Scène II
Alcidon
Bons dieux ! que d’innocence et desimplicité !
Ou, pour la mieux nommer, que destupidité,
Dont le manque de sens se cache et sedéguise
Sous le front spécieux d’une sottefranchise !
Que Célidan est bon ! que j’aime sacandeur !
Et que son peu d’adresse oblige monardeur !
Oh ! qu’il n’est pas de ceux dontl’esprit à la mode
À l’humeur d’un ami jamais ne s’accommode,
Et qui nous font souvent centprotestations,
Et contre les effets ont milleinventions !
Lui, quand il a promis, il meurt qu’iln’effectue,
Et l’attente déjà de me servir le tue.
J’admire cependant par quel secret ressort
Sa fortune et la mienne ont cela derapport,
Que celle qu’un ami nomme ou tient samaîtresse
Est l’objet qui tous deux au fond du cœur nousblesse,
Et qu’ayant comme moi caché sa passion,
Nous n’avons différé que de l’intention,
Puisqu’il met pour autrui son bonheur enarrière,
Et pour moi…