’hui, je suis riche, et je viens vousannoncer que j’entends désormais me charger seul du présent et del’avenir de Raoul. »

– Et c’est là ce que tu appelles un plan ?

– Parbleu ! tu vas bien le voir. À cette déclaration, ilest probable que madame Fauvel aura envie de me sauter au cou. Ellene le fera pas, cependant, retenue qu’elle sera par la pensée de sanièce, elle me demandera si, du moment où j’ai de la fortune, je nerenonce pas à Madeleine. À quoi je répondrai carrément : « Non ».Même, ce sera l’occasion d’un beau mouvement de désintéressement. «Vous m’avez cru cupide, madame, lui dirai-je, vous vous êtestrompée. J’ai été séduit, comme tout homme le doit être, par lagrâce, par les charmes, l’esprit et la beauté de mademoiselleMadeleine, et… je l’aime. N’eût-elle pas un sou, qu’avec plusd’instances encore, je vous demanderais sa main, à genoux. Il a étédécidé qu’elle serait ma femme, permettez-moi d’insister sur ceseul article de nos conventions. Mon silence est à ce prix. Et pourvous prouver que sa dot ne compte pas pour moi, je vous donne maparole d’honneur que, le lendemain de mon mariage, je remettrai àRaoul une inscription de vingt-cinq mille livres de rentes. »

Louis s’exprimait avec un tel accent, d’une voix si entraînante,que Raoul, artiste en fourberie, avant tout, fut émerveillé.

– Splendide ! s’écria-t-il, cette dernière phrase peutcreuser un abîme entre madame Fauvel et sa nièce. Cette assuranced’une fortune pour moi peut mettre ma mère de notre côté.

– Je l’espère, reprit Louis d’un ton de fausse modestie, et j’aid’autant plus de raisons de l’espérer que je fournirai à la chèredame d’excellents arguments pour s’excuser à ses propres yeux. Carvois-tu bien, quand on propose à une honnête personne quelquepetite, comment dirais-je ?… transaction, on doit offrir enmême temps des justifications pour mettre la conscience en repos.Le diable ne procède pas autrement. Je prouverai a madame Fauvel età sa nièce que Prosper les a indignement abusées. Je montrerai cegarçon criblé de dettes, perdu de débauches, jouant, soupant et,pour tout dire, vivant publiquement avec une femme perdue…

– Et jolie, par-dessus le marché, n’oublie pas qu’elle estravissante, la señora Gypsy ; dis qu’elle est adorable, cesera le comble.

– Ne crains rien, je serai éloquent et moral autant que leministère public lui-même. Puis, je ferai entendre à madame Fauvelque si vraiment elle aime sa nièce, elle doit souhaiter lui voirépouser non ce petit caissier, un subalterne sans le sou, mais unhomme important, un grand industriel, l’héritier d’un des beauxnoms de France, marquis, pouvant prétendre aux plus hautessituations, assez riche enfin, pour te donner un état dans lemonde.

Raoul lui-même se laissait prendre à ces perspectives.

– Si tu ne la décides pas, dit-il, tu la feras hésiter.

– Oh ! je ne m’attends pas à un brusque changement. Cen’est qu’un germe que je déposerai dans son esprit ; grâce àtoi, il se développera, il grandira et portera ses fruits.

– Grâce à moi ?

– Oui, laisse-moi finir. Tout cela dit, je disparais, je ne memontre plus, et ton rôle commence. Comme de juste, ta mère terépète notre conversation, et même par là nous jugerons l’effetproduit. Mais toi, à l’idée d’accepter quelque chose de moi, tu terévoltes. Tu te déclares énergiquement prêt à braver toutes lesprivations, la misère – dis la faim, pendant que tu y seras –plutôt que de recevoir quoi que ce soit d’un homme que tu hais,d’un homme qui… d’un homme dont… enfin, tu vois la scène d’ici.

– Je la vois et je la sens. Dans les rôles pathétiques, je suistoujours très beau, quand j’ai eu le temps de me préparer.

