LXXXVII
ROLAND est preux et Olivier sage. Tous deuxsont de courage merveilleux. Une fois à cheval et en armes, jamaispar peur de la mort ils n’esquiveront une bataille. Les deux comtessont bons et leurs paroles hautes. Les païens félons chevauchentfurieusement. Olivier dit : « Roland, voyez : ilssont en nombre. Ceux-ci sont près de nous, mais Charles est troploin ! Votre olifant, vous n’avez pas daigné le sonner. Si leroi était là, nous ne serions pas en péril. Regardez en amont versles ports d’Espagne ; vous pourrez voir une troupe digne depitié : qui aura fait aujourd’hui l’arrière-garde ne la feraplus jamais. » Roland répond : « Ne parlez pas sifollement ! Honni le cœur qui dans la poitrines’accouardit ! Nous tiendrons fermement, sur place :C’est nous qui mènerons joutes et mêlées. »