XCI
Aux ports d’Espagne Roland passe surVeillantif, son cheval bien courant. Il a revêtu ses armes, quibien le parent. Et voici qu’il brandit sa lance, le vaillant. Versle ciel il en tourne la pointe ; au fer est lacé un gonfanontout blanc ; les franges [ ?] battent jusqu’à ses mains.Noble est son corps, son visage clair et riant. Après lui vient soncompagnon, et ceux de France l’appellent leur garant. Il regardemenaçant vers les Sarrasins, puis, humble et doux, vers lesFrançais, et leur dit ces mots, courtoisement :« Seigneurs barons, doucement, au pas ! Ces païens vonten quête de leur martyre. Avant ce soir nous aurons gagné un beauet riche butin : nul roi de France n’eut jamais lepareil. » Comme il parlait, les armées se joignirent.