– Parfait. Seulement, ce généreux désintéressement net’empêchera pas de recommencer tout à coup ta vie de dissipation.Plus que jamais tu joueras, tu parieras et tu perdras. Il te faudrade l’argent, et encore de l’argent, tu seras pressant, impitoyable.Et note que de tout ce que tu arracheras je ne te demanderai nulcompte, ce sera à toi, bien à toi.

– Diable ! si tu l’entends ainsi…

– Tu marcheras, n’est-ce pas.

– Et vite, je t’en réponds.

– C’est ce que je te demande, Raoul. Il faut qu’avant trois moistu aies épuisé toutes les ressources, toutes, m’entends-tubien ? de ces deux femmes. Il faut que tu les amènes à ne plussavoir où donner de la tête. Je les veux, dans trois mois, ruinéesabsolument, sans argent, sans un bijou, sans rien.

Louis de Clameran s’exprimait avec une telle animation, avec uneviolence de passion si surprenante après l’exposé de sescombinaisons, que Raoul n’en pouvait revenir.

– Tu hais donc bien ces malheureuses femmes ?demanda-t-il.

– Moi ! s’écria Louis, dont l’œil étincela, moi leshaïr ! Tu ne vois donc pas, aveugle, que j’aime Madeleine,comme on aime à mon âge, à en devenir fou ? Tu ne sens doncpas que sa pensée envahit tout mon être, que le désir flambe dansmon cerveau, que son nom, quand je le prononce, brûle meslèvres ?…

– Et tu n’es ni troublé ni ému à l’idée de lui préparer les pluscuisants chagrins ?

– Il le faut. Est-ce que jamais sans de cruelles souffrances,sans les plus amères déceptions, elle serait à moi ? Le jouroù tu auras conduit madame Fauvel et sa nièce si près de l’abîmequ’elles en verront le fond, ce jour-là, j’apparaîtrai. C’est quandelles se croiront perdues sans rémission que je les sauverai.Va ! j’ai su me réserver une belle scène, et j’y saurai mettretant de noblesse et de grandeur que Madeleine en sera touchée. Elleme hait, tant mieux ! Quand elle verra bien, quand il lui seradémontré que c’est sa personne que je veux et non pas son argent,elle cessera de me mépriser. Il n’est pas de femme que ne toucheune grande passion et la passion excuse tout. Je ne dis pas qu’ellem’aimera, mais elle se donnera à moi sans répugnance ; c’esttout ce que je demande.

Raoul se taisait, épouvanté, de ce cynisme, de tant de froideperversité. Clameran affirmait son immense supériorité dans le mal,et l’apprenti admirait le maître.

– Tu réussirais certainement, mon oncle, dit-il, sans lecaissier adoré. Mais entre Madeleine et toi, il y aura toujours,sinon Prosper lui-même, au moins son souvenir.

Louis eut un mauvais sourire, qu’un geste de colère et de dédainrendit plus significatif et plus effrayant encore.

– Prosper, prononça-t-il en jetant son cigare qui venait des’éteindre, je me soucie de lui comme de cela…

– Elle l’aime.

– Tant pis pour lui. Dans six mois, elle ne l’aimera plus ;il est déjà perdu moralement. À l’heure où cela me conviendra, jel’achèverai. Sais-tu où mènent les mauvais chemins, monneveu ? Prosper a une maîtresse coûteuse, il roulevoiture[6] , il a des amis riches, il joue. Es-tujoueur, toi ?… Il lui faudra de l’argent après quelque nuit dedéveine ; les pertes du baccarat se payent dans lesvingt-quatre heures, il voudra payer et… il a une caisse.

Pour le coup, Raoul ne put s’empêcher de protester.

