Le Kama Sutra

Chapitre 6Des gains et des pertes, gains et pertes accessoires, doutes ; etenfin, des différentes sortes de courtisanes.

Il arrive assez souvent que, lorsqu’on court après des gains ouqu’on espère en obtenir, tous les efforts n’aboutissent qu’à despertes.

Les causes de ces pertes sont :

Faiblesse d’intelligence.

Amour excessif.

Excès d’orgueil.

Excès d’égoïsme.

Excessive simplicité.

Excès de confiance.

Excès de colère.

Paresse.

Insouciance.

Influence d’un mauvais génie.

Circonstances accidentelles.

Ces pertes ont pour résultats :

Des frais sans aucune compensation.

La ruine du bien être futur.

La perte de gains qu’on allait réaliser.

L’aigrissement du caractère.

La misanthropie.

L’altération de la santé.

La Perte des cheveux ; et d’autres accidents.

Or le gain est de trois sortes, savoir : gain de fortune, gainde mérite religieux, et gain de plaisir ; et, pareillement, laperte est de trois sortes, savoir : perte de fortune, perte demérite religieux, et perte de plaisir. Si, au moment où l’onpoursuit des gains, d’autres gains viennent s’y ajouter, on appelleceux-ci gains accessoires. Si le gain est incertain, le doute sursa nature s’appelle un simple doute. Lorsqu’il y a doute surlaquelle de deux choses arrivera ou non, cela s’appelle un doutemixte. Si, d’une chose qui se fait, il sort deux résultats, celas’appelle une combinaison de deux résultats ; et si la mêmeaction produit plusieurs résultats, cela s’appelle une combinaisonde résultats multiples.

Nous allons en donner des exemples : \\

Comme il a été dit, le gain est de trois sortes, et la perte,qui est l’opposé du gain, est aussi de trois sortes. \\

a. Lorsque, en vivant avec un grand personnage, une courtisaneacquiert de la richesse dans le présent, et qu’en même temps ellese lie avec d’autres personnes, de manière à se procurer deschances de bien-être à venir et un accroissement de richesse, etdevient ainsi universellement désirable, cela s’appelle un gain derichesse accompagné d’aucun gain. \\

b. Lorsque, en vivant avec un homme, une courtisane gagnesimplement de l’argent, cela s’appelle un gain de richesse nonaccompagné d’autre gain. \\

c. Lorsqu’une courtisane reçoit de l’argent d’autres personnesque de son amant, les résultats sont : la chance de perte du bienêtre à tenir que lui eût procuré son amant ; la chance dedésaffection d’un homme qui lui était sincèrement attaché ; lemépris de tous ; et enfin, la chance d’une liaison avecquelque individu de bas étage qui lui perdra son avenir. Ce gains’appelle un gain de richesse accompagné le perte. \\

d. Lorsqu’une courtisane, à ses propres frais et sans aucunrésultat en fait de gain, se lie avec un grand personnage ou unministre avare, dans le but d’éviter quelque malheur ou d’écarterquelque obstacle à la réalisation d’un gros gain, cette pertes’appelle une perte de richesse accompagnée de gains futurs qui enpeuvent résulter. \\

e. Lorsqu’une courtisane est bonne, même à ses dépens, pour unhomme très avare, ou fier de sa belle mine, ou pour un homme ingrathabitué à conquérir des cœurs, sans qu’il en résulte pour elle, enfin le compte, aucun bénéfice, cette perte s’appelle une perte derichesse non accompagnée d’aucun gain. \\

f. Lorsqu’une courtisane est bonne pour des hommes tels que ceuxrécrits ci-dessus, mais qui, en outre, sont des favoris du Roi,cruels et puissants, et cela sans aucun bon résultat final et avecla chance pour elle d’être mise sur la paille à tout moment, cetteperte s’appelle une perte de richesse accompagnée d’autres pertes.\\

De cette manière, les gains et es pertes, ainsi que les gains etpertes accessoires en mérite religieux et en plaisirs, sont exposésaux yeux du lecteur, qui peut en établir aussi différentescombinaisons.

Ainsi finissent les remarques sur les gains et les pertes et surles pains et pertes accessoires.

Nous arrivons maintenant aux doutes, qui sont encore de troissortes, savoir : doutes sur la richesse, doutes sur le méritereligieux, doutes sur les plaisirs.

En voici des exemples : \\

a. Lorsqu’une courtisane n’est pas certaine de ce qu’un hommepeut lui donner ou dépenser pour elle, cela s’appelle un doute surla richesse. \\

b. Lorsqu’une courtisane doute si elle est bien fondée àéconduire tout à fait un amant dont elle ne peut plus rien tirer,attendu qu’elle lui a pris toute sa fortune du premier coup, cedoute s’appelle un doute sur le mérite religieux. \\

c. Lorsqu’une courtisane ne peut posséder un amant à safantaisie, et ne sait si elle tirera jamais du plaisir d’un hommeentouré de sa famille, ou d’un individu de bas étage, celas’appelle un doute sur le plaisir. \\

d. Lorsqu’une courtisane ne sait si quelque personnage puissant,mais malintentionné, ne lui causera pas de la perte au cas où ellemanquerait pour lui de déférence, cela s’appelle un doute sur laperte de richesse. \\

e. Lorsqu’une courtisane doute si elle ne perdrait pas du méritereligieux en abandonnant un homme qui lui est attaché, sans luiaccorder la plus légère faveur, et en causant ainsi son malheurdans ce monde et dans l’autre, ce doute s’appelle un doute sur laperte de mérite religieux. \\

f. Lorsqu’une courtisane ne sait si elle ne courrait pas risquede perdre l’affection de son amant en s’ouvrant à lui et luirévélant son amour, et de manquer ainsi la satisfaction de sondésir, cela s’appelle un doute sur la perte de plaisir. \\

Ainsi finissent les remarques sur les doutes.

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