La Quittance de minuit – Tome II – La Galerie du géant

VIII – BEAU RÊVE

La galerie du Géant était silencieuse etsolitaire autant que nous l’avons vue bruyante et remplie, dans lanuit de l’assemblée des Molly-Maguires. Morris était accroupi toutprès de l’entrée, afin d’avoir du jour. Il s’adossait à la paroioblique de l’étroit passage ; sa tête restait tournée versl’intérieur de la caverne.

Il dévorait avidement chaque page dumanuscrit, s’arrêtant parfois pour baiser l’écriture aimée ou pouressuyer ses yeux que les pleurs aveuglaient.

– C’est bien vrai !murmurait-il ; c’est moi ! c’est moi tout seul qui lui aifait ce malheur ! Mon père et mes frères l’auraientsauvée ; mais moi… oh ! que maudit soit monorgueil ! Devais-je croire que Dieu eût permis la chute de cetange ? devais-je me la représenter jamais autrement que pureet sans tache. Je l’ai jetée dans cette tombe où elle m’appelle envain : c’est par moi qu’elle souffre, par moi seul !Oh ! Seigneur Dieu ! écoutez ma prière, et permettez-moide la sauver !

Il tournait la page. Le parfum de résignationqui embaumait chaque ligne du récit de la pauvre fille amollissaitle cœur de Morris. Son âme s’affaissait, énervée par ladouleur ; ce n’était plus ce rude courage bravant tout, etsachant se raidir contre toute plainte qui n’était pas celle del’Irlande.

Le souvenir de la patrie elle-même se voilaitdevant l’image de la jeune fille. Il tressaillait à son crid’agonie. Tout le reste était oublié ; il avait plus rien enlui qui ne fût affection.

Pauvre enfant ! que sa plainte étaitdouce ! comme elle ignorait le reproche et que de bel amour ily avait dans son martyre ! Le nom de Morris était à chaqueligne. Du fond de sa misère, si sa prière s’élevait vers Dieu,c’était pour Morris autant que pour elle ! Et comme ellesouffrait pourtant ! que son agonie était lente etcruelle !

Morris lut le récit de son enlèvement sur lelac Corrib ; il lut avec des tressaillements de colère lerécit de l’orgie dans le château de Montrath.

Puis vint le voyage de Londres. Il vit Jessyderrière une fenêtre, à la villa de Richmond, épiant son arrivée etremerciant Dieu qui lui envoyait le salut.

Hélas ! remerciant Dieu trop tôt !car cette main qui devait la protéger l’avait poussée tout au fondde l’abîme !

– Je l’ai trahie, disait Morris ; jel’ai livrée malgré mon père, malgré mes frères qui savaient l’aimermieux que moi !

La servante saxonne qui semblait placée auprèsde Jessy pour railler sa captivité, mettait du froid dans lesveines de Morris ; ce nom de Mary Wood éveillait, en lui commeun pressentiment sinistre.

Il l’abhorrait d’instinct et il la redoutaitavant même d’avoir lu la partie du récit qui montrait cette MaryWood accompagnant Jessy dans son mystérieux voyage, etl’abandonnant au fond de la prison qui devait lui servir detombeau.

Rien ne lui disait cependant qu’il venait devoir cette Mary Wood, et que les quatre épées qui tout à l’heureavaient menacé ensemble sa poitrine, étaient sorties du fourreausur l’ordre de la servante saxonne.

Dans la prison, Jessy restait seule. LaSaxonne remontait vers le jour, et il se faisait du côté de laporte un bruit qui retentissait jusqu’au fond du cœur deMorris : le bruit des pierres qu’on scellait pour élever unmur et fermer cette tombe ! Cette tombe ! oùétait-elle ? Jessy parlait de Londres. Dans Londres si vaste,où tant de mystères se cachent, comment : la retrouver ?Et puis, elle n’était pas sûre d’être à Londres ; il y avaiten ce long voyage des heures passées on voiture et la mertraversée. C’était le monde, en quelque sorte, qu’il fallaitexplorer. Et pendant cela Jessy attendait ; Jessy mourante,qui l’appelait et qui tâchait d’espérer encore !