– Oh !…

– Il est honnête ! vas-tu me dire. Parbleu ! jel’espère bien. Moi aussi, la veille du jour où j’ai fait sauter lacoupe, j’étais honnête. Il y a longtemps qu’un coquin auraitconfessé Madeleine et nous aurait forcés à plier bagage. Il estaimé, me dis-tu ? Alors, quel orgeat coule donc dans sesveines qu’il se laisse ainsi ravir la femme aimée ? Ah !si j’avais senti la main de Madeleine frémir dans la mienne, si sonsouffle, dans un baiser, avait effleuré mon front, le monde entierne me l’enlèverait pas. Malheur à qui barre ma route. Prosper megêne, je le supprime. Je me charge, avec ton aide, de la pousserdans un tel bourbier que la pensée de Madeleine n’ira pas l’ychercher.

L’accent de Louis exprimait une telle rage, un si immense désirde vengeance, que Raoul, vraiment ému, réfléchissait.

– Tu me réserves, dit-il après un bon moment, un rôleabominable.

– Mon neveu aurait-il des scrupules ? demanda Clameran duton le plus goguenard.

– Des scrupules… pas précisément ; cependant, j’avoue…

– Quoi ! Que tu as envie de reculer ? C’est un peutard t’y prendre. Ah ! ah !… Monsieur veut toutes lesjouissances du luxe, de l’or plein les poches, des chevaux de race,enfin tout ce qui brille et tout ce qui fait envie… seulement,monsieur désire rester vertueux. Il fallait naître avec des rentesalors. Imbécile !… As-tu jamais vu des gens comme nous puiserdes millions aux sources pures de la vertu ? On pêche dans laboue, mon neveu, et on se débarbouille après.

– Je n’ai jamais été assez riche pour être honnête, fithumblement Raoul, seulement, torturer deux femmes sans défense,assassiner un pauvre diable qui se croit mon ami, dame ! c’estdur.

Cette résistance qu’il taxait d’absurde, de ridicule, exaspéraitau dernier point Louis de Clameran.

Enfin, après d’interminables débats, tout fut réglé à leurcommune satisfaction, et ils se séparèrent avec force poignées demain.

Hélas ! Mme Fauvel et sa nièce ne devaient pas tarder àressentir les effets de l’accord des deux misérables.

Tout se passa de point en point comme l’avait prévu et arrêtéLouis de Clameran.

Une fois encore, et précisément lorsque Mme Fauvel osait enfinrespirer, la conduite de Raoul changea brusquement. Sesdissipations recommençaient de plus belle.

Jadis, Mme Fauvel avait pu se demander : où dépense-t-il toutl’argent que je lui donne ? Cette fois, elle n’avait pas dequestions à se poser.

Raoul affichait des passions insensées ; il se montraitpartout, vêtu comme ces jeunes gandins qui font les délices duboulevard, on le voyait aux premières représentations dans desavant-scènes, et aux courses en voiture à quatre chevaux.

Aussi, jamais il n’avait eu de si pressants, de si impérieuxbesoins d’argent : jamais Mme Fauvel n’avait eu à se défendrecontre des exigences si exorbitantes et si répétées.

À ce train, les ressources avouables de Mme Fauvel et de sanièce furent promptement à bout. En un mois, le misérable dissipaleurs économies. Alors, elles eurent recours à tous les expédientshonteux des femmes dont les dépenses secrètes sont la ruine d’unemaison. Elles réalisèrent sur toutes choses de flétrissanteséconomies. On fit attendre les fournisseurs, on prit à crédit. Puiselles gonflèrent les factures ou même en inventèrent. Elles sesupposaient, l’une et l’autre, des fantaisies si coûteuses, que M.Fauvel leur dit une fois en souriant : – Vous devenez biencoquettes, mesdames !… Le jour vint, cependant, où Madeleineet sa tante se trouvèrent aussi dénuées de tout l’une quel’autre.

La veille, Mme Fauvel avait eu quelques personnes à dîner, etc’est à grand-peine qu’elle avait pu donner au cuisinier l’argentnécessaire à certains achats qu’il était allé faire à Paris.

