La Quittance de minuit – Tome II – La Galerie du géant

VII – LE CŒUR DE MORRIS

Lord George se tourna vivement vers la porte,pour voir si le valet qui avait apporté le plateau avait puentendre ce toast accusateur.

– À la santé de vos deux femmes !répéta Mary Wood ; elles sont charmantes toutes les deux,savez-vous ? voulez-vous point me faire raison,milord ?

– Parlez plus bas, de grâce !…commença Montrath.

– Laissez donc ! nous sommes icichez nous, Votre Seigneurie et moi. Qui donc trouverait à redire ànos paroles ? Où est Robert Crackenwell ?

– À Galway, répondit Montrath.

– Ah ! ah ! c’est un coquin quine manque pas d’esprit ; je ne serais pas fâchée de le revoir.À présent que j’ai bu à vos deux femmes, milord…

– Je vous en supplie, plus bas !

– Moi, je vous supplie de me laisserfaire à ma guise ! À présent que j’ai bu à vos deux femmes àla fois, je vais boire à chacune d’elles en particulier. Prenez unverre, milord, et faites-moi raison. À la santé de JessyO’Brien !

Montrath ne cherchait point à dissimuler sonagitation croissante ; il traversa la chambre d’un pas rapide,et ouvrit brusquement la porte principale, afin de jeter un coupd’œil dans la chambre voisine. Il n’y avait personne dans cettechambre.

Montrath, rassuré de ce côté, revint sur sespas et ouvrit de même la porte par où les deux jeunes femmesétaient sorties. Là encore il ne vit personne, mais un léger bruitse fit entendre, et il lui sembla voir remuer la draperie de laportière qui lui faisait face.

Derrière cette draperie il y avaitun corridor qui menait aux appartements de Georgiana. Montraths’élança et jeta le rideau de côté avec violence : le corridorétait silencieux et vide.

– Allons, Montrath, allons ! disaitde loin Mary Wood, voilà qui est agir un peu trop sanscérémonie ; vous me laissez seule pour courir après desfantômes. Je crois bien que je finirai par vous rendre fou. Voyons,revenez avec moi, et trinquons à la santé de notre pauvre JessyO’Brien.

Ce nom parvint jusqu’aux oreilles du lord, quiavait fait deux ou trois pas dans la galerie ; il se retournavivement et revint dans le salon, en ayant soin de fermer toutesles portes derrière lui.

– C’est là un jeu terrible, Mary !dit-il avec cette voix étouffée des gens que tient la peur ;vous pouvez y perdre presque autant que moi !

– Bah ! fit l’ancienne servante enremplissant son verre pour la troisième fois ; je n’ai peur derien, vous savez, Montrath… et puis, pourquoi ne pas boire à lasanté de ceux qui se portent bien ?

– Avez-vous donc des nouvelles ?

– De Jessy ? j’en ai reçuaujourd’hui même.

– Où est-elle ?

– Milord, dit Mary gravement, il ne fautpoint être si curieux. Qu’il vous suffise de savoir qu’elle n’apoint envie de mourir de sitôt, et que, du fond de son tombeau,elle pourra bien nous enterrer tous tant que nous sommes.

– Mais pourquoi me cachez-vous saretraite, Mary ?

– C’est une idée qui me vint tout desuite. La pauvre fille était si douce ! je me dis :Milord pourrait bien quelque jour l’enfermer ailleurs ; alors,moi, je n’aurais plus mon gage. J’aurais beau dire : Milordest bigame, milord est assassin…

– Plus bas ! au nom de Dieu, plusbas !

– Il n’y a là pour nous entendre, milord,dit Mary dont la voix prit pour un instant une mordante amertume,que les vieux portraits de vos ancêtres, et le diable sait si vosancêtres valaient mieux que vous ! Pour en revenir, une foisque vous auriez envoyé mon ancienne maîtresse en France, enAmérique, n’importe où, je crois que je serais mal venue à venirvous demander deux mille livres sterling tous les quinze jours… etj’ai besoin de cela pour vivre, Montrath.

Mary éleva son verre de rhum et regarda lejour au travers.

– Si vous m’aviez épousée, milord,reprit-elle d’un air distrait, c’eût été pour vous un bien bonmariage ! Qu’a pu vous apporter en dot lady Georgiana quelquevingt mille livres de revenu ? Je vous coûte le double. Endevenant mon mari, vous eussiez gagné cent pour cent.

Montrath ne répondait point. Il demeuraitsilencieux et soumis devant les grossières railleries de cettefemme, comme il était resté vaincu en face de ses menaces. Il yavait dans sa posture et dans la piteuse expression de saphysionomie une sorte de comique plaintif. À le voir ainsi battusans pitié, le rire fût venu jusqu’aux lèvres, mais il s’y seraitglacé, parce que, derrière cette situation grotesque, il y avaittout un lugubre drame.

