Nouvelles et Contes – Tome I

VIII

Six semaines s’étaient écoulées, et il fautqu’il soit bien difficile à l’homme de se connaître lui-même,puisque Valentin ne savait pas encore laquelle de ses deuxmaîtresses il aimait le mieux. Malgré ses moments de sincérité etles élans de cœur qui l’emportaient près de madame Delaunay, il nepouvait se résoudre à désapprendre le chemin de l’hôtel de laChaussée-d’Antin. Malgré la beauté de madame de Parnes, son esprit,sa grâce et tous les plaisirs qu’il trouvait chez elle, il nepouvait renoncer à la chambrette de la rue du Plat-d’Étain. Lepetit jardin de Valentin voyait tour à tour la veuve et la marquisese promener au bras du jeune homme, et le murmure de la cascadecouvrait de son bruit monotone des serments toujours répétés,toujours trahis avec la même ardeur. Faut-il donc croire quel’inconstance ait ses plaisirs comme l’amour fidèle ? Onentendait quelquefois rouler encore la voiture sans livrée quiemmenait incognito madame de Parnes, quand madame Delaunayparaissait voilée au bout de la rue, s’acheminant d’un pascraintif. Caché derrière sa jalousie, Valentin souriait de cesrencontres, et s’abandonnait sans remords aux dangereux attraits duchangement.

C’est une chose presque infaillible que ceuxqui se familiarisent avec un péril quelconque finissent parl’aimer. Toujours exposé à voir sa double intrigue découverte parun hasard, obligé au rôle difficile d’un homme qui doit mentir sanscesse, sans jamais se trahir, notre étourdi se sentit fier de cetteposition étrange ; après y avoir accoutumé son cœur, il yhabitua sa vanité. Les craintes qui le troublaient d’abord, lesscrupules qui l’arrêtaient, lui devinrent chers ; il donnadeux bagues pareilles à ses deux amies ; il avait obtenu demadame Delaunay qu’elle portât une légère chaîne d’or qu’il avaitchoisie, au lieu de son collier de chrysocale. Il lui parutplaisant de faire mettre ce collier à la marquise ; il réussità l’en affubler un jour qu’elle allait au bal, et c’est, à coupsûr, la plus grande preuve d’amour qu’elle lui ait donnée.

Madame Delaunay, trompée par l’amour, nepouvait croire à l’inconstance de Valentin. Il y avait de certainsjours où la vérité lui apparaissait tout à coup claire etirrécusable. Elle éclatait alors en reproches, elle fondait enlarmes, elle voulait mourir ; un mot de son amant l’abusait denouveau, un serrement de main la consolait ; elle rentraitchez elle heureuse et tranquille. Madame de Parnes, trompée parl’orgueil, ne cherchait à rien découvrir et n’essayait de riensavoir. Elle se disait : c’est quelque ancienne maîtressequ’il n’a pas le courage de quitter. Elle ne daignait pass’abaisser à demander un sacrifice. L’amour lui semblait unpasse-temps, la jalousie un ridicule ; elle croyait d’ailleurssa beauté un talisman auquel rien ne pouvait résister.

