L’Hôtel Hanté

Chapitre 5

 

 

« Vous reverrai-je ? luidemanda-t-elle en lui tendant la main. C’est bien entendu, n’est-cepas, pour la pièce. »

Francis, se rappelant la sensationextraordinaire qu’il venait d’avoir quelques heures auparavant dansla chambre dont on avait nouvellement changé le numéro,répondit :

« Mon séjour à Venise est incertain. Sivous avez quelque chose de plus à me dire sur votre essaidramatique, il vaudrait mieux me le dire maintenant. Avez-vous déjàfait choix d’un sujet ? Je connais le goût du public anglaismieux que vous, je peux donc vous épargner une perte de tempsinutile.

– Le sujet m’importe peu, dit-elle,pourvu que j’en aie un à traiter. Si vous avez une idée,donnez-la-moi ; je réponds des personnages et du dialogue.

– Vous répondez des personnages et dudialogue, répéta Francis. C’est hardi pour un commençant ! Jeme demande si j’arriverai à ébranler votre sublime confiance envous-même, en vous proposant le sujet le plus difficile à manierqui soit au théâtre ? Que diriez-vous, comtesse, d’entrer enlutte avec Shakespeare et d’essayer un drame où il y aurait desapparitions, des spectres. Notez bien que ce serait une histoirevraie, basée sur des faits qui se sont passés dans cette villemême, une histoire à laquelle nous sommes mêlés vous etmoi. »

Elle le saisit aussitôt par le bras etl’entraîna au milieu de la place déserte, loin des groupes quifourmillaient sous la colonnade.

« Maintenant ! dit-elle vivement,ici où personne ne peut nous écouter, je veux savoir comment jepuis être mêlée à ce drame ? Comment ?comment ? »

Lui tenant toujours le bras, elle le secouadans son impatience d’avoir l’explication qu’elle demandait.Jusqu’alors il s’était amusé de son outrecuidante confiance enelle-même, et il n’avait fait qu’en plaisanter. Mais en voyant sonardeur, il commença à considérer la chose à un autre point de vue.Sachant tout ce qui s’est passé dans le vieux palais avant satransformation en hôtel, il était possible que la comtesse pût luidonner quelque explication sur ce qui était arrivé à son frère, àsa sœur et à lui-même ; à tout le moins, elle pouvaitpeut-être lui faire quelque révélation curieuse, capable de servirde donnée à un auteur de talent pour un bon gros drame. Laprospérité de son théâtre était la seule chose qui l’occupait.

« Je suis peut-être sur la trace d’unnouvel Hamlet, se dit-il. Une pièce pareille, ce serait au moins10,000 livres dans ma poche. »

C’est à cause de ces motifs, dignes del’entier dévouement à l’art dramatique qui avait fait de Francis unentrepreneur de pièces à succès, qu’il raconta ce qui lui étaitarrivé à lui et à ses parents dans l’hôtel hanté. Il ne passa mêmepas sous silence la terreur superstitieuse qui avait envahi lanaïve femme de chambre de Mme Narburry.

« Tristes matériaux, si vous lesconsidérez avec les yeux de la raison, fit-il. Mais il y a vraimentquelque chose de dramatique dans cette influence surnaturellepesant sur chacun des membres de la famille à leur entrée dans lachambre fatale, jusqu’à ce qu’enfin vienne le parent à qui lefantôme invisible qui hante la chambre se montrera, pour luiapprendre tout entière la terrible vérité. Voilà de quoi faire unepièce, j’espère, comtesse, et une pièce de premierchoix ! »

Il s’arrêta. Elle ne fit pas un mouvement,elle ne desserra même pas les lèvres. Il se pencha pour la regarderde plus près.

Quelle impression avait-il produite surelle ? Malgré tout son esprit et toute son habileté, il nepouvait le deviner. Elle était debout devant lui, exactement commedevant Agnès, quand celle-ci s’était décidée à répondre nettement àla question qu’elle avait faite sur Ferraris. On aurait dit unestatue de pierre. Ses yeux étaient grands ouverts et fixes, la viesemblait avoir disparu de son visage. Francis la prit par la main.Elle était aussi froide que les pavés sur lesquels ils marchaient.Il lui demanda si elle était malade.

Pas un muscle ne bougea. Il aurait pu toutaussi bien parler à un mort.

« Vous n’êtes sûrement pas, reprit-il,assez ridicule pour prendre au sérieux ce que je viens de vousdire ? »

Ses lèvres se mirent à remuer. Elle semblaitfaire un effort pour parler.

– « Plus haut, dit-il. Je ne vousentends pas. »

Elle finit par reprendre possessiond’elle-même.

