Moulins d’autrefois

Chapitre 1

 

Au moulin de La Capelle les choses avaient peuà peu repris leur train accoutumé. Rose Terral était entrée enconvalescence. Pourtant, malgré les soins intelligents de la bonneSœur Saint-Cyprien et la sollicitude si tendre d’Aline, la santé nelui revenait que lentement : les préoccupations de toute sorteretardaient sa complète guérison. À voir l’air de plus en plussoucieux de son mari, elle devinait que ses affaires nes’amélioraient pas ; et, si Cadet amenait un mauvais numéro,faudrait-il le voir partir pour des années, ou s’endetter encorepour lui payer un remplaçant ?

Enfin, et par-dessus tout, la chère femmes’apercevait que sa Linette, malgré les efforts qu’elle faisaitpour paraître vive et gaie comme autrefois, retombait, dès qu’ellene se croyait pas observée, dans une langueur et une tristesseaffreuses, et que des pâleurs ou des rougeurs subites envahissaientson visage allongé et aminci.

Certes, la douleur causée par la révélationbrutale de Pataud, le soir de Noël, suffisait à expliquer l’état dela jeune fille ; pourtant, n’avait-il pas d’autrescauses ?… Et la convalescente, au fur et à mesure que sonintelligence reprenait de la force et sa mémoire de la netteté, sedemandait si elle avait rêvé d’un vœu prononcé par Linou, une nuit,au pied de son lit de malade, ou si la pauvre enfant, sous le coupd’une trahison d’amour et du danger que courait alors sa mère,avait bien réellement pris l’engagement sacré dont les termes mêmelui remontaient à l’esprit… Bah ! Un effet du cauchemar, sansdoute… Sa fille la chérissait bien trop pour avoir songé à laquitter… Et d’ailleurs, pourquoi ne pas l’interroger sur cepoint ? Linou n’avait jamais menti… Oui, mais lui parler d’unserment pareil sans être sûre qu’il eût été prononcé, n’était-cepas s’exposer à troubler davantage ce cœur désemparé et cette âmemeurtrie, déjà trop portée à chercher sa consolation en haut ?En lui demandant si elle s’était engagée, n’était-ce pas luisuggérer l’idée de prendre l’engagement redouté ?… Et lapauvre mère hésitait, ajournait, essayait de se persuader qu’un teldanger ne la menaçait point, et qu’il n’était pas possible que Dieului rendît la santé au prix de son enfant…

De son côté, Linou tremblait à la penséed’être obligée bientôt de tout révéler et de briser tant decœurs : celui de sa mère, celui de son père qui, au fond,l’aimait profondément, malgré ses brusqueries et ses colères, celuide son parrain, celui de son cadet, celui de Jean, enfin, à quielle pardonnait sa trahison, et qui lui était encore infinimentcher. Précipiter l’aveu de sa détermination serait peut-êtreprovoquer chez la convalescente une rechute mortelle. Remettre àplus tard, n’était-ce pas déjà manquer à ses engagements ?N’était-ce pas paraître regretter son sacrifice ? Quellesluttes en perspective et quels déchirements !

Terral, lui, était à mille lieues de penserque sa fille voulait se faire religieuse. Il avait bien,d’ailleurs, d’autres préoccupations ! Le temps qu’il nepassait pas à la forêt pour abattre ou charger hêtres et chênes, aumoulin pour dresser la servante encore novice, à la scierie oùCadet le remplaçait assez bien par son adresse innée, mais avec uneassiduité insuffisante, il l’employait à des voyages à Rodez oudans l’Albigeois, pour placer sa planche, ou à des courses chez lesterriens aisés de La Capelle, de Peyrebrune ou de Saint-Jean,solliciter des délais de ceux à qui il devait de l’argent, ou enemprunter encore pour le dernier payement des coupes achetées àl’État. Très orgueilleux, il souffrait cruellement de toute ladiplomatie qu’il était obligé de déployer, surtout quand ilessuyait quelque refus plus ou moins déguisé. Son caractères’aigrissait de jour en jour ; il rabrouait ses clients peupressés de payer leurs frais de mouture ou de sciage, sa servante,son valet, – et même ses enfants, pour la moindre négligence ou lamoindre observation.

L’oncle Joseph, quoique son aîné, n’était pasà l’abri de ses rebuffades : il lui fallait toute la bontéd’âme dont la nature l’avait doté ; il lui fallait surtouttoute sa tendresse pour sa belle-sœur et pour sa filleule, et toutson attachement à ce moulin où il était né et dont le renom luiétait cher, pour ne pas abandonner à jamais ce frère cadet qui semontrait parfois si cassant et si ingrat. Les jours grandissant etla température devenant plus douce, il eût pu déjà retourner à sesentreprises ; en dix endroits on l’attendait pour restaurer unmoulin et monter une scierie ; mais il ajournait son départ,d’abord pour être tout à fait rassuré sur la santé de Rose ;ensuite pour connaître le résultat du tirage au sort de sonneveu ; enfin et surtout, pour tâcher de raccommoder Alineavec son amoureux.

