Le Kama Sutra

Chapitre 2 De l’étude des soixante-quatre Arts.

L’homme doit étudier les Kama Sutra et les arts et sciences qui s’y rattachent, concurremment avec les arts et sciences relatifs à Dharma et Artha. Les jeunes filles doivent aussi étudier les KamaSutra, ainsi que les arts et sciences accessoires, avant leur mariage, puis continuer cette étude avec le consentement de leurs maris. Ici des savants interviennent, disant que les femmes,auxquelles il est interdit d’étudier aucune science, ne doivent pas étudier les Kama Sutra.

Mais Vatsyayana est d’avis que cette objection ne tient pas :car les femmes connaissent déjà la pratique des Kalqa Sutra,pratique qui dérive des Kama Shastra, ou de la science de Kama lui-même. En outre, ce n’est pas seulement dans ce cas particulier,mais dans beaucoup d’autres, que, la pratique de la science étant connue de tous, que quelques uns seulement connaissent les règles et les lois sur lesquelles la science est basée. Ainsi les Yadnikasou sacrificateurs, quoique ignorants de la grammaire, emploient des mots appropriés en s’adressant aux différentes Divinités, et ne savent pas comment ces mots s’écrivent. Ainsi encore telles et telles personnes remplissent leurs devoirs à tels ou tels jours propices fixés par l’astrologie, sans être initiées à la science astrologique. De même les conducteurs de chevaux et d’éléphants entraînent ces animaux sans connaître la science de l’entraînement,mais uniquement par la pratique. Pareillement encore le peuple des provinces les plus éloignées obéit aux lois du royaume par pratique, et parce qu’il y a un roi au-dessus de lui, sans autre raison. Et nous savons par expérience que certaines femmes, telles que les filles des princes et de leurs ministres, et les femmes publiques, sont réellement versées dans les Kama Shastra.

Une femme, conséquemment, doit apprendre les Kama Shastra, ou tout au moins une partie, en étudiant leur pratique sous la direction de quelque amie intime. Elle doit étudier seule, en son particulier, les soixante-quatre pratiques qui appartiennent aux Kama Shastra. Son institutrice sera l’une des personnes suivantes,savoir : la fille de sa nourrice qui aura été élevée avec elle et sera déjà mariée, ou une amie digne de toute confiance, ou la sœur de sa mère (c’est-à-dire sa tante maternelle), ou une vieille servante, ou une mendiante qui aura Précédemment vécu dans la famille, ou sa propre sœur, à qui elle peut toujours se confier.

Elle devra étudier les arts suivants, de concert avec les Kamasutra :