Morris reprenait le manuscrit d’une maintremblante ; il y avait bien des pages encore, et peut-êtrecontenaient-elles une indication, un signe qui pût servir depremier jalon à sa recherche.

Il lisait, mais l’ignorance de Jessy restaittoujours la même. Elle était séparée des vivants : qui donceût pu lui dire le lieu de sa retraite ?

Hélas ! hélas ! il y avait des joursque ces lignes étaient tracées ! Jessy, pauvre martyre, que desouffrances depuis lors !

Morris acheva la partie du manuscrit que nousconnaissons sans avoir rien appris de ce qu’il désirait siardemment savoir.

Le manuscrit continuait encore quelques pages,et l’écriture en était visiblement changée ; les caractèresdevenaient mal assurés : la main de Jessy avait tremblé en lestraçant.

 

« Deux semaines se sont écoulées,disait-elle, depuis que je n’ai causé avec vous, Morris. J’étaistrop faible ; la fièvre me retenait clouée sur macouche ; j’aurais bien voulu vous écrire, car cela me soulageet me fait du bien, mais je ne pouvais plus.

« C’est bien long, deux semaines !quinze grands jours ! Il me souvient qu’une fois, au temps oùj’étais heureuse, je fus obligée de garder le lit un mois à laferme de notre père.

« Ô Morris ! quel doux mal que celuiqui attire autour de notre couche tous ceux que nousaimons !

« Nuit et jour il y avait quelqu’unauprès de moi pour s’enquérir de ma souffrance, et m’encourager etme consoler. La noble Héritière s’asseyait au pied de monlit ; elle me servait, moi, pauvre fille, comme si j’eusse étéson égale. Que Dieu la bénisse ! Je n’ai jamais oublié sondigne cœur, et quand je vais aller vers Dieu, je lui parleraid’Ellen. Notre père venait aussi bien souvent. Qu’il est bon,Morris et qu’il y avait pour nous tous de tendresse en sonâme ! Dites-lui que je l’aime et que je pense à luitoujours !

« Aucun de nos frères ne se dispensait devisiter la pauvre malade. Mickey, dont l’amitié ne m’a pointoubliée, j’en suis sûre ; Natty, Sam, Larry, les compagnons demon enfance, si complaisants à mes jeux, si doux à mescaprices ; Dan, notre joyeux Owen, et Jermyn, qui venaitmettre sa blonde tête d’enfant sur mon oreiller, et qui pleurait àme voir souffrir.

« Et vous, Morris, et vous ! Lesautres allaient et venaient ; ils étaient mes amis, vous étiezmon fiancé. Comme vous m’aimiez ! Les veilles avaient pâlivotre noble visage. Vous étiez là, épiant mon désir, interprétantma plainte. Quand je m’endormais, mes yeux, en se fermant, voyaientvotre affectueux sourire ; quand je me réveillais, mon premierregard vous retrouvait souriant et faisant effort pour me cachervotre inquiétude. J’étais bien heureuse au milieu de ma peine, et,lorsque vint la convalescence, j’avais presque regret à meguérir.

« Quelle différence, mon Dieu !entre les jours d’alors et ceux d’aujourd’hui ! Ici la maladieest bien cruelle. Je suis seule, nulle main secourable ne vientadoucir mon mal, nulle voix amie ne console ma souffrance. Leslongues nuits de fièvre m’apportent leurs terreurs. J’entends desbruits qui me glacent, et des voix effrayantes parlent de mortautour de moi, dans les ténèbres.

« Personne ne retournait ma couche,durcie sous le poids de mon corps. Ma lèvre était ardente ; lasoif desséchait mon palais ; il y a loin de mon lit au vasequi contient l’eau que l’on me donne à boire. Je ne pouvais lesaisir…

« Cela vous paraîtra une bien petitesouffrance, au milieu de mon martyre, Morris, mais j’aurais donnéle reste de mes jours pour une goutte de cette eau que je voyais siprès de moi ?