Dix fois, il essaya d’arracher à sa nièce lapromesse d’oublier les torts de Jean et de devenir sa femme dès quele garçon meunier trouverait à affermer un moulin, c’est-à-direvraisemblablement dans un an ou deux, et que Terral, ayant mariéson cadet, consentirait plus aisément à voir Aline quitter lamaison. Linou répondait toujours de la même manière : elle nepouvait quitter sa mère ; elle pardonnait à Jean mais elle nese marierait jamais ! Le bon parrain s’inquiéta bientôt decette obstination de sa filleule, et se douta bien qu’elle ne luidonnait pas le vrai motif ; et il finit par se dire qu’unprêtre seul, – et pas le premier venu, pas le curé de La Capelle,rude et maladroit, – mais l’abbé Reynès, l’ancien confesseur deLinou, resté l’ami de toute la famille, était capable, à forced’autorité et de douceur, de réussir dans une mission où lui,Joseph, malgré son intelligence et son cœur, avait si complètementéchoué.

Alors, un dimanche de la fin du mois defévrier, par un précoce et tiède soleil, – sous prétexte d’allervoir si les truites mordaient déjà, il prit sa ligne, et descenditle cours de la Durenque. Pêcheur incomparable, il capturait cepoisson si vivace et si défiant dans les ruisseaux et lesruisselets même les plus obstrués de pierres, de racines et debroussailles ; là où les autres pêcheurs perdaient oucassaient les hameçons, les crins, parfois le roseau, lui, d’un œiljuste et d’un mouvement précis du poignet, faisait tomber son appâtà l’endroit voulu, reconnaissait à la moindre résistance laprésence de la truite, la ferrait vivement et, sans accrocher auxbranches des aulnes ou des ronces, l’arrachait frétillante à sonabri et, lui faisant décrire une courbe savante, la jetait surl’herbe du pré, où elle agonisait en cabrioles désordonnées.

Quand il atteignit le barrage du moulin desAnguilles, ne voulant rencontrer ni Pierril ni sa femme, qu’iln’aimait guère, il siffla d’une certaine façon, à deuxreprises ; et il ne tarda pas à voir accourir, le long dubief, Garric, endimanché, et prêt, évidemment, à partir pour LaGarde, où les cloches sonnaient la seconde messe.

Joseph Terral lui expliqua brièvement sonprojet d’aller trouver le curé Reynès, et de le prier de tenter unedémarche auprès d’Aline.

– Lui seul, dit-il, peut obtenir de ma niècequ’elle parle clair ; moi, qui passe cependant pour n’être pastrop sot, j’y ai perdu ce que je pouvais avoir de ruse etd’esprit.

Jean hésita, quoiqu’il eût dans le curé de LaGarde une confiance entière ; mais son grand ami insista, lepersuada, l’entraîna.

Après la messe, ils allèrent ensemble frapperà la porte du presbytère. Naturellement, l’abbé Reynès leur fit leplus cordial, le plus chaleureux accueil. On mangea les truites,frites par Victorine dans de la graisse d’oie et saupoudrées defarine de froment et de persil, et on les arrosa copieusement,l’oncle Joseph n’ayant pas manqué de répéter que le poisson doitnager trois fois : dans l’eau, dans la poêle et dans l’estomacdes convives.

Après quoi, le curé promit de se rendre aumoulin de La Capelle dès qu’il en trouverait le temps et leprétexte. Et il termina l’entretien en disant à Jean :

– Je verrai Linette et, quoique je ne soisplus son confesseur, je crois pouvoir espérer qu’elle m’ouvrira sonâme. Je plaiderai ta cause de mon mieux, avec le grand désir de lagagner… Mais il est bien entendu que, en fin de compte, jerespecterai le sentiment de cette petite, quel qu’il soit, et queje n’essayerai pas de peser sur sa détermination. Je m’efforceraide savoir ; je dirai ce que j’aurai appris ; et c’est làtout ce que je peux pour toi, mon garçon.

Et il fut ainsi convenu…

Le lendemain, c’était le jour du tirage ausort pour le canton de Saint-Jean.