Une faible étincelle vint animer la fixitésombre et froide de ses yeux. Un moment après, elle parla d’unefaçon intelligible.

« Je n’avais jamais songé à l’autremonde, murmura-t-elle, comme une femme parlant en rêve. »

Elle se rappelait maintenant sa dernièreentrevue avec Agnès ; elle se souvenait de la confession quilui était échappée, de la prédiction qu’elle avait faite à cetteépoque.

Incapable de la comprendre, Francis laregardait fort inquiet, elle continua à suivre tranquillement sapensée, les yeux hagards, sans songer un instant à lui.

« J’ai prédit que quelque événement sansimportance nous rassemblerait encore une fois. Je me suistrompée : ce ne sera pas un événement sans importance qui nousrapprochera. J’ai prédit que je serais peut-être la personne quilui dirait ce qu’est devenu Ferraris, si elle m’y forçait. Puis-jesubir une autre influence que la sienne ? Lui aussipourrait-il donc m’y forcer. Quand elle le verra,le verrai-je aussi, moi ? »

Sa tête s’affaissa ; ses paupières sefermèrent lourdement ; elle poussa un long soupir de fatigue.Francis passa son bras sous le sien pour la soutenir et essaya dela ranimer.

« Allons, comtesse, vous êtes fatiguée etexcitée. Vous avez assez parlé ce soir. Laissez-moi vous conduire àvotre hôtel. Est-ce loin d’ici ? »

Il fit un mouvement qui la fit remuer ;elle tressaillit comme s’il l’avait soudainement réveillée d’unprofond sommeil.

« Ce n’est pas loin, dit-elle faiblement.C’est le vieil hôtel sur le quai. Mon esprit est dans un étatétrange ; j’ai oublié le nom.

– L’hôtel Danieli ?

– Oui ! »

Il la conduisit doucement. Elle le suivit ensilence au bout de la Piazzetta. Là, quand ils furent devant lalagune éclairée par la pleine lune, elle l’arrêta au moment où ilse dirigeait vers la Riva degli Schiavoni.

« J’ai quelque chose à vous demander.Laissez-moi un peu réfléchir. »

Après un assez long temps, elle finit parreprendre le fil de ses idées.

« Allez-vous coucher ce soir dans lachambre ? » dit elle.

Il lui répondit qu’un autre voyageurl’occupait :

« Mais le gérant me l’a réservée pourdemain, si je la désire, ajouta-t-il.

– Non, dit-elle, il ne faut pas laprendre. Il faut la laisser.

– À qui ?

« À moi ! »

Il tressaillit à son tour.

« Après ce que je vous ai dit, vousvoulez réellement coucher dans cette chambre, demainsoir ?

– Il faut que j’y couche.

– N’avez-vous pas peur ?

– J’ai horriblement peur.

– Je le pensais bien, après ce que j’aivu ce soir. Pourquoi donc prendriez-vous la chambre ? Vous n’yêtes pas obligée.

– Je n’étais pas obligée de venir àVenise lorsque j’ai quitté l’Amérique, répondit-elle, et cependantm’y voici. Il faut que je prenne et que je garde cette chambrejusqu’à… » Elle s’arrêta. « Peu importe le reste,dit-elle, cela ne vous intéresse pas. »

Il était inutile de discuter, Francis changeale sujet de la conversation.

« Nous ne pouvons rien décider ce soir,dit-il ; j’irai vous voir demain matin, et vous me direz ladécision que vous aurez prise. »

Ils continuèrent à se diriger vers l’hôtel. Enarrivant, Francis lui demanda si elle était à Venise sous sonpropre nom.

Elle secoua la tête.

« Je suis connue ici comme veuve de votrefrère, on m’y connaît aussi sous le nom de la comtesse Narona. Jeveux être incognito, cette fois à Venise ; je voyagesous un nom anglais fort vulgaire. »

Elle hésita et resta sans parler.

« Que m’est-il donc arrivé ?murmura-t-elle. Je me souviens de certaines choses et j’en oublied’autres. J’ai déjà oublié le nom de l’hôtel Danieli, et voicimaintenant que j’oublie le nom que j’ai pris. »

Elle l’entraîna précipitamment dans la salled’attente où se trouvait une pancarte avec les noms de tous lesvoyageurs. Lentement elle la parcourut avec son doigt, et finit pars’arrêter sur le nom anglais qu’elle avait pris :Mme James.

« Souvenez-vous-en quand vous viendrezdemain, dit-elle. Je me sens la tête lourde. Bonne nuit. »

Francis rentra chez lui tout en se demandantce qu’amèneraient les événements du lendemain. En son absence, sesaffaires avaient pris un nouveau tour. Comme il traversait levestibule, un des domestiques le pria de passer au bureau del’hôtel. Il y trouva le gérant, qui le reçut gravement, comme s’ilavait quelque chose de fort sérieux à lui annoncer.

