De l’Âne et du Cheval.
Un Cheval couvert d’une riche housse, allaittrouver son Maître à la guerre. Un Âne le vit passer ; alorsil ne peut s’empêcher de soupirer, et d’envier le bonheur del’autre. Suis-moi, lui dit le Cheval qui s’en était aperçu, et tupartageras la gloire dont je vais me couvrir. Le Baudet ne se lefit pas dire deux fois et le suivit. Il arrive au camp ; etd’abord soldats, armes, pavillons, le bruit des tambours, le fonttressaillir d’aise. Mais quelques jours après, lorsqu’il vit leCheval obligé de porter son Maître dans la mêlée, au risque demille coups, il sentit diminuer sa joie, et pensa à ce qu’il avaitquitté. Un moment après il baissa les oreilles, et tourna le dos.Puis, malgré tout ce que l’autre put lui dire pour l’engager àrester, il courut au grand trot reprendre le chemin du moulin.