L’Amérique mystérieuse – Todd Marvel Détective Milliardaire – Tome II

CHAPITRE III – UN ACCIDENT MORTEL

Le milliardaire en regagnant son auto retrouvaFloridor et le fidèle Auguste qui l’attendaient impatiemment.

– Nous avons été très inquiets pendantvotre absence, expliqua le Canadien, nous avons vu sortir de lamaison où vous veniez d’entrer, une vieille gitane, d’allure trèssuspecte. Après avoir jeté sur nous un coup d’œil méfiant, elle apris sa course à travers le bois et Auguste, qui s’était élancé àsa poursuite, n’a pu la rejoindre.

« En revenant, il a découvert sous unbuisson les haillons de couleur voyante dont était vêtue laprétendue bohémienne.

« Je ne serais nullement surpris que nousayons eu affaire à Dadd lui-même.

– Tu ne t’es pas trompé, répondit ToddMarvel. J’ai reconnu, moi aussi le jeune bandit, qui, précisément,est doué du génie des déguisements, mais il était trop tard pour lerattraper.

– Nous étions très alarmés, dit Auguste àson tour, quand nous avons vu cette hideuse vieille sortir de lamaison où vous vous trouviez. Si votre absence s’était prolongéedix minutes de plus, nous serions entrés pour voir ce que vousétiez devenu.

– Rassurez-vous, il ne m’est rien advenude fâcheux, bien au contraire. J’ai appris beaucoup de chosesintéressantes et je crois que nous ne sommes pas loin de toucher aubut.

Et pendant que l’auto roulait lentement sousles beaux ombrages du bois de Vincennes, le milliardaire mit sesdeux dévoués collaborateurs au courant des révélations qui venaientde lui être faites.

– Gardons-nous l’auto jusqu’àVille-d’Avray ? demanda le Canadien.

– Non, répondit Todd Marvel après unmoment de réflexion. J’ai des raisons pour prendre le métro, commenous l’avons fait en venant. L’auto nous reprendra à la station desTuileries.

Tous trois quittèrent la voiture à la porte deVincennes et prirent place dans un compartiment de première.

À la station de la Nation, ils descendirent,et attendirent le train suivant, afin de dépister les espions,d’après la méthode ingénieuse préconisée par Auguste.

À la Bastille, une foule énorme se précipitadans les compartiments, c’était l’heure de la sortie des atelierset les wagons étaient littéralement pris d’assaut. Des groupesd’hommes, les poings crispés, se suspendaient désespérément endehors des portières aux rampes de cuivre.

– Quelle effroyable cohue ! murmurale milliardaire, je m’étonne, que dans cette foule, si brutalementempilée dans un étroit espace, il ne se produise pas plusd’accidents.

Comme pour donner raison à Todd Marvel, unevéritable bagarre eut lieu dans la voiture de seconde qui précédaitcelle où se trouvaient le milliardaire et ses deux amis.

Quelques voyageurs robustes et brutaux sefaisaient place sauvagement aux dépens des plus faibles. Il y eutdes jurons, de petits cris de femmes et d’enfants, à demi écraséspar la terrible poussée. La mêlée petit à petit était devenuegénérale et les employés étaient complètement impuissants à ramenerle calme.

Le train n’était qu’à peu de distance de lastation de Saint-Paul, quand un effroyable hurlement domina uninstant tous les bruits du tunnel.

Sous la poussée des voyageurs empilés àl’intérieur, un des hommes cramponnés aux barres de cuivre, venaitde lâcher prise et avait roulé sur les rails.

Le malheureux dans la même minute fut broyépar un autre train qui arrivait en sens inverse.

Un cri d’horreur s’échappa des mille poitrinesde la foule des voyageurs, subitement devenus immobiles, figésd’épouvante.

Le convoi entrait en gare.

Pendant que des hommes d’équipe se hâtaientd’emporter sur un brancard recouvert d’une bâche les débrissanglants, et de faire disparaître les traces du terrible accident…Todd Marvel s’était empressé de descendre.

Il avait besoin de respirer le grand air, etde marcher, de dissiper l’atroce sensation qui venait de lui briserles nerfs.

Quelques heures plus tard, en ouvrant unjournal du soir, il eut la surprise de lire l’entrefiletsuivant :

« Un voyageur a été écrasé hieraprès-midi, vers seize heures, entre les stations de la Bastille etSaint-Paul. Bien que le corps fût horriblement mutilé, il a pu êtreidentifié, grâce aux papiers trouvés dans les vêtements et grâceaussi à certains témoignages.

« Le défunt n’est autre qu’un célèbrebandit américain, le fameux docteur Klaus Kristian, dont le nom del’autre côté de l’Atlantique est presque légendaire.

« Auteur de vols audacieux, richedisait-on de dix millions de dollars, plusieurs fois condamné àmort, Klaus Kristian avait toujours réussi à s’évader. Il meurtvictime d’un accident banal au moment où il se disposait sans douteà exercer aux dépens des Parisiens ses criminels talents.

« Klaus Kristian a été formellementreconnu par divers membres de la colonie américaine.

« Nous apprenons en dernière heure, que,d’après certains on-dit, la mort de Klaus Kristian ne serait paspurement accidentelle.

« Affilié à plusieurs sociétés secrètesaméricaines qui lui avaient confié des sommes considérables, ilaurait pris la fuite avec l’argent et c’est en châtiment de cetteindélicatesse qu’il aurait été immolé par quelques affiliés de laMain Rouge ou du Ku Klux Klan.

Après cette lecture, Todd Marvel, demeuralongtemps absorbé dans ses pensées. Une main plus puissante que lasienne s’était chargée de châtier le criminel. Lui disparu, lescomparses auxquels il communiquait la flamme de son génieredevenaient de quelconques malfaiteurs et ne tarderaient pas àtomber dans les mains de la police.

Quelques jours plus tard, le même journal, quiavait raconté dans les termes que nous venons de reproduire,l’horrible fin du bandit, annonçait en bonne place, le trèsprochain mariage du célèbre détective milliardaire Todd Marvel etd’une jeune héritière californienne, Miss Elsie Godescal, aussiopulente que belle.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer