La Marquise de Pompadour

Chapitre 14LA BASTILLE

Huit jours après les événements que nous venons de raconter.C’est une belle et radieuse journée. Un dimanche. Les rues de Parissont pleines de promeneurs en habit de fête. La grande ville a cetaspect de gaieté bruyante qu’elle prend à de certains jours où lesoleil, du haut du ciel sans nuages, verse à flots la joie et lavie.

Rue Saint-Antoine, les passants étaient plus nombreux quepartout ailleurs. En effet, la rue Saint-Antoine, c’était la grandeartère qui conduisait à la place Royale. Et la place Royale,aujourd’hui pétrifiée dans le souvenir du passé, silencieuse commeun impassible témoin de l’histoire, la place Royale que les enfants– ces moineaux de Paris – et les moineaux – ces gavroches de lanature – animent seuls de leurs piaillements, la place Royale étaitalors, disons-nous, le rendez-vous à la mode de toute les élégancesparisiennes. Jeunes marquises en falbalas, la main haut gantéeappuyée sur la canne enrubannée ; jeunes seigneurs, letricorne sous le bras, l’épée au côté ; roués et courtisans,femmes galantes et dames du monde y coquetaient à qui mieux, et,suivant le vieux mot français si joli, si expressif, yfleuretaient en minaudant et en faisant mille grâces. (Lemot a été hideusement tronqué et, sous prétexte de nouveauté, on ena fait, de l’anglais : flirter.)

Dans cette foule bariolée, enrubannée, paniers à fleurettes,chapeaux de paille à grands pompons, cheveux poudrés ; dansces groupes qui se saluaient avec cette exquise afféterie, comme onse saluait dans les menuets ; parmi ces promeneuses etpromeneurs qui erraient sous les quinconces de la place Royale, iln’était bruit que de la fête que messieurs de l’Hôtel de Villedevaient offrir au roi.

Et la grande joie, dans ce monde joli, pailleté, léger, c’étaitde pouvoir s’aborder en disant :

– C’est fait ! j’en suis ! j’ai moninvitation !

– Comment, chère marquise, vous n’y serez pas ?

– On dit des merveilles de la décoration…

– On parle d’un ballet où le roi figurera en personne. Celas’appelle le Ballet de la clairière del’Ermitage, et c’est plein de chasseurs, de dianeschasseresses et de nymphes…

– On dit aussi que le ballet s’appellera : La Féede la clairière, ou le Cerf gracié…

Dans la rue Saint-Antoine, les promeneurs, plus serrés que surla place Royale, s’occupaient simplement du pain qui renchérissaitdans des proportions effrayantes, et des dernières levées d’impôtsqui venaient d’être proclamées au tambour.

C’est que, là, c’étaient des gens du peuple qui passaient leurdimanche au bon soleil, ce grand et bon père de l’humanité quiverse à tous, ses clairs regards, pauvres et riches.

Et, comme nous l’avons dit, le soleil était ce jour-là sirayonnant que la gaîté l’emportait encore sur les lourdesinquiétudes du peuple.

Tout à coup, dans cette foule, des cris s’élevèrent.

Un carrosse lancé à fond de train accourait au fond de la rue,se dirigeant vers la Bastille au galop de ses deux chevaux, etmenaçant de renverser quiconque ne se rangeait pas assez vite.

On se bousculait, on s’écartait en toute hâte, des grondementscontenus s’élevaient, mais nul n’osait élever la voix.

Le carrosse passait comme un tonnerre.

Plusieurs personnes, cependant, avaient reconnu le personnagequi avait si peu de souci de la vie des gens.

– C’est ce méchant roué… ce flagorneur du roi…

– Le comte du Barry !…

– Va donc ! hé ! comte de six liards ! criaun gamin.

Et aussitôt la colère qui commençait à gronder, cette colèrequi, une cinquantaine d’années plus tard, devait si terriblementéclater, se fondait en une gaîté railleuse.

– Ohé ! criait l’un. Où court-il donc sivite ?

– Pardi ! Il va à la Bastille !

