De deux Chiens.
Deux Chiens gardaient au logis. L’un, toutjoyeux, dit à l’autre : – Frère, je viensd’apprendre que notre Maître se marie dans sa maison des champs.Or, tu sais qu’il n’est point de noces sans festin ; c’estpourquoi, si tu veux m’en croire, nous irons tous deux en prendrenotre part, et la chère que nous y ferons, Dieu lesait ! – Cela dit, ils partent, et prennent si malleur chemin, qu’ils s’engagent dans certains marécages, et ne s’enretirent que tout couverts de fange Dans cet état, ils arrivent aulieu de la noce. Ils comptaient sur un grand accueil de la part desconviés, mais fort mal à propos, dès qu’ils parurent, chacuns’écria contre leur malpropreté. À peine étaient-ils entrés dans lasalle du festin, qu’on les en chassa, l’un à coups de pied, etl’autre à coups de bâton. Tout se passa de sorte que nos deuxChiens crottés s’en retournèrent fatigués, affamés et battus.