L’Amérique mystérieuse – Todd Marvel Détective Milliardaire – Tome II

Quatorzième épisode – LES ÉCUMEURS DESCHAMPS D’OR

CHAPITRE PREMIER – UN BANK-NOTE DE MILLEDOLLARS

Deux voyageurs, à peu près vêtus à la façondes cow-boys, et qui tous deux paraissaient épuisés de fatigue,descendaient lentement les pentes d’une vallée déserte de laCordillère, à une trentaine de milles de Mexico. Leurs vêtementsétaient couverts de poussière, la sueur ruisselait de leurs frontset ils pliaient presque sous le poids de deux sacs de toile remplisd’ustensiles et d’outils.

Tous deux répondaient au type de voyageurs quel’on rencontre dans cette partie du Mexique, où abondent lesprospecteurs, les mineurs sans travail, les aventuriers et lesbandits de toute espèce.

– Un peu de courage, Dadd, dit le plusâgé des deux hommes, qui paraissait avoir une quarantaine d’annéeset dont les façons, en dépit de sa barbe inculte et des loques dontil était vêtu, gardaient une certaine allure de gentleman. Un peude courage ! dans une demi-heure nous serons arrivés !Regarde, tout là-bas au fond de la vallée, on peut déjà distinguerles échafaudages, le « derrick » du puits à pétrole etles hangars de la mine allemande.

– Il est grand temps que nous arrivions,répondit le second voyageur, un maigre adolescent, au nez crochu,au menton de galoche, qui ressemblait à une vieille dame trèslaide, mais dont la physionomie était néanmoins sympathique etmalicieuse.

D’un geste accablé, il remonta une desbretelles qui soutenaient son sac, et continua à suivre en silencele sentier rocailleux.

– Je suis à bout de forces, mon vieuxToby, s’écria tout à coup l’adolescent en se débarrassant de sonsac, qu’il jeta violemment à terre.

« Il est midi et nous marchons depuis lelever du soleil. Te reste-t-il encore quelquesprovisions ?

– Un peu de lard fumé et une galette demaïs, et peut-être au fond de ma gourde, une gorgée d’eau-de-vie decanne.

Sans attendre la réponse de Dadd, Tobys’était, lui aussi, débarrassé de son sac, dont il tira la galettede maïs qui était à la fois gluante et dure, le morceau de lardfumé, à peine plus gros qu’une boîte d’allumettes ordinaire. Ilpartagea fraternellement le tout avec son camarade.

Les deux vagabonds s’étaient installés àl’ombre d’un rocher, sous lequel un peu d’herbe avait poussé, etreposaient leurs membres endoloris.

Ils ne se relevèrent que quand il ne restaplus un seul atome des provisions, plus une seule goutted’eau-de-vie au fond de la gourde.

– Cela va mieux, s’écria Dadd, avec unsourire qui ressemblait à une grimace, mais je crois bien que, sanscette petite collation, j’aurais été tout à fait incapabled’atteindre les établissements de la Deutsche Natrona,dont nous ne sommes plus guère qu’à un demi-mille.

– Heureusement que là, nous allons nousdédommager de nos privations.

– J’en ai la ferme conviction. Où qu’ilse trouve, le docteur Kristian aime à mener une existence trèslarge. De plus, je vais lui apprendre bien des choses qu’il ne serapas fâché de connaître.

– Et tu vas me réconcilier aveclui ?

– C’est promis ! Dépêchons-nousmaintenant, il me tarde d’être arrivé.

– Tu ne parlais pas de cette façon, il ya un instant.

– Maintenant cela va tout à fait bien,puis nous touchons au but de notre voyage, et c’est toujours unechose agréable.

Ils continuèrent d’avancer malgré la chaleur,accablante à cette heure de la journée. Le soleil frappait la terrepresque perpendiculairement, les arbres et les rochers neprojetaient plus aucune ombre ; une vapeur violette ou bleues’élevait des montagnes lointaines comme si, sous cette ardeurdévorante, la terre eût exhalé les dernières traces de l’humiditéqu’elle pouvait renfermer.

– Sale pays ! grommela Toby.

