Le Roman de Miraut – Chien de chasse

Chapitre 1

 

 

Tant que ne fut point close la chasse, Lisée,chaque fois qu’il eut à sortir du côté des champs ou des bois, nemanqua jamais d’emmener son chien avec lui.

Successivement il lui apprit à bien faire leslisières sans oublier une rentrée, à tenir un champ de betteravesou de pommes de terre, à vérifier les trèfles, à sonder lesluzernes, à longer une haie de telle façon que le gibier partît ducôté du chasseur, et Miraut ne laissa plus un seul buissond’inexploré du jour où son maître, l’obligeant pour laquatre-vingt-dix-neuvième fois au moins à en fouiller un, lui fitdéloger de son gîte un jeune levraut qu’il faillit pincer bel etbien et auquel il donna la chasse durant plus de trois longuesheures.

Quand la clôture fut prononcée, le chasseurdevint plus circonspect, et Philomen, lui aussi, pour éviter lescoups de langue, les histoires et les procès-verbaux, garda sachienne à la maison.

Toutefois, comme les bêtes supportentdifficilement la claustration, il la lâchait de temps à autre, lesoir venu. Mais Bellone, docile et bien dressée, ne s’éloignait dupays qu’avec l’autorisation de son maître.

Lorsque le brigadier Martet rentrait le soir,lassé d’une longue tournée, le vieux chasseur, qui la connaissaitdans les coins comme doit la connaître un vieux de la vieille de satrempe, allait trouver sa chienne à l’écurie et, branlant la têted’un air entendu, lui disait simplement :« Va ! » Bellone comprenait et, sans s’attarder àrôdailler aux alentours, filait directement vers la forêt.

Un beau soir, elle se souvint qu’elle avait enMiraut un jeune camarade et se dit sans doute qu’il serait plusagréable et peut-être aussi plus fructueux de l’emmener avec elledans cette expédition nocturne et cette partie de plaisir.

C’est pourquoi, traversant le village etl’enclos, elle vint directement le trouver devant son seuil où ils’amusait à s’aiguiser les crocs sur un vieil os de jambon plus durqu’un morceau de fer.

Lisée était là. Après lui avoir souri entroussant les babines, s’être tortillée du cul comme il convenaitpour le saluer respectueusement et lui avoir léché les mains debonne amitié, elle répondit avec bienveillance aux caresses et auxmordillements de Miraut.

À deux ou trois reprises, la chienne lui pinçales oreilles ainsi qu’elle faisait autrefois pour prier le vieuxTaïaut de l’accompagner en guerre. En même temps elle jappota,modulant de la gorge quelques sons qu’il comprit parfaitement etque Lisée, depuis longtemps au courant de ses habitudes et de sesmanières, ne manqua pas non plus de saisir.

Il en sourit dans sa barbe de bouc qu’ilempoigna à pleine main pour la peigner d’un geste familier. Sachantbien que son ami ne lâchait sa chienne qu’à bon escient, il accédaau désir de son chien qui, hésitant, tournait la tête de son côté,tout en conservant le corps dans la direction de Bellone quil’attendait un peu plus loin.

– Vas-y ! va ! proféra-t-ilsimplement.

Et, d’un hochement de tête, il lui désigna laforêt.

Tout heureux de cette permission, un peuennuyé tout de même de partir sans le maître, il revint en hâte luisauter sur les genoux et le lécher, puis, comme l’autre luiconfirmait son autorisation, il fila comme une flèche rejoindreBellone qui l’attendait au trou de la haie du grand clos.

Et se mordillant les pattes, la gorge et lesoreilles, et se grognant des gentillesses canines, les deuxcomplices partirent dans la direction de la coupe.

Lisée rallumait sa bouffarde quand Philomenarriva.

– Eh bien ? s’exclama-t-ilsimplement.

– Ça y est, répondit Lisée, ils y sont. Elleest venue le prendre et il n’a pas été difficile à débaucher ;ah, ma foi non ! je n’ai eu qu’à lui faire signe.