Raoul se présenta ce jour-là. Jamais, à ce qu’il prétendit, ilne s’était trouvé dans un embarras si grand ; il lui fallaitabsolument deux mille francs.

On eut beau lui expliquer la situation, le conjurer d’attendre,il ne voulut rien entendre, il fut terrible, impitoyable.

– Mais je n’ai plus rien, malheureux, répétait Mme Fauvel,désespérée, plus rien au monde, tu m’as tout pris. Il ne me resteque mes bijoux, les veux-tu ? S’ils peuvent te servir,prends-les.

Si grande que fût l’impudence du jeune bandit, il ne puts’empêcher de rougir.

Mais il avait promis ; mais il savait qu’une main puissantearrêterait ces pauvres femmes au bord du précipice, mais il voyaitla fortune, une grande fortune, au bout de toutes ces infamies,qu’il se promettait d’ailleurs de racheter plus tard.

Il se roidit donc contre son attendrissement, et c’est d’unevoix brutale qu’il répondit à sa mère :

– Donne ; j’irai au Mont-de-Piété.

Et, telle était l’atroce gêne de ces deux femmes qu’entourait unluxe princier, dont dix domestiques attendaient les ordres, dontles chevaux attelés piaffaient dans la cour, qu’elles conjurèrentRaoul de leur apporter quelque chose de ce que lui prêterait leMont-de-Piété, si peu que ce fût.

Il promit et tint parole.

Mais on lui avait montré une ressource nouvelle, une mine àexploiter ; il en abusa.

Une à une, toutes les parures de Mme Fauvel suivirent lesdiamants, et, ses bijoux épuisés, ceux de Madeleine partirent.

Mme Fauvel, pour se défendre des misérables qui s’acharnaientaprès elle, n’avait que ses prières et ses larmes ; c’étaitpeu.

Seulement, ces révoltantes extorsions amenaient parfois detelles crises, que Raoul ému, bouleversé, était pris, pourlui-même, d’horreur et de dégoût.

– Le cœur me manque, disait-il à son oncle, je suis à bout.Volons à main armée, je le veux bien ; mais égorger deuxmalheureuses que j’aime, c’est plus fort que moi !

Clameran ne semblait nullement s’étonner de ces répugnances.

– C’est triste, répondait-il, je le sais bien, mais nécessitén’a pas de loi. Allons, un peu d’énergie et de patience, noustouchons au but.

Ils en étaient plus proches que ne le supposait Clameran. Versla fin du mois de novembre, Mme Fauvel se sentit si bien à laveille d’une catastrophe, que l’idée lui vint de s’adresser aumarquis.

Elle ne l’avait pas revu depuis qu’à son retour d’Oloron, ilétait venu lui annoncer son héritage. Persuadée, à cette époque,qu’il était le mauvais génie de Raoul, elle l’avait assez mal reçupour lui donner le droit de ne plus se représenter.

Elle hésita avant de parler à sa nièce de ce projet, redoutantune vive opposition.

À sa grande surprise, Madeleine l’approuva.

– Plus tôt tu verras monsieur de Clameran, dit-elle à sa tante,mieux cela vaudra.

En conséquence, le surlendemain même, Mme Fauvel arrivait àl’hôtel du Louvre, chez le marquis, prévenu à l’avance par unbillet.

Il la reçut avec une politesse froide et étudiée, en homme qui aété méconnu et qui, affligé et blessé, se tient sur la réserve.

Il parut indigné de la conduite de son neveu, et même, à unmoment, il laissa échapper un juron, disant qu’il aurait raison dece drôle.

Mais quand Mme Fauvel lui eut appris que s’il s’adressait sanscesse à elle, c’est qu’il ne voulait rien lui demander à lui,Clameran semblait confondu.

– Ah ! s’écria-t-il, c’est trop d’audace, aussi ! Lemisérable ! Je lui ai, depuis quatre mois, remis plus de vingtmille francs, et si j’ai consenti à les lui donner, c’est que sanscesse il me menaçait de recourir à vous.