– Il est certain que ce n’est pas aussiopulent que les belles cultures d’orangers qui environnent LosAngeles. Ce pays a pourtant certains avantages ; ici la policen’est pas contrariante, comme dans le Nord.

– Il n’y a pas de bonheur complet en cebas monde, conclut Toby avec une résignation toutephilosophique.

Tout en parlant, ils étaient arrivés en faced’une solide palissade derrière laquelle s’élevaient les bâtimentsde l’exploitation minière.

Dadd tira la corde d’une cloche ; desaboiements se firent entendre de l’intérieur, et un gros hommequ’escortaient deux dogues d’Ulm parut de l’autre côté de labarrière à claire-voie.

Ce personnage, petit et chargé d’embonpoint,était complètement rasé, et il y avait dans l’expression de saphysionomie une certaine bonhomie pédantesque qu’accentuaientencore un menton à triple étage et de vastes lunettes à branchesd’or.

Vêtu de toile écrue, il était coiffé d’unchapeau pointu de forme tyrolienne, orné d’une plume et quisemblait beaucoup trop petit pour le vaste crâne sur lequel ilétait posé comme une toiture sur une chaumière.

– Que voulez-vous ? demanda-t-ild’un ton autoritaire à ses deux minables visiteurs, en employant lalangue espagnole, mais avec un fort accent allemand.

– Je voudrais parler au Señor ingénieur,fit Dadd en se découvrant respectueusement.

– C’est moi l’ingénieur, Ludwig vonHagenbach, docteur de l’université d’Iéna, conseiller privé, pourle moment directeur de la Deutsche Natrona.

Le directeur avait énuméré ses titres avec unecomplaisance et une solennité dont Dadd se garda bien desourire.

– Il y a erreur, fit-il, c’est au HerrDoktor Kristian que je désire parler.

Ces simples paroles amenèrent dans laphysionomie de l’Allemand un changement aussi subitqu’extraordinaire. Sa face rose devint écarlate, ses mains furentagitées d’un tremblement.

– Vous êtes des amis du docteurKristian ? demanda-t-il en se contenant à grand-peine.

– De ses amis intimes, répliqua Dadd ense rengorgeant.

D’écarlate, le docteur était devenu violet, età la grande surprise de Dadd, il s’écria en poussant de véritableshurlements auxquels les dogues firent chorus.

– Voulez-vous fiche le camp, tas debandits ! et plus vite que ça ou je vous fais manger par meschiens ! Ah, vous êtes les complices de cet infâme gredin quia disparu il y a huit jours en emportant trois milliards de marks,qui est en relations avec tous les coquins du pays et qui nous avendu des mines qui n’existaient pas !

Le gros homme était dans un état de fureur quitouchait à l’apoplexie, mais ni Dadd ni Toby ne restèrent là pourvoir si oui ou non il serait foudroyé par une congestion.

Ils détalèrent de toute la vitesse de leursjambes en adressant au Herr Doktor toutes les injures de leurvocabulaire en anglais, en français, en espagnol et surtout danscet argot des malfaiteurs qu’on appelle le « slang ».

Lorsqu’ils furent arrivés à une certainedistance des bâtiments de la Deutsche Natrona, Dadd fit haltebrusquement. Il était exaspéré.

– Tu te figures peut-être, dit-il à soncompagnon, que la chose va se passer comme cela ? Que nousallons continuer à traîner la savate sur les grandes routes – siencore elles étaient bien entretenues ! – Quand ce ne sont pasdes fondrières ce sont d’anciens lits de torrents dont les caillouxaigus vous déchirent les pieds.

– Tu as une idée ?

– Bien sûr ! et mon idée c’est toutd’abord de tirer vengeance de ce gros Allemand qui nous a jetés àla porte avec tant d’arrogance. Je comprends que le docteurKristian lui ait volé sa caisse. Il ne pouvait pas moins faire. Enle faisant, il a joué certainement un rôle providentiel. Saconduite nous indique celle que nous avons à suivre.

