L’Italien – Le Confessionnal des pénitents noirs

Conclusion

Le marquis et son fils prirent, le même jour,congé de leurs amis et repartirent pour Naples où ils arrivèrent lelendemain. Mais ce voyage fut triste pour Vivaldi, car le bonheurde se retrouver en liberté céda à la douleur que lui causa ladéclaration de son père qui, d’après les nouvelles circonstances oùils se trouvaient, ne se croyait plus lié par la parole donnée à lamarquise. L’héritier de son nom, disait-il, devait abandonner Elenas’il demeurait prouvé qu’elle fût la fille d’un scélérat tel queSchedoni. Cependant, dès son arrivée à Naples, Vivaldi, dévoréd’une impatience que rien ne pouvait modérer, courut au couvent dela Pietà.

Elena entendit sa voix à la grille, comme illa demandait à une religieuse qui était au parloir ; etl’instant d’après les deux amants étaient réunis. En se retrouvantainsi après tant d’incertitudes, de tourments et de dangers, leurjoie toucha presque au délire. Après les premiers momentsd’effusion, Vivaldi raconta à sa bien-aimée ses aventures, depuisl’instant où il avait été séparé d’elle dans la chapelle deSaint-Sébastien ; mais, quand il en vint à cette partie de sonrécit où Schedoni figurait, il s’arrêta tout embarrassé. Il n’osaitrévéler à Elena les crimes de Schedoni ; il ne pouvait nonplus supporter l’idée de l’affliger en lui apprenant la mort de cethomme qu’elle croyait être son père. Cependant, comme il fallaitarriver à un éclaircissement sur un sujet qui touchait à ses pluschers intérêts, il se hasarda à lui demander s’il était vrai, commeil l’avait entendu dire, qu’elle eût découvert le secret de sanaissance. À la joie qu’il vit éclater sur le visage d’Elena, ilsentit son embarras s’accroître et, saisi d’une crainte mortelle,il hésitait à poursuivre l’entretien, lorsque sœur Olivia entra auparloir. La jeune fille la présenta à Vivaldi comme sa mère.

Quelques mots suffirent pour mettre le jeunehomme au courant de tout ce qui concernait la famille d’Elena. Ilfut transporté de joie en apprenant qu’elle n’était pas la fille deSchedoni. Sœur Olivia, de son côté, fut heureuse de savoir qu’ellen’avait plus rien à craindre de son plus cruel ennemi. Mais Vivaldieut la délicatesse de lui cacher les circonstances horribles de lamort de ce grand criminel et tous les faits sinistres que le procèsavait révélés.

Resté seul avec sœur Olivia, Vivaldil’entretint de son tendre et constant attachement pour sa fille etla supplia de consentir à leur mariage. Elle lui répondit que, bienqu’elle fût instruite de leur amour mutuel, éprouvé par tant detraverses et de sacrifices, elle ne permettrait pas que sa filleentrât dans une famille qui ne saurait l’apprécier. Les vues deVivaldi sur Elena devaient enfin être exprimées par une démarche dumarquis lui-même. Cette condition n’effrayait plus Vivaldi depuisqu’il avait la preuve qu’Elena était la fille non pas du meurtrierMarinella, du sombre et farouche Schedoni, mais bien du premiercomte de Bruno, seigneur aussi respectable par ses vertus que parsa naissance. Il ne doutait plus que son père, instruit de lavérité, ne fût prêt à remplir l’engagement qu’il avait contracté aulit de mort de sa femme. Cet espoir ne fut pas trompé. Le marquis,éclairé sur la naissance de la jeune fille, cessa de s’opposer auxdésirs de son fils. Il voulut cependant faire constater d’abord quesœur Olivia était bien la comtesse de Bruno qui avait passé pourmorte et, quoique cette vérification ne fût pas sans difficultés,il sut retrouver le médecin qui avait favorisé l’artifice employépar la comtesse pour échapper à la cruauté de son second mari, etdont le témoignage, joint à celui de Béatrice, suffit à dissipertous les doutes. Le marquis se rendit ensuite au couvent de laPietà pour solliciter dans les formes le consentement de sœurOlivia qui l’accorda avec la plus grande joie. Au cours de cetteentrevue, le marquis fut charmé du ton et des manières de lacomtesse et des grâces enjouées de sa future belle-fille.

Le 20 mai, jour où Elena atteignait sadix-huitième année, son mariage avec Vivaldi fut célébré dansl’église de la Pietà.

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