Divers contes

Les sept péchés capitaux

Le lendemain, dès le matin, il alla chezl’archevêque, qui commençait à s’impatienter de tant de lenteur, etlui montra le plan, Monseigneur Conrad avoua qu’il n’avait rienperdu pour attendre, et, ouvrant les trésors du chapitre, ilautorisa l’artiste à y fouiller à pleines mains.

Le même jour, l’architecte jeta les fondationsde sa cathédrale ; et comme depuis longtemps un monded’ouvriers creusait les flancs du Drakenfels, la matière ne luimanqua point ; aussi la vit-on bientôt sortir de terre commeune immense végétation de pierre pressée de s’épanouir ausoleil.

Trois mois s’étaient déjà passés, et chaquesemaine le monument montait d’une assise, lorsqu’un vendredi quel’architecte, emporté par son travail, était resté jusqu’au soirsans manger et revenait chez lui affamé, il rencontra lebourguemestre, bon vivant, connu pour les merveilleux repas qu’ildonnait. Il venait justement de chez l’architecte, afin del’inviter à souper avec le bourguemestre de Mayence et celuid’Aix-la-Chapelle, qui passaient tous deux, de leur côté, pour dejoyeux convives ; et, ne l’ayant pas trouvé, il se dirigeaitvers le lieu où on était sûr de le trouver toujours. L’architectevoulut refuser, disant que sa mère n’était point prévenue ;mais le bourguemestre ne voulut entendre à rien, disant que c’étaitchose faite, puisqu’il lui avait parlé à elle-même, si bien que, sifort qu’il s’en défendît, il fallut que l’architecte suivît lebourguemestre, qui l’introduisit dans une salle à manger au milieude laquelle s’élevait une table splendidement chargée des mets lesplus délicats, tant en volaille qu’en venaison.

L’architecte, comme nous l’avons dit, mouraitde faim ; aussi commença-t-il, en voyant une si richecollation, à se féliciter d’avoir suivi le bourguemestre ;mais, en se mettant à table, il se rappela qu’on était justement auvendredi, saint jour d’abstinence, où il était moins permis quedans tout autre de se livrer au péché de la gourmandise. Aussi,lorsqu’il eut fait sa prière, ne voulut-il rien prendre autre chosequ’un morceau de pain et un verre d’eau, refusant les viandes lesplus délicates et les vins les plus exquis ; car, ainsi qu’ill’avait dit, il n’était pas gourmand.

Quant aux trois bourguemestres, ils mangèrentde toutes ces viandes sans crainte de Dieu ni du diable, raillantpendant tout le repas le pauvre architecte de la maigre chère qu’ilfaisait.

Le lendemain, l’architecte se remit à sonœuvre, et comme ni l’argent ni les hommes ne manquaient, on vitchaque jour la cathédrale s’élever davantage. De temps en temps,l’artiste pensait bien aux menaces du diable ; mais, à chaquefois qu’il y pensait, il puisait dans la crainte même une nouvelleforce pour résister à la tentation, et comme la cathédrale marchaitson train, il espérait que les prédictions infernales nes’accompliraient pas.

Vers ce temps-là, le pape Innocent IV,qui était génois, voulut faire bâtir à un de ses neveux un palais àRome, et comme la ville de Cologne était réputée pour l’habileté deses constructeurs, il fit demander à monseigneur Conrad unarchitecte. Monseigneur Conrad désigna à sa sainteté un fort habilehomme, qu’il avait eu un instant l’intention de charger du soin debâtir sa cathédrale, croyant faire grand-peine à l’architecte dudôme, avec lequel il avait eu, quelques jours auparavant, unelégère discussion ; mais celui-ci, tout entier à son travail,se félicita de ce que ce choix n’était pas tombé sur lui et aumoment du départ il embrassa son rival et lui souhaita un bonvoyage, car, ainsi qu’il l’avait dit, il n’était point envieux.

La cathédrale continua de gagner à cettesérénité d’esprit. L’artiste ne vivait que pour le monument ;tout son temps se passait au milieu des pierres, sculptant lui-mêmeles parties qui avaient besoin de délicatesse et de fini. De soncôté, l’archevêque, tout froid qu’il était avec son architecte, lepayait royalement, de sorte que l’artiste, tout en rêvant unegrande gloire pour son nom, amassait une jolie fortune pour sonexistence : il en résulta qu’au bout de dix-huit mois, ilavait déjà près de 6 000 florins à lui, ce qui, pour cetteépoque, était une fort jolie somme.

Mais un soir, en rentrant, sa mère lui remitune lettre cachetée de noir : elle était de sa sœur, et luiannonçait qu’elle venait de perdre son mari, qui, en mourant, lalaissait sans fortune avec trois petits enfants. La pauvre femmeterminait sa lettre en le priant de lui envoyer quelques secourspour l’aider à élever sa famille.

L’artiste lui envoya ses 6 000florins ; car, ainsi qu’il l’avait dit, il n’était pointavare.

La cathédrale marchait toujours ;l’architecte semblait en avoir fait sa demeure réelle : dès lepoint du jour il y était, et souvent la nuit était venue qu’il nel’avait pas encore quittée. Cependant il avait sous ses ordresplusieurs ouvriers assez habiles pour qu’il pût se reposer sur euxde certains travaux importants ; aussi, après en avoir fait undessin très détaillé, avait-il confié à l’un d’eux une portelatérale, pleine de merveilleuses arabesques, et où pendait, commeà une treille, une vigne toute chargée de raisins. L’ouvrier quidevait mener à bout ce travail s’était enfermé dans une espèced’atelier de planche afin de n’être pas dérangé. L’architecterespectait sa solitude, et, confiant dans son habileté, attendaitque le voile tombât. Ce grand jour vint. L’ouvrier enleva sonéchafaudage ; mais alors l’espoir de l’architecte futtrompé ; quelques parties de la porte étaient loin d’êtredignes du reste de l’édifice ; de sorte qu’il résolut derefaire cette porte lui-même, quoiqu’il y eût au moins pour sixmois de travail ; et cette résolution ne lui coûta point àprendre ; car, ainsi qu’il l’avait dit, il n’était pointparesseux.

Depuis que le monument était commencé, et il yavait déjà près de quatre ans, jamais l’artiste n’avait manqué unseul jour de surveiller lui-même ses ouvriers et de juger par sespropres yeux si chaque détail de son plan était scrupuleusementsuivi : de sorte qu’il lui semblait qu’il lui eût étéimpossible de vivre autre part qu’au milieu de ses colonnades et deses ogives. Or, il arriva qu’une nuit, des voleurs qui ignoraientque, grâce à la paie des ouvriers qui avait eu lieu la veille, ilne restait plus un sou dans sa maison, s’étant introduits chez luiet n’ayant point trouvé l’argent qu’ils cherchaient, sedédommagèrent sur sa garde-robe de ce que son coffre était vide, etlui emportèrent jusqu’à l’habit qu’il venait de quitter et quiétait sur une chaise au pied de son lit ; de sorte que lelendemain il s’aperçut qu’il ne pouvait se lever faute devêtements. Il fit aussitôt venir son tailleur qui lui promit unhabillement complet pour le soir même, et qui ne le lui apportaqu’au bout de trois jours ; de sorte que le malheureuxarchitecte fut obligé de rester soixante-douze heures dans son lit.Aussi, lorsque après l’avoir fait attendre ainsi, le tailleur luiapporta l’habillement tant désiré, lui fit-il forcereproches ; mais cependant d’un ton modéré et ainsi qu’ilconvient à un homme calme et modéré ; car, ainsi qu’il l’avaitdit, il n’était point colère.

Cependant le bruit qu’une nouvelle merveilleallait enrichir le monde commençait à se répandre ; car ilétait déjà facile de voir, d’après ce qui existait, ce que seraitl’édifice une fois achevé ; de sorte que l’on venait déjàcomme en pèlerinage, de France, d’Allemagne et de Flandre. Souvent,tous ces pèlerins, après avoir visité l’édifice, étaient curieux devoir l’architecte ; de sorte que, lorsqu’il revenait de lacathédrale chez lui, il n’était pas rare qu’il rencontrât desgroupes d’étrangers qui l’attendaient, afin de voir quel hommeétait celui-là qui avait eu assez de hardiesse et de génie pourespérer mener à bonne fin une pareille entreprise. Or, parmi cespèlerins, il y avait bien aussi quelques pèlerines ; et ilarriva que l’une d’entre elles se prit d’une si grande passion pournotre architecte, qu’elle loua une maison dans la rue quiconduisait de chez lui à la cathédrale, si bien que, lorsqu’ilpassait, soit qu’il allât, soit qu’il revînt, il la voyait toujoursà sa fenêtre, le sourire à la bouche et le suivant des yeux tantqu’elle le pouvait voir. Cela durait depuis trois semaines,lorsqu’un soir qu’il revenait elle laissa tomber, de sa fenêtre àses pieds, le bouquet qu’elle tenait à la main. L’artiste leramassa, et, sans penser à mal, entra dans la maison pour leremettre à quelque serviteur ; mais, par hasard, tous lesvalets étaient sortis, de sorte qu’il fut obligé de monter lui-mêmeà l’appartement de la belle inconnue, qui le reçut dans une chambretout embaumée des plus doux parfums et éclairée de ce demi-jour sidangereux pour un cœur qui n’est pas sûr de lui. Une fois arrivélà, il était impossible à l’architecte de se retirer aussitôt. Ilaccepta donc l’invitation que lui fit la belle pèlerine des’asseoir un instant auprès d’elle. Mais à peine y était-il qu’ellelui avoua que c’était la cathédrale qu’elle était venue voir, maisque c’était l’architecte qui la retenait ainsi depuis un mois àCologne ; et, tout en lui disant de douces choses pareilles àcelles-ci, elle lui jeta un de ses beaux bras autour du cou et,appuyant sa bouche sur la sienne, elle lui donna un de ces longs etbrûlants baisers qui se glissent des lèvres au cœur. Maisl’architecte se leva aussitôt, modeste et rougissant, et lui fit unlong et éloquent sermon sur la nécessité de contenir les tentationsde la chair, et, ce sermon achevé, il se retira, malgré sesinstances et ses larmes ; car, ainsi qu’il l’avait dit, iln’était point luxurieux.

Six mois à peu près s’étaient passés depuiscet événement : l’affluence des curieux augmentait tous lesjours, car le portail était entièrement achevé ainsi quel’abside ; et quoique l’une des tours n’eût encore atteint quela hauteur de vingt et un pieds, l’autre en avait déjà plus de centquarante, et faisait bien voir ce qu’elle serait lorsqu’elle auraitatteint sa dimension entière qui devait être de cinq centspieds ; mais, plus sa cathédrale s’avançait, plus l’idéequ’elle ne serait jamais terminée et que son nom demeurerait oubliéet inconnu tourmentait l’artiste ; aussi résolut-il d’allerau-devant de cette dernière crainte, en faisant des lettres mêmesde son nom la balustrade qui devait entourer la plate-forme de latour : de cette façon, ce nom frapperait tous les yeux tantque durerait le monument ; ce nom vivrait avec lui. Cetterésolution prise, l’artiste fut plus tranquille et résolut de lamettre à exécution dès le lendemain.

Au moment où il venait de s’arrêter à ceprojet, l’archevêque l’envoya chercher pour lui montrer, disait-il,différentes reliques qu’il venait de recevoir ; l’architectedescendit de sa tour, et se rendit à l’archevêché, où il trouvamonseigneur Conrad tout joyeux, car il venait de recevoir de Milanles têtes des trois mages, Gaspard, Melchior et Balthazar, avec descouronnes précieuses d’or, ornées de diamants et de perles.L’architecte s’agenouilla dévotement devant ces saintes reliques,fit sa prière, et, s’étant relevé, félicita fort l’évêque d’avoirreçu un si riche et si miraculeux présent.

– Eh bien ! dit l’évêque, je viensde recevoir quelque chose de plus précieux encore que tout cela, del’empereur de Constantinople.