– Je pense que tu n’as pas l’idéed’attaquer le Herr Professor dans son camp retranché où il possèdetoutes sortes de moyens de défense, des armes de précision, deschiens féroces…

– Il ne s’agit pas de cela. Nous allonstout simplement attendre qu’il sorte. Il serait bien extraordinairequ’il n’eût pas sur lui une somme suffisante pour nous permettre deregagner Mexico où nous tâcherons de retrouver la piste du docteurKristian. Il faut absolument que nous sachions ce qu’il estdevenu.

Dadd avait une véritable autorité sur Toby.Celui-ci accepta donc de se ranger à son idée et tous deux, enattendant que la grosse chaleur fût un peu tombée, s’installèrent àl’ombre d’un rocher pour faire la sieste.

Ils savaient qu’à cette heure du jour, et parcette chaleur, aucun Européen ne peut sortir, sous peine des’exposer à une insolation, et l’endroit où ils s’étaient installésétait situé en bordure de l’unique sentier qui aboutissait à lafactorerie.

Les deux vagabonds étaient accablés defatigue, aussi leur sieste se prolongea-t-elle beaucoup pluslongtemps qu’ils ne se l’étaient proposé. Le soleil déclinaitderrière les pics déchiquetés de la Cordillère lorsqu’ils seréveillèrent enfin. Ils étaient parfaitement reposés, mais ilsmouraient de faim.

– Où allons-nous ? demanda Toby,dont le sommeil avait embrouillé les idées.

– Tu sais bien, répliqua Dadd que nousattendons Ludwig von Hagenbach.

– Singulière idée que tu as eue là,grommela Toby tourmenté par une faim dévorante, et si ce grosAllemand ne sort de sa forteresse que d’ici huit jours, nousfaudra-t-il mourir d’inanition en attendant son bonplaisir ?

Dadd, qui de même que son compagnon étaittorturé par de cruels tiraillements d’estomac, était de fortméchante humeur.

– Me prends-tu pour un imbécile ?riposta-t-il avec aigreur. Nous occupons le seul sentier par lequelpuissent passer les gens de la factorerie. De toute façon, ilfaudra bien qu’ils sortent.

– Et s’ils ne sortent pas ?

– Tais-toi donc ! Est-ce que tu net’es pas toujours bien trouvé de mes conseils ?

– Cela dépend ! grommela Toby avecun haussement d’épaules.

La discussion menaçait de s’envenimer quanddes aboiements retentirent dans la direction des hangars.

Dadd et Toby se glissèrent précipitammentderrière un rocher.

La barrière venait de s’ouvrir et le professorLudwig von Hagenbach en sortit, pour aller respirer le frais dansla montagne, après sa sieste.

Ce savant personnage voulait sans douteprofiter des dernières heures du jour, pour se livrer à sa passionpour les sciences naturelles, car il était muni de tout un attirailcompliqué. Il portait en bandoulière une longue boîte vertedestinée à recueillir les plantes, un filet à papillons reposaitsur son épaule, sa ceinture était garnie d’un lourd marteau degéologue, qui faisait pendant à un revolver presque aussi grosqu’une mitrailleuse ; enfin sa canne qui renfermaitintérieurement un parasol se terminait par une petite bêche pointuearrondie en forme de cœur qui, suivant le cas, pouvait êtreemployée comme outil d’herborisation ou comme arme défensive. Nousallions oublier une lunette d’approche de gros calibre et unemusette remplie de provisions qui se faisaient équilibre de chaquecôté de sa bedaine.

Le professeur s’avançait gravement, s’arrêtantà chaque instant pour regarder le paysage ou se penchant pourétudier le sol, en homme pour qui une promenade est une occupationsérieuse et bien rétribuée. Il mit presque un quart d’heure àfranchir la courte distance qu’il y avait entre l’établissement,dont il était directeur, et l’endroit où ses deux ennemis s’étaientmis en embuscade.

Il venait d’y parvenir lorsqu’il aperçut àterre une petite plante grasse, à fleur jaune, qui sans doutemanquait à ses collections car il se baissa rapidement pour lacueillir en poussant un cri de joie.

Il n’eut pas le temps de se relever.