Il était au regret de savoir queM. Francis Westwick avait, comme les autres membres de lafamille, éprouvé un mystérieux malaise dans le nouvel hôtel. Ilavait été informé confidentiellement de l’odeur extraordinairequ’il avait cru sentir dans la chambre à coucher. Sans avoir laprétention de discuter la chose, il était obligé de prierM. Westwick de vouloir bien l’excuser s’il ne lui réservaitpas la chambre en question, après ce qui s’était passé.

Francis répondit sèchement, un peu froissé duton qu’avait pris le gérant :

« J’aurais peut-être renoncé à coucherdans la chambre, si vous l’aviez conservée pour moi. Désirez-vousque je quitte l’hôtel ? »

Le gérant vit la maladresse qu’il avaitcommise et se hâta de la réparer.

« Certainement non, monsieur ! Nousferons de notre mieux pour vous satisfaire tant que vous resterezavec nous. Je vous demande pardon si j’ai dit quelque chose quivous ait déplu. La réputation d’un établissement comme celui-ci estfort importante et mérite qu’on s’en occupe. Puis-je espérer quevous nous ferez la faveur de ne rien dire de ce qui s’est passé enhaut ? Les deux Français nous ont fort obligeamment promis degarder le silence. »

Ces excuses ne laissèrent à Francis d’autrealternative polie que de céder à la requête du gérant.

« Cela met fin au projet insensé de lacomtesse, pensa-t-il en lui-même, en remontant chez lui. Tant mieuxpour la comtesse ! »

Il se leva tard le lendemain matin. Il demandases amis de Paris ; on lui répondit que tous deux étaient enroute pour Milan. Comme il traversait une salle pour se rendre aurestaurant, il remarqua le chef des garçons qui marquait sur lesbagages les numéros des chambres où on devait les monter. Une mallesurtout attira son attention par la quantité extraordinaire devieux bulletins qui y étaient collés. Le garçon la marquaitjustement alors ; le numéro était 13 bis.

Francis regarda aussitôt la carte attachée surle couvercle. Elle portait un nom anglais :Mme James !

Sur-le-champ, il fit quelques questions surcette dame. Elle était arrivée de bonne heure le matin, et setrouvait en ce moment au salon de lecture. Il alla regarder dans lapièce qu’on lui désignait et y vit une dame seule. Il s’avança unpeu et se trouva face à face avec la comtesse.

Elle était assise dans un endroit sombre, latête baissée et les bras croisés sur sa poitrine.

« Oui, dit-elle avec un ton d’impatiencefébrile, avant que Francis ait eu le temps de parler, j’ai penséqu’il valait mieux ne pas vous attendre. Je me suis décidée à venirici avant que personne n’ait pu prendre la chambre.

– L’avez-vous retenue pourlongtemps ? demanda Francis.

– Vous m’avez dit que miss Lockwoodserait ici dans une semaine. Je l’ai prise pour une semaine.

– Qu’est-ce que miss Lockwood a donc àfaire dans tout cela ?

– Elle a tout à y faire ; il fautqu’elle couche dans la chambre. Je la lui donnerai quand elleviendra. »

Francis commença à comprendre l’idéesuperstitieuse qui la poursuivait.

« Comment vous, une femme instruite,seriez-vous réellement comme la femme de chambre de ma sœur !s’écria-t-il. En supposant que le pressentiment absurde que vousavez soit une chose sérieuse, vous prenez un mauvais moyen de leprouver. Si mon frère, ma sœur et moi n’avons rien vu, comment missAgnès Lockwood découvrira-t-elle ce qui ne nous a pas étérévélé ? C’est une parente éloignée de Lord Montbarry, c’estseulement une cousine.

– Elle était plus près du cœur deMontbarry qu’aucun de vous, répondit la comtesse d’une voix sourde.Jusqu’à son dernier jour, mon misérable mari s’est repenti del’avoir abandonnée. Elle verra ce qu’aucun de vous n’a vu :elle aura la chambre. »

Francis écouta, cherchant en vain à trouver laraison qui avait pu faire prendre à la comtesse une pareillerésolution.

« Je ne vois pas quel intérêt vous avez àtenter cette expérience, dit-il.

– Mon intérêt est de ne pasl’essayer ! Mon intérêt est de fuir Venise, et de ne jamaisrevoir Agnès Lockwood, ni aucune personne de votrefamille !

– Qu’est-ce qui vous empêche de lefaire ? »

Elle sauta debout et le fixa avec un regardsauvage : « Je ne sais pas plus que vous ce qui m’enempêche, s’écria-t-elle. Une volonté plus forte que la mienne mepousse à ma perte, en dépit de moi-même ! »

Elle s’assit soudain et lui fit signe de lamain de s’en aller.