– Vraiment ! demandal’architecte ; serait-ce un morceau de la vraie croix retrouvépar l’impératrice Hélène ?

– Mieux que cela.

– Serait-ce la couronne d’épines mise engage par l’empereur Baudoin ?

– Au-dessus encore.

– Qu’est-ce donc ?

– Le plan du plus bel édifice qui aitjamais été construit.

– Ah ! ah ! fit l’architecte ensouriant avec dédain.

– Un plan qui laisse aussi loin derrièrelui les autres plans, que le soleil laisse derrière lui lesétoiles, puisque tous les autres plans sont l’ouvrage des hommes,et que celui-là est l’ouvrage de Dieu lui-même qui l’a envoyé parun de ses anges au roi Salomon.

– Vous avez le plan du temple deJérusalem ? s’écria l’architecte.

– Oui.

– Je serais curieux de le voir.

– Levez ce rideau, dit l’évêque enindiquant du doigt une tapisserie qui recouvrait un cadre.

L’architecte obéit avec empressement, et setrouva en face du plan céleste que d’un seul regard il embrassadans tous ses détails.

– Eh bien ! dit l’évêque, quedites-vous de ce plan ?

– Peuh ! fit l’architecte enallongeant les lèvres ; j’aime mieux le mien.

En ce moment un éclat de rire infernalretentit aux oreilles de l’architecte : il reconnut le rire deSatan ; après avoir échappé aux six autres péchés, il venaitde tomber dans le péché d’orgueil.

L’architecte ne fit qu’un bond de l’archevêchéà l’église de Saint-Géréon, où il espérait trouver le pèreClément ; mais le père Clément était mort pendant la nuitd’une apoplexie foudroyante. Au moment où on lui annonça cettenouvelle, il entendit une seconde fois bruire à ses oreillesl’éclat de rire satanique qui l’avait déjà épouvanté, et un frissonqui lui courut par tous les membres pénétra jusqu’à son cœur et leglaça.

Cependant il rappela toute sa résolution, et,comme il n’éprouvait aucune douleur physique, il reprit peu à peucourage et résolut de retourner à sa cathédrale, espérant que cetenthousiasme qu’il retrouvait toutes les fois qu’il se revoyait enface de son œuvre, chasserait le reste de crainte qui frissonnaitau fond de son cœur.

L’artiste essaya de se perdre dans lesprofondeurs de sa cathédrale ; mais il sentit bientôt quel’air commençait à y manquer et qu’il y étouffait comme dans untombeau ; en conséquence, il prit l’escalier qui conduisait àla plate-forme. Arrivé là, il continua de monter par leséchafaudages ; au haut des échafaudages était une échelle quiconduisait au sommet de la tour. Ce sommet de la tour était lepoint le plus avancé de l’ouvrage, et c’était de là quel’architecte dominait ordinairement tout l’ensemble de sestravaux.

Rien ne paraissait changé, chacun était à sabesogne et y resta assidûment jusqu’à l’heure de la retraite ;enfin cette heure sonna comme le jour commençait à tomber.L’architecte entendit les ouvriers se retirer en chantant, contentsqu’ils étaient de leur journée. Alors il resta seul comme il enavait l’habitude, car jamais, ainsi que nous l’avons dit, il nerevenait que le dernier.

Le soleil se couchait majestueux comme un roi,n’éclairant déjà plus que les toits les plus élevés. Bientôt lefleuve et la ville furent entièrement plongés dans l’ombre ;mais quelque temps encore le sommet de la tour, qui n’avaitcependant encore atteint que le tiers de sa hauteur, demeuraéclairé, et l’artiste, noyé dans la lumière, songeaorgueilleusement que, lorsque la tour aurait atteint toute sahauteur, elle semblerait un phare allumé dans la nuit. Enfin lesoleil abandonna lentement la montagne de pierre, et l’architectesongea qu’il était temps de descendre.

Mais lorsqu’il chercha l’échelle, ce futvainement, l’échelle n’y était plus.

Cet événement n’avait rien d’extraordinaire,car un des ouvriers, croyant que l’architecte était parti, pouvaitavoir enlevé l’échelle ; cependant, dans les circonstances oùl’architecte se trouvait, il en conçut quelque inquiétude ;d’abord, selon sa coutume, il avait déjeuné fort légèrement, etayant été rappelé chez l’archevêque, vers les deux heures, il avaitcomplètement oublié de dîner. Il en résultait que la faimcommençait à le gagner ; d’ailleurs on était au mois d’octobreet les nuits devenaient froides : il tenta donc tous lesmoyens de descendre ; mais si adroit qu’il fût, il y avaitimpossibilité complète. Alors il essaya d’appeler ; maiscomme, avant de recourir à ce moyen, il avait usé plus d’une heureen tentatives inutiles, les rues étaient déjà désertes, et sa voix,sans qu’il s’en rendît compte lui-même, avait pris un tel caractèred’angoisse, que le peu de passants attardés qui l’entendirent, aulieu de s’arrêter pour lui répondre, pressèrent leur marche,épouvantés qu’ils étaient de ces cris nocturnes et inconnus.

Force fut à l’architecte de se résigner ;mais il fallait pour cela une certaine résolution. Le sommet de latour présentait une surface nue et n’offrait aucun abri. Pourcomble de malheur, vers les onze heures, un orage terrible s’amassaau ciel. Il n’y avait pas moyen de dormir, aussi l’artiste setenait-il assis, car il passait de temps en temps de telles rafalesde vent que s’il eût été debout, comme il n’y avait point deparapet, il eût sans doute été emporté ; cependant l’oragecroissait toujours.

À onze heures et demie, il s’arrêta surCologne, et l’on entendit gronder les premiers coups de tonnerre.De temps en temps un éclair, qui semblait ouvrir jusqu’auxdernières profondeurs du ciel, entrouvrait cette mer de nuages, etéclairait pour un instant la ville et le fleuve d’une lueurfantastique. Il semblait alors à l’architecte que la ville avait laforme d’un lion, le nuage celle d’un aigle, et le fleuve celle d’unserpent.

À minuit moins un quart, tout cet océan devapeur poussé par le vent contre la cathédrale, s’arrêta à sonsommet, comme font parfois les nuages à la cime des montagnes.Alors l’architecte se trouva être au centre de la tempête. Letonnerre grondait à son oreille, l’éclair serpentait autour delui.

À minuit sonnant, il se fit un bruit étrangeet inconnu ; une insupportable odeur de soufre serépandit ; et, comme le battant de l’horloge des saintsapôtres frappait le dernier coup, cet éclat de rire, qui lui étaitsi bien connu, retentit derrière l’architecte. Il se retourna et setrouva en face de Satan.

Cette fois, c’était lui qui, à son tour, étaiten puissance de son ennemi.

L’architecte comprit qu’il était perdu :car il n’y avait pas à fuir. Cependant, comme Satan étendait lamain vers lui, il fit un pas en arrière, ce qui lui donna le tempsde prononcer un acte de contrition. Alors Satan vit que son âmeallait lui échapper pour la seconde fois, il fit un bond vers luiet, le touchant du doigt, le précipita du sommet de la tour.

Mais, si rapide qu’eût été ce mouvement, laprière avait eu le temps de monter jusqu’au trône de Dieu, etlorsque Satan s’élança après sa victime pour l’entraîner avec luien enfer, il la trouva entre les bras de deux anges quil’emportaient au ciel.

Satan demeura un instant stupéfait ;puis, s’élançant après les messagers célestes, il passa près d’eux,rapide comme un tourbillon, en jetant encore une fois à la pauvreâme ce mot qui avait tant tourmenté son corps : Inconnu !inconnu !

En effet, la prédiction de Satan s’estaccomplie ; la cathédrale interrompue resta dans l’état oùelle était lorsqu’arriva cette nuit fatale, car, lorsqu’on voulutla continuer, on ne put retrouver le plan sur lequel elle avait étécommencée, et, quelques recherches que depuis cette époque aientfaites les savants, on n’a jamais découvert le nom del’architecte.

La pauvre âme sait au ciel qu’elle est oubliéesur la terre ; et c’est la punition de son orgueil.

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