Du Grammairien qui enseignait unÂne.
Un Grammairien se glorifiait d’exceller dansson art au point que, moyennant un salaire convenable, ils’engageait à instruire non seulement des Enfants, mais même unÂne. Le Prince, apprenant la folle témérité du personnage, luidit : – Si je te donnais 50 ducats, répondrais-tu depouvoir en dix ans faire l’instruction d’unÂne ? – Dans son imprudence, il répondit qu’ilacceptait la mort si, dans cet espace de temps son Âne n’arrivaitpas à lire et à écrire. Ses amis étaient étonnés de sesparoles : ils lui reprochaient de s’engager à faire une chosenon seulement malaisée et difficile, mais même impossible, et ilscraignaient qu’à l’expiration du délai il ne fut mis à mort par lePrince. Il leur répondit : – Avant le terme, oul’Âne mourra, ou le Roi, ou moi. – Cette fable montre auxgens qui sont exposés à un danger que le délai souvent leur vienten aide.