Les Linottes

I

Le chapelier dans sa boutique, la plume auxdoigts, les yeux lentement abaissés du haut en bas d’un folio deGrand Livre, faisait le compte des chapeaux vendus et seréjouissait in petto des bénéfices réalisés, quand Rotéentra en coup de vent. Chaussé de neuf et ganté de clair, maiscoiffé d’un haut-de-forme aux rousseurs ardentes évoquant à la foisle reflet de bassinoire et le sein de Sarah la baigneuse, il serendait au rendez-vous qu’avait daigné lui accorderMme de Proutrépéto. C’était un homme au visageneutre encadré d’un de ces mols duvets dont une vierge ne sauraitcontempler sans rougir l’obscénité énigmatique, indiscutable etrévoltante. Des espérances, nichées en ces coins de bouche, ysouriaient avec malice, et, dans ses prunelles élargies, – pâtésd’encre en l’azur limpide des iris – s’alanguissait l’extase desspasmes de bientôt. Il fit trois pas en avant, et :

– Afin, dit-il, de me rendre aurendez-vous que la très chère m’a donné, – lirelirelé ;gratte-moi le nez ; voici mon cœur, ce damné – avec,décemment, sur ma tête, quelque chose de sombre et de surnaturel,je désirerais un météore aussi ténébreux que possible, du prix deseize à dix-huit francs.

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