– Qu’il y reste !…

Bien entendu, on ne s’esclaffait ainsi que lorsque le carrosseétait déjà bien loin…

C’était le comte du Barry, en effet. Et c’était bien à laBastille qu’il se rendait !…

Il était assis dans le fond de sa voiture, sombre et dédaigneuxcomme à son habitude. Devant lui, sur la banquette, se tenaitmodestement un homme vêtu comme un bourgeois qui eût tenu à ne pastrop se faire remarquer.

Cet homme tenait ses yeux baissés, gardait les coudes au corps,rentrait les jambes sous les genoux ; bref, il semblaitprendre à tâche de se faire aussi petit que possible, tandis que duBarry, au contraire, semblait, du haut de son jabot à dentelles,crier au simple piéton :

– Eh bien, oui, c’est moi ! Malheur à qui se trouvesur ma route !…

Le carrosse, toutefois, s’arrêta sans avoir causé d’autreaccident que quelques bousculades et quelques contusions, devant laporte Saint-Antoine.

Les deux hommes mirent pied à terre, et, franchissant lepont-levis, entrèrent dans la haute et noire forteresse quisemblait menacer Paris de ce même air de morgue et d’insolence dontle comte du Barry avait menacé les promeneurs de la rue.

L’officier de garde au poste, reconnaissant un des familiers duroi, se précipita au-devant du comte, le chapeau à la main.

– Faites-moi conduire au gouverneur, dit du Barry.

– Je vais avoir l’honneur de vous conduire moi-même,répondit l’officier avec cette suprême politesse des gens de bonton d’alors, quand toutefois ils avaient ce bon ton !

Du Barry acquiesça d’un signe de tête et se mit à marcherderrière l’officier.

Son silencieux et modeste compagnon l’escortait…

Mais tandis que le comte ne prêtait aucune attention à ce quil’entourait, cet homme ne put réprimer un frisson en pénétrant dansune cour étroite, humide, sans air ni lumière, et en entendant laporte se refermer lourdement derrière lui.

Et si du Barry avait pu pénétrer la pensée de son compagnon,voici ce qu’il eût entendu au fond de cette pensée :

– Diable !… mais c’est une tombe… une triste tombe…que cette forteresse ! Dire que si on savait… si un motmaladroit échappait à ce du Barry… Oh ! je frémis à l’idée queje serais enfermé là pour toujours… à moins qu’une bonne corde aucou…

Il n’acheva pas.

L’aspect intérieur de la Bastille était en effet terrible. Ilrégnait là une atmosphère mortelle ; de hautes muraillesnoires où poussaient des mousses verdâtres, quelques étroitesouvertures dont les épais barreaux semblaient mettre une séparationsuprême contre le monde des vivants et des malheureux qui gémissentdans ces cachots… voilà ce qu’on voyait…

Le pas monotone des sentinelles, le fric-frac sinistre d’unporte-clefs qui passe, le cri de ronde du sergent faisant unetournée… voilà ce qu’on entendait…

L’officier franchit une porte basse et monta un escaliertournant, aux marches de pierre à demi usées comme par des larmes,entre des murs où le salpêtre reluisait par places en brillantscristaux.

Au premier étage, il s’arrêta, donna un mot de passe à unfactionnaire qui montait la garde devant une porte, frappa à cetteporte et parlementa quelques instants avec le valet qui était venuouvrir et qui rentra dans l’intérieur en faisant signed’attendre.

Quelques instants plus tard, le comte du Barry et son compagnonétaient introduits dans un vaste cabinet sévèrement meublé, orné devieilles tentures qui sentaient le moisi, et surtout de redoutablescasiers qui portaient des numéros.

C’était bien là le cabinet d’un geôlier en chef.

Le gouverneur de la Bastille, vieillard au regard vitreux,entra, salua le comte avec une certaine déférence et coula versl’étranger un mince regard qui fit frémir celui auquel ils’adressait.

– Quelles nouvelles, mon cher comte ? demanda legouverneur. Car dans ce trou je ne vois rien, je n’entends rien, jene sais rien… Ah ! vous êtes bien heureux, vous, de vivre à lacour !… Est-ce que mademoiselle de Châteauroux règne toujourssur le cœur de notre bien-aimé souverain ?