Petit Dadd, agile comme un singe, lui avaitsauté sur les épaules, pendant que Toby le gratifiait d’un croc enjambe qui le fit s’étaler tout de son long, le nez sur la plantequ’il s’apprêtait à cueillir.

Embarrassé par l’attirail dont il étaitchargé, le pauvre docteur n’opposa qu’une faible résistance auxdeux gredins.

En un clin d’œil, il se vit dépouillé de sonrevolver-mitrailleuse, de son sac à provisions et de tout ce qu’ilportait. Pour l’empêcher d’appeler au secours, Dadd lui avaitenfoncé dans la bouche un vieux mouchoir de poche horriblementsale. Von Hagenbach était à demi asphyxié, et de plus, il s’étaitcruellement meurtri dans sa chute.

Les deux bandits lui enlevèrent son gilet etson veston dans les poches duquel ils trouvèrent quatre piastresmexicaines, de la menue monnaie, et un portefeuille que Dadd fitdisparaître avec l’agilité d’un prestidigitateur de profession, ense réservant de l’examiner plus tard tout à loisir.

Le docteur fut aussi dépouillé de sa chemise,de ses lunettes à branches d’or qui allèrent rejoindre le filet àpapillons et le marteau géologique.

– J’aime assez l’histoire naturelle, fitDadd qui s’était passé en sautoir la boîte verted’herborisation.

Puis après avoir fait une grimace à savictime, qui se débattait désespérément, tel un veau marin échouésur un banc de sable.

– Est-ce qu’on lui enlève saculotte ? dit gravement Toby.

Le docteur, malgré le bâillon qui l’étouffait,poussa un grognement de désespoir. Il tourna vers Toby des regardssi suppliants que celui-ci qui, au fond, n’avait pas une mauvaisenature, se laissa presque attendrir.

– Bah ! fit-il, laisse-lui saculotte ; comme dit un proverbe français « Il ne faut pastuer tout ce qui est gras ». Puis ce coutil n’a pas l’air detrès bonne qualité, ce doit être un « ersatz », uneespèce de culotte en papier si tu préfères.

Le malheureux docteur ne bougeait plus depuisqu’il avait entendu dire qu’il ne faut pas tuer tout ce qui estgras – lui qui était d’une corpulence énorme – il se demandait s’iln’allait pas être immolé immédiatement.

– Laissons-lui sa culotte, fit Dadd avecbeaucoup de magnanimité. Elle serait beaucoup trop grande pour moi,d’ailleurs. Puis, ce n’est peut-être pas la peine de rester troplongtemps dans ces parages. Attache-moi solidement cet honnêtesavant, nous allons filer.

Toby s’empressa d’exécuter cet ordre ; ilgarrotta solidement le prisonnier et eut même la pensée délicated’arranger le bâillon de façon à ne pas trop le faire souffrir.

Petit Dadd, qui ne se départait pas un instantde son caractère jovial, adressa à sa victime un profond salutavant de l’abandonner à son malheureux sort.

– Au revoir, Herr Doktor, lui dit-il,bien des choses de ma part à l’université d’Iéna. Je vous autoriseà écrire à votre consul à Mexico que vous avez été victime d’uneagression de la part de von Toby et, de von Petit Dadd.

« À part cela, ajouta-t-il d’un tonmenaçant, si jamais vous avez la mauvaise idée de porter plaintecontre nous, je reviens pour vous couper les oreilles.

– Et pour vous enlever votre culotte,ajouta Toby, qui trouvait excellente cette mauvaiseplaisanterie.

– Je vais lui laisser son filet àpapillons, déclara gravement Petit Dadd, je suis trop bon, on m’atoujours dit que c’est cela qui me perdrait.

Après s’être copieusement divertis aux dépensde leur victime, Toby et Petit Dadd la laissèrent assez peuconfortablement installée à l’ombre du rocher.

– Maintenant, déclara Dadd, qui pliaitsous le poids du butin dérobé au docteur, il faut comme disent lesgens de sport, « faire de la vitesse ». Il ne serait pasintéressant du tout que les péons de la factorerie nous tombent surle dos, avec leurs chiens.

– Tu es bon, toi, grommela Toby, moi j’aiune faim atroce.

