Divers contes

La maison de l’Ange

L’ingelheim, qui est le johannisberg[19] de la petite propriété, peut, malgrél’infériorité où les gourmets le tiennent, se vanter d’avoir uneorigine non moins aristocratique que son rival, car, s’il n’est pasvendu par un prince, il fut planté par un empereur. Ce futCharlemagne qui, ayant remarqué l’excellente exposition du terrain,y transporta les ceps du meilleur cru d’Orléans, et, selon sonespérance, la vigne gagna cent pour cent par la transplantation. Cefut une grande joie pour l’empereur d’avoir si bien réussi, attenduqu’après Aix-la-Chapelle sa résidence préférée était Ingelheim oula maison de l’Ange. Voici à quelle occasion ce château fut baptiséde ce poétique et céleste nom.

Vers l’année 868, Charlemagne avait résolu dese faire bâtir un palais qui commandât le Rhin, et en 874 ce palaisétait bâti. C’était un magnifique édifice, moitié forteresse,moitié château, qui était soutenu par cinquante colonnes de marbreet cinquante colonnes de granit. Ces colonnes de marbre lui avaientété envoyées de Rome et de Ravenne par le pape Étienne III, etles colonnes de granit avaient été tirées de l’Adenwald[20]. Si bien que, voyant sa nouvelledemeure impériale si heureusement achevée, il résolut d’y tenir unediète. En conséquence, les princes et les seigneurs environnantsfurent convoqués à cette grande solennité.

La nuit qui précéda le jour où la diète devaitavoir lieu, et comme l’empereur venait de s’endormir, un ange luiapparut et lui dit ces paroles : « Charles, lève-toiet vole. » Charlemagne se réveilla aussitôt et sentit unparfum céleste dans sa chambre. Mais comme les paroles que l’angelui avait dites lui paraissaient médiocrement en rapport avec lesCommandements de Dieu et de l’Église, il se figura avoir fait unrêve, et se rendormit.

Mais à peine l’empereur avait-il les yeuxfermés que la même vision lui apparut de nouveau, et qu’avec unvisage sévère comme celui d’un messager qui a droit de s’étonnerqu’on n’obéisse pas à ses ordres, l’ange répéta une seconde fois,d’une voix sévère, les paroles qu’il avait déjà dites et quel’empereur croyait avoir mal entendues. Il ouvrit aussitôt lesyeux, et vit la chambre pleine d’une lumière céleste, qui alla peuà peu s’affaiblissant et finit par s’éteindre tout à fait.

Cependant, l’ordre était si étrange queCharlemagne hésita encore d’y obéir, et reposant la tête surl’oreiller, se rendormit une troisième fois. À cette fois encore,le même ange lui apparut, mais avec un visage si menaçant, et illui réitéra le même ordre avec une voix si impérieuse, quel’empereur, qui cependant n’était point facile à effrayer, entressaillit de terreur, et se réveilla en sursaut. Cette fois, nonseulement la même céleste odeur était répandue et la même lumièreéclatante brillait, mais encore l’ange était debout près de sonlit, et ce ne fut que lorsqu’il eut été certain que l’empereur nepouvait pas douter de la réalité de sa présence qu’il étendit sesailes d’or et disparut. Cette fois, Charlemagne n’eut plus aucundoute que l’ordre ne lui vînt du ciel, car le messager était tropbeau pour être un envoyé de l’enfer.

Charlemagne n’hésita donc plus ; il seleva aussitôt, s’habilla à tâtons, tout en déplorant cecommandement du ciel qui lui ordonnait de commencer si tard unmétier si infâme. Mais l’empereur était, comme Abraham, décidé àtout sacrifier à Dieu, même son honneur. En conséquence, il revêtitsa cuirasse, ceignit son épée et prit son casque à sa main, commes’il allait commander une de ces expéditions guerrières pourlesquelles il avait autant de sympathie que pour celle-ci il avaitde répugnance ; enfin, il sortit de sa chambre, et s’arrêtantsur une galerie qui dominait tout le pays, il fit une pause pourdécider de quel côté il irait commettre ce vol qui l’embarrassaittant à accomplir.

La nuit, au reste, était sombre, et comme ilconvient à une telle expédition ; mais, si inspiratrice quefût l’obscurité, l’empereur était tellement novice dans le nouvelart qu’il lui fallait exercer que, quoiqu’il se promenât de long enlarge depuis près d’une heure, il ne lui était pas encore venu lamoindre bonne idée, lorsque, tout à coup, il s’aperçut qu’on venaitde lui voler son casque, qu’il avait posé sur la balustrade de lagalerie. L’empereur chercha bien de tous les côtés, regarda endedans et en dehors ; mais toute recherche fut inutile :le casque avait disparu.

Plus le vol était audacieux, plus le voleurétait adroit ; et, plus le voleur était adroit, plus, enpareille circonstance, il pouvait donner un bon conseil àl’empereur. Aussi, il lui parut que ce vol était une nouvellefaveur du ciel qui, voyant son embarras, en avait eu pitié. Enconséquence, élevant la voix :

– Que celui qui m’a volé mon casque,s’écria-t-il, se présente devant moi, et, sur ma parole royale, aulieu d’être puni, il recevra une récompense de cent ducats.

Aussitôt, un éclat de rire aigu retentit dansla galerie même, et, de dessous le tapis qui recouvrait une table,Charlemagne vit sortir son nain, qui s’approcha de lui et luitendit le casque afin qu’il y jetât la somme promise.

– Ah ! c’est toi, infâme voleur, ditCharlemagne ; j’aurais dû me douter qu’il n’y avait que toicapable de faire un pareil coup, et ordonner qu’on te donnât centcoups de verges, au lieu de te promettre aussi imprudemment que jel’ai fait cent ducats.

– Oui, maître, dit le nain, c’eût étéplus économique : c’est vrai ; mais un honnête homme n’aque sa parole. Voilà ton casque ; où sont les centducats ?

– Tu les auras tout à l’heure, quand tum’auras donné un bon conseil.

– Les cent ducats, dit le nain, ont étépromis pour le casque et non pour le conseil ; donne-moi lescent ducats pour le casque, et tu auras le conseil gratis.

Charlemagne étendit la main pour empoigner ledrôle qui lui parlait avec tant de hardiesse ; mais le nainvit le mouvement, et, rapide comme la pensée, il sauta sur labalustrade, et, avec l’adresse et l’agilité d’un singe, il se mit àgrimper le long d’une des colonnes, et ne s’arrêta que lorsqu’ilfut à cheval sur une des feuilles du chapiteau. Là il se mit àchanter une chanson dont il composait à la fois l’air et lesparoles. Cette chanson disait :

J’ai déjà un casque, un beau casque, uncasque surmonté d’une couronne royale : un casque qui me coûtecent ducats.

Et je vais tâcher d’avoir au même prix unecuirasse et une épée, et alors je me ferai armer chevalier parquelque empereur qui n’ait jamais manqué à sa parole.

Puis, quand je serai armé chevalier, quej’aurai une grande épée et une bonne lame, je m’en irai par montset par vaux faisant justice, car dans les pays de Germanie et deFrance justice a grand besoin d’être faite.

Mais, hélas ! où trouverai-je, pourm’armer chevalier, un empereur qui n’ait jamais manqué à saparole ?

Le bruit d’une bourse qui tombait sur lesdalles interrompit l’improvisation du chanteur ; le naincomprit que sa morale avait produit son effet, descendit de sacorniche et alla ramasser la bourse, un œil sur elle et un œil surl’empereur.

– Allons, viens ici, drôle, ditCharlemagne, et ne crains rien. J’ai besoin de toi.

– Oh ! alors, dit le nain, si tu asbesoin de moi, c’est autre chose, et je n’ai plus peur.

– Je voudrais voler, dit Charlemagne.

– Mauvais métier, dit le nain, surtoutlorsqu’on a affaire à des gens qui promettent et qui ne tiennentpas ; aussi, si tu m’en crois, puisque tu as le malheur d’êtrené honnête homme, reste honnête homme.

– Je te dis que je veux voler, ditCharlemagne d’un ton qui prouvait qu’il commençait à se lasser desréflexions philosophiques de son interlocuteur.

– Oh ! alors, dit le nain, si c’estune vocation décidée, il n’y a plus rien à dire. Que veux-tuvoler ?

– Ah ! voilà ce que je ne sais pas,dit Charlemagne. Mais je veux voler quelqu’un, et cela tout desuite, cette nuit.

– Diable ! dit le nain, ehbien ! volons.

– Mais qui voler ? demandaCharlemagne.

– Tiens, dit le nain en étendant la main,vois-tu cette pauvre cabane ?

– Oui, dit l’empereur.

– Eh bien ! il y a là un bon coup àfaire. Si pauvre qu’elle te paraisse, elle renferme aujourd’huicent florins : depuis près de dix ans le paysan qui l’habitetravaille tous les jours de cinq heures du matin à huit heures dusoir, de sorte qu’à force de remuer la terre il a mis de côté cettesomme. La porte ferme mal, le brave homme a le sommeil dur, tu voisqu’il est facile à voler.

– Misérable ! s’écria Charlemagne,tu veux que j’aille prendre à un malheureux le fruit de dix ans detravail, un argent tout trempé de sa sueur !

– Moi ! dit le nain, je ne veuxrien ; tu me demandes un conseil, je te le donne, et voilàtout.

– À un autre, à un autre ! s’écriaCharlemagne.

– Vois-tu cette maison de campagne ?dit le nain en étendant le doigt dans une autre direction.

– Je la vois, répondit l’empereur.

– C’est celle d’un richecommerçant ; celui-là, ce ne sont point des florins que tutrouveras chez lui, ce sont des ducats, et ce ne sera point parcentaines que tu les trouveras, ce sera par milliers.

– Et sans doute, dit Charlemagne, c’esten faisant l’usure et en vendant à faux poids qu’il a acquis unepareille fortune.

– Non, dit le nain, non. C’est, aucontraire, en faisant pour lui comme pour les autres des calculstellement exacts que sa probité est devenue un proverbe, et que parhasard, à celui-là, la probité a rapporté ce que rapporte auxautres la friponnerie.

– Comment ! gredin, dit l’empereur,et c’est justement un homme qui a fait fortune d’une manière sihonorable que tu veux que je ruine ?

– Je ne veux rien, dit le nain ;c’est toi au contraire qui veux voler. Je te dis quels sont ceuxqui ont de l’argent, voilà tout.

– Oui, sans doute, je veux voler, ditl’empereur, mais non pas le pauvre laboureur, non pas le commerçantindustrieux ; j’aimerais mieux voler quelque bon abbé,engraissé par le repos, enrichi par la dîme, qui n’ait jamais rienfait que dormir, manger et boire. Voilà qui je voudrais voler, situ veux le savoir.

– Peste ! pour un commençant, dit lenain, ce n’est pas mal raisonné ; mais en volant un tel homme,ce serait toujours les pauvres que tu volerais, car il saurait biense faire rendre le lendemain par le peuple le double de ce que tului aurais pris.

– Eh bien ! alors, dit l’empereur,je voudrais voler quelqu’un de ces mauvais chevaliers qui ne viventque de pillages et de roberies[21] ;qui trahissent ceux qu’ils devraient servir, et qui oppriment ceuxqu’ils devraient défendre.

– Oh ! alors, c’est autre chose, quene t’expliquais-tu tout de suite, dit le nain. J’ai ton affaire.Vois-tu ce château fort ?

– Oui, dit Charlemagne.

– Eh bien ! c’est au seigneurHarderic, le plus grand brigand que la terre ait porté après le roiAttila et le faux prophète Mahomet.

– Tant mieux, dit l’empereur.

– Mais là, ce ne sera pas chose facile.Il a le sommeil léger et la main lourde. Il y aura des coups àgagner.

– Tant mieux, tant mieux ! ditl’empereur.

– Eh bien ! alors, va-t’en mettreune autre cuirasse, une cuirasse sombre comme la nuit dans laquelleil faut que nous nous glissions. Va prendre un poignard court aulieu de cette longue épée. L’épée est une arme de jour pouratteindre de loin. La nuit on ne frappe que ce qu’on touche. On ales yeux à la main, et il ne faut pas que les yeux soient trop loinde la lame. Va et reviens, je t’attends ici, en comptant les ducatspour voir si mon compte y est.

L’empereur ne se le fit pas dire à deuxfois ; il rentra chez lui, et revint bientôt couvert d’unecotte de mailles d’acier bruni, qui lui prenait le corps comme unpourpoint, et lui emboîtait la tête comme un capuchon. Il avait deplus à sa ceinture un couteau, large, court et tranchant comme leglaive romain. Le nain l’examina des pieds à la tête et fit unsigne approbatif.

– Allons, dit Charlemagne, en route.

– En route, dit le nain.

Et tous deux sortirent du palais ; etdans la route la plus directe, c’est-à-dire à travers terre,s’avancèrent vers le château de Harderic.

Chemin faisant, Charlemagne, ayant rencontréune borne qui servait à marquer les limites d’un champ, l’arrachade terre et la mit sur son épaule.

– Que diable fais-tu là ? dit lenain.

– Crois-tu que nous trouverons la porteouverte ? demanda l’empereur.

– Non pas, répondit le nain.

– Eh bien ! j’emporte de quoil’enfoncer.

Le nain éclata de rire.

– C’est cela, dit-il, et au premier coupque tu frapperas, toute la garnison sera sur pied, et alors quetrouveras-tu à prendre ? quelque poule effarouchée qui se serasauvée dans les fossés. Je te croyais plus fort, maître.

– Comment faut-il donc faire ?demanda Charlemagne un peu confus de son inexpérience.

– Cela me regarde, dit le nain.

Charlemagne laissa tomber sa borne, etcontinua sa route sans dire une seule parole.

Arrivés à la porte, comme l’avait penséCharlemagne, ils trouvèrent la porte fermée. Alors il regarda sonnain comme pour lui demander ce qu’il fallait faire ; le nainlui fit signe de se tenir le plus près de la porte qu’il lui seraitpossible ; et s’élançant sur un figuier qui croissait dans lesfossés, et du figuier se cramponnant à la muraille, il monta,enfonça successivement ses mains et ses pieds dans les intervallesdes pierres jusqu’aux créneaux, et disparut. Un instant après,Charlemagne entendit une clef grincer dans la serrure : laporte s’ébranla lourdement, mais sans bruit, puis s’entrebâillajuste ce qu’il fallait pour laisser passer un homme. Charlemagnepassa ; le nain repoussa la porte avec les mêmes précautionsqu’il avait prises pour l’ouvrir, et les deux voleurs se trouvèrentdans la cour du château.

– Voilà votre chemin, dit le nain enmontrant à Charlemagne l’escalier qui conduisait aux appartementsdu château ; voilà le mien, continua-t-il en montrantl’écurie.

– Pourquoi ne viens-tu pas avecmoi ? demanda Charlemagne.

– Parce que j’ai aussi mon coup à faire,moi, dit le nain.

Et se mettant à courir à quatre pattes commeun chien, afin de ne pas être reconnu pour une créature humainedans le cas où il serait vu, il traversa le préau, et entra dansl’écurie.

Cette confiance du nain piqua d’honneurCharlemagne ; il monta l’escalier le plus doucement qu’il put,entra dans les appartements, et grâce à un rayon de la lune quijustement parut au ciel en ce moment, il parvint jusqu’à la chambrequi précédait celle où Harderic couchait avec sa femme. Arrivé là,il étendit la main pour voir s’il ne trouverait rien à prendre, etsa main tomba sur un coffre cerclé qui lui parut devoir contenir del’argent ou des bijoux. En ce moment le cheval du châtelain hennitsi violemment que Charlemagne en tressaillit.

– Holà ! dit Harderic en s’éveillanten sursaut, que se passe-t-il dans mon écurie ?

– Rien, répondit la voix de sa femme,c’est ton cheval qui hennit.

– Mon cheval n’a pas l’habitude de hennirainsi, dit Harderic, il faut que quelqu’un qu’il ne connaît pasessaie de le détacher.

– Et qui veux-tu qui essaie de détacherton cheval ?

– Qui, pardieu ! un voleur.

Et à ces mots, Charlemagne entendit Hardericdescendre de son lit et prendre son épée. Alors il se retira enarrière et, grâce au rayon de la lune, il le vit passer.Charlemagne demeura dans son coin, en maudissant le nain, et entenant à tout hasard sa main sur la garde de son épée.

Au bout d’un instant le châtelain rentra.

– Eh bien ! lui dit sa femme, qu’yavait-il dans l’écurie ?

– Il n’y avait rien, répondit Harderic,mais depuis trois ou quatre nuits je ne puis pas dormir.

– Et tu ne peux pas dormir parce que tumédites sans doute quelque chose.

– C’est vrai, dit le châtelain.

– Et que médites-tu ?

– Je puis te le dire maintenant, réponditHarderic, car le moment où notre projet doit s’accomplir estpresque arrivé ; demain, moi et onze autres comtes, barons etseigneurs, nous devons tuer le roi Charles, qui nous empêche d’êtreles maîtres chez nous, ce que nous sommes las de supporter, et ceque nous ne voulons plus souffrir.

– Ah ! ah ! fit tout basCharlemagne.

– Oh ! mon Dieu, mon Dieu ! ditla châtelaine désolée, et si votre complot échoue, vous êtes tousperdus.

– Impossible, dit le châtelain, noussommes liés entre nous par les serments les plus terribles ;demain, convoqués à la diète avec tous les autres, nous entrons aupalais sans exciter aucun soupçon ; nous serons bien armés, etil ne le sera pas, nous entourons son trône, nous le frappons, etil tombe.

– Et quels sont les conjurés ?

– C’est ce que je ne puis pas dire, mêmeà toi ; mais leur engagement signé de leur sang est ici dansla chambre à côté, enfermé dans la cassette qui se trouve sur latable.

Charlemagne allongea la main, la cassetteétait bien là où l’avait dit Harderic.

– Hélas ! dit la châtelaine, Dieuveuille que tout cela tourne bien !

– Amen, dit le châtelain.

Et il se remit à dormir : pendant quelquetemps encore on entendit les soupirs de la châtelaine, mais bientôtsa respiration douce et égale se mêla aux ronflements de sonmari : tous deux avaient repris leur sommeil interrompu.

Alors Charlemagne prit la cassette, la mitsous son bras, traversa les appartements, descendit l’escalier, etarriva dans la cour. Là, il vit son nain qui se débattait sur lecheval de guerre du châtelain qui hennissait et piaffait, commes’il jugeait indigne de lui d’obéir à un si misérable écuyer. Maisalors le bon empereur s’élança dessus, et à peine le cheval eut-ilsenti le poids d’un homme, et eut-il compris à quel cavalier exercéil avait affaire, qu’il devint doux comme un mouton. AlorsCharlemagne prit le nain par le collet de son habit, le mit encroupe, et partit au grand galop.

En arrivant au château, Charlemagne ouvrit lacassette qu’il avait volée, et y trouva les engagements des douzeconjurés signés de leur sang. Alors il fit éveiller ses gens etordonna qu’on dressât dans une des cours du palais onze potences detaille ordinaire, et une douzième plus élevée que les autres, et auhaut de chacune de ces onze potences, il fit clouer sur un écriteaule nom d’un des douze conjurés, et sur la potence la plus élevée lenom de leur chef Harderic.

Puis, comme il y avait deux entrées au palais,il ordonna de recevoir tous les autres barons convoqués par uneautre porte et dans une autre cour, et de ne recevoir que lesconjurés par la porte et dans la cour des potences.

Et il fut fait ainsi que Charlemagne l’avaitordonné, si bien que lorsqu’il vit tous les barons réunis, il leurraconta le complot tramé contre lui, leur montra l’engagement signédu sang des douze conjurés, et leur demanda quelle peine ilsavaient méritée : et tous les barons, d’une seule voix, direntqu’ils avaient mérité la mort.

Alors Charlemagne fit ouvrir les fenêtres quidonnaient sur la seconde cour, et les barons virent les douzeconjurés pendus aux douze poteaux.

Et en mémoire de l’apparition céleste àlaquelle il devait la vie, il nomma le palais où elle avait eu lieuIngelheim, ou la maison de l’Ange.

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