Si vous vous souvenez, madame, du caractère denotre héros, tel que j’ai tâché de vous le peindre à la premièrepage de ce conte, vous comprendrez et vous excuserez peut-être saconduite, malgré ce qu’elle a de justement blâmable. Le doubleamour qu’il ressentait ou croyait ressentir, était pour ainsi direl’image de sa vie entière. Ayant toujours cherché les extrêmes,goûtant les jouissances du pauvre et celles du riche en même temps,il trouvait près de ces deux femmes le contraste qui lui plaisait,et il était réellement riche et pauvre dans la même journée. Si, desept à huit heures, au soleil couchant, deux beaux chevaux grisentraient au petit trot dans l’avenue des Champs-Élysées, traînantdoucement derrière eux un coupé tendu de soie comme un boudoir,vous eussiez pu voir au fond de la voiture une fraîche et coquettefigure cachée sous une grande capote, et souriant à un jeune hommenonchalamment étendu près d’elle : c’étaient Valentin etmadame de Parnes qui prenaient l’air après dîner. Si le matin, aulever du soleil, le hasard vous avait menée près du joli bois deRomainville, vous eussiez pu y rencontrer sous le vert bosquetd’une guinguette deux amoureux se parlant à voix basse, ou lisantensemble La Fontaine : c’étaient Valentin et Madame Delaunayqui venaient de marcher dans la rosée. Étiez-vous ce soir d’ungrand bal à l’ambassade d’Autriche ? Avez-vous vu au milieud’un cercle brillant de jeunes femmes une beauté plus fière, pluscourtisée, plus dédaigneuse que toutes les autres ? Cette têtecharmante, coiffée d’un turban doré, qui se balance avec grâcecomme une rose bercée par le zéphyr, c’est la jeune marquise que lafoule admire, que le triomphe embellit, et qui pourtant semblerêver. Non loin de là, appuyé contre une colonne, Valentin laregarde : personne ne connaît leur secret, personnen’interprète ce coup d’œil, et ne devine la joie de l’amant.L’éclat des lustres, le bruit de la musique, les murmures de lafoule, le parfum des fleurs, tout le pénètre, le transporte, etl’image radieuse de sa belle maîtresse enivre ses yeux éblouis. Ildoute presque lui-même de son bonheur, et qu’un si rare trésor luiappartienne ; il entend les hommes dire autour de lui :Quel éclat ! quel sourire ! quelle femme ! et il serépète tout bas ces paroles. L’heure du souper arrive ; unjeune officier rougit de plaisir en présentant sa main à lamarquise ; on l’entoure, on la suit, chacun veut s’enapprocher et brigue la faveur d’un mot tombé de ses lèvres ;c’est alors qu’elle passe près de Valentin et lui dit àl’oreille : À demain. Que de jouissance dans un motpareil ! Demain cependant, à la nuit tombante, le jeune hommemonte à tâtons un escalier sans lumière ; il arrive àgrand’peine au troisième étage, et frappe doucement à une petiteporte ; elle s’est ouverte, il entre ; madame Delaunay,devant sa table, travaillait seule en l’attendant ; ils’assoit près d’elle ; elle le regarde, lui prend la main etlui dit qu’elle le remercie de l’aimer encore. Une seule lampeéclaire faiblement la modeste chambrette, mais sous cette lampe estun visage ami, tranquille et bienveillant ; il n’y a plus làni témoins empressés, ni admiration, ni triomphe. Mais Valentinfait plus que de ne pas regretter le monde, il l’oublie : lavieille mère arrive, s’assoit dans sa bergère, et il faut écouterjusqu’à dix heures les histoires du temps passé, caresser le petitchien qui gronde, rallumer la lampe qui s’éteint. Quelquefois c’estun roman nouveau qu’il faut avoir le courage de lire ;Valentin laisse tomber le livre pour effleurer en le ramassant lepetit pied de sa maîtresse ; quelquefois c’est un piquet àdeux sous la fiche qu’il faut faire avec la bonne dame, et avoirsoin de n’avoir pas trop beau jeu. En sortant de là, le jeune hommerevient à pied ; il a soupé hier avec du vin de Champagne, enfredonnant une contredanse ; il soupe ce soir avec une tassede lait, en faisant quelques vers pour son amie. Pendant cetemps-là, la marquise est furieuse qu’on lui ait manqué deparole ; un grand laquais poudré apporte un billet plein detendres reproches et sentant le musc ; le billet estdécacheté, la fenêtre ouverte, le temps est beau, madame de Parnesva venir : voilà notre étourdi grand seigneur. Ainsi, toujoursdifférent de lui-même, il trouvait moyen d’être vrai en n’étantjamais sincère, et l’amant de la marquise n’était pas celui de laveuve.

– Et pourquoi choisir ? me disait-ilun jour qu’en nous promenant il essayait de se justifier. Pourquoicette nécessité d’aimer d’une manière exclusive ? Blâmerait-onun homme de mon âge d’être amoureux de madame de Parnes ?N’est-elle pas admirée, enviée ? ne vante-t-on pas son espritet ses charmes ? La raison même se passionne pour elle. D’uneautre part, quel reproche ferait-on à celui que la bonté, latendresse, la candeur de madame Delaunay auraient touché ?N’est-elle pas digne de faire la joie et le bonheur d’unhomme ? Moins belle, ne serait-elle pas une amieprécieuse ; et, telle qu’elle est, y a-t-il au monde une pluscharmante maîtresse ? En quoi donc suis-je coupable d’aimerces deux femmes, si chacune d’elles mérite qu’on l’aime ? Et,s’il est vrai que je sois assez heureux pour compter pour quelquechose dans leur vie, pourquoi ne pourrais-je rendre l’une heureusequ’en faisant le malheur de l’autre ? Pourquoi le doux sourireque ma présence fait éclore quelquefois sur les lèvres de ma belleveuve devrait-il être acheté au prix d’une larme versée par lamarquise ? Est-ce leur faute si le hasard m’a jeté sur leurroute, si je les ai approchées, si elles m’ont permis de lesaimer ? Laquelle choisirais-je sans être injuste ? Enquoi celle-là aurait-elle mérité plus que celle-ci d’être préféréeou abandonnée ? Quand madame Delaunay me dit que son existenceentière m’appartient, que voulez-vous donc que je réponde ?Faut-il la repousser, la désabuser et lui laisser le découragementet le chagrin ? Quand madame de Parnes est au piano, etqu’assis derrière elle, je la vois se livrer à la noble inspirationde son cœur ; quand son esprit élève le mien, m’exalte et mefait mieux goûter par la sympathie les plus exquises jouissances del’intelligence, faut-il que je lui dise qu’elle se trompe et qu’unsi doux plaisir est coupable ? Faut-il que je change en haineou en mépris les souvenirs de ces heures délicieuses ? Non,mon ami, je mentirais en disant à l’une des deux que je ne l’aimeplus ou que je ne l’ai point aimée ; j’aurais plutôt lecourage de les perdre ensemble que celui de choisir entreelles.

Vous voyez, madame, que notre étourdi faisaitcomme font tous les hommes : ne pouvant se corriger de safolie, il tentait de lui donner l’apparence de la raison. Cependantil y avait de certains jours où son cœur se refusait, malgré lui,au double rôle qu’il soutenait. Il tâchait de troubler le moinspossible le repos de madame Delaunay ; mais la fierté de lamarquise eut plus d’un caprice à supporter. – Cette femme n’a quede l’esprit et de l’orgueil, me disait-il d’elle quelquefois. Ilarrivait aussi qu’en quittant le salon de madame de Parnes, lanaïveté de la veuve le faisait sourire, et qu’il trouvait qu’à sontour elle avait trop peu d’orgueil et d’esprit. Il se plaignait demanquer de liberté. Tantôt une boutade lui faisait renoncer à unrendez-vous ; il prenait un livre, et s’en allait dîner seul àla campagne. Tantôt il maudissait le hasard qui s’opposait à uneentrevue qu’il demandait. Madame Delaunay était, au fond du cœur,celle qu’il préférait ; mais il n’en savait rien lui-même, etcette singulière incertitude aurait peut-être duré longtemps si unecirconstance, légère en apparence, ne l’eût éclairé tout à coup surses véritables sentiments.

On était au mois de juin, et les soirées aujardin étaient délicieuses. La marquise, en s’asseyant sur un bancde bois près de la cascade, s’avisa un jour de le trouver dur.

– Je vous ferai cadeau d’un coussin,dit-elle à Valentin.

Le lendemain matin, en effet, arriva unecauseuse élégante, accompagnée d’un beau coussin en tapisserie, dela part de madame de Parnes.

