Chapitre 3Examen de l’état d’esprit d’une femme.
Lorsqu’un homme essaie de séduire une femme, il doit examinerson état d’esprit, et agir comme il va être dit :
Si elle l’écoute, sans toutefois lui manifester en aucunemanière ses propres intentions, il essaiera de la gagner au moyend’une entremetteuse.
Si elle le rencontre une fois, et qu’elle vienne de nouveau à lerencontrer, mieux habillée qu’auparavant, ou si elle va le trouverdans quelque endroit solitaire, il peut être certain qu’avec un peude violence il arrivera à ses fins. Une femme qui laisse un hommelui faire la cour, mais ne lui cède pas, même après un long temps,Peut être considérée comme une tricheuse en amour ; cependant,vu l’inconstance de l’esprit humain, il sera possible de triompherd’une telle femme, si l’on entretient toujours avec elle d’étroitesrelations.
Lorsqu’une femme évite les attentions d’un homme et, soit parrespect pour lui, soit par orgueil personnel, ne veut ni lerencontrer n’y l’approcher, on pourra cependant, quoique avecdifficulté, en venir à bout, soit en s’efforçant de se familiariseravec elle, soit en se servant d’une très habile entremetteuse.
Lorsqu’un homme fait la cour à une femme, et qu’elle le repousseavec des mots injurieux, il doit sur le-champ y renoncer.
Lorsqu’une femme repousse un homme, mais en même temps luitémoigne par ses actes de l’affection, il faut lui faire l’amour detoute manière.
Une femme qui rencontre un homme dans des endroits solitaires,et qui le laisse la toucher de son pied, tout en ayant l’air, àcause de l’indécision de son esprit, de ne pas s’en apercevoir,pourra être gagnée avec de la patience et des efforts persévérants,comme il va être dit :
S’il arrive qu’elle dorme dans son voisinage, il l’enlacera deson bras gauche, et, à son réveil, il observera si elle le repoussesérieusement, ou seulement de façon à laisser voir qu’elle nedemande pas mieux qu’il recommence. Et ce qui se fait avec le braspeut aussi se faire avec le pied. Si l’homme réussit en ce point,il l’embrassera plus étroitement ; et si elle ne veut pasrester embrassée et se lève, mais le conduit avec lui de même sortele jour suivant, il en conclura qu’elle n’est pas éloignée de luicéder. Si toutefois elle ne reparaissait pas, l’homme essaierait dela gagner au moyen d’une entremetteuse ; et si, après avoirdisparu quelque temps, elle reparaît de nouveau et se conduit aveclui comme ordinaire, il en conclura qu’elle n’a plus d’objection às’unir à lui.
Lorsqu’une femme offre à un homme une occasion et lui manifesteson amour, il se mettra en devoir d’en jouir. Les manières dont unefemme manifeste son amour sont les suivantes :
Lorsqu’une femme ne donne point encouragement à un homme et nel’évite pas non plus, mais se tient cachée ans quelque endroitsolitaire, on pourra la gagner au moyen d’une servante de sonvoisinage. Si, appelée par l’homme, elle tient la même conduite, ilfaudra recourir alors à une habile entremetteuse. Mais si ellerefuse de rien faire dire à l’homme, il devra bien réfléchir avantde continuer ses poursuites.
Ainsi finit l’examen de l’état d’esprit d’une femme.
Un homme doit s’introduire le premier auprès d’une femme, etalors tenir avec elle une conversation. Il lui fera quelquesouvertures d’amour, et si, d’après ses réponses, il s’aperçoitqu’elle accueille favorablement ces ouvertures, il se mettra àl’œuvre pour en venir à ses fins, sans aucune crainte. Une femmequi, à la première entrevue, trahit son amour par des signesextérieurs, devra être gagnée très aisément. De même une femmelascive qui, si on lui parle amoureusement, répond aussitôt par desparoles où se révèle l’amour, doit être considérée comme gagnée àl’instant même. À l’égard de toutes les femmes, qu’elles soientsages, simples ou confiantes, il est de principe que celles quimanifestent ouvertement leur amour sont aisément gagnées.