Le comte du Barry tressaillit.

L’homme silencieux regarda le gouverneur avec une profondeattention, et murmura :

– Si cet homme-là n’est pas un imbécile, c’est un êtreredoutable… À surveiller !…

– Mlle de Châteauroux est morte, ditle comte du Barry, et si loin que vous viviez de la cour, vous neme ferez pas croire…

– Bah !… dit flegmatiquement le gouverneur.D’honneur !… j’ignorais ! Ah ! elle est morte, cettepauvre Châteauroux !… Le ciel ait son âme !… Le grandFrédéric ne l’appellera plus Cotillon III.

Cette fois, l’homme silencieux se mordit les lèvres et du Barrydevint livide.

– De quel grand Frédéric parlez-vous ?balbutia-t-il.

– Mais… de l’unique, de l’illustre, du triomphateur… del’ami de M. de Voltaire… du roi de Prusse, enfin !…Mais laissons cela, et voyons ce qui me procure le trop rareplaisir de votre visite…

– Simplement ceci, dit le comte en se remettant.

En même temps, il sortait de sa poche un papier timbré du sceauroyal qu’il tendit au gouverneur.

Celui-ci parcourut le papier, jeta un regard de surprise sur lecompagnon de du Barry, et dit :

– Ordre du roi… je m’incline !… Je suis à votredisposition, monsieur…

– Monsieur Jacques, dit vivement du Barry en faisant un peutard la présentation.

L’homme qui s’appelait de ce nom, peut-être un peu trop modeste,se leva, salua profondément et, d’une voix sans accent, une de cesvoix qui semblent couler sans vouloir laisser d’impression, ilprononça :

– Je vous remercie, monsieur le gouverneur… Je m’intéressevivement à ce jeune homme… M. le comte a bien voulu se chargerdes démarches, et…

– Il suffit ! dit le gouverneur. Vous comprenez, celam’est bien égal, à moi ! Du moment que vous m’apportez unordre signé d’Argenson et contresigné Berryer, le reste ne meregarde pas !… Cependant, ce n’était vraiment pas la peine,alors, de me donner l’ordre de tenir ce… jeune homme… au secret leplus rigoureux… Je vais vous faire conduire…

Il appuya sur un timbre. Un valet parut.

– Faites-moi venir le porte-clefs n° 9, dit legouverneur. Quelques minutes plus tard, le porte-clefs indiquéfaisait son apparition dans le cabinet.

– Conduisez monsieur à la cellule du numéro… voyons… quelnuméro, déjà ?…

Le gouverneur se leva, alla aux casiers, chercha un instant,puis, se retournant :

– Au numéro 214.

Comme on voit, ce gouverneur ne voulait connaître le nom ni deses geôliers ni de ses prisonniers. Il avait coutume de dire quelui-même s’appelait le numéro 1. Pas de noms, à la Bastille !Rien que des numéros !…

Le geôlier fit un signe à M. Jacques, lequel, ayant saluéle gouverneur avec toute la gaucherie dont il fut capable, sortitdu cabinet.

– Un bien digne homme, ce M. Jacques ! dit alorsdu Barry en se levant. Mon cher gouverneur, mille remerciementspour votre amabilité…

– Mais pas du tout… puisque vous m’apportiezl’ordre !… Vous n’attendez pas votreM. Jacques ?

– Ma foi, non… j’ai hâte de respirer l’air du dehors…

– Je comprends cela ! fit le gouverneur avec unsoupir.

Du Barry échangea les salutations en usage et se retira.

Quand il fut dehors, il donna l’ordre au postillon de soncarrosse d’attendre où il se trouvait, et, se rapprochant de laplace Royale, entra dans la petite rue du Foin, puis, non sanss’assurer qu’on ne le surveillait pas, pénétra rapidement dans unepetite maison basse de modeste apparence.

Cette maison, c’était celle de M. Jacques !

