Le Capitaine Hyx – Aventures effroyables de M. Herbert de Renich – Tome I

Chapitre 26LE DOCTEUR A EMBRASSÉ LA BOUTEILLE DE SKYDAM ET DIT UN MOT À LAFIOLE DE COCAÏNE

M’échapper ! M’évader de cette horribleprison « sous-marine ». Prévenir l’abominable drame quise préparait ! Sortir du cauchemar et me mettre en travers desdesseins criminels du monstre qui avait eu l’espérance de meconvaincre et qui avait pu croire un instant y avoirréussi !

… Il était quatre heures du matin ; jem’étais, au sortir de cette audience diabolique, précipité dans machambre ou plutôt dans cette partie de la prison qui m’avait été sigracieusement réservée ; là, je m’étais jeté sur ma couche,mais le sommeil m’avait fui.

Quelques coups discrets furent frappés à maporte… Je demandai : « Qui est là ? » et jereconnus la voix sourde et prudente du docteur qui me priaitd’ouvrir : ce que je fis.

Médéric Eristal paraissait fort inquiet etaffairé. Il referma la porte lui-même, après avoir écouté lesderniers bruits qui venaient du fumoir-bibliothèque où vonBusch-Boulet rouge et von Freemann, la Mort verte, se faisaientcertainement servir l’avant-dernière bouteille de champagne, pourarroser l’avant-dernier bridge.

Il s’assit à mon chevet et me dit, la langueun peu pâteuse (je m’en aperçus tout de suite) :

« Buldeo nous laissera bien tranquilles.Je viens de lui administrer, dans un verre de skydam, unsoporifique transcendant qui nous donnera la paix à tous.Méfiez-vous de Buldeo, entre parenthèses, ajouta-t-il. Du reste,c’est le capitaine lui-même qui m’a chargé de vous dire certaineschoses… mais, n’est-ce pas, il ne m’a pas chargé de vous diretout !… Cet homme – le capitaine – a besoin qu’on l’aime etmérite, du reste, qu’on le serve, malgré lui !… Comprenez-moià demi-mot. C’est pour son bien que nous travaillons tous !…Il ne faut pas le laisser se déshonorer avec cette histoire defemme !…

– Si je vous comprends, interrompis-je, poursavoir exactement si j’avais un intérêt quelconque à continuer laconversation, il s’agirait, n’est-ce pas, de l’empêcher decommettre un crime sur la personne de Mme l’amirale vonTreischke ?

– C’est cela même : vous y êtes !Seulement, il est inutile de se servir de mots inutiles(là-dessus, il porta rapidement à ses lèvres une petite fiole qu’ilremit aussitôt dans sa poche). Je vous demande pardon, j’ai pris cesoir un petit verre de trop de skydam qui m’exalte !… quim’exalte !… et, pour me calmer, je prends un peu de cocaïne…vous permettez ?… Il n’y a rien de tel comme la cocaïne pourcalmer l’irritation du skydam… et, en vérité, ce soir, pour ce quenous avons à nous dire, j’ai besoin de tout mon sang-froid, commevous allez voir !… Je disais donc qu’il fallait lui épargnercette histoire de femme !… C’est l’avis de la señorita Dolorèset de son fiancé Gabriel lui-même, un couple honorable, comme vousavez peut-être déjà pu en juger…

– Oui, oui, certes !

– Et c’est aussi l’avis du premier officier demanœuvre, vous savez, celui que vous appelez le “midship”, à causede sa jeunesse et de sa bonne humeur loyale… vous y êtes ?

– Oui, oui !… Alors le midship en estaussi ?…

– Quoi ! Il en est aussi ?Il est de quoi, aussi ?… Vous avez des expressions qui vouscasseraient bras et jambes ! Il s’agirait d’un complot pourrenverser le trône d’Espagne que vous ne parleriez pasautrement !… Il est de notre avis, voilà tout, et prêt à nousaider honorablement dans cette affaire honorable enquestion !… Mon cher, il ne faut pas confondre “autour avecalentour” !

– Non ! non ! fis-je en toute hâte,dans la crainte de l’avoir contrarié dans un si beau moment. Neconfondons pas !