Et voyant sur la figure de Mme Fauvel une surprise quiressemblait à un doute, Louis se leva, ouvrit son secrétaire et ensortit des reçus de Raoul qu’il montra. Le total de ces reçuss’élevait à vingt-trois mille cinq cents francs.

Mme Fauvel était anéantie.

– Il a eu de moi près de quarante mille francs, dit-elle, c’estdonc soixante mille francs au moins qu’il a dépensés depuis quatremois.

– Ce serait incroyable, répondit Clameran, s’il n’étaitamoureux, à ce qu’il dit.

– Mon Dieu ! que font donc ces créatures de tout l’argentqu’on dépense pour elles ?…

– Voilà ce qu’on n’a jamais pu savoir…

Il paraissait très sincèrement plaindre Mme Fauvel ; il luipromit que, ce soir même, il verrait Raoul, qu’il saurait bienramener à des sentiments meilleurs. Puis, après de longuesprotestations, il finit par mettre sa fortune entière à sadisposition.

Mme Fauvel refusa ses offres, mais elle en fut touchée, et enrentrant elle disait à sa nièce :

– Peut-être nous sommes-nous trompées, peut-être n’est-ce pas unmauvais homme…

Madeleine hocha tristement la tête. Ce qui arrivait, ellel’avait prévu ; le beau désintéressement du marquis, c’étaitla confirmation de ses pressentiments.

Raoul, lui, était allé chez son oncle, chercher des nouvelles.Il le trouva radieux.

– Tout marche à souhait, mon neveu, lui dit Clameran ; tesreçus ont fait merveille. Ah ! tu es un solide partenaire etje te dois les plus chaudes félicitations. Quarante mille francs enquatre mois ?

– Oui, répondit négligemment Raoul, c’est à peu près ce que m’aprêté le Mont-de-Piété.

– Peste ! tu dois avoir de belles économies, car lademoiselle des Délassements n’est, je l’imagine, qu’unprétexte ?

– Ceci, cher oncle, est mon affaire. Souviens-toi de nosconventions. Ce que je puis te dire, c’est que madame Fauvel etMadeleine ont fait argent de tout ; elles n’ont plus rien, etmoi j’ai assez de mon rôle.

– Aussi ton rôle est-il fini. Je te défends désormais dedemander un centime.

– Où en sommes-nous donc ? Qu’y a-t-il ?

– Il y a, mon neveu, que la mine est assez chargée, et que jen’attends plus qu’une occasion pour y mettre le feu.

Cette occasion, qu’attendait avec une fiévreuse impatience Louisde Clameran, son rival, Prosper Bertomy, devait, pensait-il, la luifournir.

Il aimait trop Madeleine pour ne pas être jaloux jusqu’à la ragede l’homme que, librement, elle avait choisi, pour ne pas le haïrde toute la force de sa passion.

Il ne tenait qu’à lui, il le savait, d’épouser Madeleine ;mais comment ? Grâce à d’indignes violences, en lui tenant lecouteau sur la gorge. Il se sentait devenir fou à l’idée qu’il laposséderait, que son corps serait à lui, mais que sa pensée,échappant à sa puissance, s’envolerait vers Prosper.

Aussi s’était-il juré qu’avant de se marier il précipiterait lecaissier dans quelque cloaque d’infamie, d’où il lui seraitimpossible de sortir. Il avait songé à le tuer, il aimait mieux ledéshonorer.

Jadis il s’était imaginé qu’il lui serait aisé de perdrel’infortuné jeune homme ; il supposait que lui-même enfournirait les moyens. Il s’était trompé.

Prosper menait, il est vrai, une de ces existences folles quiconduisent le plus souvent à une catastrophe finale, mais ilmettait un certain ordre à son désordre. Si sa situation étaitmauvaise, périlleuse, s’il était dévoré de besoins, harcelé par lescréanciers, réduit aux expédients, il était impossible de s’enapercevoir, tant ses précautions étaient bien prises.