Celui-ci avait suivi le geôlier, – le porte-clefs n° 9,comme disait le gouverneur. – Le geôlier descendit l’escalier,traversa cette cour étroite et sombre qui avait si vivementimpressionné M. Jacques, longea un humide couloir, monta unescalier où, d’étage en étage, on rencontrait des sentinelles à quiil fallait donner le mot de passe, entra dans un long corridor, ets’arrêta enfin devant une solide porte dont il s’apprêta à tirerles verrous.

À ce moment, M. Jacques le toucha au bras :

– Pardon, mon ami, un mot, s’il vous plaît.

– Dix, si vous voulez !

– Savez-vous comment s’appelle le prisonnier qui estlà ?

– Le 214 ?…

– Oui ! Le 214 !…

– Vous ne savez pas son nom ?

– Je me suis chargé de lui faire une petite commission… onm’a dit son nom… mais j’avoue que je l’ai oublié…

– Eh bien, il s’appelle le chevalier d’Assas !…

 

Au moment où, devant Saint-Germain-l’Auxerrois, le chevalieravait été arrêté, son premier mouvement tout instinctif avait étéde tirer son épée et de se défendre.

Mais tout aussitôt le découragement s’empara de lui.

– À quoi bon être libre, maintenant ! À quoi bonvivre ! Puisqu’elle en épouse un autre ! Puisqu’elle nem’aime pas !… Disparaissons donc du monde desvivants !

Et, sans la moindre résistance, il entra dans le lourd véhiculevers lequel on le poussait et dont on ferma à clef les mantelets.Vingt minutes après cette arrestation qui n’avait causé aucunbruit, aucun scandale, le chevalier d’Assas entrait à la Bastille,suivait les soldats et les geôliers sans savoir où on leconduisait, marchant comme en rêve, et était enfin enfermé à tripleverrou dans la chambre n° 214.

Ce mot « chambre » était officiel, par opposition avecles cachots qui se trouvaient dans les sous-sols. Mais qu’iln’aille pas évoquer l’image de quelque pièce claire et propre, avecson lit, ses meubles…

La chambre 214 n’était ni plus ni moins qu’un cachot un peumoins sombre que les cachots souterrains.

Une étroite couchette en bois, vissée au mur, avec une simplecouverture pour toute literie, un escabeau à trois pieds, uneplanchette supportant un pain, une cruche pleine d’eau, voilà quelétait l’ameublement de cette pièce.

La muraille avait huit pieds d’épaisseur. Une double rangéed’épais barreaux de fer défiait toute tentative d’évasion. L’air etla lumière ne pénétraient là qu’avec parcimonie.

Le premier jour, le chevalier ne prêta aucune attention à cesdétails. Il ne vit ni l’horreur des voûtes qui surplombaient, ni lamoisissure des murs, ni l’épaisseur des barreaux… il ne mangea pas…il se jeta sur l’étroite couchette, ferma les yeux, se croisa lesbras sur la poitrine et se mit à songer à elle !…

Tout son bonheur était là, en effet !

À cet âge de charme et d’illusion, au printemps de la vie,lorsque l’homme à sa vingtième année ouvre ses ailes vers cet abîmede l’existence qui lui paraît tout azur et qui bientôt lui semblerapeut-être bien noir, à l’âge du chevalier, l’amour est la grande,l’unique pensée du cœur et de l’esprit.

Que peuvent être les catastrophes auprès de cette douleur :ne pas être aimé de celle qu’on aime !

Le chevalier d’Assas aimait aussi profondément que s’il eûtconnu depuis des années « l’objet de sa flamme », commeon disait alors dans ce style précieux qui paraît un peu ridicule ànotre époque de chiffres, mais qui, sous sa préciosité même, étaitau fond si juste et si joli…

Il ne connaissait Jeanne que depuis quelques heures, il savait àpeine son nom depuis la matinée même ; et l’image adorée étaitburinée dans son imagination comme une de ces eaux-fortes,ineffaçable, et le nom chéri venait à ses lèvres comme un de ceschants dont on ne peut plus se défaire.

Le chevalier était de ces âmes généreuses qui se donnent unefois dans un grand coup de passion et qui ne se reprennent plus. Unautre se fut dit :

– Puisqu’elle se marie à un autre, puisqu’elle ne m’aimepas, je vais arracher cet amour de mon cœur, faire l’impossiblepour n’y plus penser !

