Des Passagers et du Pilote.
Un vaisseau poussé par la tempête vint échouersur la côte, et là s’entrouvrit. Comme il était sur le point d’êtresubmergé par les vagues, les Passagers qui s’y étaient embarqués,jetaient de grands cris et se désespéraient. Ils auraient pu songerà chercher les moyens de se sauver, mais la peur les troublait àtel point, qu’ils ne pensaient, les mains levées vers le ciel, qu’àimplorer le secours des dieux. Cependant le Pilote leur criait, enquittant ses habits : – Amis, s’il est bon demontrer ses bras à Jupiter, il ne l’est pas moins, dans le péril oùnous sommes, de les tendre à la mer. – Cela dit, il s’y jette,et si bien, qu’à force de nager, il gagne la côte ; il ne s’yfut pas plutôt sauvé, qu’il vit la mer engloutir, avec le vaisseau,ceux qui n’avaient eu d’autre ressource que celle de leursvoeux.