La Chanson de Roland

CIV

 

LA bataille est merveilleuse ; elletourne à la mêlée. Le comte Roland ne se ménage pas. Il frappe deson épieu tant que dure la hampe ; après quinze coups il l’abrisée et détruite. Il tire Durendal, sa bonne épée, toute nue. Iléperonne, et va frapper Chernuble. Il lui brise le heaume oùluisent des escarboucles, tranche la coiffe ( ?) avec le cuirdu crâne, tranche la face entre les yeux, et le haubert blanc auxmailles menues et tout le corps jusqu’à l’enfourchure. A travers laselle, qui est incrustée d’or, l’épée atteint le cheval ets’enfonce. Il lui tranche l’échine sans chercher le joint, il abatle tout mort dans le pré, sur l’herbe drue. Puis il dit :« Fils de serf, vous vous mîtes en route à la malheure !Mahomet ne vous donnera pas son aide. Un truand tel que vous negagnera point de sitôt une bataille ! »

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