Lui constata simplement que toute sa vie il aimerait la jeunefille en rose de la clairière de l’Ermitage. Il comprit que c’étaitfini, que plus rien au monde n’existait qu’elle dans sa pensée, etque cet amour était inguérissable.

Seulement, il comprit en même temps qu’il en mourrait.

Où ? Quand ? Comment ? Il ne chercha pas à se ledemander.

Il en mourrait, voilà tout !…

Cette première journée de captivité et celle du lendemain sepassèrent donc dans une prostration complète.

Mais si le chevalier était à l’âge des passions absolues, ilétait aussi à l’âge où la vie afflue au cerveau, ardente,impérieuse. De plus, son tempérament combatif devait rapidement lepousser à une sorte de révolte.

Il commença par se dire que puisqu’il ne pouvait vivre sansJeanne, puisqu’il devait mourir, la prison était une mort comme uneautre. La Bastille tuait vite.

Et, au besoin, il aiderait à la prison. Un jour, à la premièreoccasion, il menacerait le gouverneur. Alors on le descendrait dansl’un de ces cachots où l’on récoltait le salpêtre à la pelle, oùl’on devenait poitrinaire en trois mois, tombes affreuses quiabsorbaient des vivants et ne rendaient que des cadavres…

Puis il sentit monter en lui comme une furieuse colère.

Il se dit que cette mort serait indigne de lui…d’elle !

Il voulait mourir, mais au grand jour, en pleine liberté… mourirpeut-être sous ses yeux, à elle !…

Alors, il se mit à tourner comme un fauve dans sa prison,ébranla les barreaux, secoua la porte, se démena, cria, rugit, letout en pure perte…

Et alors aussi se posa dans son esprit cette question à laquelleil n’y avait pas de réponse possible :

– Pourquoi suis-je à la Bastille ? Pourquoi m’a-t-onarrêté ?… Qu’ai-je fait ?…

Il interrogea le geôlier qui lui apportait à manger : et legeôlier lui répondit qu’il lui était défendu de parler auxprisonniers. Il demanda à voir le gouverneur, et il lui fut dit quele gouverneur avait bien autre chose à faire que de se rendre auxappels des pensionnaires de la Bastille.

À mesure que le chevalier se rendait mieux compte de sasituation, à mesure qu’il comprenait qu’il ne sortirait jamais decette affreuse prison, son désir de liberté devenait plusfrénétique.

Il eut des accès de colère furieuse, il eut des crises dedésespoir.

Et il en vint à se dire :

– Qu’elle ne m’aime pas, soit !… Je ne demande pasqu’elle m’aime ! Mais ne plus la voir ! Jamais !Jamais ! Oh ! ceci est atroce !… Je veux la revoir,ne fût-ce qu’une seule fois, ne fût-ce que pour lui dire que jemeure d’amour et que je meure en l’adorant !… Oui, oh !oui, la revoir… à tout prix !…

Alors, il se mit à chercher un moyen d’évasion.

Mais il dut se rendre à l’évidence : à moins d’unprodigieux hasard, il lui fallait compter au moins plusieurs annéesde travail assidu avant de pouvoir réaliser un projet offrant unechance de réussite…

Vivre jusque-là sans la revoir, c’était impossible !…

Dès lors, une mortelle angoisse s’empara de lui. Et comprenantqu’à creuser toujours cette même idée, à se repaître du désespoirde ne plus voir celle qu’il adorait, il allait devenir fou, il pritla résolution de se tuer…

Comme il venait de s’étendre sur sa couchette pour chercher unmoyen de suicide prompt et sûr, la porte de son cachot s’ouvritbrusquement ; un homme qu’il ne connaissait pas entra, etrepoussa derrière lui la porte tandis que le geôlier demeuraitdehors…

Cet homme s’approcha du chevalier qui, hagard, haletant, s’étaitsoulevé sur sa couchette.

Il s’assit sur l’escabeau, sourit mystérieusement, plaça undoigt sur sa bouche pour recommander le silence, et, à voix basse,prononça :

– Je vous apporte des nouvelles de Jeanne !…

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