Toutes les tentatives faites pour hâter sa ruine avaient échoué,et c’est vainement que Raoul, les mains pleines d’or, jouant lerôle du tentateur, avait essayé de préparer sa chute.

Il jouait gros jeu, mais il jouait sans passion, presque sansgoût, et jamais l’exaltation du gain ni le dépit de la perte ne luifaisaient perdre son sang-froid.

Sa maîtresse, Nina Gypsy, était dépensière, extravagante, maiselle lui était dévouée et ses fantaisies ne dépassaient pascertaines limites.

En bien examinant sa conduite, elle était celle d’un hommedésolé qui s’efforce de s’étourdir, mais qui cependant n’a pasabdiqué toute espérance, et qui cherche surtout à gagner dutemps.

Intime ami de Prosper, son confident, Raoul avait, d’un œilsagace, jugé la situation et pénétré les sentiments secrets ducaissier.

– Tu ne connais pas Prosper, mon oncle. Madeleine l’a tué, lejour où elle l’a exilé. Tout lui est indifférent, il ne prendintérêt à rien.

– Nous attendrons.

Ils attendaient en effet, et à la grande surprise de Mme Fauvel,Raoul redevint, pour elle, ce qu’il avait été en l’absence deClameran.

C’est vers cette époque, à peu près, que Mme Fauvel, touteréjouie de ce changement, conçut le projet de placer Raoul dans lesbureaux de son mari.

M. Fauvel adopta cette idée. Persuadé qu’un jeune homme sansoccupations ne peut faire que des sottises, il lui offrit unpupitre au bureau de la correspondance, avec des appointements decinq cents francs par mois.

Cette proposition enchanta Raoul, cependant, sur l’ordre formelde Clameran, il refusa net, disant qu’il ne se sentait pour lesopérations de banque aucune vocation.

Ce refus indisposa si fort le banquier, qu’il adressa à Raoulquelques reproches passablement amers, le prévenant qu’il n’eûtplus à compter sur lui désormais, et Raoul saisit ce prétexte pourcesser ostensiblement ses visites.

S’il voyait encore sa mère, c’était dans l’après-midi ou lesoir, lorsqu’il était sûr que M. Fauvel était sorti, et il nevenait que tout juste assez souvent pour se tenir au courant desaffaires de la maison.

Ce repos subit après tant et de si cruelles agitationsparaissait sinistre à Madeleine. Elle ne disait rien à sa tante deses pressentiments, mais elle était préparée à tout.

– Que font-ils ? disait parfois Mme Fauvel ;renonceraient-ils enfin à nous persécuter ?

– Oui, murmurait Madeleine, que font-ils ?

Si Louis ni Raoul ne donnaient signe de vie, c’est qu’ils setenaient immobiles comme le chasseur à l’affût, qui craintd’éveiller les défiances de ses victimes. Ils guettaient lehasard.

Attaché aux pas de Prosper, Raoul avait épuisé toutes lesressources de son esprit pour le compromettre, pour l’attirer dansquelque embûche où resterait son honneur. Mais, ainsi qu’il l’avaitprévu, l’indifférence du caissier offrait peu de prise.

Clameran commençait à s’impatienter et cherchait déjà quelquemoyen plus expéditif, quand une nuit, sur les trois heures, il futéveillé par Raoul.

– Qu’y a-t-il ? demanda-t-il tout inquiet.

– Peut-être rien, peut-être tout. Je quitte Prosper àl’instant.

– Eh bien !

– Je l’avais emmené dîner, ainsi que madame Gypsy, avec trois demes amis. Après dîner, j’ai organisé un petit bal tournant assezcorsé, mais impossible de lancer Prosper, bien qu’il fût gris.

Louis, désappointé, eut un mouvement de dépit.

– Tu es gris toi-même, fit-il, puisque tu viens me réveiller aumilieu de la nuit pour me conter de pareilles billevesées.

– Attends, il y a autre chose.