– La bonne paire ! conclut le chasseur.Avant une heure, il y en aura un quelque part à Bêche ou auxMaguets qui n’aura pas à mettre ses quatre pieds dans le même sabots’il tient à garer sa peau et ses viandes.

– L’ouverture aura lieu dans deux mois, exposaLisée ; il n’est pas mauvais qu’auparavant ils se fassent unpeu le pied et la gueule, si nous ne voulons pas les voir éreintésaprès la première semaine de chasse.

– As-tu déjà songé à tes munitions ?s’inquiéta Philomen.

– Oui, répondit Lisée ; pour lescartouches de lièvre, je commanderai mes étuis et mes bourres àSaint-Étienne afin d’être sûr d’avoir du bon ; c’est un peucher, mais tant pis ! Pour la chasse aux oiseaux, je feraiprendre au messager, quand il ira à Besançon, un cent de douilleset de bourres ordinaires ; quant à la poudre, de la superfinenuméro deux pour les bonnes cartouches et, pour les autres, Kinkinm’a promis une livre de poudre suisse, de la meilleure, mais n’enparle pas surtout, je ne voudrais pas lui faire arriver deshistoires à lui, ni à moi non plus.

– J’en prends aussi, rassura Philomen ;sa poudre, en effet, n’est généralement pas mauvaise et, quand ils’agît de merles, de grives ou de geais que l’on tire de tout près,ça va toujours. C’est égal, j’aurais du remords de viser un lièvreavec une mauvaise cartouche dans mon flingot ; s’il échappait,je ne pourrais m’empêcher de dire que c’est bien fait pour moi.

– Écoute, interrompit tout à coup Lisée, enportant l’index à sa bouche.

Loin, loin, à peine distinct dans lebourdonnement d’abeilles de la nuit silencieuse, un aboi s’élevait,suivi bientôt d’un autre et d’un autre encore.

– Ils ont déjà lancé.

– Non, non ! pas encore, écoutebien !

Et, en effet, l’instant d’après, la rafalehurlante du lancer retentissait, tandis que silencieux, la prunellevague, les paupières plissées, les deux amis, tirant de leurs pipesd’énormes bouffées, écoutaient voluptueusement cette musiquesauvage qui les inondait d’une joie pure.

– Eh bien ! je crois qu’ils le mènent,conclut Philomen au bout d’un instant.

Le bruit de la chasse se perdit qu’ilsécoutaient encore. La conversation reprit, un peu décousue, cartous deux, bien que parlant d’autre chose, prêtaient quand mêmetoujours l’oreille aux rumeurs de la nuit, et ce fut simultanémentqu’ils interrompirent leur causerie en remarquant à voixhaute :

– Ils le ramènent !

Et, en effet, on perçut distinctement le bruitde la chasse se rapprochant assez vite. Puis ce bruit décrut denouveau et se perdit encore et Philomen affirma :

– Ils en ont pour un moment, mais ils peuvents’en donner tant qu’ils voudront : le brigadier n’aura pasenvie ce soir de leur courir après ; il est revenu vanné de satournée d’aujourd’hui et à cette heure il doit être sûrement entrain de roupiller à côté de sa légitime. Moi, mon vieux, j’en vaisfaire autant.

– Et moi itou, répondit Lisée.

Après avoir convenu, pour réduire les frais deport, de faire ensemble leur commande de fournitures, ils seséparèrent en se serrant la main et Lisée, rentrant dans la cuisineobscure, poussa le verrou, gagna son lit et s’endormit.

Cependant, sur le coup de minuit, pris d’unbesoin pressant et s’étant relevé en chemise pour aller pisser uncoup sur le pas de sa porte, il put entendre dans le grand silenceapprofondi de cette belle nuit de juillet les deux chiens qui, aumilieu du bois du Fays, menaient encore à une allure endiablée leuroreillard.

– Cré nom de nom ! quel jarret ! neput-il s’empêcher de s’exclamer avec admiration.

Et il revint se coucher, tout content.