– Ma foi, tu as raison, on ne va pas bienloin quand on n’a rien dans le ventre. Nous allons donner un coupd’œil aux provisions du Herr Doktor. J’ai toujours entendu dire queles Allemands faisaient un dieu de leur ventre.

– Je souhaite qu’on ait dit vrai.

Petit Dadd ouvrit la musette et en retira avecune mine extasiée une grosse tranche de jambon, des tartinesbeurrées, une paire de saucisses, la moitié d’un petit pain rond etune importante bouteille de kirsch.

Petit Dadd était à la fois émerveillé etstupéfait.

– Parle-moi de ces gens-là, s’écria-t-il,ça c’est épatant ! S’il ne mange que cela pour son lunch,qu’est-ce que ça doit être à son dîner ? J’en ai uneindigestion, rien que d’y songer.

– Tu penses, fit gravement Toby, que cen’est pas en mangeant de la ficelle qu’il a attrapé une bedainepareille.

Avec une rapidité surprenante, le pain, lejambon et les saucisses disparurent. Il en fut de même d’une petiteboîte de harengs de la Baltique que Dadd avait découverte dans lapoche du veston du docteur.

Après ce festin, les deux bandits donnèrentune forte accolade à la bouteille de kirsch.

Ils se sentaient maintenant tout à faitragaillardis, heureux de vivre, ils envisageaient l’avenir avecconfiance et ils n’avaient pas assez de plaisanteries pour semoquer du docteur dont ils venaient d’absorber les provisions debouche.

– Si on retournait chercher le filet àpapillons et la culotte, proposait Toby.

– Vraiment cela m’étonne de toi, répliquaDadd sévèrement, tu n’es pas un gentleman !

« Je vais voir plutôt ce qu’il y a dansson portefeuille.

Toby était devenu silencieux, Dadd exhibad’abord divers passeports ornés de cachets multicolores, un diplômesur parchemin, délivré par la fameuse université d’Iéna et quelquesautres pièces d’identité.

Enfin il tira d’un compartiment secret unbank-note de mille dollars qu’il étala complaisamment aux yeux deToby.

Le bandit le regarda quelque temps avecattention, le froissa et le replia plusieurs fois, en examina lesnuméros, puis tout à coup, il se leva avec un geste de colère.

– Nous allons retourner sur nos pas,dit-il avec emportement, et que le diable m’emporte si je ne coupepas les oreilles au docteur.

– Hein ? fit Dadd abasourdi.

– Dame ! Il n’aurait que ce qu’ilmérite, c’est un abominable filou. Il nous a « refilé »un bank-note faux.

– Tu es sûr ? murmura Daddaccablé.

– Tu penses que je suis compétent dans lamatière. J’en ai fabriqué. Regarde d’un peu près, tu verras que latête de l’aigle n’est pas nette ; le papier est trop épais, etles numéros ne concordent pas.

– Décidément, fit Dadd, avec le plusgrand sérieux, ce boche est un sale voleur.

– Est-ce qu’on retourne lui couper lesoreilles ?

– Eh bien, non ! répondit Dadd aprèsun instant de réflexion. Nous allons gagner au plus vite la stationqui n’est qu’à un mille d’ici.

– Je ne te reconnais plus, mais alors, etle bank-note ?

– Je vais le passer, c’est ce que nousavons de mieux à faire.

– Personne n’en voudra.

– Tu crois ?

– Mais comment t’y prendras-tu ?

– Mon vieux, fit Dadd en clignant del’œil, cela me regarde. Je ne sais pas encore comment je ferai,mais je suis bien sûr d’une chose, c’est que je réussirai. Tout ceque je te demande, c’est de me laisser faire.

– Je sais que tu es un malin, murmuraToby un peu vexé, chacun a ses qualités spéciales…

Dadd n’entendit pas la dernière moitié decette phrase, il avait pris un pas tellement accéléré, qu’il avaitdéjà laissé Toby très en arrière ; celui-ci se hâta de lerejoindre, et après une demi-heure d’une course folle, tous deuxarrivèrent à la station de l’Estanzillo, où ils réussirent à monterdans le train sans autre aventure.

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