– Morbleu ! parle, alors !

– Après avoir bien joué, nous sommes allés souper, et Prosper,de plus en plus ivre, a laissé échapper le mot sur lequel il fermesa caisse.

À cette assurance, Clameran ne put retenir un cri detriomphe.

– Quel est ce mot ? demanda-t-il.

– Le nom de sa maîtresse.

– Gypsy !… C’est bien cela, en effet, cinq lettres…

Il était si ému, si agité, qu’il sauta à bas de son lit, passaune robe de chambre et se mit à arpenter l’appartement.

– Nous le tenons ! disait-il avec l’expression délirante dela haine satisfaite, il est donc à nous ! Ah ! il nevoulait pas toucher à sa caisse, ce caissier vertueux, nous ytoucherons pour lui, et il n’en sera ni plus ni moins déshonoré.Nous avons le mot, tu sais où est la clé, tu me l’as dit…

– Quand monsieur Fauvel sort, il laisse presque toujours lasienne dans un des tiroirs du secrétaire de sa chambre.

– Eh bien ! tu iras chez madame Fauvel, tu lui demanderascette clé ; elle te la remettra ou tu la lui prendras deforce, peu importe ; quand tu l’auras, tu ouvriras la caisse,tu prendras tout ce qu’elle contient…

Pendant plus de cinq minutes, Clameran, absolument hors de lui,divagua, mêlant si étrangement sa haine contre Prosper, son amourpour Madeleine, que Raoul se demandait sérieusement s’il nedevenait pas fou. Il pensa qu’il était de son devoir de lecalmer.

– Avant de chanter victoire, commença-t-il, examinons lesdifficultés.

– Je n’en vois pas.

– Prosper peut changer son mot dès demain.

– C’est vrai, mais c’est peu probable ; il ne se rappellerapas qu’il l’a dit ; d’ailleurs, nous allons nous hâter.

– Ce n’est pas tout. Par suite des ordres les plus positifs demonsieur Fauvel, il ne reste jamais en caisse, le soir, que dessommes insignifiantes.

– Il y en aura une très forte le soir où je le voudrai.

– Tu dis ?

– Je dis que j’ai cent mille écus chez monsieur Fauvel, et quesi j’en demande le remboursement pour un de ces jours, de trèsbonne heure, à l’ouverture des bureaux, ils passeront la nuit dansla caisse.

– Quelle idée ! s’écria Raoul stupéfait.

C’était une idée, en effet, et les deux complices passèrent delongues heures à l’examiner, à la creuser, à en étudier le fort etle faible.

Après mûres réflexions, après avoir minutieusement calculétoutes les chances bonnes ou mauvaises, ils arrêtèrent que le crimeserait commis dans la soirée du lundi 27 février.

S’ils choisissaient ce soir-là, c’est que Raoul savait que M.Fauvel devait dîner chez un financier de ses amis et que Madeleineétait invitée à une réunion de jeunes filles.

À moins d’un contretemps, Raoul, en se présentant à l’hôtelFauvel sur les huit heures et demie, devait trouver sa mèreseule.

– Aujourd’hui même, conclut Clameran, je vais demander àmonsieur Fauvel de tenir mes fonds prêts pour mardi.

– Le délai est bien court, mon oncle, objecta Raoul, vous avezdes conventions, tu dois prévenir en cas de retrait de tonargent.

– C’est vrai ; mais notre banquier est orgueilleux, je medirai pressé et il s’exécutera, dût-il pour cela se gêner. Ce seraà toi, ensuite, de demander à Prosper, comme un service personnel,de tenir la somme prête à l’ouverture des bureaux.

Raoul, une fois encore, examinait la situation, cherchant s’ilne découvrirait pas ce grain de sable qui devient montagne audernier moment.

Tout alla d’ailleurs au gré des deux misérables. Le banquier nedaignant pas rappeler les conventions consentit au remboursementpour l’époque indiquée. Prosper promit que l’argent serait prêt dèsle matin.

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