– N’est-ce pas ?… Vous m’avezcompris ?… J’ai toujours dit que vous étiez un garçonintelligent ! D’abord, procédons par ordre. Le capitaine esttrès heureux de vous avoir à son bord. Il m’a chargé de vous ledire. Une indiscrétion que vous avez commise et qu’il apeut-être provoquée (je vous l’avoue entre nous, car, au pointoù nous en sommes, nous pouvons nous avouer bien des choses) le metdans la cruelle nécessité de vous garder à son bord !… C’estune extrémité qu’il ne vous a pas cachée et qui, si elle ne faitpas votre affaire, fait admirablement la sienne ! Comprenez,mon cher ami, que vous êtes neutre et que, justement, lecapitaine regrettait toujours qu’il n’y eût point sur LeVengeur un neutre capable de noter avec impartialité tout cequ’il pourrait y voir et entendre ! Vous voilà donc toutdésigné, mon cher ami, pour être ce neutre-là !… cemerveilleux, unique historiographe !… Désormais, toutes lesportes, même les plus closes, vous seront ouvertes ! Je suisencore chargé de vous apporter cette excellente nouvelle… Plus demystère pour vous ! même au fond de la cale la plusprofonde ! même dans la chambre des machines !Eh ! vous devez être un peu ingénieur ?… Vous avez,paraît-il, l’autre jour, lancé un coup d’œil extraordinaire sur lesbobines de travail de notre électricité reconstituée.

– Moi ! fis-je… Moi !…

– Oui, oui ! Ceci, paraît-il, n’a paspassé inaperçu de l’ingénieur en chef, le seigneur électricienMabell, qui en a dit un mot au capitaine…

– Ah ! m’écriai-je, je comprendsmaintenant certaines attitudes pendant la visite du bâtiment…

– Eh ! soyez bien persuadé que ceci,maintenant, n’a plus aucune importance, puisqu’ils vousgardent !…

– J’aime mieux mourir ! murmurai-je…

– Eh ! nous n’en sommes pas là !déclara le docteur en reportant d’un geste brusque et rapide lapetite fiole à ses lèvres, puis en la faisant disparaître denouveau dans sa poche… Je viens d’avoir une grande conversationavec la señorita Dolorès qui pourrait modifier quelque peu leprogramme en ce qui vous concerne… Seulement j’attire toute votreattention sur ce point important ! La señorita Dolorès prendtout sur elle !… ceci est bien entendu !… Quel’affaire manque ou réussisse, elle en est la seuleresponsable !… Une femme peut toujours s’expliquer avec unhomme, à moins que cet homme étant le capitaine Hyx, la femme nesoit Mme l’amirale von Treischke !

– Précisons ! demandai-je en merapprochant de lui… Vous avez dit : “Que l’affaire manque ouréussisse”… Je voudrais savoir exactement de quelle affaire ils’agit en ce qui me concerne… »

Il me regarda d’un œil sévère, puis, après lecoup de la fiole de cocaïne, il se décida à prononcer lemot :

« De votre évasion !… »

Et aussitôt il se remit le doigt sur labouche, en hochant la tête. Je lui fis signe que je comprenais etqu’il pouvait compter sur ma discrétion… Alors il me prit les deuxmains et comme je commençais à parler de mareconnaissance :

« Réservez-la pour la señorita Dolorès,avec laquelle vous traiterez de votre évasion demain…

– Si nous en parlions encore un peu cesoir ?

– Non ! non ! demain chez laseñorita !… La señorita a un grand cœur dans un joli petitcorps ! Elle n’admettra jamais que l’amiral vienne ici et s’enretourne tranquillement comme il est venu, avec le seul souvenir dumartyre de sa femme et de celui de quelques camarades !…

– Certes ! voilà une conception deSatan ! m’écriai-je.

– Chut ! chut ! Dieu que vous êtesembêtant avec votre Satan !…

– Bonne Dolorès !…

– Bonne Dolorès ! ricana-t-il d’une façonbizarre… Bonne Dolorès… c’est à savoir !… Il faut en prendreet en laisser !… Sa bonté pour vous et pour Mme l’amiralea été bien servie, veuillez le croire, par l’étrange programme ducapitaine…

– Ah ! vraiment !…

– Comment donc !… Elle en veut aucapitaine de ne point la laisser se venger de l’amiral, comme ellel’avait espéré ! Ah ! vous pouvez croire qu’elle avaitbien espéré se payer sur la bête !… Oui, elle en veut beaucoupau capitaine (surtout depuis qu’elle connaît tout son programme parune indiscrétion de l’Irlandais) de ce qu’il les ait justementretenus captifs, son fiancé et elle, pour qu’ils ne puissent pasatteindre à leur gré l’amiral von Treischke, dont il ne resteraitpas grand-chose, je crois bien, s’ils pouvaient enapprocher !… Euh ! euh !

