Palas et Chéri-Bibi – Nouvelles Aventures de Chéri-Bibi – Tome I

XVII – M. de Saynthine

Il y avait quelques jours queM. Hilaire était chez son nouveau patron. Jusqu’alors iln’avait eu qu’à se louer d’une place aussi exceptionnelle. Sesappointements n’étaient pas minces. Quand il s’était présentédevant ce M. de Saynthine, celui-ci l’avait dévisagéassez longuement et avait dit : « Il a l’air d’une bête,mais il doit être bigrement intelligent ! »

Un tel jugement n’était point pourdéplaire absolument à M. Hilaire qui se consolait de lapremière partie de la phrase en se disant : « J’ai l’airque je veux, quand je veux ! »

Ayant fermé la porte du petit bureaudans lequel il l’avait reçu, M. de Saynthine, qui étaitun homme entre les deux âges, fort élégant, avait continué tout enarrangeant sa cravate devant une glace, grâce à laquelle il neperdait aucun geste de M. Hilaire :

« Mon garçon, vous m’êtesrecommandé par un ami de Mlle Nina-Noha qui m’a affirmé quevous étiez d’un tempérament fort dévoué (M. Hilaire salua) etd’une discrétion telle que vous vous refuseriez certainement à mefaire connaître le détail de vos dévouements dans votre dernièreplace ; il paraît que vous y avez rendu des services rares queseuls les événements d’une guerre imprévue ont pu interrompre… Toutceci me convient parfaitement. On m’a assuré que vous ne faisiezrien pour rien et que votre dévouement n’allait jamais à l’encontrede vos intérêts. Je vous donne mille francs par mois. Êtes-voussatisfait ?

– Monsieur, avait réponduflegmatiquement M. Hilaire, ceci me paraît convenable pourcommencer…

– Nous voilà donc d’accord !avait conclu M. de Saynthine, mais il est bien entenduque vous obéissez au doigt et à l’œil, sans jamais une observation,sans jamais essayer de comprendre ce que l’on ne vous explique paset en faisant celui qui ne comprend pas, quand vous avezcompris ; enfin, que vous ne vous étonnerez derien !

– Monsieur ! voilà qui estréglé ! c’est justement une place comme celle-là que jecherchais…

– Eh bien, allez trouverM. Onésime Belon, qui vous parlera du service courant… C’estencore à lui que vous aurez affaire quand il s’agira du serviceexceptionnel. Il faut obéir en tout à M. Onésime Belon comme àmoi-même… »

M. Hilaire n’avait eu égalementqu’à se louer de M. Onésime Belon. En somme, la place n’étaitpas dure… Il avait l’oreille fine et l’œil scrutateur…

Quand il avait une minute à lui, ilallait porter le résultat de ses observations au concierge dudocteur Ross qui n’habitait pas bien loin de là, avenueVictor-Hugo.

Le docteur Ross ne recevait jamais passécinq heures du soir ; aussi, à partir de cette heure, leconcierge pouvait-il fermer sa loge. C’était un singulierconcierge, qui, pour ne pas être dérangé par la sonnette de nuit,allait coucher dans une petite maison de Saint-Jean qu’il avaitlouée sur le bord de l’eau, pas bien loin du cap Ferrat…

… Quelquefois, la Ficelle avait letemps de l’accompagner jusqu’en ces lointains parages…

Un soir qu’ils passaient par leMont-Boron, ils rencontrèrent un certain marchand de tapis qui dutleur adresser quelques propos désagréables, car ils eurent avec luiune assez violente querelle…

La Ficelle en était encore tout animé enquittant son ami, un quart d’heure plus tard, au carrefour de laroute de Villefranche…

« Et d’un !… fit-ilavec un gros soupir…

– Oh ! lui répliqua la voixrude de Chéri-Bibi, celui-là, ça ne comptepas !… »

Auteurs::

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer