Du Lion amoureux.
Un Lion devint amoureux de la Fille d’unChasseur, et ce fut si éperdument, qu’il courut chez le Père, et lalui demanda en mariage. Celui-ci, qui ne pouvait s’accommoder d’ungendre si terrible, la lui eût refusée net, s’il eût osé ;mais comme il le craignait, il eut recours à laruse. – Comptez sur ma Fille, dit-il au Lion, je vousl’accorde ; mais avant que d’en approcher, songez que vous nesauriez lui marquer votre tendresse, qu’elle ne soit en dangerd’être blessée, ou par vos dents, ou par vos ongles. Ainsi,Seigneur Lion, trouvez bon, s’il vous plaît, qu’après vous avoirlimé les unes, on vous rogne encore les autres. Vos caresses enseront moins dangereuses, et par conséquent plusagréables. – Le Lion, que l’amour aveuglait, consentit àtout, et sans penser qu’il allait se mettre à la merci de sonennemi, se laissa désarmer. Dès qu’il le fut, les Chiens, leChasseur et la Fille même se jetèrent sur lui, et le mirent enpièces.