Le matin, le farinel des Anguilles venait delever la vanne de la scierie, quand, malgré le bruit de l’eau surla roue et de la lame dans le bois, il entendit des cris et deschants sur le chemin qui descend de La Capelle par laCroix-des-Perdus. Ayant arrêté le mécanisme un instant, il perçutdes roulements de tambour. Pas de doute : les conscrits de LaCapelle-des-Bois, au lieu de suivre la grand’route pour se rendre àSaint-Jean, avaient préféré prendre par les raccourcis ; ilsallaient donc franchir le ruisseau sur la passerelle desAnguilles.

Effectivement, il les vit déboucher, àquelques cent pas, sur le flanc du coteau. Drapeau en tête, letambour de la commune à la hanche du garde champêtre Ramond, – unancien soldat de Crimée et d’Italie, – ils dévalaient dans untumulte de chants, d’appels et de rires, leurs chapeaux enrubannéset le « pal » de houx noueux à la main. Ils étaient bienune douzaine, cette année-là, et certains se laissaient accompagnerqui d’un père, qui d’un frère, ce qui faisait une petite troupeassez nombreuse et extrêmement bruyante. Ils chantaient, cela vasans dire :

Partons, partons, chers compagnons, Partons, la fleur de lajeunesse…

Ils franchirent la passerelle d’où Pierrilavait fait son plongeon quelques mois auparavant. Plusieurs firentirruption dans la scierie, que Jean avait remise en branle ;et c’était à qui décocherait une plaisanterie au garçon meunier, àqui lui allongerait une tape sur l’épaule, une bourrade dans lescôtes, – en bonne camaraderie, toujours. Il retrouvait là ses amis,ses anciens compagnons d’école ou de catéchisme : deux Lacan,deux Costes, un Lacroze, un Grimal, un Labit, un Vernhes, le cadetTerral, enfin…

– Bonjour, farinel…, bonjour,Pierrillou ! lui criait-on sous le nez… Arrête donc ta« ressègue » et viens remettre ta main dans la toupinenationale !… Qui est-ce qui t’a permis de « tirer ausort » une année avant nous, espèce de Mathusalem !…

Et l’un fermait la vanne, et l’autre,ramassant de la sciure à poignées, la lançait à la figure d’uncompagnon, aveugle et suffoqué à moitié… Enfin, la bande folle,après avoir exaspéré le chien du meunier en imitant ses abois, etson chat en miaulant à la chatière, se mit à escalader le versantde la rive gauche. Plusieurs de ces braves garçons, si rieurs cematin, pleureraient avant le soir, eux ou ceux qui lesaccompagnaient.

Garric remarqua que le jeune Terral n’étaitpas entré dans la scierie pour lui serrer la main, et n’avait pasfait mine de l’apercevoir ; il épousait donc les rancunes deson père ; et ce fut pour Jean une tristesse de plus.

Il regarda un moment la troupe joyeuse gravirle chemin qui mène au plateau d’Estrieysses et de Griac et, àtravers les châtaigneraies, les bosquets de chênes, après d’autrespentes et d’autres montées, à la plaine où le gros bourg deSaint-Jean s’étale à l’aise, avec ses rues droites et presquegéométriquement disposées, mais bordées de maisons inégales,pauvres, sans caractère et sans passé, et que domine une égliseneuve de proportions prétentieuses, d’ailleurs inachevée et sansclocher.

Tout le jour, en s’occupant de la scierie oudu moulin, Garric, conscrit de l’an passé, se représentait lesébats et les émotions de ses amis de la classe nouvelle, par lesrues, à la mairie et dans les auberges et les cafés du chef-lieu decanton. Il les voyait s’approcher un par un, de l’estrade oùM. le Préfet dans son bel habit brodé, entouré des maires ducanton et flanqué de gendarmes à tricorne, présidait distraitementau tirage. À l’appel de leurs noms, ils s’avançaient, le cœurbattant, la gorge serrée, la main tremblante en dépit de leurcrânerie affectée, vers l’urne mystérieuse où dormait leuravenir ; ils y plongeaient le bras, en retiraient un petitpapier roulé qu’ils tendaient à un des personnages officiels,lequel lisait tout haut le chiffre : « N° 10 »,– « n° 100 », – « n° 1 ! »devant le petit conscrit atterré ou ravi et faisant de vainsefforts pour cacher son désespoir ou son allégresse, tandis que,dans la foule des curieux contenue le long des murs, se faisaitentendre, tantôt une exclamation joyeuse, tantôt une plainte,quelquefois un sanglot…

Le soir, Garric guetta vainement le retour deceux de La Capelle ; ils avaient préféré prendre par le grandchemin, afin de suivre ou de précéder – en tout cas, d’éclipser –les conscrits de La Garde ; et aussi pour faire à La Capelleune entrée plus triomphale.