« Laissez-moi, dit-elle ;laissez-moi à mes réflexions. »

Francis la quitta, fermement persuadé qu’elleavait perdu la raison. Pendant le reste de la journée, iln’entendit plus parler d’elle. La nuit se passa tranquillement. Lelendemain matin, il déjeuna de bonne heure, décidé à attendre aurestaurant l’arrivée de la comtesse. Elle entra et commandatranquillement son déjeuner, elle avait l’air sombre et abattu,comme la veille. Il s’approcha d’elle à la hâte et lui demanda s’illui était arrivé quelque chose pendant la nuit.

« Rien, répondit-elle.

– Avez-vous reposé aussi bien qued’habitude ?

– Tout aussi bien. Avez-vous reçu deslettres ce matin ? Savez-vous quand elleviendra ?

– Je n’ai pas reçu de lettres. Allez-vousréellement rester ici ? La nuit n’a-t-elle pas changé larésolution que vous avez prise hier ?

– Pas le moins du monde. »

L’animation qui avait éclairé son visage quandelle le questionnait sur Agnès disparut aussitôt qu’il eut répondu.Maintenant elle regardait, elle parlait, elle mangeait avec unecomplète indifférence, comme une femme qui n’avait plus aucunespoir, aucun intérêt, qui en avait fini avec tout et qui ne vivaitplus que mécaniquement et comme un automate.

Francis sortit pour se rendre où vont tous lesvoyageurs, admirer les tombeaux du Titien et du Tintoret. Aprèsquelques heures d’absence, il trouva une lettre qui l’attendait àl’hôtel. Elle était de son frère Henry et lui recommandait derevenir immédiatement à Milan. Le propriétaire d’un théâtrefrançais, récemment arrivé de Venise, essayait, lui disait-il,d’enlever la fameuse danseuse que Francis avait engagée, et de ladécider à rompre avec lui et à accepter des appointements plusélevés.

Outre cette nouvelle extraordinaire, Henryinformait son frère que lord et lady Montbarry, avec Agnès et lesenfants, arriveraient à Venise dans trois jours. Ils ne savent riende nos aventures à l’hôtel, ajoutait Henry, et ils ont télégraphiéau gérant pour retenir les pièces dont ils ont besoin. Il serait,je crois, absurde de notre part de les prévenir, cela n’auraitd’autre résultat que d’effrayer les femmes et les enfants et de leschasser du meilleur hôtel de Venise. Nous serons cette fois ennombreuse compagnie, trop nombreuse pour des fantômes !J’irai, bien entendu, à leur rencontre et je tenterai encore unefois la chance dans ce que tu appelles si bien l’Hôtelhanté. Arthur Barville et sa femme sont déjà à Trente ;deux parentes de sa femme les accompagnent dans leur voyage àVenise.

Indigné de la conduite de son collègueparisien, Francis fit ses préparatifs pour quitter Venise le jourmême.

En sortant, il demanda au gérant si l’on avaitreçu la dépêche de son frère. Elle était arrivée et, à la grandesurprise de Francis, les chambres étaient déjà retenues.

« Je croyais que vous deviez refuser delaisser entrer ici d’autres membres de la famille, dit-ilironiquement. »

Le gérant répondit avec tout le respectpossible sur le même ton :

« Le numéro 13 bis est réservé,monsieur ; il est occupé par une étrangère. Je suis leserviteur de la Compagnie, et je n’ai pas le droit d’empêcherl’argent d’entrer dans l’hôtel. »

En entendant cela, Francis lui dit au revoir,et partit sans rien ajouter. Il était honteux de se l’avouer àlui-même, mais il avait une curiosité irrésistible de savoir ce quise passerait quand Agnès arriverait à l’hôtel. Il monta dans sagondole, sans avoir répété à personne ce que lui avait ditMme James.

Vers le soir du troisième jour, lord Montbarryet ses compagnons de voyage arrivèrent exacts au rendez-vous.

Mme James, accoudée à lafenêtre de sa chambre, les guettait ; elle vit le nouveau lordsortir le premier de la gondole. Il soutint sa femme jusqu’auxmarches et lui passa ensuite les trois enfants ; Agnès, ladernière de tous, apparut ensuite sous la petite portière noire quifermait la cabine et, s’appuyant sur le bras de lord Montbarry,sauta à son tour sur les marches. Elle n’avait pas de voile. Commeelle se dirigeait vers la porte de l’hôtel, la comtesse, quil’épiait avec sa lorgnette, la vit s’arrêter un instant pourregarder la façade de l’édifice. Agnès était très pâle.

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