– Elle a donc eu beaucoup à souffrir del’amiral ? demandai-je.

– Comment ! vous ne connaissez pas encorel’histoire ?… Je croyais que le capitaine vous l’avaitracontée, l’autre jour, au dessert… car c’est une histoire qu’ilaime à raconter au dessert…

– Mais la señorita Dolorès déjeunait avecnous !…

– C’est donc cela !… Il aura jugé inutilede l’irriter davantage contre l’amiral, vu le programme qu’il avaitarrêté !… Sans quoi vous n’y auriez pas échappé !…Ah ! la plus drôle des histoires sous-marines du monde !…et qui a du succès entre la poire et le fromage, je vousassure ! » (Nouveau coup de cocaïne.)

Je me disais : « Mais comment doncboit-il ainsi de la cocaïne à pleine petite bouteille, et commentla petite bouteille n’est-elle pas déjà vide ? » Mais jeconstatais qu’il collait sa langue sur le goulot et qu’il neprenait en somme, chaque fois, qu’une impression de cocaïne…

« La señorita Dolorès, commença-t-il,était la plus jolie marchande de cigarettes de Vigo ; soncoquet magasin avait un joli succès, augmenté encore par le succèsdu bar adjacent, où la mère de Dolorès, qui était presque aussijolie que sa fille, servait dans des verres en tulipe le vin dorédes Espagnes… Suivez-moi bien, mon cher ami, ce ne sera paslong !

– Je vous suis, je vous suis… Certes ! jen’ai pas envie de dormir, je vous assure !…

– Vous connaissez Vigo ?…

– Je ne suis jamais descendu dans la ville,fis-je, mais je m’y suis arrêté en escale quand je prenais àSouthampton les grands steamboats de l’“Union Castle”, qui meconduisaient au Cap. On s’arrêtait là quelques heures en rade.

– Cela vous a suffi pour que vous puissiezjuger maintenant de la valeur stratégique sous-marine de Vigo et deses environs… et de ce qu’une bonne organisation sous-marineallemande, interlope, mystérieuse, sournoise, et ignoréeofficiellement et peut-être aussi réellement des autorités localeset certainement du gouvernement espagnol, a pu et peut encorerendre de services à la flotte sous-marine du kaiser qui guette lesgros paquebots sur les chemins de l’Amérique, et dont les unitésont reçu l’ordre de doubler Gibraltar et d’aller assassiner enMéditerranée…

– Parfaitement…

– Les anfractuosités de la côte aux environs…les criques désertes et quasi inabordables pour tous autresbâtiments que les sous-marins à quelques pas de la frontièreportugaise, pouvaient et peuvent encore constituer de merveilleusesstations de ravitaillement.

– Et sans compter les îles ! fis-je…

– Oh ! les îles, n’en parlons pas !…Les quelques îlots sauvages dont ils auraient pu disposeren toute sécurité au large de la rade, et qui auraient si bien faitleur affaire, n’étaient plus libres. Quelqu’un était passé làavant eux !

– Compris !

– Bien !… Je continue : Vigo n’étaitqu’un point en Espagne dans toute l’organisation du ravitaillementallemand pour sous-marins… Nous pouvons dire que la côte espagnoledevait être organisée de la sorte d’une façon très occulte, ou toutau moins nous pouvons affirmer que les délégués allemands allaienttenter de l’organiser avec cette perfection méticuleuse que nosennemis mettent partout, dans leurs entreprises, surtout quand ils’agit de travailler dans l’ombre !

« Or Vigo était un point aussi importantpour eux sur l’Atlantique que Barcelone sur la Méditerranée… sansparler de Melilla sur la côte marocaine… et peut-être Vigo fut-iljugé le plus important de tous, puisqu’un grand chef, chargé demettre la dernière main à l’organisation du ravitaillementsous-marin, y fut envoyé en grand secret et passa là-bas plusieurssemaines avec tout un état-major occulte, naturellement.