Ils y arrivèrent à la tombée de la nuit,tambourinant toujours et toujours chantant. Depuis plus d’uneheure, des femmes, des enfants, quelques vieux, s’attroupaient surle foirail, près des maisons entre lesquelles débouche la route deSaint-Jean. Déjà, on entendait au loin le sempiternelrefrain : Partons, partons, chers compagnons, monter oudescendre avec les montées et les descentes du chemin. Et lesécoliers s’efforçaient d’y répondre de leurs voix aigrelettes decochets. Puis, les hommes ayant fini leur journée aux champs, dansles étables ou à la boutique, arrivaient aussi aux nouvelles. Qued’impatiences, que de craintes et d’espoirs au cœur des mères, despères, des sœurs, des amoureuses !

Les chants se rapprochaient :

Ce que je regrette en partant,

C’est le tendre cœur de ma maîtresse.

Quelques adolescents couraient en éclaireursau-devant de la troupe joyeuse… Enfin, on les aperçut, le grandLacroze en tête, portant le drapeau, à côté du garde tapant avecrage sur sa peau d’âne détendue.

– Les voilà !… les voilà !…

On se précipitait vers eux.

Mais ils poursuivaient leur marche et leurchanson :

Quand nous serons en pleine mer,

En pleine mer de l’Angleterre…,

enflant et poussant leurs voix enrouées defatigue ou de boisson, auxquelles se joignaient graduellementcelles de quelques conscrits des années précédentes, celles desadolescents, celles des enfants, des femmes et des filles, en unformidable unisson, – un peu discordant et sauvage, certes, mais siimpressionnant.

On leur barra la route. On voulait voir lesnuméros épinglés au chapeau, dans les nœuds de rubans multicolores.Et ce furent de nouveaux cris de joie ou de douleur, desembrassades, des larmes, des gémissements de mères désolées. Maisquoi ! des soldats s’amollir comme des filles ?Non ; en route pour l’auberge Flambart, où l’on a préparé lesouper… Et, de nouveau, éclatait, dans la principale rue duvillage :

Partons, partons, chers compagnons…

La foule suivait, chantant aussi, oucommentant les résultats :

– Ce pauvre Labit, quel malheur : il n’atiré que 12. Que deviendront ses deux vieux ?

– Que deviendra sa petite Sylvie ?

– Et les Lacan ?

– Oh toujours chanceux, ceux-là… L’un a tiré75 et son cousin, 90.

– Et le Cadet du moulin ?

– 55… Ni bon, ni mauvais, ça dépendra…

– Et le grand Lacroze ?

– 4… Il est bon pour la marine.

– Mais il a un frère soldat et qui « l’entirera »…

– Alors, tant pis pour nos poulaillers, pourles truites et pour les lièvres !

– Mais non pas tant pis pour lescabaretiers !

Des têtes paraissaient aux croisées. Lesvitres des auberges flamboyaient. Le curé même, qui, le matin,avait dit la messe pour les conscrits, les attendait sur la placepour les féliciter ou les consoler.

Au moment où la bande allait entrer chezFlambart, le jeune Terral s’esquiva, courut d’une haleine au moulinembrasser les siens, dont un seul, l’oncle Joseph, – qui, dans desoccasions pareilles, ne tenait pas en place, et, à soixante ans,s’en croyait vingt, – était monté à La Capelle, et s’était attabléà l’auberge en attendant les conscrits.

La meunière, toute dolente encore, avait passéla journée au coin du feu à dire son chapelet ; Linou, aprèsavoir assisté à la messe, avait allumé un beau cierge à l’autel deNotre-Dame ; le père Terral, tout en vaquant à sa besogne,avait vécu des heures d’angoisse ; il était assis, maintenant,en face de sa femme, sous la cheminée, tambourinant distraitementsur le dossier de sa chaise… Tous se taisaient. La portes’ouvre :

– Le voilà ! C’est Linou qui se précipiteau cou de son frère.

– Combien ?

– 55 ! Tout ce que j’ai pu !…

– Est-ce bon ? interroge la mère enlarmes.

– Excellent, maman, fait le jeune homme avecassurance. L’an passé, on s’est arrêté à cinquante, et on ira moinsloin, cette fois, car la classe est superbe ! Je suis des pluspetits ; et si, par cas, on atteignait mon numéro, en metassant un brin, je perdrais sous la toise les deux lignes que j’aien trop.

– Dieu t’entende ! conclut la pauvremère.

Terral, sans être complètement rassuré, sedéridait un peu, et se mettait à table, en disant :

– Tu ne soupes pas avec nous, sans doute,Cadet ?

– Impossible, père ; que diraient lescamarades ?

– Tiens, alors…

Et ayant mis la main au gousset, il tendit aujeune homme un écu de cinq francs :

– Voilà pour le café… Amuse-toi, mais ne passepas la nuit… Et ramène ton oncle en rentrant.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer