CXIII
MARSILE Voit le martyre des siens. Il faitsonner ses cors et ses buccines, puis chevauche avec le ban de sagrande armée. En avant, chevauche un Sarrasin, Abisme : il n’ya plus félon dans sa troupe. Il est plein de vices et de grandscrimes, il ne croit pas en Dieu, le fils de sainte Marie. Il estaussi noir que poix fondue ; mieux que tout l’or de Galice, ilaime le meurtre et la traîtrise. Jamais nul ne le vit jouer nirire. Mais il est vaillant et très téméraire, et c’est pourquoi ilest cher au félon roi Marsile. Il porte son dragon, auquel serallie la gent sarrasine. L’archevêque ne saurait guèrel’aimer ; dès qu’il le voit, il désire le frapper. Tout bas ilse dit à lui-même : « Ce Sarrasin me semble forthérétique. Le mieux de beaucoup est que j’aille l’occire :jamais je n’aimai couard ni couardise. »