Le lendemain, au lever, il trouva Mirautcouché sur un petit tas de paille, sous l’auvent de la ported’écurie. Il était crotté comme une demi-douzaine de barbets,n’ayant pas encore eu le loisir de vaquer aux soins de satoilette ; le bout de sa queue, sur une longueur de trois bonspouces entièrement pelé et tout rouge, de même que ses cuisses etses côtes, disait assez avec quelle ardeur il avait fouetté lesbuissons et s’était battu les flancs.

Il se leva à l’approche du maître et le saluapar des aboiements très tendres en se dressant contre sesgenoux.

C’est alors que Lisée remarqua qu’il étaitrond comme un boudin et jugea qu’il n’avait pas dû chasser, ainsiqu’il disait, pour la peau, jugement que Philomen confirma quelquesinstants plus tard en lui contant que sa chienne se trouvait êtreprécisément dans le même état.

– Quand elle rentre vide, elle vient japper etappeler sous la fenêtre de ma chambre afin que j’aille lui ouvriret qu’elle puisse manger ce qui reste dans les gamelles de lacuisine, mais quand elle a fait chasse, je n’ai pas à me biler nime déranger, elle pionce dans un coin et ne réclame rien.

– Lui aussi, affirma Lisée.

– C’en est tout de même un que nous nereverrons pas à l’ouverture, mais il n’est pas mauvais, pour nouscomme pour eux, qu’ils y goûtent de temps à autre : ça lesencourage et ça les dresse, les chiens, surtout quand ils sontjeunes comme le tien.

Mis en goût, en effet, par cette première etfructueuse randonnée, ce fut Miraut qui, quelques jours plus tard,s’en fut faire visite à Bellone et la prier de l’accompagner à lachasse.

Il faut croire qu’une telle expédition étaitinutile ou dangereuse ce soir-là, car Philomen, de qui la chienne,par de petites plaintes, alla solliciter l’autorisationréglementaire, opposa un veto énergique et sec à sa demande. Docileet plus obéissante que le chien, elle se résigna et s’en fut secoucher sur son coussin à côté de la porte de la cuisine, tandisque Miraut, bien décidé, partait quand même seul à la chasse.

Il fut moins heureux cette fois que lors de sapremière sortie et s’il lança tout de même et suivit un capucin, iln’eut pas la science ni le bonheur de le pincer et rentra trèsfatigué à la maison.

Vers deux heures du matin, Lisée fut réveillépar un long jappement un peu rageur sous sa fenêtre.

Il n’hésita pas à sauter du lit et s’en futouvrir à son chien qui, efflanqué, affamé, se coucha après avoirfait une revue de détail des marmites, plats, assiettes, bols,seaux et chaudrons de la cuisine.

La Guélotte en grogna le lendemain matin,criant que cette sale bête l’avait empêchée de fermer l’œil de lanuit, qu’elle l’avait réveillée juste au moment où elle commençaità s’endormir, qu’elle lui avait fichu sa cuisine sens dessusdessous et que bien sûr, ces sorties-là, ça finirait par maltourner un jour ou l’autre.

** *

Cependant l’ouverture approchait. Lesmunitions commandées étaient arrivées à bon port, comme on dit, etles deux chasseurs en avaient fait le partage tout en secommuniquant, pour la cinquantième fois peut-être, leur recetteparticulière concernant le chargement des cartouches.

La demande de permis venait d’être envoyée àla sous-préfecture par les soins de Jean, le secrétaire de mairie.Lisée avait fait prendre auparavant chez le percepteur le reçu devingt-huit francs, ce qui provoqua devant Blénoir, le facteur, unescène de ménage terrible, d’ailleurs prévue depuis longtemps et àlaquelle les deux hommes ne prêtèrent que l’attention qu’elleméritait. Et puis, la veille du grand jour, devant Miraut bien enforme, le braconnier, très loquace et débordant de joie,confectionna ses cartouches.

Le fusil du père Denis, dûment dégraissé etastiqué, avait été décroché de la panoplie où il trônait parmitrois vieux sabres de pompiers ou de gardes nationaux, un couteau…arabe ou turc qui avait été sans doute fabriqué au petit Battant ouà Rivotte, faubourgs de Besançon, afin d’éviter d’inutiles frais detransport, un chassepot (souvenir des désastres) et deux vieillescarabines simples, l’une à pierre, l’autre à piston, ornées despontets en cuivre et munies de canons immenses.