« Ah ! la soif ! quand lafièvre met du feu dans la poitrine ! Il me semblait parfoisque vous alliez venir pour me donner un peu de cette eau. Je vousappelais, je vous disais d’avoir pitié de moi qui mourais de soifet qui étais trop faible pour me traîner jusqu’à cetteeau !… »

La respiration de Morris sifflait dans sapoitrine oppressée. Ce mal affreux que dépeignait la pauvre Jessy,Morris le sentait au décuple. Sa lèvre était aride et sa languedesséchée n’humectait plus son palais en feu.

« Je croyais bien que j’allais mourir,reprenait Jessy, et je priais Dieu de tout mon cœur qu’il vous fîtheureux, Morris, sur la terre et dans le ciel. Je me sentais plusfaible d’heure en heure ; il me semblait que mon esprits’égarait en ce trouble qui précède, dit-on, la dernière heure.

« La vie est pour moi un fardeau bienpesant, mais je n’avais point de joie à sentir la mort s’approcher.Pour mourir heureuse, Morris, il me faudrait vous revoir.

« Vous revoir, ne fût-ce qu’uninstant ! Oh ! que Dieu me prenne après ce bonheur, et jebénirai sa clémence.

« C’était une sorte de sommeil apathique,un engourdissement suprême ; je ne souffrais plus guère ;j’avais oublié jusqu’à ma soif. Je crois que je suis restée lamoitié d’un jour ainsi. Le soir une chaleur courut par mesveines ; mon sang se reprit à couler, brûlant ; la fièvreme ressaisit.

« Mais j’étais si faible ! ce chocsoudain acheva de m’abattre ; mes yeux se fermèrent et jem’endormis.

« Quelle nuit, Morris ! et quelrêve ! Je n’espère plus que Dieu me donne le bonheur ici-bas,mais, quoi qu’il arrive, jamais je n’éprouverai de joie plus grandeni plus complète.

« Mon rêve commença par reproduire latriste réalité.

« J’étais couchée sur mon lit, et mon œilregardait cette eau tant convoitée. Il se fit un bruit dans lapartie de ma prison la plus éloignée de moi ; au même lieu oùj’avais entendu, le jour de mon arrivée, cet autre bruit sourd etsinistre annonçant qu’un mur s’élevait entre moi et la vie.

« C’étaient des sons réguliers et quidevenaient plus forts à chaque instant.

« – On va venir, me disais-je ; lemur qui ferme ma tombe va céder sous ces coups de marteau… et quevais-je faire pour me défendre, moi qui ne puis quitter macouche ?

« Je pensais à lord George Montrath, etje priais la Vierge Marie de m’appeler au ciel, avant que cet hommeparvînt jusqu’a moi. Les coups redoublaient. En même temps une voixse faisait entendre derrière la muraille qui déjà chancelait.

« J’écoutais, tremblante d’espoir, carcette voix, je croyais la reconnaître pour la vôtre. Mais voussavez comme sont les rêves, Morris ; les choses fuient et setransforment au gré de mystérieux caprices. Cette voixchangea : c’était celle de Mary Wood, la servante saxonne.

« Mon cœur se glaça ; je me bouchailes oreilles pour ne plus entendre. J’avais beau faire, j’entendaistoujours et les coups qui retentissaient sur la pierre, et la voixde Mary Wood qui ne cessait de me menacer. Tout à coup, la muraillecéda, et la prison s’emplit d’une vive lumière, qui éblouit mesyeux habitués aux ténèbres. Mary Wood s’élança vers mon lit ;elle avait un couteau à la main et chancelait en marchant, commeune femme ivre.

« Vous étiez derrière elle, Morris, etvous vous hâtiez vers mon lit pour me défendre, mais quelque chosearrêtait vos pas. Vous alliez bien lentement, et le couteau de MaryWood menaçait déjà ma poitrine que vous n’étiez pas encore arrivéau milieu de la chambre.

« Mes yeux ne se fermèrent point devantle couteau levé, et ma main toucha mes lèvres pour vous envoyer unbaiser d’adieu.

