Scène IX
Florame,Célie
Florame, ensoupirant.
Célie…
Célie
Eh bien, Célie ? enfin elle a tantfait
Qu’à vos désirs Géraste accorde leureffet.
Quel visage avez-vous ? votre aise voustransporte.
Florame
Cesse d’aigrir ma flamme en raillant de lasorte,
Organe d’un vieillard qui croit faire un bontour
De se jouer de moi par une feinte amour.
Si tu te veux du bien, fais-lui tenirpromesse :
Vous me rendrez tous deux la vie ou mamaîtresse ;
Et ce jour expiré, je vous ferai sentir
Que rien de ma fureur ne vous peutgarantir.
Célie
Florame !
Florame
Je ne puis parler à des perfides.
Célie
Il veut donner l’alarme à mes espritstimides,
Et prend plaisir lui-même à se jouer demoi.
Géraste a trop d’amour pour n’avoir point defoi,
Et s’il pouvait donner trois Daphnis pourFlorise,
Il la tiendrait encore heureusementacquise.
D’ailleurs ce grand courroux pourrait-il êtrefeint ?
Aurait-il pu sitôt falsifier son teint,
Et si bien ajuster ses yeux et son langage
À ce que sa fureur marquait sur sonvisage ?
Quelqu’un des deux me joue ; épions tousles deux,
Et nous éclaircissons sur un point sidouteux.