Avec un plaisir enfantin, devant son compagnonqui avait appuyé les pattes contre sa poitrine pour lui lécher labarbe, Lisée, deux doigts sur les gâchettes, levant et abaissantles chiens, fit sonner et résonner les batteries du flingot eninterpellant Miraut.

– Hein ! c’est-ti avec çui-là qu’on vales descendre, demain ?

– Bouaoue ! applaudissait Miraut.

– Et celle-là, en va-t-elle occire un ?reprenait-il en lui montrant une cartouche de quatre soigneusementsertie. Il n’aura pas peur du coup de fusil, ce petit, aumoins ! Non ! c’est un grand garçon !

Miraut, qui probablement ne comprenait pas lesens particulier de chacune de ces confidences, en entendait toutau moins la signification générale et manifestait, par des aboiscontinuels, des frôlements câlins de tête, des grattements depattes, d’incessants battements de queue, des velléités d’embrasseret de lécher, son approbation et sa joie.

Lisée, depuis longtemps, avait convenu avecPhilomen qu’ils partiraient le lendemain chacun de son côté, afinde tenir à peu près tout le terrain de la commune, et qu’ils seretrouveraient, vers les huit heures et demie, un peu plus tôt ouun peu plus tard, selon les hasards de la chasse, à la tranchéesommière du Fays pour « faire » ensemble ce boisimportant et se poster aux bons passages.

Le soir, il prépara à Miraut une bonne soupeépaisse et substantielle, car le lendemain avant le départ, il nevoulait lui donner que quelques croûtes insignifiantes, un chiencourant étant réputé, à juste raison d’ailleurs, chasser avec plusd’entrain et d’intérêt quand il n’a pas le ventre plein. Ce fait,il se coucha et s’endormit paisiblement, certain comme un vieuxsoldat de se réveiller à l’heure qu’il s’était fixée.

Et en effet, à trois heures et demie, lelendemain matin, il était debout. Il s’habilla, chaussa sesbrodequins soigneusement graissés, mit ses houzeaux, endossa savieille veste à grandes poches, boucla sa cartouchière sur sesreins, mit tremper un bout de sucre dans une goutte de marc pouravaler au moment du départ et, tandis que chauffait son« jus » sur la lampe à alcool, il alla ouvrir àMiraut.

Les deux amis se firent fête en seretrouvant : petits mots d’amitié et abois tendres, caressesde la main et coups de pattes cordiaux ; Miraut même essuyad’un large revers de langue la joue droite et le nez de sonmaître.

– Le coup de « patte à relaver[13] », l’excusa celui-ci en s’essuyantde la manche, un sourire d’indulgence aux yeux.

Et tout en buvant et mangeant, il envoya àMiraut, qui les attrapait au vol, quelques tranches de pain qu’ilavalait sans les mâcher. Là-dessus, heureux comme des rois, ilssortirent et, bien avant que le soleil ne fût levé, arrivèrent auhaut des Cotards où ils voulaient commencer.

C’était un bon matin. Un temps calme, unerosée suffisante laissaient un fret abondant aux endroits où legibier avait passé.

Dès qu’on longea le mur de la coupe, Miraut,renonçant à son jeu favori qui consistait à lever la cuisse àtoutes les mottes et à toutes les bornes, se mit à quêter avecardeur. Bientôt il rencontra un fret, trouva une rentrée,s’engouffra dans le taillis, et le reste ne fut pas long àvenir.

Cinq minutes plus tard, le lièvre débouléfilait par les sentiers et les tranchées du bois avec le chien àses trousses.

– Il va monter, songeait Lisée posté au hautdu crêt à cinquante mètres du mur d’enceinte, ils montenttoujours.

Mais le capucin ne monta point et, zigzaguantainsi qu’un levraut, s’en alla faire au loin, toujours en restantsous bois, un crochet assez grand.

