XXXVI
GANELON s’est avancé vers le roi. Il luidit : « Vous vous irritez à tort, puisque Charles, quirègne sur la France, vous mande ceci : Recevez la loi deschrétiens, il vous donnera en fief la moitié de l’Espagne. L’autremoitié, Roland l’aura, son neveu : vous partagerez avec untrès orgueilleux co-seigneur. Si vous ne voulez pas accepter cetaccord, le roi viendra vous assiéger dans Saragosse : de viveforce vous serez pris et lié ; vous serez mené droit à la citéd’Aix ; vous n’aurez pour la route palefroi ni destrier, muletni mule, que vous puissiez chevaucher ; vous serez jeté surune mauvaise bête de somme ; là, par jugement, vous aurez latête tranchée. Notre empereur vous envoie ce bref. » Il l’aremis au païen, dans sa main droite.