Vous vous souvenez peut-être que madameDelaunay faisait de la tapisserie. Depuis un mois, Valentin l’avaitvue travailler constamment à un ouvrage de ce genre dont il avaitadmiré le dessin, non que ce dessin eût rien de remarquable :c’était, je crois, une couronne de fleurs, comme toutes lestapisseries du monde ; mais les couleurs en étaientcharmantes. Que peut faire, d’ailleurs, une main aimée que nous nele trouvions un chef-d’œuvre ? Cent fois, le soir, près de lalampe, le jeune homme avait suivi des yeux, sur le canevas, lesdoigts habiles de la veuve ; cent fois, au milieu d’unentretien animé, il s’était arrêté, observant un religieux silence,tandis qu’elle comptait ses points ; cent fois il avaitinterrompu cette main fatiguée et lui avait rendu le courage par unbaiser.

Quand Valentin eut fait porter la causeuse dela marquise dans une petite salle attenante au jardin, il ydescendit et examina son cadeau. En regardant de près le coussin,il crut le reconnaître ; il le prit, le retourna, le remit àsa place, et se demanda où il l’avait vu. – Fou que je suis, sedit-il, tous les coussins se ressemblent, et celui-là n’a riend’extraordinaire. Mais une petite tache faite sur le fond blancattira tout à coup ses yeux ; il n’y avait pas à se tromper.Valentin avait fait lui-même cette tache, en laissant tomber unegoutte d’encre sur l’ouvrage de madame Delaunay, un soir qu’ilécrivait près d’elle.

Cette découverte le jeta, comme vous pensez,dans un grand étonnement. – Comment est-ce possible ? Sedemanda-t-il ; comment la marquise peut-elle m’envoyer uncoussin fait par Madame Delaunay ? Il regarda encore :plus de doute, ce sont les mêmes fleurs, les mêmes couleurs. Il enreconnaît l’éclat, l’arrangement ; il les touche comme pours’assurer qu’il n’est pas trompé par une illusion ; puis ilreste interdit, ne sachant comment s’expliquer ce qu’il voit.

Je n’ai que faire de dire que milleconjectures, moins vraisemblables les unes que les autres, seprésentèrent à son esprit. Tantôt il supposait que le hasard avaitpu faire se rencontrer la veuve et la marquise, qu’elles s’étaiententendues ensemble, et qu’elles lui envoyaient ce coussin d’uncommun accord, pour lui apprendre que sa perfidie étaitdémasquée ; tantôt il se disait que madame Delaunay avaitsurpris sa conversation de la veille dans le jardin, et qu’elleavait voulu, pour lui faire honte, remplir la promesse de madame deParnes. De toute façon, il se voyait découvert, abandonné de sesdeux maîtresses, ou tout au moins de l’une des deux. Après avoirpassé une heure à rêver, il résolut de sortir d’incertitude. Ilalla chez madame Delaunay, qui le reçut comme à l’ordinaire, etdont le visage n’exprima qu’un peu d’étonnement de le voir simatin.

Rassuré d’abord par cet accueil, il parlaquelque temps de choses indifférentes ; puis, dominé parl’inquiétude, il demanda à la veuve si sa tapisserie étaitterminée. – Oui, répondit-elle. – Et où est-elle donc ?demanda-t-il. À cette question, madame Delaunay se troubla etrougit. – Elle est chez le marchand, dit-elle assez vite. Puis ellese reprit, et ajouta : Je l’ai donnée à monter ; on va mela rendre.

Si Valentin avait été surpris de reconnaîtrele coussin, il le fut encore davantage de voir la veuve se troublerlorsqu’il lui en parla. N’osant pourtant faire de nouvellesquestions, de peur de se trahir, il sortit de suite, et s’en futchez la marquise. Mais cette visite lui en apprit encoremoins ; quand il fut question de la causeuse, madame deParnes, pour toute réponse, fit un léger signe de tête en souriant,comme pour dire : Je suis charmée qu’elle vous plaise.