Mary Wood était en goût de parler.

– Cent pour cent et rien àcraindre ! Ma foi, Montrath ! vous devez être auxregrets. Mais je ne suis point jalouse de lady Georgiana,vraiment ! la preuve, c’est que je bois à sa chère santé.Saluez au moins, Montrath, puisque votre verre restevide !

Lord George s’inclina machinalement.

– À quelle heure allez-vous me donner mesmille livres ? demanda mistress Wood.

– Écoutez-moi, Mary, répondit lelord ; vous savez bien que je ne puis pas vous refuser…

– C’est juste. Après ?

– Vous savez bien que j’obéisscrupuleusement à vos moindres caprices…

– Vous faites sagement.Ensuite ?

– Vous devez croire à ma parole, lorsqueje vous affirme que je ne possède pas la somme dont vous avezbesoin.

– Il faut vous la procurer, dit Mary Wooden étouffant un bâillement.

Quand Mary Wood bâillait, c’était signe detempête.

– J’y ferai mes efforts, s’empressa dedire Montrath ; je vous jure que je n’épargnerairien !

– Tout cela m’est égal, interrompitl’ancienne camériste ; ce que je vous demande, c’est l’heure àlaquelle je puis compter sur mes mille livres.

Montrath faisait d’héroïques efforts pour nepoint se jeter sur cette femme et l’étrangler. Son visage,d’ordinaire si froid, disait énergiquement sa colère contenue, etmistress Wood, qui le regardait en face, n’était pas sansdistinguer parfaitement les symptômes de cette rage rentrée.

Mais c’était une femme intrépide : rienn’était capable de l’effrayer.

– Si vous pouviez me tuer, murmura-t-elletranquillement, ce serait là un fameux coup, milord ! Je nesais trop si j’aurais à m’en plaindre, et si le rhum lui-même vautle sommeil qui dure toujours. Ce que je sais bien, c’est que mamort vous laisserait un fier héritage ! Ah ! ah !s’écria-t-elle en changeant de ton tout à coup, vous deviendriez lemaître de vous-même, car Robert Crackenwell vous laisse à peu prèstranquille, à ce que je vois. Vous auriez, comme autrefois, de quoicourir, de quoi parier, de quoi jouer : tout ce qu’ilfaut ! tout ce que je vous prends ! Mais vous ne metuerez jamais, Montrath, parce que votre argent me sert à prendremes précautions. Je fais du bruit ; on me regarde. Je suisconnue comme Fanny Elssler ou comme Grisi. On se dirait :Qu’est-elle devenue ? Et justement je me suis arrangée demanière à laisser derrière moi, çà et là, une douzaine de personnesqui répondraient : Lord George Montrath l’a tuée.

Le lord haussa les épaules d’un aircontraint.

– Qui songe à cette folie ?murmura-t-il.

– C’est moi, quelquefois, Montrath, etvous, très souvent. Ne vous défendez pas ; cela m’estindifférent, et vous ne sauriez croire jusqu’à quel point je suistranquille de ce côté. Mais vous ne m’avez pas dit encore à quelleheure je toucherai mes mille livres.

Lord George fit un geste de dépitdésespéré.

– Je ne les ai pas, murmura-t-il ;je vous dis que je ne les ai pas ! Vous fouilleriez tous lesrecoins du château sans trouver la moitié de cette somme !

– Il faut chercher hors du château,répliqua froidement Mary Wood.

– Mes ressources sont épuisées.

L’ancienne servante frappa du pied avecimpatience.

– Voilà déjà deux fois que vous me faitesde ces difficultés misérables ! dit-elle ; Montrath, jen’aime pas cela ! Puisque vous ne voulez pas fixer le moment,je m’en chargerai moi-même. Il faut quatre heures environ pouraller à Galway et en revenir ; j’attendrai que vous ayezenvoyé mettre en gage les diamants de milady.

Deux gouttes de sueur perlèrent aux tempes delord George, dont le rouge visage devint tout blême, tant futviolent l’effort qu’il fit pour se contenir.

Mary Wood ne parut point y prendre garde.

– À votre santé, Montrath, dit-elle enpoursuivant ses libations. Voilà une affaire entendue. Aujourd’huije dînerai avec vous, et je coucherai probablement au château. Jepuis me permettre cela : j’ai laissé à Galway assez de genspour dormir chez vous sur mes deux oreilles. Les jours suivantsj’irai et je viendrai. Nous agirons ensemble comme de vieux amisqui ne se veulent point gêner. À présent, je ne vous retiensplus ; allez arranger cette bagatelle des diamants, et faitesen sorte que votre messager soit de retour à l’heure dite.

Lord George sortit, la tête basse, sansprononcer une parole.

Mary Wood roula le guéridon qui supportait saprovision de rhum auprès d’un sofa, et s’y étenditpaisiblement.

 

Morris Mac-Diarmid, en quittant la prison deson père, avait pris la route de Kilkerran, qu’il avait déjàtraversée en sens inverse le matin de ce même jour, à la suite del’assemblée des Molly-Maguires dans la galerie du Géant.

Son intention était de rôder autour du châteaude Montrath et d’y pénétrer au besoin, pour s’aboucher avec un desvalets de lord George, qu’il avait connu autrefois fermier dans lepays, et dont il espérait tirer des renseignements sur la fin de lapauvre Jessy.

Tout en cheminant, les événements qui venaientde se passer dans l’enceinte de la prison de Galway, occupaientinvolontairement sa rêverie. Il revoyait la douce figure de cettebelle jeune fille qui s’était jetée au-devant du coutelas de maîtreAllan, le geôlier, pour défendre sa vie, à lui, Morris.

Il ne la connaissait point. Pourquoi cetintérêt qui était assurément plus que de la pitié. Elle avait diten parlant du vieux Miles Mac-Diarmid : Il est innocent, nousle sauverons ! Il eût voulu la remercier.

Mais cette reconnaissance qu’il éprouvait pourelle n’était en rien de l’amour.

Ce n’était point une rivale pour la mémoire dela pauvre Jessy, et le cœur de Morris était tout entier à sonsouvenir. Mais il souriait à l’image évoquée de Frances, dont il nesavait point le nom ; il joignait ses mains sur son durshillelah.

Il était bien loin en ce moment de ceslaborieuses méditations où son patriotisme l’entraînait naguère.Son cœur était trop plein ; les affections intimes enchassaient victorieusement les préoccupations politiques. Son but,si ardemment suivi jusque-là, au milieu d’infatigables labeurs,disparaissait à son regard. La patrie se voilait devant lesaffections de la famille violemment réveillées.

Il ne pouvait penser qu’à son père et à Jessy.Et encore à cette blonde enfant qui lui avait promis le salut deson père.

Il y avait bien longtemps que Morris n’avaitfermé l’œil, et ses jambes fatiguées demandaient du repos ;mais il ne voulait point dormir avant d’avoir éclairé le mystèrequi entourait la fin précoce de Jessy O’Brien. Il voulaitinterroger et savoir.

En sortant de Galway, il entra dans lapremière ferme venue, et y reçut l’indigente hospitalité de lacampagne irlandaise ; quelques pommes de terre apaisèrent safaim ; un verre d’usquebaugh galvanisa sa lassitude. Il repritson chemin le long de la côte. En route il aperçut, lui aussi, lesloop du roi Lew qui gouvernait vers la pointe du Ranach. Mais sapensée était ailleurs ; il franchit les monts de Kilkerran,côtoya les clôtures du grand parc de Montrath, et gagna la routequi passait sous le château, cette même route que l’Héritière avaitsuivie dans les ténèbres pour aller des Mamturks à la galerie duGéant.

De la route au château, il n’y avait qu’unecourte avenue, dont la pente rapide gravissait en ligne droite leflanc de la montagne.

Morris fit quelques pas dans cette direction,puis il s’arrêta, irrésolu. Dans ce château était l’homme qui avaitenlevé autrefois Jessy O’Brien aux doux bonheurs de sa jeunesse,qui l’avait épousée par contrainte, et qui l’avait tuée !

Cet homme, Morris ne voulait point le mettre àmort, mais il allait le rencontrer peut-être et se trouver face àface avec lui.

Morris s’interrogea. Il se demanda si sa mainne se lèverait pas malgré lui, et s’il aurait la force de ne pointfrapper.

La veille il aurait pu répondre de lui-même,mais le retour de Mickey avait réveillé le souvenir de l’injure.Mickey avait parlé d’un crime, et Morris n’avait plus en ce moment,pour combattre l’idée de la vengeance, cette robuste volonté queles événements de la nuit avaient abattue.

Il était homme en ce moment ; il ne sesouvenait que de Jessy assassinée. Il s’arrêta, indécis, entre sacolère et cette voix de la prudence qu’il écoutait depuis silongtemps.

Son œil était sombre et ses sourcils froncés.Son regard se fixait sur le château de Montrath, comme s’il eûtvoulu en renverser les solides murailles. Ses doigts se crispaientautour du bois de son shillelah.

Un instant, la colère l’emporta, et au lieu desuivre l’avenue, il s’élança dans le taillis qui la bordait, ensecouant sa longue chevelure.

Mais quelques secondes après, on aurait pu levoir revenir sur ses pas et reprendre, pensif ; la route quiconduisait à la grève.

Il semblait s’éloigner du château àregret ; il allait, tête baissée, et perdu dans sesréflexions.

Ce fut à ce moment que Frances et ladyGeorgiana le découvrirent au pied des tours de Diarmid. Le sloop duroi Lew arrivait de l’autre côté de la pointe ; Morris nepouvait encore l’apercevoir.

Il ne voyait point non plus les deux dames etle lord contempler la scène du haut de leur immense balcon.

Il marchait toujours, suivant les sinuositésde la grève, vers la base du cap. De but, il n’en avait point, etc’était le hasard qui le conduisait sur cette route.

Car son véritable but était le château deMontrath, et, depuis qu’il l’avait dépassé sans y entrer, sa courseallait à l’aventure.

À l’instant où il s’engageait dans les rochersqui séparaient la grève du galet, le sloop du roi Lew jetaitl’ancre hardiment au milieu des écueils.

L’attention de Morris fut éveillée, et lorsquela chaloupe, tourmentée par le ressac, menaça de sombrer à quelquesbrasses du rivage, Morris s’élança pour porter secours.

Nous savons que les bons matelots du roi Lewn’avaient pas besoin de son aide. Morris, intrigué d’abord parl’extravagant aspect de Mary Wood, était revenu bien vite à sespensées, dont rien n’était capable de le distraire longtemps.

Il n’avait point vu tomber ce pain que MaryWood avait ramassé sur le galet, et, lorsque l’ancienne servante lelui lança en manière d’aumône, il n’y fit qu’une médiocreattention. Il fallut son nom prononcé pour le mettre en éveil, etson nom fut prononcé par ce que Mary Wood, en son accès de joyeusehumeur, lisait à haute voix la première ligne du manuscrit deJessy, ce cri de détresse de la pauvre fille enterréevivante :

« Morris oh ! Morris ! à monsecours !… »

Mac-Diarmid, après s’être emparé du paquet delinge, ne se rendait nul compte de la manière dont ce paquet étaitparvenu entre les mains de la femme inconnue.

– Cela vient de bien loin, lui avait-elledit, avec ce prodigieux esprit de ruse et d’à propos querencontrent parfois les maniaques.

Serré de près, il n’avait pu interrogerdavantage, et il s’était donné tout entier à la défense de sa chèreproie.

C’était l’écriture de Jessy ! en tête ilavait lu son nom, tracé par la main de Jessy !

Dès ce premier moment, un espoir vague luiemplit le cœur. Jessy vivait-elle encore ?

Dès qu’il fut dans la barque, il tira de sonsein sa conquête précieuse et la pressa contre son cœur. Puis il seprit à lire avidement.

Jessy vivait ! Ce qu’il lisait, c’étaitsa plainte ! Elle lui demandait aide et secours. Oùétait-elle ?

– Morris, mon garçon, lui demandèrent lesmatelots, pourquoi diable vous êtes-vous battu avec les laquais decette folle ?

Morris ne répondait point.

– Venez-vous avec nous à Galway ?dirent encore les matelots.

– Non, répliqua Morris.

– Où voulez-vous que nous vousmettions ?

– À terre, le plus près possible duchâteau de Montrath.

– Nous n’avons qu’à retourner sur nospas, dirent les mariniers, mais gare aux laquais de lafolle !

Les rameurs nagèrent de nouveau vers lerivage. Mary Wood et ses laquais avaient dépassé déjà le sommet duRanach ; il n’y avait plus personne pour voir ce qui sepassait sur la plage.

Morris sauta hors de la chaloupe, franchit legalet en quelques bonds et disparut dans la fissure qui servaitd’entrée à la galerie du Géant.

– Jésus ! disaient les matelots duroi Lew en le voyant courir ; voici Mac-Diarmid devenufou !

Mac-Diarmid s’était accroupi derrière leslèvres de la fissure, le dos tourné au jour. – Et il lisait. Soncœur se fendait. De grosses larmes roulaient sur sa joue.

Il y avait en lui une joie qui allait jusqu’audélire et aussi un poignant désespoir.

De temps en temps ses pleursl’aveuglaient : il ne pouvait plus lire.

Alors il joignait ses mains, et son âmes’élevait vers Dieu.

Jessy ! Jessy ! Jessy ! Ilavait ce nom plein le cœur.

Tout son être s’élançait vers la prisoninconnue où Jessy pleurait et se mourait.

– Plus d’autre tâche ! il fallaitsauver Jessy ! Qu’importait la bataille commencée ?

Morris n’avait à donner qu’une vie !Oh ! sa vie ! sa vie ! toute à Jessy !

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