Du Renard qui a perdu sa queue.
Un Renard tomba dans un piège, et s’en retira,mais ce ne fut qu’après y avoir laissé sa queue pour gage. Il enétait au désespoir ; car le moyen de se montrer aux autresainsi écourté, sans exciter leurs risées ? Pour s’en garantir,que fait-il ? Il se met en tête d’avoir des compagnons ;ensuite il assemble les Renards, leur conseille en ami, disait-il,de se défaire de leurs queues ; elles embarrassaient beaucoupplus qu’elles n’ornaient ; ce n’était qu’un poids fortsuperflu. En un mot, une queue ne servait, à l’entendre, qu’àbalayer les chemins. Il eut beau le remontrer, on le hua dans toutel’assemblée. – Ami, lui dit un vieux Renard, j’ignore cequ’on pourrait gagner à se passer d’une queue ; mais ce que jesais certainement, c’est que tu ne m’en aurais jamais fait observerl’inutilité, si tu avais encore la tienne. –