Cependant, la chasse marchait à un traind’enfer. Le chien, sans doute, serrait de près son gibier, etLisée, qui connaissait à peu près tous les trucs des oreillards,jugea rapidement : « Il va sortir au sentier de Bêchequ’il remontera et Miraut va me le ramener par le chemin de lapâture. » En hâte, il se porta vivement à ce poste afind’arriver assez tôt, car dans ces cas-là il est préférabled’arriver dix minutes d’avance que cinq secondes trop tard.

Le braconnier avait eu bon nez de courir.

Il n’y avait pas une minute qu’il était là, aubord du chemin de terre, devant un buisson avec lequel il seconfondait, lorsqu’il vit l’oreillard s’amener, bride abattue, lesoreilles basses, allongeant de toute sa taille, ventre à terrelittéralement.

– Un beau coup de fusil ! jugea-t-il.

Rien de plus simple qu’un tir en pointe, ni deplus sûr pour un chasseur exercé. Lisée, en amateur, jouissaitintensément du court instant qui le séparait du dénouement de cettechasse. Le lièvre arrivait à une allure fantastique, et lui,immobile, la crosse à l’épaule, la tête légèrement inclinée,attendait calmement qu’il fût à portée.

Au point strictement repéré d’avance, à trentemètres, pas un de plus, ce qui eût compromis l’efficacité du tir,pas un de moins (c’eût été un assassinat !), il pressa ladétente de sa gâchette droite.

Le coup retentit puissamment dans le calme dumatin et l’oreillard, lancé comme un bolide, vint bouler culpar-dessus tête à quinze ou vingt pas du chasseur.

Miraut, qui sortait du bois et arrivait auhaut du sentier, fut étonné de ce coup de tonnerre formidable ets’arrêta net une minute pour écouter, car ce bruit terrible venaitde la direction suivie par son lièvre. Il sentit qu’il devait yavoir du Lisée dans cette aventure et n’en douta plus l’instantd’après quand il distingua la voix de son maître le hélant à pleinspoumons :

– Tia, Miraut, tia, par ici ! tia, monpetit !

Sans lâcher la voie chaude du lièvre, ilreprit sa poursuite en donnant à pleine gueule lui aussi et arrivabientôt sur le lieu du drame, devant Lisée dont le fusil fumaitencore, un Lisée riant d’un large rire et qui du doigt luidésignait à terre un cadavre roux, allongé, saignant par lesnarines, sur lequel le chien se rua sans tarder et avecfrénésie.

– Tout beau, tout beau ! mon petit, calmale chasseur. Ne le déchire pas. Allons ! doucement,doucement !

Alors, sans haine aucune, comme s’il eûtcaressé Mitis ou Moute, Miraut lécha doucement et longuement savictime morte et la puça même d’avant en arrière et d’arrière enavant. Puis, excité sans doute par l’odeur du sang, il renifla leventre et ouvrit la gueule pour y aller de son franc coup dedent.

Lissée jugea que c’était suffisant et, luireprenant bien vite le capucin, il commença par le faire pisser enlui pressant sur la vessie et puis le mit immédiatement et sansfaçons dans la grande poche-carnier de sa veste de chasse.

Toutefois, pour que Miraut n’eût pas courupour rien et pour l’encourager à continuer, il lui coupasuccessivement, à la dernière jointure, les quatre pattes du lièvreet les lui jeta une à une.

Elles disparurent comme une bouchée de pain,poil et os, et griffes, et viande, et Miraut attendait encoretandis que Lisée le félicitait, tout heureux.

– Hein, nous voilà dépucelé ! mon vieuxMimi.

Comme l’autre, insensible aux discours,attendait toujours, il voulut lui jeter un bout de pain et unmorceau de sucre qui furent profondément dédaignés.

– Ah ! il faut de la viande à monsieur,maintenant ! T’es pas dégoûté, mon salaud, marmonna lechasseur en ramassant les provisions auxquelles son chien n’avaitpas voulu mordre. Attends un petit peu, mon vieux, tu les mangerasbien tout à l’heure.

Et la chasse continua.

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