Scène IX
Clarice, Alcidon, Philiste, Chrysante, Célidan,Doris
Clarice, àAlcidon.
Mon abord t’a surpris, tu changes decouleur ;
Tu me croyais sans doute encor dans lemalheur :
Voici qui m’en délivre ; et n’était quePhiliste
À ses nouveaux desseins en ta faveurrésiste,
Cet ami si parfait qu’entre tous tu chéris
T’aurait pour récompense enlevé ta Doris.
Alcidon
Le désordre éclatant qu’on voit sur monvisage
N’est que l’effet trop prompt d’une soudainerage.
Je forcène de voir que sur votre retour
Ce traître assure ainsi ma perte et sonamour.
Perfide ! à mes dépens tu veux donc desmaîtresses,
Et mon honneur perdu te gagne leurscaresses ?
Célidan, àAlcidon.
Quoi ! j’ai su jusqu’ici cacher teslâchetés,
Et tu m’oses couvrir de cesindignités !
Cesse de m’outrager, ou le respect desdames
N’est plus pour contenir celui que tudiffames.
Philiste, àAlcidon.
Cher ami, ne crains rien, et demeureassuré
Que je sais maintenir ce que je t’aijuré :
Pour t’enlever ma sœur, il faut m’arracherl’âme.
Alcidon, àPhiliste.
Non, non, il n’est plus temps de déguiser maflamme.
Il te faut, malgré moi, faire un honteuxaveu
Que si mon cœur brûlait, c’était d’un autrefeu.
Ami, ne cherche plus qui t’a raviClarice :
(Il se montre.)
Voici l’auteur du coup, (Il montreCélidan.)
et voilà le complice.
(À Philiste.)
Adieu. Ce mot lâché, je te suis enhorreur.