« Mary Wood riait et raillait votrelenteur. Au moment où la pointe de son couteau effleurait mapoitrine à la place du cœur, une forme blanche que je n’avais pointaperçue jusqu’alors se mit entre elle et moi.

« C’était une belle jeune fille, ausourire sérieux et recueilli ; son front pur avait unecouronne de cheveux blonds qui retombaient en grappes le long deses joues, et montraient çà et là ces reflets perlés que j’aisouvent admirés chez les femmes de Londres.

« Elle me regardait d’un air où il yavait de la tendresse et de la mélancolie.

« – Je viens vous sauver, me dit-elle,parce qu’il vous aime.

« Mary Wood agitait ses bras et cherchaità m’atteindre, mais la jeune fille lui mit sa main blanche surl’épaule, et la repoussa si loin que je ne la vis plus.

« – Levez-vous, me dit-elle.

« Je me levai, sans garder souvenir de marécente maladie. J’étais forte, et je n’avais plus peur.

« Elle vous dit d’approcher, Morris, etvous obéîtes.

« Elle avait, pris ma main ; vouslui donnâtes la vôtre ; elle les joignit toutes deux en levantson doux regard vers le ciel avec une expression de tristesse.

« J’étais heureuse plus qu’on ne peutl’être sur cette terre ; vous aussi, Morris. J’aurais vouluconsoler ce bon ange, qui semblait souffrir auprès de notrebonheur.

« Mais tout changea, autour de nous. Lajeune fille n’était plus là. Au lieu de ma prison, c’étaient lesmurs amis de la ferme de notre père.

« La table était préparée. Il y avaitdessus, outre les pommes de terre, de la viande comme au saint jourde Noël. C’était une grande fête.

« Notre père Miles occupait la placed’honneur ; à sa droite était la noble Ellen ; j’allai meplacer à sa gauche comme d’habitude. Nos frères s’asseyaient,autour de la table, et tout le reste de la salle était rempli devoisins et d’amis qui parlaient de danse et d’épousailles.

« Le gai soleil de mai entrait par lesfenêtres ouvertes, et il y avait si longtemps que je n’avais vu lesoleil ! J’étais parée comme pour une danse, et sur ma tête ily avait des fleurs.

« Vous aviez, vous aussi, Morris, vosplus beaux habits et des fleurs à votre boutonnière.

« Tout à coup je compris que c’étaitnotre mariage ! Chacun nous souriait et nous souhaitait dubonheur. Des chants partout, de douces causeries, et des présentsd’amis. Seulement, quelque part dans l’ombre, je voyais la figurede cette belle jeune fille qui m’avait sauvé la vie. Elle sevoilait derrière ses longs cheveux blonds dénoués. Elle était bientriste.

« J’aurais voulu la consoler, Morris,mais tant de joie me rendait folle : je ne pouvais songer qu’àvous.

« Hélas ! hélas ! jem’éveillai, Morris ! mes yeux s’ouvrirent ; il n’y avaitplus là ni rayon de soleil, ni sourires, ni fleurs ! Le sombrecrépuscule qui me tient lieu de jour commençait à poindre à traversla meurtrière.

« Je revis les murs noirs de ma prison.Hélas ! nulle main n’avait levé la pierre de ma tombe. Maistant de joie m’avait en quelque sorte ranimée. Je me sentaisrevivre davantage ; j’eus la force de quitter ma couche et deme traîner jusqu’au vase rempli d’eau-. J’y trempai ma lèvre.

« Depuis ce moment ma fièvre s’est calméepeu à peu. Je suis bien faible encore ; mais je puis vousécrire. Que me faut-il de plus ? Je vis pour vous aimer,Morris, et pour espérer de vous revoir.

 

« Je ne croyais pas craindre la mort, monDieu ! mais cette mort qui me menace est si lente et sicruelle !

« Morris, voici deux jours qu’on ne m’apoint jeté mon pain… »

L’œil de Mac-Diarmid s’arrêta, fixe et tendusur cette dernière ligne. Le souffle s’arrêta dans sa fortepoitrine.

Il n’osait plus aller au delà.

– Mon Dieu ! mon Dieu !murmura-t-il en pressant son front à deux mains ; c’est tropsouffrir ! Pitié !