Le chant. La musique instrumentale. La danse. L’association de la danse, du chant et de la musique instrumentale. L’écriture et le dessin. Le tatouage. L’habillement et la parure d’une idole avec du riz et des fleurs. La disposition et l’arrangement de lits ou couches de fleurs, ou de fleurs sur le sol. loris et leur peinture.La fixation de verres de couleur sur un plancher. L’art de faire les lits et d’étendre les tapis et coussins pour reposer. Le jeu de verres musicaux remplis d’eau. L’emmagasinage et l’accumulation de l’eau dans les aqueducs, citernes et réservoirs. La peinture,l’arrangement et la décoration. La confection de rosaires,colliers, guirlandes et couronnes. Le façonnage de turbans et de chapelets, d’aigrettes et nœuds de fleurs. Les représentations scéniques. Les exercices de théâtre. La confection d’ornements d’oreilles. La préparation de parfums et d’odeurs. L’habit et arrangement des bijoux et décorations, et la parure dans l’habillement. La magie ou sorcellerie. L’agilité ou adresse de la main. L’art culinaire. La préparation de limonades, sorbets,boissons acidulées et extraits spiritueux avec parfums et coloris convenables. L’art du tailleur et la couture. La confection de perroquets, fleurs, aigrettes, glands, bouquets, balles, nœuds,etc., en laine ou en fil. La solution d’énigmes, logogriphes, mots couverts, jeux de mots et questions énigmatiques. Un jeu, qui consiste à répéter des vers : lorsqu’une personne a fini, une autre personne doit commencer aussitôt, en répétant un autre vers dont la première lettre doit être la même que la dernière du vers par où a fini le précédent récitateur ; quiconque manque de répéter est considéré comme perdant et obligé de payer un forfait ou de laisser son enjeu. L’art de la mimique ou imitation. La lecture, y compris le chant et l’intonation. L’étude des phrases difficiles à prononcer. C’est un exercice qui sert d’amusement surtout aux femmes et aux enfants : étant donné une phrase difficile, qu’il faut répéter rapidement, les mots sont souvent transposés ou mal prononcés. L’exercice de l’épée, du bâton simple, du bâton de défense, de l’arc et des flèches. L’art de tirer des inférences, de raisonner ou inférer. La menuiserie, ou l’art du menuisier.L’architecture, ou l’art de bâtir. La connaissance des monnaies d’or et d’argent, des bijoux et pierres précieuses. La chimie et la minéralogie. Le coloriage des bijoux, pierres précieuses et perles.La connaissance des mines et carrières. Le jardinage ; l’art de traiter les maladies des arbres et des plantes, de les entretenir et de déterminer leur âge. La conduite des combats de coqs, de cailles, de béliers. L’art d’instruire à farter les perroquets et les sansonnets. L’art d’appliquer des onguents parfumés sur le corps, d’imprégner les cheveux de pommades et de parfums et de les tresser. L’intelligence des écritures chiffrées et l’écriture des mots sous différentes formes. L’art de parler en changeant la forme des mots. Cela se fait de diverses manières. Les uns changent le commencement et la fin des mots ; les autres intercalent des lettres parasites entre chaque syllabe d’un mot,etc. La connaissance des langues et des dialectes provinciaux.L’art de dresser des chariots de fleurs. L’art de tracer des diagrammes mystiques, ou de préparer des charmes et enchantements,et de nouer des bracelets. Les exercices d’esprit, tels que decompléter des stances ou des versets dont vous n’avez qu’unepartie ; ou de suppléer une, deux ou trois lignes lorsque lesautres lignes ont été prises au hasard dans différents versets, demanière à faire du tout un verset complet pour le sens ; oud’arranger les mots d’un verset qu’on aurait irrégulièrement écriten séparant les voyelles des consonnes ou en les omettant tout àfait ; ou de mettre en vers ou en Prose des phrasesreprésentées par des signes ou des symboles. Il y a une fouled’exercices de ce genre. La composition des poèmes. La connaissancedes dictionnaires et vocabulaires. L’art de changer et de déguiserl’apparence des personnes. L’art de changer l’apparence des choses,comme de faire prendre du coton pour de la soie, des objetsgrossiers et communs pour des objets fins et rares. Les différentessortes de jeu. L’art d’acquérir la propriété d’autrui par voie demuntras ou enchantements. L’adresse aux exercices juvéniles. Laconnaissance des usages sociaux, et l’art de présenter aux autresses respects et compliments. La science de la guerre, des armes,des armées, etc. L’art de la gymnastique. L’art de deviner lecaractère d’un homme par les traits de son Visage. L’art de scanderou de construire des vers. Les récréations arithmétiques. Laconfection des fleurs artificielles. La confection de figures etimages en argile.

Une femme publique, douée de bonnes dispositions, ayant de labeauté jointe à d’autres attraits, et, aussi, versée dans les artsci dessus, reçoit le nom de Ganika, ou femme publique de hautequalité ; elle a droit, dans une société d’hommes, à un sièged’honneur. Toujours respectée par le Roi et louangée par leslettrés, ayant ses faveurs recherchées de tous, elle devientl’objet de la considération universelle. Pareillement, la filled’un roi, comme celle d’un ministre, si elle possède les artsci-dessus, peut s’assurer la préférence de son époux, alors mêmeque celui-ci aurait des milliers d’autres femmes. Ajoutez à celaque si une femme vient à être séparée de son mari et tombe endétresse, elle peut gagner aisément sa vie, même à l’étranger,grâce à la connaissance de ces arts. Leur connaissance seule est unattrait pour une femme, bien que leur pratique soit seulementpossible dans telles ou telles circonstances. Un homme versé dansces arts, parlant agréablement et au fait des procédés de lagalanterie, conquiert vite le cœur des femmes, même après un tempstrès court de relations.

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