« Le chef – vous l’avez deviné – c’étaitl’amiral von Treischke lui-même ! Et le sous-chef était unjeune lieutenant de vaisseau qui s’appelait Fritz de son petit nomet qui tomba amoureux de la jolie marchande de cigarettes.

« Toute la bande se donnait pour desLimbourgeois qui avaient fui les horreurs de la guerre, et ilshabitaient hors des murs, sur la rade, un vieux châteaunouvellement réparé, où (s’il fallait en croire les beautés facilesde la ville) l’on s’amusait ferme.

« Fritz était donc amoureux de Dolorès.Il se ruinait en cigarettes de luxe ! Von Treischke s’enamusait et accompagnait souvent Fritz au bar où ils avaient tôtfait de vider une bouteille de xérès. Von Treischke, en d’autrestemps, serait certainement tombé, de son côté, amoureux de la mère,qui en valait la peine, mais on dit qu’il aime beaucoup sa femme etqu’il lui est fidèle !… (Est-ce possible !… Le docteur nese doute pas combien ce détail qu’il croit sans intérêt me faitsouffrir.) Von Treischke se contentait donc de regarder et dedonner des conseils. Il trouvait que son second était bien niais dene point hâter les choses suivant son désir, car Dolorès riait àses avances, faisait même la coquette, mais, au fond, se moquaitcarrément de Fritz !

« Elle avait tout de suite deviné qu’elleavait affaire à des Boches et elle ne pouvait les aimer. Elleaimait un Français, un petit Français de Saint-Jean-de-Luz, jolicomme elle, un peu contrebandier en temps de paix, brave matelot deguerre et qui, avec son chalutier, faisait une bien belle etardente chasse aux sous-marins de Sa Majesté… Vous y êtes ?…Dormez pas ? Non ? c’est maintenant que ça va commencer àêtre intéressant !… (cocaïne)…

– Allez ! allez !

– Je vous passe sur des détails amusants quele capitaine n’oublie jamais au dessert et j’arrive au faitpalpitant (cocaïne). Sacré skydam !… Donc le contre-amiralfaisait honte à Fritz de sa patience dans le combat et Fritzrougissait comme une Gretchen devant son premier “fiancé d’essai”,comme on dit dans la Forêt-Noire. C’était un Boche trèssentimental, à la Werther. Ses propos d’amour étaient pleins dedistinction. Au fond, je crois que ce n’était pas un méchantgarçon, mais il avait le von Treischke, que ces manières dedemoiselle finirent par agacer. “Vous déshonorez le corps, luidit-il. Cette fille devrait être déjà à vous !”

« Toutes ces choses furent répétées parla bande du château, après l’horrible affaire et je crois bien quele von Treischke s’en vanta ! C’est ainsi que nous n’ignoronsplus rien de cette singulière histoire.

« Le Fritz lui répondit : “Amiral, àvos ordres ! Je ne demanderais pas mieux.

« – Laisse-moi mener ta chère petitebarque d’amour, grand niais (dumm !). Je t’amènerai lademoiselle, et n’oublie pas que tu es en servicecommandé !”

« Von Treischke avait toujours été trèsconvenable avec les deux femmes. La mère de Dolorès le considéraitcomme un homme sérieux et peut-être même trop sérieux, car, envérité, elle pensait peut-être qu’il aurait pu lui faire un peu lacour, par politesse, pendant que Fritz faisait les yeux doux à safille. Tant est qu’elle accepta sans aucune arrière-penséel’invitation d’aller faire une petite promenade en auto, avec safille, après la fermeture du magasin et du bar, certaine nuitmagnifiquement étoilée.

« Il y avait deux autos, l’une conduitepar Fritz lui-même, l’autre par le chauffeur de von Treischke(celui-ci, entre parenthèses, se faisait appeler là-bas von Kessel,cependant que le jeune seigneur Fritz von Harschfeld était connusous celui de Fritz Schnitze).