« … Je ne souffre pas encore de la faim,reprenait Jessy, mais je n’ai plus qu’un pain, et ce pain m’estnécessaire pour servir d’enveloppe à ma longue lettre.

« Il est temps de la clore, Dieu veuillequ’elle tombe entre vos mains !

« Je regrette ce pain, car c’est un jourde vie, et qui sait si, durant ce jour, vous ne seriez point venuenfin à mon aide ? Mais ce paquet de linge, tombant au dehorsse perdrait ; l’humidité en effacerait l’écriture. Il y a bienlongtemps que j’ai pensé à creuser un pain pour y introduire cettelettre et la lancer ensuite par la meurtrière, à la garde deDieu.

« À Londres, il y a, dit-on, de la misèrecomme chez nous, et beaucoup de gens qui ont faim. Ils ramasserontce pain, et peut-être son contenu vous parviendra-t-il.

« Je vais attendre quelques heuresencore, puis je vous dirai mon dernier adieu. »

Il y avait au-dessous un espace blanc, etcomme une trace de larme.

Au-dessous encore il y avait :

« Adieu, Morris ! la faim est venue.Si je gardais ce pain plus longtemps, je ne pourrais résister, etje le mangerais.

« Adieu, Morris ! »

 

Mac-Diarmid demeura quelques instants commefrappé de stupeur. Puis il se leva et bondit hors de la fissure. Iltraversa le galet en courant. Des paroles sans suite tombaient deses lèvres, et il faisait des gestes insensés.

C’est que sa tête se perdait, et qu’il sesentait devenir fou.

Combien y avait-il de jours que ces dernièresparoles étaient tracées ?

Au moment où elle écrivait ces lignes, Jessyse mourait, – se mourait de faim ! Était-elle morte ?N’avait-il retrouvé ce semblant d’espoir que pour s’enfoncer plusprofondément en sa détresse ?

– Loin, bien loin ! avait dit lafemme inconnue ; le pain venait de bien loin !Disait-elle vrai ? était-il temps encore de secourir la pauvrevictime ? et s’il en était temps, où aller ? quefaire ?

Morris courait au hasard et sans savoir. Ilavait franchi le galet, les rochers et une partie de la grève.L’idée que cette femme était au château de Montrath traversa sonesprit troublé ; il s’élança vers le château. Mais il s’arrêtabientôt, parce qu’il sentait qu’il était le seul espoir de lapauvre Jessy. Après lui, nulle chance de salut ne restait. Or, auchâteau de Montrath, la retraite devait être moins facile que surla grève, et les épées sauraient bien trouver là le chemin de soncœur.

Il prit sa course vers la ferme des Mamturks,afin de partager son secret avec ses frères.

– Ils l’aiment bien ! se disait-ilen marchant à grands pas. Quand je leur aurai dit ce que je sais,je pourrai risquer ma vie et entrer au château de Montrath, car ily aura derrière moi de bons cœurs pour achever ma tâche.

Il arriva sur le versant de la montagne,harassé de fatigue et baigné de sueur. Le jour avançait ; laporte de la ferme était grande ouverte.

Morris entra. Il appela ses frères. La petitePeggy accourut à sa voix, tremblante et toute pâle.

– Oh ! Mac-Diarmid, dit-elle,n’êtes-vous pas à vous battre ? il n’y a personne ici. Owen etKate sont partis depuis bien longtemps : la pauvre Katepleurait et Owen était bien triste. On est venu chercher Dan etMickey pour aller se battre là-bas dans le bog de Clare-Galway, oùles habits rouges sont en train de tuer les Irlandais. Vous netrouveriez personne de ce côté du lac. Mac-Diarmid, on se batdepuis ce matin. Tout le monde est parti, les hommes et lesfemmes !

Morris demeurait debout et immobile au seuilde la salle commune. Les paroles de l’enfant glissaient comme devains sons sur son oreille fermée. Quand elle eut fini de parler,il promena son regard autour de lui avec égarement.

– Personne ! murmura-t-il. Morte defaim ! morte de faim !

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