Notre étourdi rentra donc chez lui, moinsinquiet, il est vrai, qu’il n’en était sorti, mais croyant presqueavoir fait un rêve. Quel mystère ou quel caprice du hasard cachaitcet envoi singulier ? – L’une fait un coussin et l’autre me ledonne ; celle-là passe un mois à travailler, et, quand sonouvrage est fini, celle-ci s’en trouve propriétaire ; ces deuxfemmes ne se sont jamais vues, et elles s’entendent pour me jouerun tour dont elles ne semblent pas se douter. Il y avait assurémentde quoi se torturer l’esprit : aussi le jeune hommecherchait-il de cent manières différentes la clef de l’énigme quile tourmentait.

En examinant le coussin, il trouva l’adressedu marchand qui l’avait vendu. Sur un petit morceau de papier collédans un coin, était écrit : Au Père de Famille, rueDauphine.

Dès que Valentin eut lu ces mots, il se vitsûr de parvenir à la vérité. Il courut au magasin du Père deFamille ; il demanda si le matin même on n’avait pasvendu à une dame un coussin en tapisserie qu’il désigna et qu’onreconnut. Aux questions qu’il fit ensuite pour savoir qui avaitfait ce coussin et d’où il venait, on ne répondit qu’avecrestriction : on ne connaissait pas l’ouvrière ; il yavait dans le magasin beaucoup d’objets de ce genre ; enfin onne voulait rien dire.

Malgré les réticences, Valentin eut bientôtsaisi, dans les réponses du garçon qu’il interrogeait, un mystèrequ’il ne soupçonnait pas et que bien d’autres que luiignorent : c’est qu’il y a à Paris un grand nombre de femmes,de demoiselles pauvres, qui, tout en ayant dans le monde un rangconvenable et quelquefois distingué, travaillent en secret pourvivre. Les marchands emploient ainsi, et à bon marché, desouvrières habiles ; mainte famille, vivant sobrement, chez quipourtant on va prendre le thé, se soutient par les filles de lamaison ; on les voit sans cesse tenant l’aiguille, mais ellesne sont pas assez riches pour porter ce qu’elles font ; quandelles ont brodé du tulle, elles le vendent pour acheter de lapercale : celle-là, fille de nobles aïeux, fière de son titreet de sa naissance, marque des mouchoirs ; celle-ci, que vousadmirez au bal, si enjouée, si coquette et si légère, fait desfleurs artificielles et paye de son travail le pain de samère ; telle autre, un peu plus riche, cherche à gagner dequoi ajouter à sa toilette ; ces chapeaux tout faits, cessachets brodés qu’on voit aux étalages des boutiques, et que lepassant marchande par désœuvrement, sont l’œuvre secrète,quelquefois pieuse, d’une main inconnue. Peu d’hommesconsentiraient à ce métier, ils resteraient pauvres par orgueil enpareil cas ; peu de femmes s’y refusent, quand elles en ontbesoin, et de celles qui le font, aucune n’en rougit. Il arrivequ’une jeune femme rencontre une amie d’enfance qui n’est pas richeet qui a besoin de quelque argent ; faute de pouvoir lui enprêter elle-même, elle lui dit sa ressource, l’encourage, lui citedes exemples, la mène chez le marchand, lui fait une petiteclientèle ; trois mois après, l’amie est à son aise et rend àune autre le même service. Ces sortes de choses se passent tous lesjours ; personne n’en sait rien, et c’est pour le mieux ;car les bavards qui rougissent du travail trouveraient bientôt lemoyen de déshonorer ce qu’il y a au monde de plus honorable.

– Combien de temps, demanda Valentin,faut-il à peu près pour faire un coussin comme celui dont je vousparle, et combien gagne l’ouvrière ?

– Monsieur, répondit le garçon, pourfaire un coussin comme celui-là, il faut deux mois, six semainesenviron. L’ouvrière paye sa laine, bien entendu ; parconséquent, c’est autant de moins pour elle. La laine anglaise,belle, coûte dix francs la livre ; le ponceau, le cerise,coûtent quinze francs. Pour ce coussin, il faut une livre et demiede laine au plus, et il sera payé quarante ou cinquante francs àl’habile ouvrière.

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