« “Pour faire les choses convenablementet sauver la morale”, von Treischke prit la fille avec lui et fitmonter la mère avec Fritz. Ce petit chassé-croisé était encore, maparole, d’une habileté et d’une hypocrisie suprêmes !… Aprèsune promenade charmante dans la campagne sublunaire, ces messieursfirent entrer ces dames dans la cour du château où les domestiquestrès corrects et très dignes, s’avancèrent et annoncèrent que lesouper était servi !… Délicate attention !… Des amis seprésentèrent avec force salutations. Comment les deux pauvresfemmes eussent-elles pu se douter de l’abominable machinationmontée par le von Treischke contre elles ?…

« … Du reste, les choses continuèrent dese passer le plus convenablement du monde, avec beaucoup dechampagne et beaucoup de gaieté. Après quoi, dès le premier mot dela maman sur l’heure tardive, von Treischke se mit à la dispositionpour reconduire ces dames à domicile. Fritz suivit son chef.

« Cette fois, von Treischke était avec lamère et celle-ci vit monter Dolorès dans la voiture de Fritz.

« “Il faut bien accorder cinq minutes auxamoureux”, dit en riant le faux Kessel.

« Et en route !…

« La première arrivée fut la voiture del’amiral, qui déposa la mère de Dolorès à sa porte. La mamans’étonna de ne pas voir apparaître la voiture de Fritz, mais sonjovial et aimable compagnon lui dit : “Je crois qu’ils onttrouvé les cinq minutes d’amoureux très bonnes, mais tropcourtes ! Alors, ils les allongent un petit peu ! Ilsn’auront pas passé par le chemin le plus raccourci ! Mais ilsvont arriver, n’ayez crainte. Je connais Fritz, c’est un granddadais !…

« – Et moi, je connais Dolorès. Vous avezraison, monsieur, je ne crains rien !…

« – Alors, chère madame, permettez-moi devous dire bonsoir !…

« La mère de Dolorès le laissa partir. Necroyez point qu’elle le regrettait. Elle le trouvait changé depuisquelques minutes, trop gai, trop exubérant, avec un rire qui luifaisait peur. Elle mit cela sur le compte du champagne, lequelchampagne avait également tourné un peu la tête à la chère dame.Aussi elle fut heureuse de n’avoir point à recevoir son hôte à uneheure pareille chez elle, même pour cinq minutes, et elles’installa sur une chaise dans le magasin en attendant Dolorès. Là,elle s’endormit.

« Von Treischke, lui, avait repris lechemin du château. Aussitôt arrivé, il alla frapper à la porte deFritz, dans la chambre duquel il savait qu’il retrouverait sonlieutenant et Dolorès, puisque, sur son ordre, le départ de lajeune fille n’avait été qu’un faux départ et qu’elle avait dûsuivre Fritz chez lui, de gré ou de force ! Attention !nous touchons au dénouement ! » me fit remarquer, bieninutilement alors, le docteur, que je me gardais, certes,d’interrompre et que j’écoutais tout à fait normalement.

Il ne s’en arrêta pas moins quelques secondes,me regarda, regarda sa montre, hocha la tête, prit de la cocaïne etme déclara qu’il était fort perplexe, car enfin, puisque lecapitaine ne m’avait point raconté cette histoire qu’il racontait àtout le monde, c’est qu’il avait sans doute de bonnes raisons pourcela !…

« Ah, ça ! mais, protestai-je, trèsénervé, vous n’allez pas me laisser en plan au point où nous ensommes ?

– Au point où nous en sommes,évidemment ! Je n’y pensais plus !… exprima (en hochantla tête) cet homme toujours hésitant ; mais il y a une chose àlaquelle je pense, c’est qu’il est tard et qu’il faut que j’ailleme coucher !… Consolez-vous, la señorita Dolorès vousracontera beaucoup mieux que moi, si elle le juge bon, la fin decette histoire qui ne m’appartient pas !… À chacun sesresponsabilités !… Bonne nuit, mon cher ami !…Dormez bien ! »

Je ne pus le retenir, et, après tout, il fitbien de partir, car j’avais une forte envie de lui dire des chosestout à fait désagréables, ce qu’il ne m’aurait peut-être paspardonné.

Sans compter que j’aurais été coupable dem’offenser des manières d’un homme dont les malheurs domestiquesavaient pu (à tout bien considérer) quelque peu déranger lacervelle…

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